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117. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Ce n’est donc pas le Molière que nous aimons et que nous admirons qui a été si cruellement touché par Bossuet : c’est une sorte d’idéal de comédien sans mœurs, sans honneur, sans valeur même littéraire, que Bossuet démêlait dans tout le fatras oublié des contemporains de Molière, et que nous ne voyons plus aujourd’hui. […] Certes, il a aimé l’honnêteté et l’honneur : son honnête homme est accompli de cœur et d’esprit ; il pousse la délicatesse de la vertu jusqu’à l’extrême, et la minutie du devoir jusqu’au détail le plus puéril en apparence ; son horreur du vice est vigoureuse, et en même temps sa charité indulgente. […] Leur rendre odieux le mensonge et l’hypocrisie, et les accoutumer à ne s’estimer qu’à proportion du bien qu’ils pratiquent, c’est évidemment développer en eux le sens du véritable honneur.

118. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il n’était point blasé : il avait conservé dans leur vivacité première le sentiment de l’honneur et celui du prix des affections naturelles. […] Ainsi, monsieur, quittez un dessein si contraire à votre honneur et à votre repos. […] Ses biographies abondent en traits qui lui font honneur. […] De tout temps la critique française a jugé le rôle d’interprète peu digne d’elle, et a prétendu à l’honneur de régenter. […] L’homme d’honneur y est à l’étroit, et, le cœur ulcéré, il quitte un monde où il n’y a plus de place pour la solide et franche vertu.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

  Madame, ce m’est trop d’honneur,   Et mon destin doit faire envie. […] Le Baron de.... homme simple, & rond de toutes les manieres, ayant obtenu aux Etats de sa province l’honneur d’en présenter la feuille au Roi, se trouvoit fort embarrassé, & ne savoit trop comment & en quels termes il parleroit à son Prince.

120. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

 Pirante osa compter sur elle ; Et par un testament d’espece fort nouvelle  Il fit l’honneur à ce parent, Non de recommander à ses soins son enfant, Mais de le subroger en sa place de pere : En un mot, comme un don, imposant ce devoir, De sa fille à nourrir, élever & pourvoir,  Il fit Eraste légataire. […] A peine encor majeur, Il accepta son legs comme un très grand honneur,  Sans pourtant y mettre de faste.

121. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Ils se consolaient, se dédommageaient de leur noble indigence, par un profond respect pour eux-mêmes et pour ceux de leur classe ; par un mépris non moins profond pour ceux qui n’en étaient pas ; enfin par toutes ces petites jouissances de vanité, que leur procuraient les hommages de leurs paysans et les honneurs du banc seigneurial. Plaider leur cure, courre le lièvre, vider ou arranger quelques affaires selon toutes les règles du point d’honneur, telles étaient leurs occupations, leurs amusements, leur existence entière. […] Mais Molière n’a point voulu faire une pièce où les amants adultères apprissent que leurs complots contre l’honneur d’un mari peuvent être renversés et retomber sur eux-mêmes. […] Robinet, dans sa gazette rimée, rendant compte de la première représentation donnée au public, s’exprime en ces termes : L’original est à Paris ; En colère, autant que surpris, De l’y voir dépeint de la sorte, Il jure, il tempête et s’emporte, Et vent faire ajourner l’auteur, En réparation d’honneur, Tant pour loi que pour sa famille, Laquelle en Pourceaugnacs fourmille. […] Peut-être avait-il la faiblesse de ne le pas croire, ou du moins d’en être affligé ; ce qui est bien sûr, c’est que Benserade avait celle de craindre la concurrence de Molière : c’était, comme on voudra, lui faire trop d’honneur, ou ne pas lui en faire assez.

122. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« — Et quel point d’honneur ? […] Voilà un beau point d’honneur pour un philosophe tel que vous !  […] L’honneur était sauf, et la Maison de Molière avait mieux mérité de lui en 1773 qu’en 1873. […] Ce fut le 24 octobre 1658 que Molière et ses camarades eurent l’honneur de paraître devant Louis XIV et devant la Cour. […] Perdu de dettes, sans honneur et sans foi, il traîne misérablement une misérable vie.

123. (1802) Études sur Molière pp. -355

Honneur aux comédiens qui la possèdent, honneur à ceux qui l’ont embellie ; mais je demanderai si l’amour-propre de quelques acteurs, la manie d’avoir plus d’esprit que l’auteur, le désir de vouloir être original, la fureur d’être applaudi par la multitude, nous l’ont conservé bien pur, ce dépôt précieux ? […] Le titre. — Pas juste, en ce qu’il détourne tout à fait de la véritable moralité de la pièce, à moins que Molière n’ait pensé que ses stances sur les devoirs de la femme mariée méritaient les honneurs du titre. […] À vous, mesdames, qui regardez toutes les belles qualités des autres femmes comme rien, en comparaison d’un misérable honneur dont personne ne se soucie… ; qui vous croyez fort vertueuses pourvu que vous appeliez amis ce que les autres nomment galants. […] D’ailleurs, l’auteur des Femmes savantes eut-il le moindre dessein de blesser l’honneur, la probité de sa victime ? […] » Le Malade imaginaire obtint aussi les honneurs de la critique ; pourquoi pas ?

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Le Mariage forcé, Comédie-Ballet en un acte, en prose, comparée pour le fond & les détails avec un canevas italien intitulé il Falso Bravo, le Faux Brave, ou bien il Punto d’honore, le Point d’honneur ; avec deux scenes italiennes, & une aventure arrivée au Comte de Gramont. […] On lui fait ensuite la même proposition ; il réfléchit que s’il se bat il risque d’être tué, & que le point d’honneur ne lui ordonne point de perdre sa vie.

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