Je ne mettrai jamais d’expression pareille. […] Point du tout, reprit froidement Dorval ; il n’y a point de prude qui voulût se contenter d’expressions si mitigées ; continuez sans rien craindre. — Mais cela doit du moins suffire. — Laissez-moi faire […] J’exige en pareil cas les expressions les plus authentiques. — Pour moi, repliqua Lucile, je ne veux point écrire des choses de cette espece. . . . . . . . . . . . . . .
Est-il naturel qu’un homme qui va se battre, & un poltron sur-tout, cherche des expressions bouffonnes ? […] Je suis persuadé que le goût d’expression qui regne aujourd’hui, vient moins d’une imagination heureuse que de la stérilité des Auteurs : la moindre réflexion suffit pour le prouver. […] Il faut, comme l’enseigne Aristote, que la diction soit ornée ; d’accord : mais on ne doit pas se permettre des expressions forcées, parcequ’elles blessent à la fois le simple & le vrai qu’exige la comédie. […] Si les Auteurs ont le plus grand tort du monde de mettre, dans leurs pieces, des choses qui ne tiennent qu’au caprice d’un lieu ou d’un moment, comment peuvent-ils, sans frémir, employer des mots, des expressions qui, bien souvent, ne sont de mode que vingt-quatre heures, & dans une seule ville. […] La raison en est toute simple ; la voici : ce qu’on appelle filles à Paris, est continuellement à l’affût pour saisir le ton, les grimaces, les propos des petites-maîtresses du haut rang, & s’empare bien vîte des expressions qui leur sont familieres, & de leurs mots favoris : celles-ci, indignées contre ces filles pour plus d’une raison, les leur abandonnent, & en créent de nouveaux : par conséquent, un ouvrage qui a aujourd’hui le prétendu ton de la bonne compagnie, & qui fait croire que celui qui l’a composé en est l’ornement & l’aigle, aura dans six mois le ton de la plus mauvaise, & fera soupçonner que l’Auteur n’en fréquente pas d’autre.
Quant à son style, c’est un Auteur qui s’emporte, mais qui paraît assez le maître de son expression, qu’il hasarde aussi effrontément que s’il était le Directeur de la Langue : tout terme, toute expression l’accommode pour se faire entendre. […] Ce serait faire un Volume, que de vous faire remarquer toutes les expressions hardies qui sont dans ce Livre ; il en est tout rempli, et je crois, Monsieur, que vous vous en êtes aussi bien aperçu que moi ; mais n’avez-vous point laissé passer le verbe, représenter, que l’Auteur fait neutre, pour signifier remontrer ? […] Après cela je ne puis douter que Baron n’ait donné la matière de cet Ouvrage, et que l’Auteur n’y est de part que pour l’expression. […] Je me suis rabattu sur l’expression au défaut de la matière ; celle-là m’a paru trop hardie pour un Auteur qui n’est point en droit de s’écarter de la voie commune.
Cette expression fut bientôt répétée partout le monde. […] Cette expression se trouve dans l’Acte I scène 1, vers 99.
Observant continuellement la nature, et rapportant à son art toutes les attitudes et toutes les expressions qui caractérisent les passions, il copiait le geste, le ton, le langage de tous les sentiments dont l’homme est susceptible, dans toutes les conditions et dans tous les états. […] Plus naturel que le premier, plus resserré et plus décent que le second, plus agissant et plus animé que le troisième : aussi fécond en ressorts, aussi vif dans l’expression, aussi moral qu’aucun des trois.
Pour éviter sans doute la consonance de la rime de satire avec le mot lire qui termine cet hémistiche ; mais Molière soutint qu’il fallait s’en tenir à la première expression, et que la raison et l’art même demandaient et autorisaient souvent le sacrifice d’une plus grande perfection du vers à une plus grande justesse. […] Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : « Elle est, leur dit-il, plus naturelle ; et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression : c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. » Molière était alors de leur société, dont étaient encore La Fontaine et Chapelle, et tous faisaient de continuelles réprimandes à Chapelle sur sa passion pour le vin.
Je vais y concourir pêle-mêle, qu’on me passe cette expression, la société dite des précieuses, et séparément la société choisie. […] La raison de cette différence est que la littérature d’une nation est l’expression de ses mœurs. […] On souffrait à l’idée de revêtir ses pensées d’expressions nobles et vigoureuses, ou de voir quelqu’un pénétré des sentiments d’une personne.
Madame Scarron prouve encore ici, ne fût-ce que par l’absence de toute expression de gratitude, qu’elle ne craint rien tant que le soupçon d’une secrète intelligence avec le roi. […] Le roi, ou pour apaiser la favorite, ou pour la tromper, ou parce qu’il se persuadait qu’en effet cette glorieuse s’enorgueillissait de sa faveur, peut-être aussi par un peu de disposition prendre de l’humeur contre une résistance obstinée à des avances Qu’aucune autre femme n’avait jusque-là rebutées, se laissait aller à une légère bouderie, à l’expression d’un léger mécontentement. […] Voici ses expressions : « Le roi étant entré chez son fils, la trouva seule (madame Scarron) avec le duc, qui avait la fièvre et qu’elle soutenait d’une main, mademoiselle de Nantes qu’elle berçait de l’autre, et le comte de Vexin qui dormait sur ses genoux.