On imagine aisément quelle eût été leur surprise & leur confusion lorsque M.
Tout cela ne peut se faire, si l’imitateur, habile dans l’art d’imaginer, ne crée un plan, une marche, des personnages, des incidents propres à faire briller les traits qui l’ont frappé dans la piece étrangere, & les dégager du fatras qui les dépareroit à nos yeux.
Il fit donc la Comédie des Fâcheux, dont le sujet est autant méchant que l’on puisse imaginer, et qui ne doit pas être appelée une pièce de théâtre.
On n’imaginerait jamais comment le dévot parodiste amène les reproches de plagiat qu’il fait à Molière. […] Cette fable n’est pas heureusement imaginée ; on croit avec beaucoup plus de raison que c’est à un vieux mot français que Molière doit le nom de son hypocrite. […] Pour être abbé je rien suis pas moins homme 5 ; vous voyez que je suis jeune encore, vous ne devez point balancer à m’accorder les complaisances que je vous demande… Personne ne pourra se douter de ce qui se passera entre nous, car on me croit plus saint que vous n’avez pu vous l’imaginer jusqu’à présent.
Plaute avait imaginé le premier de faire en même temps voler la cassette de l’Avare, et séduire sa fille ; c’est de lui qu’est toute l’invention de la scène du jeune homme qui vient avouer le rapt, et que l’Avare prend pour le voleur ; mais on ose dire que Plaute n’a point assez profité de cette situation, il ne l’a inventée que pour la manquer ; que l’on en juge par ce trait seul : l’amant de la fille ne paraît que dans cette scène, il vient sans être annoncé ni préparé, et la fille elle-même n’y paraît point du tout. […] Pour observer ce précepte, et pour animer davantage le mouvement de l’action, Molière s’est servi en grand maître des deux plus puissants ressorts qu’il soit possible d’imaginer dans un pareil sujet. […] Molière s’est imaginé avec raison qu’il ferait sentir par là que si Cléante avait eu en effet des sentiments contraires à son devoir, bien loin de venir apprendre à son père que la cassette était retrouvée, il l’eût gardée avec soin, ou qu’il lui eût demandé le bien de sa mère que celui-ci ne pouvait lui refuser. […] Le ridicule outré d’un provincial donne lieu à un intriguant de profession, qui est dans les intérêts d’Éraste, d’imaginer divers moyens pour détourner également, et Oronte de donner sa fille à M. de Pourceaugnac, et M. de Pourceaugnac de finir le mariage qui l’avait attiré à Paris. […] « Dans une comédie* du dernier misérable, et qui mériterait au mieux le titre de libelle en dialogues, l’auteur feint qu’Élomire (Molière) s’imagine être malade, et qu’il se déguise pour consulter des médecins sur sa maladie ; les médecins de qui il est reconnu n’en témoignent rien, mais ils lui font éprouver plusieurs railleries piquantes, entre autres celle de le jouer lui-même dans une espèce de petite farce, intitulée : Le Divorce comique.
Un poëte aura beau mettre son esprit à la torture, il fera bien imaginer à ses amoureux différents moyens pour parvenir à leur but ; mais il n’auront jamais, à moins qu’ils ne sortent de la nature, qu’une seule maniere pour se dire qu’ils s’aiment, toujours agréable au spectateur la premiere fois, ennuyeuse la seconde, détestable la troisieme.
C’est une des meilleures histoires du livre, & peut-être la gaieté françoise n’a-t-elle rien imaginé de plus comique dans ce genre.
Ce n’est pas seulement un Impromptu de Versailles que Molière imagine, par l’ordre du roi et pour son délassement, mais plusieurs sous divers titres ; et, de même, des impromptus de Vaux, de Saint-Germain, de Chambord, du Louvre et des Tuileries.