Voltaire le proclame avec ce ricanement de singe sous lequel le bon sens du monde a chancelé. […] Celte belle idée semble un produit naturel des feuilletons, où elle reparaît souvent ; elle a cependant été mise en circulation par Voltaire. […] Après lui, on cite Regnard, qui vint au monde sous les piliers des Halles ; Voltaire, place du Harlay ; Beaumarchais, près de la rue des Lombards ; Béranger, rue Montorgueil, et enfin Scribe, rue Saint Denis. […] Le même Voltaire, qui se moquait de tout le monde, mais particulièrement dos voltairiens, est de ceux qui soutiennent que Molière a corrigé plus de défauts à la cour lui seul que tous les prédicateurs ensemble.
Le premier est l’esprit de la Fontaine ; le second est l’esprit de Voltaire.
Oui, tout entier, je le répète, c’est-à-dire, non plus avec les suppressions que La Grange et Vinot s’étaient imposées pour leur édition et qui ne l’avaient pas empêché d’être impitoyablement mutilée par la Censure ; mais le tout, sans une seule ligne, sans un seul mot de moins ; le texte enfin tel qu’il existait dans le manuscrit de Molière, le soir de la première représentation, et sur cette copie que Voltaire disait avoir vue entre les mains du fils de Pierre Marcassus. […] La phrase est authentique, comme tout le reste : elle se trouve dans l’édition de 1683, et elle se trouvait aussi dans la copie de Pierre Marcassus, puisque Voltaire dit l’y avoir lue, ce qu’il faut croire. […] Ainsi, son inimitié fut d’enfance, comme celle de Voltaire, et, on le sait, rien n’est plus tenace que ces petites haines dont les premières racines vous rattachent à l’âge que La Fontaine dit être sans pitié. […] Voltaire, dans sa jeunesse, fut encore à même de vérifier ce que je disais tout à l’heure au sujet des petites intercalations malicieuses, si faciles dans les comédies non rimées. […] Je m’étonne que la lettre du 28 janvier 1772, où il donne ce curieux conseil à son « cher champion du bon goût », ait échappé aux historiens de Voltaire.
L’Europe, a dit Voltaire, regarde le Misanthrope comme le chef-d’œuvre du haut comique.
C’est que Molière était tout à la fois auteur et comédien ; c’est qu’il mettait en scène son idée ; c’est qu’il créait deux fois ses personnages, une fois dans son imagination et une fois devant la rampe, devant les immortelles chandelles de cet autre Roi-Soleil, car on finira par dire le Siècle de Molière, comme on dit déjà le Siècle de Voltaire. […] Entre autres légendes, Molière a aussi son souper d’Auteuil, mais il paraît que cette légende est une histoire, quoique Voltaire n’y croie pas ni moi non plus.
Voltaire et beaucoup d’autres ont appelé La Comtesse d’Escarbagnas, une farce : c’est une fausse application du mot.
Alors vraiment arriva la fin du monde, et nul depuis ce temps, n’a osé reprendre cette facile, et dangereuse conversation du siècle révolté de Voltaire et de Diderot.
Le poète cadurcien, qu’un compatriote traitait récemment de « médiocre écrivain » dans une revue des principaux Biographes de Molière, avait soixante-douze ans quand il donna ses Mémoires pour servir à l’histoire de Molière et de ses ouvrages, qui furent avec raison préférés par les éditeurs du Molière-Boucher à la Vie du grand homme écrite par Voltaire lui-même.