Encore une fois, je vous le demande avec larmes ; et si ce n’est assez des larmes d’une personne que vous avez aimée, je vous en conjure par tout ce qui est le plus capable de vous toucher755. » Quelle abnégation, dans la bouche d’une amante insultée et remplacée !
Le fait est ainsi raconté par l’auteur du Bolœana, qui prétend avoir appris de la bouche même de Boileau les anecdotes dont se compose son recueil, et, en particulier, celle dont il s’agit ici.
Alors le sage Précepteur s’arrête, contemple avec admiration la blancheur des bras de la jeune beauté, l’élasticité de sa gorge, la position voluptueuse de son corps, les délices de sa bouche, la finesse de ses levres émaillées de rubis ; il décrit une beauté enchanteresse : il voudroit descendre, mais il ne peut s’y résoudre.
Molière serait probablement un peu surpris d’apprendre, de la bouche de ses trop ingénieux commentateurs, quelles causes, toutes indubitables, quoique souvent contradictoires, ont déterminé la direction de son génie.
Jourdain ou pour fermer la bouche à la majestueuse Philaminte ; et ce mot, elles ne l’ont point cherché, c’est la nature qui le leur a suggéré ; et tandis que leurs maîtres, à chaque pas qu’ils oui, s’enfoncent plus avant dans le ridicule, elles sont belles, elles, si je puis dire, de leur simplicité, de leur ignorance, et de leur santé. […] Nous ne reprocherons donc pas à Molière d’avoir mis cette phrase dans la bouche de don Juan, parlant aux frères de son Elvire : « Oui, je suis don Juan lui-même, et l’avantage du nombre [que vous avez sur moi] ne m’obligera pas à vouloir déguiser mon nom ».
Dimanche, son marchand drapier, qui vient lui demander de l’argent ; mais il l’accable de tant de politesses, il lui demande si à propos, dès qu’il veut ouvrir la bouche, si sa femme peut résister à la fatigue du ménage, si sa fille est toujours jolie, si son fils fait toujours bien du bruit avec son tambour, si son petit chien Brusquet mord toujours les gens aux jambes, que le benin créancier n’a ni le temps ni le courage de demander ce qui lui est dû.
Julie, froide, insipide, ne se réchauffe que pour faire le dénouement : Evandra, la sensible Evandra, est toujours attachante ; elle respire continuellement l’amour le plus pur, la tendresse la plus délicate ; c’est la passion elle-même qui parle par sa bouche, elle la fait passer dans l’ame du spectateur ; tous desirent une maîtresse qui lui ressemble.
Que ce Critique lise, je vais lui fermer la bouche par un trait de la Vie de cet Auteur, qui n’est pas venu jusqu’à moi avant l’impression.