L’égoïsme, forme plus accentuée et plus basse de l’amour propre, est aussi une des matières universelles de Molière : les pères de l’Etourdi et du Dépit amoureux, égoïstes qui ne songent qu’à leur argent et leur tranquillité168 ; ceux du Mariage forcé et du Mari confondu, égoïstes qui ne songent qu’à se débarrasser de leurs filles169 ; Harpagon, égoïste qui ne songe qu’à ses écus170 ; Arnolphe, égoïste qui ne songe qu’à se fabriquer une femme au gré de son souhait et un nom au gré de son orgueil171 ; don Juan et Tartuffe, égoïstes hardis qui courent au plaisir à travers le crime, l’un suivant ses effrénés caprices, et l’autre avec une prudence raffinée172 ; Chrysale, égoïste timide qui ne songe qu’à sa soupe173 ; Argant, égoïste douillet qui ne songe qu’à sa santé, et déshérite ses enfants pour s’assurer une garde-malade174 ; Philinte même, égoïste discret qui n& ménage les autres que pour n’avoir pas à les combattre175 : la liste en est longue, et comprend plus des trois quarts des personnages de Molière. Molière semble n’avoir oublié aucun des points sur lesquels doit être parfait son honnête homme : il ne tolère ni l’extravagance de l’important-, qui dérange tout le monde, qui veut que tous S’occupent de lui, et qui tranche toutes lés questions avec une suffisance burlesque176 ; ni la politesse écervelée de ceux qui se rendent importuns à force de civilités, et s’obstinent à rendre service aux gens malgré eux177 ; ni la sotte vanité de rougir de Ses pères, de se faire appeler M. de la Souche au lieu d’Arnolphe 178, ou de vouloir, au risque de ruiner sa maison, devenir, de bourgeois, gentilhomme179 : ce travers, qui semblerait au premier abord excusable, peut aller pourtant, jusqu’à une réelle dégradation morale, aboutir à la perle des biens péniblement acquis, et au malheur des enfants ridiculement mariés180.
C’est de l’instruction et de l’énergie morale de chacun que dépend pour lui l’usage de ce qui est bien ou mal : nous ne laissons point nos enfants boire à leur soif le vin que nous buvons, et nous interdisons à nos adolescents les livres que nous lisons. […] Mais il est à craindre que, longtemps encore, le théâtre de Molière, pour le peuple, ne soit le vin pur pour les enfants.
« Le prince qui règne sur le pays, c’est l’amour coquet, frère de l’amour, mais frère bâtard, enfant de la nature et du désordre, dont les dérèglements et la débauche sont plus habituels que la raison. […] On admet comme excuse la maladie du père et de la mère, et point celle du mari et de ses enfants. […] Ne serait-il pas absurde de mettre sur la scène deux vieilles filles qui s’émancipent, et qui sont rappelées aux soins d’un petit ménage et aux habitudes d’économie la plus minutieuse par un père né et vivant dans la médiocrité, et fort éloigné de vouloir se méconnaître et être méconnu de ses enfants, pour faire une leçon d’économie à des femmes dont les pères et les maris sont comblés de richesses héréditaires ?
Arnolphe a, pour se rassurer, l’innocence d’Agnès qui demanda un jour, Avec une innocence à nulle autre pareille, Si les enfants qu’on fait se faisaient par l’oreille.
Et de quoi, diable, aussi, du métier dont vous êtes, Vous avisez-vous là de faire des enfants ? […] Harpagon cede sa maîtresse, & couronne les amours de ses deux enfants, à condition qu’on lui rendra sa chere cassette qu’on lui a volée.
VI Cette rupture ne saurait être antérieure au mois d’avril 1666, car à cette époque Armande donnait à son mari un second enfant : une fille qui eut pour parrain M. de Modène et pour marraine Madeleine Béjart. […] Modèle des époux et père de six enfants, l’auteur de tant de stances à Iris n’en aimait pas moins jouer auprès des reines de théâtre le rôle du don Guritan de Ruy Blas auprès de dona Maria de Neubourg. […] Courte joie : l’enfant ne vivait que onze jours, précédant son père dans la tombe de quatre mois et demi. […] Sa femme est près de lui et s’efforce à le calmer ; sincèrement affligée de l’état où elle le voit, elle le raisonne comme un enfant ; si Chalussay lui prête quelques duretés de parole, c’est qu’il en veut à tout ce qui touche Molière et qu’il tient à ne pas représenter sous un aspect trop sympathique la femme de son ennemi.
Elle avait donc treize ans quand elle « créa » une Grâce dans Psyché, quinze à la mort de Molière, qui faisait venir, — comme on sait, — les enfants de ses camarades à la lecture de ses pièces. […] Point d’enfants mâles, ses deux fils étant morts avant Molière; mais sa fille, Esprit-Madeleine, lui survécut, se maria avec M. […] Depuis son arrivée à Paris en 1658 jusqu’à sa mort, Molière put avoir occasion de faire amener à la lecture de ses pièces : Le petit De Brie (Jean-Baptiste) ; La petite De Brie (Catherine-Nicole), née en 1659 ; Le petit Du Parc (Jean-Baptiste) ; Le petit Du Croisy (François) ; Les deux petites Du Croisy (Angélique et Marie-Angélique) La petite Châteauneuf aînée ; Les quatre enfants La Thorillière, dont sa filleule Thérèse ; Le petit Hubert ; La petite Beauval (Louise), la Louison de son Malade imaginaire. […] Denis Clerselier de Nanteuil, inconnu jusqu’à ce jour, était l’un des quatorze enfants de Claude Clerselier, traducteur, éditeur et ami de Descartes, et beau-père de J.
Exemple : un gamin m’écrase les pieds dans la rue ; je lui frotte vigoureusement les oreilles, ma supériorité est ici incontestable et bien claire, son effet était imprévu, l’enfant ne rit pas, il pleure ; je ne ris pas davantage. […] Avec la faiblesse d’enfant d’Octave. […] l’éducation des enfants est une chose à quoi il faut s’attacher fortement. […] George Dandin Oui, voilà qui est bien, mes enfants seront gentilshommes -, mais je serai cocu, moi, si l’on n’y met ordre. […] Vous voudriez donc que toutes les femmes fussent savantes ; il n’en resterait plus pour faire des enfants.