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94. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

On sent mieux, et, par conséquent, on dit mieux ce que l’on produit que ce que l’on emprunte des autres par le secours de la mémoire… Le geste et l’inflexion de voix se marient toujours avec le propos au théâtre, tandis que, dans la comédie apprise, le mot que répète l’acteur est rarement celui qu’il trouverait s’il était livré à lui-même. » L’effet produit par la commedia dell’arte était donc plus grand que celui produit par la comédie soutenue, et cela précisément à cause de la spontanéité de l’expression.

95. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

C’est dans ces considérations qu’il me semble raisonnable de chercher les vrais motifs des suppositions bizarres que renferme la lettre à madame d’Heudicourt, et des expressions pleines d’humeur sans conviction qui la caractérisent.

96. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Nous croyons, d’ailleurs, quel expression de maître écrivain n’a pas le sens de professeur d’écriture, mais celui d’écrivain public ou d’homme faisant des travaux d’écriture. […] À bien lire le passage de Magnon, c’est ce dernier cas qui parait probable : « Tout le Parnasse vous en rend grâce, elle n’y est remontée, etc. » sont des expressions qui n’indiquent pas des faits éloignés de plusieurs années.  […] Molière est déjà loin de Scarron, et pourtant il est vrai de dire que l’on ne souffrirait pas de nos jours sur la scène l’expression de pareils sentiments, quelque soin que l’auteur prît d’ailleurs de les atténuer ou de les condamner. […] « Joué et fait une comédie » ; y a-t-il dans cette double expression le souci d’une exactitude particulière, et le rédacteur aurait-il voulu indiquer par là deux choses distinctes ? […] L’École des femmes, moins bien construite que L’École des maris, lui est supérieure par la puissance de l’observation et la verve de l’expression.

97. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Aura-t-il l’adresse de proportionner le degré d’expression au degré d’intérêt que son personnage prend au sujet ?

98. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Si au contraire elle est intéressante, les personnages intéressants doivent, avant leur sortie, avoir employé les gestes, la voix & les expressions les plus fortes pour nous pénétrer de son importance : pourquoi donc faire succéder à des coups de pinceau fort énergiques, un barbouillage qui ne rend que foiblement la même idée ?

99. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Tous versent de ces larmes délicieuses, l’expression du sentiment.

100. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Il est vrai qu’à l’époque où écrivait Molière, cette susceptibilité morale que blesse l’expression de certains sentiments contraires aux affections fondées sur le sang, était beaucoup moins délicate qu’aujourd’hui, puisque sans cesse le théâtre montrait à des spectateurs qui ne s’en scandalisaient pas, des jeunes gens prodigues et avides de jouir, s’affligeant trop peu de la mort de leurs parents ou même la hâtant de leurs vœux. […] Les Anglais ont une expression bien philosophique pour désigner un avare : ils l’appellent miser.

101. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

C’est par ces mérites indéniables qu’il est permis de voir en lui l’expression la plus exacte, l’incarnation de l’esprit français. […] Mais tenez pour sûr que parmi ces beaux esprits il se trouvait des médecins : certaines expressions techniques, l’exactitude des détails qui prouve une connaissance intime des usages de la Faculté, trahissent, à n’en pas douter, la collaboration ou tout au moins les conseils de gens de profession. […] Quant aux annotations de l’ Andromède, si Paul Lacroix, avec sa féconde imagination, n’a pas hésité à y reconnaître l’écriture de Molière, — ce sont ses propres expressions, — je me bornerai à déclarer que je ne suis pas assez habile pour reconnaître une écriture dont tout spécimen autre que des signatures est inconnu. […] Une réaction était inévitable : elle trouva son expression la plus prononcée, sa formule caractéristique, suprême, excessive même, dans le jansénisme, dont je n’ai point ici a apprécier l’étroitesse au point de vue purement doctrinal, mais dont l’austère morale fut un salutaire refuge pour les âmes honnêtes.

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