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S’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse. » De ce passage rapprochez les vers suivants du Misanthrope (acte II, scène v) : « L’on a tort, ici, de nourrir dans votre âme, Ce grand attachement aux défauts qu’on y blâme. […] Moi qui l’ai fait régner dès longtemps dans mon âme Sa qualité, son bien, ses serments et ses pleurs, Son langage flatteur et ses feintes douleurs, Ma jeunesse crédule et mon âme trop tendre, Ma folle vanité trop aisée à surprendre, Enfin tout ce que peut d’ennemis assembler La rigueur d’un destin qui voulait m’accabler, Favorisa si bien les efforts de ce traître, Que je ne puis l’haïr, quelqu’ingrat qu’il puisse être, Qu’il obtînt… mais, hélas ! […] Ce n’est pas seulement le procédé de l’artiste irréprochable qui me ravit en lui, mais surtout l’individualité aimable et l’âme hautement cultivée du poète.

123. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Un grand comédien eût trop poussé un rôle assés plein de lui-même, et eût fait faire trop d’impression à sa férocité sur les âmes tendres. » On prétend qu’il mourut par les efforts violens qu’il fit enjouant Oreste, où l’on assure que son ventre s’ouvrit ; il étoit si prodigieusement gros76 qu’il étoit soutenu par un cercle de fer. […] Une note du recueil de Trallage prétend au con­traire que le libraire Thierry ne voulut pas imprimer cette traduction (que lui offrait la veuve de Molière) comme « trop fort contre l’immortalité de l’âme ».

124. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Il serait intéressant de connaître quelles furent les impressions habituelles que Poquelin reçut pendant le cours de ses études, et qui, sans nul doute, favorisèrent le développement de son génie ; car c’est peu que de naître avec des dispositions particulières pour un art ; l’âme s’épuise dans de vagues élans, si les circonstances ne viennent seconder son essor et diriger sa course. […] Les leçons d’un sage ne contribuèrent pas peu à doter son âme de cette modération qui fut toujours le fonds de son caractère et la base de ses actions.

125. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

La Comédie-Française n’en pouvait plus donner une seule sans qu’on vit une nuée d’âmes en peine se jeter sur ce régal, et le découper en petits morceaux pour le faire durer plus longtemps.

126. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ou jaloux, ou non jaloux, Rodrigue sera mon âme. — Ô mes délices !

127. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Enseignez-moi qui m’a dérobé mon âme, ma vie, mon cœur, et toute mon espérance ? […] 1801, Moliérana, 32, p. 61-62 Tome I, p. 561 Baron* prétendait que la force et le jeu de la déclamation étaient tels que des sons tendres et tristes, venant à porter sur des paroles gaies et même comiques, n’en excitent pas moins dans l’âme ces émotions douloureuses qui nous arrachent des larmes. […] Le Dévot s’y prit d’une autre façon ; il dit qu’il avait employé son dépôt en œuvres pies, et qu’il avait préféré le salut de l’âme de Gourville à un argent qui sûrement l’aurait damné ».

128. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Lui, qui saisit si bien le travers des gens qui donnent des avis intéressés, il sollicite, comme le Sganarelle du Mariage forcé, des avis pour ne pas les suivre : c’est-à-dire que d’avance il a excepté dans son âme la seule chose qu’il soit raisonnable de lui conseiller, le mariage de sa fille ; et, après qu’il a promis par serment à la pauvre Lucinde, de lui accorder tout ce qu’elle pourrait demander, la chose qu’elle demande, est précisément celle qu’il refuse.

129. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Comment auroit-il pu l’avoir dit, ce Virgile, Puisque je suis certain que, dans ce lieu tranquille, Ame du monde enfin n’étoit là que nous deux ?

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