Non pas, bien entendu, d’une laideur déplaisante : des traits que le génie éclaire peuvent être irréguliers, la flamme intérieure leur donne une beauté d’ordre supérieur. […] Peut-être voulait-il, en réalité, l’offrir à ses convives ; Molière, lui, au lieu de se donner en spectacle, entend profiter de celui qu’on lui a promis ; il ne dit mot et raille, à l’occasion, ceux dont il a trompé le petit calcul ; ainsi, dans la Critique de l’École des femmes, par la bouche de la rieuse Élise. […] Par là s’expliquent les impatiences d’hommes d’esprit, agacés à la longue d’entendre dévider les litanies de Molière par des hagiographes béats. […] Quant à la maladie dont il souffrait, il n’est pas facile de le savoir exactement, et les médecins de notre temps ne s’entendent guère plus à ce sujet que leurs devanciers du XVIIIe siècle : l’un conjecture un anévrisme, un autre la phtisie. […] Bien entendu, ses ennemis dénaturaient cette façon d’agir.
Je crois entendre Armande : « Ce legs universel n’est qu’un leurre ! […] Auguste Vitu n’est pas seulement un moliériste entendu et fort compétent, c’est aussi un archéologue. […] Il eût évité l’ennui de s’entendre dire qu’il avait consacré moins de 40 pages à son sujet et plus de 400 à ce qui ne l’est pas ; et l’ouvrage, qui est fort instructif, n’y eût rien perdu de son intérêt. […] Je laisse de côté la conduite d’Armande Béjart, matière délicate sur laquelle on pourrait discuter longtemps sans parvenir à s’entendre. […] Livet et moi, nous ne sommes pas aussi éloignés de nous entendre qu’il semble le croire.
[86, p. 130-131] Lors de la première défense de jouer le Tartuffe, la curiosité du public fut piquée, tout le monde voulait avoir Molière pour la lui entendre réciter.
M. de Molière est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde ait suscité à l’Église de Jésus-Christ J’entends ce monde que J. […] J’entends ce monde que J.
Quand on entend le bonhomme Chrysale dire à Ariste : Mon Dieu ! […] Ah fi… dit Armande à sa sœur à ce seul mot de mariage, Ne concevez-vous point, ce que dès qu’on l’entend, Un tel mot à l’esprit offre de dégoûtant, De quelle étrange image on est par lui blessée. […] J’ai quelquefois entendu des personnes blâmer cette scène et celle du quatrième acte entre les deux sœurs ; elles les trouvaient trop crues pour le théâtre et presque offensantes pour la pudeur publique.
J’entends plusieurs personnes s’écrier qu’il faut protéger le théâtre de la nation, lui conserver ses droits, le faire jouir d’une magnificence, d’une supériorité, d’une pompe imposante. […] Le peuple François prodigue l’or & les applaudissements à qui sait lui procurer des plaisirs variés ; témoin l’empressement avec lequel, las de voir toujours les mêmes pieces & les mêmes Acteurs sur nos grands théâtres, il court entendre criailler à l’Ambigu comique, & voir des sauts périlleux chez Nicolet. […] J’entends par art dramatique l’art du Poëte tragique ou comique, & non celui du Comédien.
Inutile de définir ce mot aux spectateurs des Précieuses ridicules et des Femmes savantes : grâce à Molière, ils savent aujourd’hui, aussi bien que ceux qui vivaient il y a deux cents ans, ce qu’on entend par préciosité. […] Molière met sous vos yeux, en exemple, la femme douce, sage, instruite, spirituelle et modeste ; il vous montre Henriette, pleine de bon sens, de timidité, de grâce, de fines reparties ; sa droiture d’esprit lui suffit pour être inaccessible aux fades compliments d’un diseur de douceurs qui n’en veut qu’à sa dot316 ; pour répondre à un gros pédant ce mot plein d’esprit français et de grâce féminine : Excusez-moi, monsieur, je n’entends pas le grec317 ; pour déclarer nettement à l’homme qui veut l’épouser malgré elle, qu’elle ne se sent point la force de supporter les charges et les périls du mariage sans le soutien de l’amour318. […] Quel homme de cœur peut assister sans émotion au spectacle de cette jeune âme emprisonnée, qui conserve toujours et reconquiert enfin sa dignité libre, sous toutes les chaînes d’un despotisme absurde, sous tous les voiles d’une savante erreur, comme sous la glace immobile on entend l’eau irritée qui au premier printemps roulera dans la mer sa prison vaincue ?
Par comédie, on entendait sans doute à la fois la pastorale et La Comtesse d’Escarbagnas. […] La pièce avait été, en quelque sorte, condamnée avant d’être entendue. […] Alors, tel que Sophocle, lisant son Œdipe à Colone devant les magistrats, pour prouver que sa raison n’était point affaiblie, comme d’ingrats enfants le prétendaient, il invita ses juges à venir l’entendre prêcher, et il gagna sa cause tout d’une voix. […] Bien entendus, bien dirigés, ils produisent tous les arts utiles, et engendrent même quelques-unes de nos vertus. […] Tous deux sont dupes des artifices d’un personnage faux et cupide qui flatte leur manie pour s’emparer de leur bien et en frustrer leurs enfants ; mais, incapables de céder à la raison, ils ne peuvent être désabusés que par le témoignage de leurs sens : ils ne veulent pas se rendre, à moins de voir de leurs yeux et d’entendre de leurs oreilles.