Mais voilà qu’ils se séparent : le dépit éclate dans leurs paroles et sur leurs visages. […] Encore quelques instants, et le dépit deviendra de la colère ; des larmes, de vraies larmes couleront… Mais, non, un sourire a brillé, et la rosée qui perlait déjà s’évanouit sous ce gai rayon. […] Partout où nous le rencontrons, il aime ; partout où il aime, il trouve moins des occasions de bonheur tranquille, que des occasions de dépit jaloux, et cependant, il ne cesse jamais d’aimer. […] Ce mauvais procédé me touchant de dépit, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas, et de leur donner mille écus de mon argent, plutôt que de leur manquer de parole. […] L’Etourdi et le Dépit furent écrits en grands vers ; mais, ces pièces ayant cinq actes, on ne trouva rien de surprenant à cela.
Ce furent L’Étourdi et Le Dépit amoureux, applaudis l’un en 165311, l’autre en 1656, pendant la tenue des états du Languedoc, présidés par le prince de Conti, condisciple et protecteur du poète, qui faillit devenir son secrétaire après la perte de Sarrasin12. […] Au lieu de sauver qui se noie, il le plongera au plus profond. » Mais il veut pourtant faire savoir à tous son changement de fortune, « pour que ses flatteurs se pendent de dépit ». […] D’où vient donc que ses dépits, longtemps refoulés, rompent tout à coup leurs digues, et que cet observateur attristé d’une comédie en dehors de laquelle s’isolait sa réserve dédaigneuse, entre en scène comme une tempête, pour soulager ses contraintes et dire à chacun son fait, au risque de paraître un maladroit ou un fâcheux qui prête à rire ? […] Mais avec tout cela, quoique je puisse faire, Je confesse mon faible ; elle a l’art de me plaire ; J’ai beau voir ses défauts, et j’ai beau l’en blâmer, En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer52 ; Sa grâce est la plus forte ; et sans doute ma flamme De ces vices du temps pourra purger son âme. […] Quand son dépit va jusqu’à proscrire les livres, Molière ne veut donc point célébrer l’ignorance, mais peindre un bourgeois prosaïque, et un mari comme il s’en fait tous les jours aux bureaux de l’état civil178.
Nous trouvons fort indécent, & très peu vraisemblable, que de grands personnages, comme Jupiter, Alcmene, Amphitrion, fassent, au milieu d’une rue, des scenes de dépit, des scenes tendres, des scenes emportées ; d’un autre côté, nous disons que si Amphitrion & Sosie pouvoient entrer dans la maison, nous n’aurions plus de situations comiques, ni de piece ; & d’après cette réflexion, nous concluons que Moliere a été forcé de placer la scene devant le palais d’Amphitrion.
LE DÉPIT AMOUREUX.
Molière y donna, soit au mois de novembre, soit au mois de décembre 1656, la première représentation du Dépit amoureux. […] Je passe rapidement sur ses premières pièces : l’Etourdi, le Dépit Amoureux, les Précieuses ridicules, Sganarelle, l’Ecole des Maris. […] Si le Dépit Amoureux et l’Etourdi ne sont que des canevas à l’italienne, sur lesquels Molière s’est contenté de faire courir les arabesques de sa fantaisie, déjà les Précieuses Ridicules, et déjà l’Ecole des Maris sont une vive attaque, une attaque en règle à tous ceux qui prétendent masquer ou farder la nature.
Henriette admire la délicatesse de Leuson, & fait des efforts pour cacher à Béverley qui paroît, le juste dépit qui l’anime contre lui.
C’est en effet le dépit et la jalousie qui amènent Arsinoé chez Célimène, et, sous couleur de s’intéresser à sa réputation, elle lui rapporte tout ce qu’on dit ou tout ce qu’elle invente elle-même de plus fâcheux sur sa conduite. […] Moi, répond-elle avec le dépit du bon sens, … Je ne vois rien de plus insupportable, Et je préférerais le plus simple entretien À tous les contes bleus de ces diseurs de rien.
Jusqu’alors, il doutait encore de lui-même, en proie aux soucis et aux contrariétés, allant de province en province… Le premier effort de son génie se manifesta d’une façon encore bien modeste dans Le Dépit amoureux. […] Albert dans Le Dépit amoureux. […] Ce fier et hautain poète, son rival nous le montre quémandant et intriguant : « il a tiré des limbes son Dépit amoureux à force de coups de chapeau et d’offrir les loges à deux pistoles ». […] Jouait Gros-René dans Le Dépit amoureux et dans Sganarelle. […] Jouait Marinette dans Le Dépit amoureux, Georgette dans L’École des femmes, Donne dans Tartuffe, Nérine dans Monsieur de Pourceaugnac.