Le spectacle lui apparaît en son entier, depuis les manifestations instinctives jusqu’aux conceptions abstraites, et il donne la forme théâtrale à cette intelligence du monde qui est en lui. […] Tout ce monde sort du tumulte bigarré de comédie italienne et de foire du Pont-Neuf où s’ébat sa fantaisie. […] Il parvient ainsi aux plus hautes conceptions de son œuvre, il lance par le monde le douloureux Arnolphe, l’austère Alceste, le révolté don Juan, le noir Tartuffe.
Panulphe, gentilhomme et homme du monde, fort vilain sire du reste, et dans lequel la cabale reconnaît Tartuffe aussitôt. […] Donc il n’était pas d’abord un homme du monde. […] Non, Tartuffe n’est point homme du monde, encore moins abbé de cour. […] Mais pas le moins du monde. […] Mais la religion est de ce monde où l’abus gâte les meilleures choses.
Pour moi, monsieur, je n’ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne sauroit se vanter de m’avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n’est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. […] si la vraie piété est la vertu surhumaine qui ravit l’homme jusqu’à Dieu, et si une foi sincère est ce qu’il y a au monde de plus respectable, quel service n’est-ce pas rendre à la foi et à la piété que de mettre au pilori ceux qui empruntent un masque sacré pour satisfaire les deux plus honteuses passions, celle de l’or et celle de la chair ? […] Mais encore faut-il croire quelque chose dans le monde : qu’est-ce donc que vous croyez, etc. […] Et vraiment, on ne voit nul genre de héros Qui soient plus à priser que les parfaits dévots, Aucune chose au monde et plus noble et plus belle Que la sainte ferveur d’un véritable zèle. […] « Cléante nous rend l’homme du monde comme Louis XIV le voulait dés ce temps-là ; il a un fonds de religion, ce qu’il en faut : pas trop n’en faut, comme dit la chanson. » Cela n’est qu’un mot, d’un goût discutable, et qui ne prouve rien.
Malgré cela l’apparence, qui est la reine de ce monde, a maintenu et maintiendra M. de Montausier en possession d’une réputation de stoïcisme plus ou moins méritée... […] Les brusqueries de Montausier, ce culte exagéré de la vertu, cette rigueur et ces airs stoïques, chez un homme de cour assez, en évidence dans le monde pour frapper les yeux de la foule, composaient un type peu commun, qui n’a pu échapper au regard observateur de Molière. […] Les coquettes et les prudes sont des types qui ne se perdent pas, aussi anciens, aussi durables que le monde. […] La galanterie d’Armande fit du bruit dans le monde et Molière dut en venir à une rupture. […] Cette offre de le suivre dans la solitude et d’acheter le pardon de ses fautes au prix d’une retraite, loin d’un monde qui la perd, n’est-ce pas l’image de ces pardons toujours inutiles où Molière se sentait entraîné par sa tendresse ?
Cependant il vivait avec la Létoile dans le plus grand respect du monde. […] Son premier coup d’œil dans ce beau monde avait été pour les femmes. […] La ville entière le courut voir, et la Raisin, en une seule fois, tant il y vint de monde, fit plus de mille écus. […] s’écria Chapelle, voilà un jugement qui vous fera honneur dans le monde. […] Sainte piété, que vous allez apporter de bien au monde !
Voilà pourquoi Montfleury ri a rien laissé, quand Molière nous léguait tous les types du monde moderne, monde qui est bien quelquefois le monde ancien. […] C’était la meilleure créature du monde. […] Elle dit à ses amis que c’était le lendemain le premier jour du printemps et qu’elle le verrait dans l’autre monde. […] Est-ce parce qu’elle a mis au monde un des Amours du ballet de Psyché, que M. […] Cette fin, un deuil pour le monde entier, n’est qu’un événement à sensation qui fera une réclame pour Le Malade imaginaire.
C’est bien assez d’avoir mis au monde Tartuffe ton frère, l’an passé ! […] Il ne craint que la mort dans ce monde ouvert à ses caprices. […] prendre sa revanche sur ce monde catholique qui a proscrit la comédie ! […] « Ôtez la pauvreté de ce monde, laissez le monde à Plutus… soudain, plus de poètes, plus d’artisans, plus d’artistes ! […] que je hais ce monde !
On dit dans le monde que cette piece est entiérement imitée d’Heureusement, Conte moral de M. […] Bélise, qui ne pouvoit plus retenir les siennes, lui dit de l’air du monde le plus affligé : Vous me quittez bien gaiement, Lindor ! […] Je suis la meilleure femme du monde. — Quel air ingénu ! […] J’ai appris dé par lé monde qué vous aviez bésoin d’un Secrétaire. […] C’est le plus joli placet du monde : qu’en dites-vous, Monsieur Dorilas ?...
l’esclave et le maître du monde ! […] À peine au monde, Fleury jouait la comédie. […] Le comédien est le maître du monde ! […] la vieillesse des comédiens qui ne savent pas quitter le monde, au moment où le monde les quitte. […] M. l’impératrice des Français et du monde !
Pas le moins du monde ! […] pourtant les déconvenues d’Horace vous donneront peut-être à penser qu’il n’est pas bon de conter ses petites affaires atout le monde, et quand vous verrez le seigneur Arnolphe lâcher sans façon le nom de son père, vous songerez à un de vos bons amis. […] Voilà des petites choses qui connaissent leur monde ! […] Je crois que le monde va tout seul, beaucoup. […] Je ne crois pas, car voici une particularité bien curieuse : La plus mauvaise note, la plus détestable que puissent avoir vis-à-vis du monde, une femme, et même un homme, dans les pays à divorce, c’est d’avoir divorcé !...
J’ai dit ailleurs que nombre d’Auteurs, entraînés par la vanité de prouver ou de faire croire qu’ils vivent dans le grand monde, craindroient de passer pour des roturiers s’ils ne puisoient leurs sujets & leurs caracteres chez nos demi-Dieux. […] On se lasse de la mauvaise compagnie sur le théâtre comme dans le monde, & l’on dit des Auteurs qui font de pareilles pieces, ce que Despréaux dit du satyrique Regnier. […] Il est, par exemple, dans tous les pays, des gens de rien, de petits artisans, qui n’ont pas reçu la moindre éducation, qui n’ont pas la moindre notion des choses les plus ordinaires, & qui se mêlent cependant de faire les politiques ; qui négligent totalement leurs affaires domestiques pour songer à celles de tous les Princes du monde : des sots qui n’approuvent jamais ce que font les ministres, & qui puisent dans leur ignorance la vanité de croire que les affaires prendroient entre leurs mains une meilleure tournure. […] Que le Lecteur décide ; mais qu’il songe auparavant, qu’il y a dans tous les pays dix mille fous qui s’avisent de crier à tort & à travers contre les Ministres, & qu’il n’y a pas dans toutes les Cours du monde deux sujets qui soient assez extravagants pour vouloir s’allier à leur maître. […] Il puisera dans le grand monde un goût fin, beaucoup de délicatesse, une façon aisée d’exprimer ses idées ; mais comme tous ceux qui le composent ont à-peu-près reçu la même éducation, que cette éducation leur apprend à paroître tout ce qu’ils ne sont pas, ils ne lui laisseront entrevoir que des nuances.
Le monde qu’il parcourt n’a plus assez d’originaux, qui soient dignes de son application et de son étude. […] Heureuse foule ; pour ton demi petit écu tu vas voir expirer, devant toi, le plus grand poète du monde ! […] « Je n’ai point de bien, dit-elle à Lycaste, et vous n’en avez point aussi, or vous savez qu’avec cela on passe mal le temps au monde. […] Seulement, il a sur Alceste cet avantage, il sait vivre avec les hommes, il sait comme on parle aux femmes du grand monde, et comment on juge les vers de ses amis de la cour. […] Philinte sait, aussi bien qu’Alceste, que tous ceux qui, dans le monde, vous disent : mon ami !
Cette société et la cour étaient deux mondes différents, où les personnes même qui les fréquentaient ne se ressemblaient plus à elles-mêmes, dès qu’elles passaient de l’une à l’autre. Le cloître et le monde ne sont pas plus distincts. […] Mais il eut le bon esprit, dès son entrée dans le monde, d’être simple et naturel avec les personnes qu’il savait être ennemies du bel esprit et des pointes, sauf à se dédommager avec les autres.
Il se contente d’être un honnête homme selon le monde, et, si M. […] Pailleron, Le Monde où l’on s’ennuie. […] Pas le moins du monde. […] Point du tout ; elle se répète sans cesse dans le monde. […] Pas le moins du monde.
Toute la cour y passera : car c’est surtout la cour, le grand monde, dirait-on aujourd’hui, que Molière a joué dans cette pièce : c’est la seule de lui dont tous les personnages soient des courtisans. […] On sait que ce pied plat, digne qu’on le confonde, Par de sales emplois s’est poussé dans le monde. […] Elle joue : elle n’a pas peur le moins du monde, et c’est elle qui mène la scène, et non lui. […] je le sais bien, on n’aime pas convenir qu’on rit de cet honnête homme, de cet homme d’honneur ; même les sceptiques craindraient qu’on leur reprochât de méconnaître ce qu’il y a de plus noble et de plus douloureux au monde ; et sa défaite en amour le rend cher à ceux qui ont eu plus ou moins à se plaindre de Célimène, c’est-à-dire à… beaucoup de gens. […] En somme, le monde n’est qu’une grande société de tolérance mutuelle.
Dorante a lu Kant ; d’homme du monde aimable et galant qu’il était autrefois, il est devenu un peu scolastique. […] Il ne le pourrait pas, lors même qu’il commencerait par reconstruire le monde sur un plan entièrement neuf. […] la personnalité du poète s’y révèle ; l’enthousiasme l’élève au-dessus du monde réel ; son style est métaphorique. […] s’écrient tous les critiques ; la perfection n’est pas de ce monde ! […] Pas le moins du monde.
Malheureusement le cœur lui fait défaut ; l’égoïsme de la coquetterie et les adulations du monde l’ont marmorisée. […] Mais comme, pour qu’il lui pardonnât, il faudrait qu’elle quittât ce monde dont les vanités l’enivrent, Célimène recule et tout est fini entre le noble cœur et elle dont elle-même se sent indigne. […] On voit tout d’abord qu’Elmire est ce qu’on appelle une femme du monde, vouée aux occupations stériles qu’il inspire. […] Molière connaissait trop bien le monde pour n’avoir pas observé quel rôle important jouent dans les familles ces braves filles que nous appelons aujourd’hui bonnes, à cause sans doute qu’elles ne le sont plus, et qui, placées par leur condition dans une situation très subordonnée, n’en exercent pas moins une très grande influence sur ceux-là mêmes qui s’appellent leurs maîtres, et que, le plus souvent, elles conduisent à leur gré ; cela était vrai surtout du temps de Molière. […] Il n’est rien de plus faible et de plus imbécile, Rien de plus infidèle ; et malgré tout cela, Dans le monde on fait tout pour ces animaux-là !
Mais quand tout vous rit, et que le monde est bien infatué de vos richesses, il faut prendre à toute main l’argent qu’on vous offre, faire grande dépense à l’ordinaire ; et puis un beau matin, après avoir mis tous vos meilleurs effets dans une cassette, déloger à petit bruit, et donner ordre à votre portier de dire à tout le monde qu’on ne sait où vous êtes allé. […] Vous ne trouverez pas mauvais, monsieur, que je vous présente les trois meilleurs amis que j’aie au monde et les trois plus riches hommes de Paris. […] Je ne ferais cela pour personne du monde ; mais puisque vous le souhaitez et que monsieur de La Ressource m’en prie… LE DOCTEUR. […] Quoi, seigneur, là haut les médecins tuent aussi le monde ? […] Il y a grand monde sur la berge.
Quand nous parlerons de cette comédie à la date de sa première représentation dans la capitale, nous verrons que, quelle qu’ait été l’époque de sa composition, elle ne peut s’appliquer le moins du monde à l’hôtel de Rambouillet. […] Il l’aurait intitulée simplement Les Précieuses, si ce mot n’eut désigné dans le monde que des personnes ridicules. […] « Dans le monde, dit Mademoiselle, et les affectent de paraître fort retirées, quoiqu’elles cherchent fort le monde, ne bougeant de toutes les maisons de qualité où il va le plus d’honnêtes gens ; et cela même ne leur suivit pas, puisqu’elles vont dans celles où la marchandise est la plus mêlée et qui reçoivent toute sorte de gens sans distinction. […] — Sont-elles deux ensemble ou un plus grand nombre, elles rient au nez des gens, trouvent à redire à tout ce qu’on dit.… Ce sont les plus insupportables personnes du monde. » Mademoiselle de Montpensier fait une description assez grotesque de leur figure, et surtout de leurs minauderies. […] Elle n’avait pas fixé son attention, il ne la connaissait pas, elle ne faisait plus autorité ni bruit dans le monde, quand Molière est venu à Paris ; mais il avait entendu parler d’elle, comme de l’origine de ces mœurs et de ce langage qui faisaient exception dans les mœurs et le langage de la capitale.
Si je te disois qu’il faut que ma fille se jette du haut d’une tour en bas, ou qu’elle courre le monde, comme faisoit l’Infante Urraca, tu aurois raison de te fâcher ; mais si, dans trois pas & un saut, je fais tant qu’on la nomme Madame, & si je la tire du chaume, pour la faire asseoir sous un dais, & sur plus de carreaux de velours, que tous les Almoades de Maroc n’en ont eu en tout leur lignage, pourquoi ne veux-tu pas être de mon avis ? […] Je trouve que toute imposture est indigne d’un honnête homme, & qu’il y a de la lâcheté à déguiser ce que le Ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas. Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables ; je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de service, & je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avec tout cela, je ne veux point me donner un nom où d’autres en ma place croiroient pouvoir prétendre, & je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme. […] Ils ont amassé du bien à leurs enfants, qu’ils paient maintenant peut-être bien cher en l’autre monde ; & l’on ne devient guere si riche à être honnêtes gens ».
Pourceaugnac, berné et ridiculisé, domine ce monde de coquins de toute la hauteur de son honnêteté. […] Sainte piété, que vous allez apporter de bien au monde ! […] On l’appelait aussi, dans un certain monde, Belphégor, au dire de M. […] Non, Momus, je ne puis plus retourner au monde. […] Or ce monde, c’est Molière qui l’a créé.
Alceste, homme du monde, et qui, somme toute, parle fort bien, n’est-il pas ridicule, lorsqu’après avoir chanté cette chanson simple jusqu’à la naïveté, il s’écrie : Voilà ce que peut dire un cœur vraiment épris ? […] Ils croient que tout cède à leur perruque blonde Et pensent avoir dit le meilleur mot du monde Lorsqu’ils viennent, d’un ton de mauvais goguenard, Vous railler sottement sur l’amour d’un vieillard. […] Molière connaît mieux les raisons qui jettent la plupart des femmes hors du monde : chagrin d’amour, dépit, persécutions d’une marâtre. […] Nous avons vu Molière opposer la nature, et les bons instincts naturels, aux préjugés de son temps et à la discipline catholique, mais je ne crois pas le moins du monde, avec M. […] Il savait bien que la pure vertu n’est pas de ce monde, le poète qui, dans la préface du Tartuffe, écrivit : « Je ne sais s’il n’est pas mieux de travailler à rectifier et à adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entièrement. » Molière souffrait de cette nécessité d’accommoder avec la médiocrité humaine cette pensée pure qui se trouve chez les meilleurs d’entre nous et les emporte vers le juste, le beau, le vrai.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 408 Lorsque Molière se préparait à donner son George Dandin, un des ses amis lui fit entendre qu’il y avait dans le monde un Dandin qui pourrait se reconnaître dans la pièce, et qui était en état, par sa famille, non seulement de le décrier, mais encore de le desservir dans le monde.
Que diroit-on dans le monde si en ma présence je vous laissois faire une action aussi extravagante ?.. […] Des bégueules, fieres d’avoir vu ou cru voir le beau monde de Paris, se donnent gauchement un air d’importance dans leur petite ville & dans leur cercle. […] Rien au monde ne révolte davantage un homme qui se sent du génie. […] Il n’y a pas un de tous ces gens-là qui, pour la moindre chose, ne soit capable de donner un soufflet au meilleur droit du monde. […] C’est être damné dès ce monde que d’avoir à plaider ; & la seule pensée d’un procès seroit capable de me faire fuir jusqu’aux Indes.
En 1610, pendant que la société de Rambouillet prenait un heureux essor, la publication du ier volume d’un roman nouveau fit événement dans le monde, et concourut puissamment à déterminer le changement de mœurs qu’amenait le cours des choses, en dirigeant les esprits vers un nouveau genre de la galanterie tout opposé à celui qui régnait en France, depuis François Ier. […] Il était célèbre dans le monde galant par sa beauté, ses grâces, son esprit et son tendre cœur. […] Il sembla, comme on voit, que d’Urfé fût venu au monde pour reproduire les délices de l’amour platonique et dégoûter des grossièretés de l’amour physique.
Elle regarde la vie campagnarde, la chasse, la pèche, et même, il faut l’avouer, l’agriculture, dont il est fort pardonnable à une femme du grand monde de n’être pas charmée. […] Les citoyens romains apportaient de grands avantages dans le monde ; devaient beaucoup à leurs mères et ci leur naissance, savaient quantité de choses que personne ne leur avait apprises . […] Pas un de leurs gestes, pas un de leurs mouvements qui fût indigne de la souveraineté du monde ; ils riaient même, ils se jouaient avec une sorte de dignité. » Ici l’auteur fait un retour vers madame de Rambouillet, pour remarquer qu’elle est de ce caractère, qu’elle descend du même principe, fille de leur discipline et de leur esprit , et ne tient pas moins de l’a magnanimité des César et des Scipion que de l’honnêteté des Livie et des Cornélie. […] En tout temps, il vaut mieux, dans le monde, parler des mots que des personnes.
La tradition, qui a souvent raison, parce qu’elle représente un consentement populaire, a fait naître le père excellent de la comédie au beau milieu des halles, qui représentaient un monde à part dans les passions de la grande ville. […] Trente ans plus tard, sous ce thème pilier des halles, vint au monde un des plus heureux et des plus beaux esprits dont se soit parée la comédie, un grand poète appelé Regnard, l’auteur du Joueur et des Ménechmes. […] jour ; et pour moi, j’aurais toutes les hontes du monde s’il fallait qu’on vînt à me demander si j’aurais vu quelque chose de nouveau que je n’aurais pas vu.» […] On en dissertera jusqu’à la fin du monde. […] pour ton demi petit écu, tu vas voir expirer, devant toi, le plus grand poète du monde.
Mais le jour où le mène autour, transporté dans un monde inconnu, entendit les oracles de la Bouche d’ombre, il était seul, doublement seul, hélas ! […] Qu’on nous laisse jouir en paix de ce frisson de volupté qui pénètre l’âme et l’enivre lorsque d’un coup d’aile, le poète nous enlève avec lui jusqu’aux dernières profondeurs du monde idéal, où règne l’harmonie éternelle. […] reprit Jupiter, le monde est et donné. […] Il ne passe les bornes en aucun point; il a assez de finesse et de tact pour ne jamais trop appuyer ; c’est le sage formé par le monde, le véritable honnête homme, tel qu’on, l’entendait au dix-septième siècle dans les meilleures compagnies. […] Mais il est, dans son monde poétique, des héros, de plus haute taille que ceux dont on célébrait alors la grâce et la bonne tournure.
Le monde saluera l’autel monumental Où ton culte renaît dans ton séjour natal. […] D’un poétique éclair ton visage rayonne ; Voilà ton large front, ton œil contemplateur, Des replis de notre âme intime scrutateur, Tes deux épais sourcils que ta sage malice Semblait froncer exprès pour effrayer le vice, Tes lèvres d’où jaillit ce langage nerveux, Qui, sans prudes détours disant ce que tu veux, Fort comme ta raison, vrai comme la nature, Reste du monde entier l’éternelle lecture. […] Le monde, vieil enfant que notre fouet corrige, Demande un précepteur qui gaîment le fustige.
Elle voltige au-dessus du monde réel, et glisse, sans jamais s’y abattre, sur nos misères et nos passions. C’est l’hôte d’un monde ancien et fantastique, qui de loin en loin vient visiter notre vie lasse et désenchantée, traverse notre ombre d’un rayon de lumière et remonte au ciel avec la poésie. […] Elle rit de tout, et ne s’intéresse à rien ; elle touche à toutes les idées de la raison, et n’en épouse aucune ; elle joue avec toutes les passions de la nature humaine, et reste indépendante en face d’elles ; elle voltige d’objet en objet dans le monde réel et dans tous les mondes imaginaires, sans se poser plus d’un instant sur chaque fleur. […] C’est un petit monde en soi, où tout est régi par une constitution particulière, bien loin d’être abandonné à l’anarchie. […] Mais ce n’est pas avec des sentences morales qu’il est possible d’égayer une comédie ; ce n’est pas avec de longs plaidoyers sur la corruption du monde que l’on peut animer un drame et le rendre vivant.
" Rien de mieux au monde » Hamlet. […] On peut citer en exemple les comédiens qui, quand ils sont bons, sont dans le monde ce qu’ils sont sur la scène, et qui, quand ils sont mauvais comme Alex. […] Il faut qu’il y ait un ridicule particulier attaché au malheur d’être cocu, qui est un grand malheur, car il y a des Meinau (Misantropie et Repentir) dans le monde. […] Cette idée est peut-être téméraire ; d’ailleurs le ton du grand monde s’est, je crois, extrêmement perfectionné de l’an 1672 à l’année 1772. […] Les femmes savantes ne sont point désappointées dans l’effet qu’elles croient produire dans le monde, au moyen des prétendues connaissances qu’elles ont en littérature, en physique et en morale.
Je trouve que toute imposture est indigne d’un honnête homme, & qu’il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas. […] Mais, voyant de ses yeux tous les brillants baisser, Au monde, qui la quitte, elle veut renoncer, Et, du voile pompeux d’une haute sagesse, De ses attraits usés déguiser la foiblesse. […] Les badauds, les gens qui admirent tout, s’écrient : l’Auteur connoît le monde. […] Si les Auteurs ont le plus grand tort du monde de mettre, dans leurs pieces, des choses qui ne tiennent qu’au caprice d’un lieu ou d’un moment, comment peuvent-ils, sans frémir, employer des mots, des expressions qui, bien souvent, ne sont de mode que vingt-quatre heures, & dans une seule ville. […] Ils semblent n’imaginer à la hâte une petite intrigue que pour avoir le droit de ramasser beaucoup de monde & de faire débiter sur les planches une diction qu’ils se piquent d’avoir à eux.
Il y a des vices de bonne compagnie qui passent, aux yeux indulgents du monde, pour de légers défauts ou même pour des qualités de société. […] Un tel génie devait être content de soi, quand il touchait si admirablement les points où le monde s’imagine que la morale n’a rien à voir, parce que le sens moral du monde est émoussé par la double habitude du plaisir, qu’on croit honnête tant qu’il n’est point scandaleux, et de l’intérêt, qu’on croit permis tant qu’il n’est point criminel. […] Alceste a raison, quand il veut qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur ; quand il déclare que L’ami du genre humain n’est pas du tout son fait, et quand il condamne sans pitié Ce commerce honteux de semblants d’amitié, ces protestations que le monde prodigue au premier faquin, en prostituant cette chose sacrée, l’amitié135. […] L’amour propre tient assez de place dans le monde pour qu’un prétendu moraliste ait voulu qu’il soit le mobile de toutes nos actions153. […] il n’y a pas de position dans le monde ni de circonstance dans la vie, où l’honnête homme puisse s’y soustraire : partout et toujours, il y a quelque devoir, grand ou petit, à accomplir ; et partout et toujours Molière montre la manière la plus digne et la meilleure de s’en acquitter.
On jugera de leur violence par un pamphlet écrit le 13 août 1664, sous ce titre : Le Roi glorieux au monde, ou Louis XIV le plus glorieux de tous les rois du monde. […] S’il donne un repas, il voudrait régaler son monde, sans bourse délier. […] Or, il n’en eût pas été de la sorte, si nous n’avions sous les yeux qu’un vulgaire pince-maille aussi rebutant sur la scène que dans le monde. […] Un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée et des dentelles, un ajustement d’homme du monde. […] Trissotin est le bel esprit répandu dans le monde.
D’abord il prend les intérêts d’un sexe à qui tous les hommes doivent hommage ; & après avoir donné au brutal le châtiment de son insolence, il vient à la bergere, & voit une jeune personne qui, des plus beaux yeux qu’il eût jamais vus, versoit des larmes qu’il trouva les plus belles du monde. […] Mais je l’honore plus que personne du monde. […] Cela est vrai, elle a les yeux petits ; mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Oui : mais on y voit des graces qu’on ne voit point aux autres bouches ; & cette bouche, en la voyant, inspire des desirs : elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. […] Mais enfin, elle est capricieuse autant que personne du monde.
D’autres, tels que Fénelon et Rousseau, estiment que la pièce blesse la monde, en ce qu’elle semble autoriser toutes les ruses d’une jeune femme pour se soustraire aux honnêtes désirs d’un vieillard. […] Dans le monde, on en par la diversement suivant les habitudes de chaque société. […] Si la scène ne roulait pas sur une équivoque et sur une équivoque fort claire, elle serait la plus plate du monde, au lieu d’être une des plus comiques.
Ils en veulent à l’éclat que cette jeune femme peut leur donner dans le monde, et non pas à son amour. […] Ni le roman intime (feu le roman intime, faudrait-il dire), ni feu le drame moderne, toujours escortés de quelques héros mystérieux sans explication et sans nom, et tout noir, n’ont jamais préoccupé la curiosité et la sagacité du lecteur, autant que l’a fait ce bel Alceste, créé tout exprès et mis au monde par Molière, quand Molière voulut dire à tous et à chacun, enfin, les plus secrètes pensées de son esprit et de son cœur. […] Que vient-il chercher dans ce monde de courtisans, de flatteurs, de beaux esprits, de grandes coquettes, de futiles amours, d’intrigues folles, et pourquoi donc cet amoureux s’est-il épris de cette coquette ? […] qui pourrait croire que cela se passe ainsi dans la France policée, en plein Théâtre-Français, qui pourrait croire qu’une femme pareille, à qui nous devions tant de reconnaissance pour tant de belles heures du plus calme et du plus honnête plaisir qui soit au monde, serait exposée à des lâchetés de cette force ?
Il y en a à Saint-Germain, mais ils n’ont pas encore paru. » Sans doute on travaillait à préparer l’esprit de la reine à les recevoir, et on ne voulait pas qu’ils parussent dans le monde avant cette espèce d’adoption d’un genre nouveau. […] Il fait le même temps que nous avons eu dans la route, c’est-à-dire le plus beau du monde, le prince est assez gai. […] La chose du monde la plus simple. […] Je serais la plus heureuse personne du monde dans un pays où, pour peu qu’on ait de grandeur on en a toujours plus que de bonheur… J’ai beau renoncer à tous mes goûts, à tous mes sentiments, on m’accuse de choses horribles. » Plus loin : « On fera la Saint-Hubert à Villers-Cotterets ; on m’a donné 400 louis pour mes habits. » Ces lettres sont postérieures à l’établissement des enfants à Versailles, c’est-à-dire à 1674.
Trouvent-elles dans le monde quelque original subalterne qui les frappe en passant, voilà, disent-elles, un plaisant caractere, il figureroit bien sur la scene ! […] Voilà comme parlent les gens du bel air : mais ces personnes si clairvoyantes, entraînées continuellement par le tourbillon du monde, ont-elles examiné si les prétendus caracteres qui les frappent sont propres pour la scene ?
Comme de coutume je ne hausse ni ne baisse, chacun a ses petits talents dans ce monde : vous aimez le cotillon ; moi, j’aime la bouteille, &.... […] Osez-vous bien après cela vous présenter aux yeux du monde ? […] Les hommes, quels qu’ils soient, se doivent toujours des égards, & les ames honnêtes sont fâchées de voir quelqu’un y manquer sur le théâtre comme dans le monde. […] Je voudrois bien savoir de quelle façon on pourroit l’ajuster pour le rendre plaisant, & si, quand on le berneroit sur le théâtre, il seroit assez heureux pour faire rire le monde. […] Mais ils n’empalent plus le monde.
là, là, Madame la Nuit, Un peu doucement, je vous prie ; Vous avez dans le monde un bruit De n’être pas si renchérie. […] Pour le cœur, dont sur-tout nous devons faire cas, On sait, sans vanité, que je n’en manque pas ; Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire D’une assez vigoureuse & gaillarde maniere. […] Le mieux du monde. […] Je vous prie encore une fois d’être persuadé que je suis tout à vous, & qu’il n’y a rien au monde que je ne fisse pour votre service. […] Oui, nous avons tous deux, par piété profonde, Fait vœu de pauvreté : nous renonçons au monde.
Les hommes véritablement pieux ont une tout autre allure, et Molière a peint leurs mœurs avec une vérité qui prouve à quel point il les estimait, et que réellement il ne voyait au monde « chose plus noble et plus belle que la sainte ferveur d’un véritable zèle » : Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre ; On les voit pour tous soins se mêler de bien vivre. […] Philinte n’est pas davantage, dans la pensée de Molière, un modèle de vertu, comme d’autres l’ont prétendu par une erreur opposée, mais un type de sociabilité et de savoir-vivre dans le monde, où les rapports ne sont faciles que par de perpétuelles transactions. […] Au milieu et à l’aide même de ses distractions et de ses rêveries, il poursuivait avec l’adresse et la persistance d’un enfant le dessein d’échapper aux entraves que la tyrannie du monde aurait mises à son indépendance. […] Où trouver plus de pathétique que dans ces plaintes sur les rigueurs de la mort : Défendez-vous par la grandeur, Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur : Un jour le monde entier accroîtra sa richesse ; plus de sensibilité et de douce mélancolie que dans ce passage où respire l’âme de Virgile, avec le souvenir de ses vers les plus émus : Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? […] Il nous a fallu l’aveu direct et public de quelques insensibles pour être assuré que La Fontaine n’avait pas pour lui l’universalité des suffrages ; mais si le sentiment des beautés dont il abonde a été refusé à quelques-uns, il n’a été donné à personne de pouvoir désabuser le monde d’une admiration qui a ses racines dans le cœur de l’homme.
C’est une œuvre essentiellement morale, de montrer que la passion qui tient le plus de place dans le monde, et dont les excès sont le plus funestes, est pleine de joie et de dignité, quand l’homme sait se garder assez pour n’y céder que dans le temps et les circonstances qui peuvent la rendre utile, noble, et faire d’elle le soutien et le charme de la vie. […] Molière était obligé d’en demeurer aux termes de la comédie, et l’art même lui défendait de mettre sur la scène autre chose que les lettres de Célimène et les avances mielleuses d’Arsinoé 470 ; mais pourtant, quand il montre la jeune coquette refusant d’aller ensevelir dans un désert ses fautes et son repentir471, il laisse deviner la vie qu’elle mènera dans v le monde : Peut-être avant deux ans,...... […] IX : « Elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. Elle a la bouche grande, mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches ; et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs, est la plus amoureuse, la plus attrayante du monde. […] VII : Moi, renoncer au monde avant que de vieillir, Et dans votre désert aller m’ensevelir !
Don Pedre fit coucher ses valets, & ayant fait retirer les servantes de sa femme après qu’elles l’eurent déshabillée, s’enferma avec elle dans sa chambre ; & là Don Pedre, par un raffinement de prudence qui étoit la plus grande folie du monde, exécuta le plus capricieux dessein que pouvoit jamais former un homme qui avoit passé toute sa vie pour un homme d’esprit. […] Don Pedre étoit l’homme le plus satisfait du monde de trouver dans sa femme encore plus de simplicité qu’il n’en eût osé espérer. […] Le monde, chere Agnès, est une étrange chose. […] Mes yeux ont-ils du mal pour en donner au monde ? […] Le madré Cordouois eut toutes les peines du monde à la désabuser & à lui persuader qu’elle étoit trompée, & que la vie des personnes mariées étoit toute autre.
Il fallait un génie du premier ordre pour peindre les défauts et le ridicule des hommes, avec cette finesse et cette vérité qui touche en même temps le cœur et l’esprit : Molière parut, et la comédie devint l’école du monde. […] La pièce étant achevée, M. de Molière vint sur le théâtre, et après avoir remercié Sa Majesté en des termes très modestes de la bonté qu’Elle avait eu d’excuser ses défauts, et ceux de toute sa troupe, qui n’avait paru qu’en tremblant devant une assemblée aussi auguste, il lui dit : Que l’envie qu’ils avaient eu d’avoir l’honneur de divertir le plus grand roi du monde, leur avait fait oublier que Sa Majesté avait à son service d’excellents originaux, dont ils n’étaient que de très faibles copies ; mais que, puisqu’Elle avait bien voulu leurs manières de campagne, il le suppliait très humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avaient acquis quelque réputation, et dont il régalait les provinces. […] « Ce fameux auteur de L’École des maris 2, ayant eu dès sa jeunesse une inclination toute particulière pour le théâtre, se jeta dans la comédie, quoiqu’il se pût bien passer de cette occupation, et qu’il eût assez de bien pour vivre honorablement dans le monde. […] « Après le succès de ces deux pièces, son théâtre commença à se trouver continuellement rempli de gens de qualité, non pas tant pour le divertissement qu’ils y prenaient (car l’on n’y jouait que de vieilles pièces), que parce que le monde ayant pris habitude d’y aller, ceux qui aimaient la compagnie, et qui aimaient à se faire voir, y trouvaient amplement de quoi se contenter : ainsi l’on y venait par coutume, et sans dessein d’écouter la comédie, et sans savoir ce qu’on y jouait. » « [*]Pendant cela notre auteur fit réflexion sur ce qui se passait dans le monde, et surtout parmi les gens de qualité, pour en reconnaître les défauts : mais comme il n’était encore ni assez hardi pour entreprendre une satire, ni assez capable pour en venir à bout, il eut recours aux Italiens ses bons amis, et accommoda les Précieuses au théâtre français, qui avaient été jouées sur le leur, et qui leur avaient été données par un abbé des plus galants*. […] « Il apprit que les gens de qualité ne voulaient rire qu’à leurs dépens ; qu’ils voulaient que l’on fît voir leurs défauts en public ; qu’ils étaient les plus dociles du monde, et qu’ils auraient été bons du temps où l’on faisait pénitence à la porte des temples, puisque loin de se fâcher de ce que l’on publiait leurs sottises, ils s’en glorifiaient : et de fait, après que l’on eut joué les Précieuses, où ils étaient bien représentés et bien raillés, ils donnèrent eux-mêmes, avec beaucoup d’empressement, à l’auteur dont je vous entretiens, des mémoires de tout ce qui se passait dans le monde et des portraits de leurs propres défauts, et de ceux de leurs meilleurs amis, croyant qu’il y avait de la gloire pour eux que l’on reconnût leurs impertinences dans ses ouvrages, et que l’on dît même qu’il avait voulu parler d’eux : car vous saurez qu’il y a de certains défauts de qualité dont ils font gloire, et qu’ils seraient bien fâchés que l’on crût qu’ils ne les eussent pas.
Il n’y a pas un de tous ces gens-là, qui, pour la moindre chose, ne soit capable de donner un soufflet au meilleur droit du monde. […] Le clerc du rapporteur soustraira des pièces, ou le rapporteur même ne dira pas ce qu’il a vu ; et quand, par les plus grandes précautions du monde, vous aurez paré tout cela, vous serez ébahi que vos juges auront été sollicités contre vous ou par des gens dévots ou par des femmes qu’ils aimeront. […] - Souvenez-vous de la dame que vous avez envoyée en l’autre monde il y a trois jours.
Passons, pour la dernière fois, la revue des femmes de la société polie, des hommes de cour et hommes du monde, des hommes de lettres et des hommes d’église qui en faisaient partie. […] Je ne nomme pas madame de Motteville, âgée de 60 ans : elle voyait peu de monde. […] » Dans le monde voué à la corruption, on verra pulluler les directeurs, qui sont en guerre avec les confesseurs ; on verra le gros jeu s’allier à cette prétendue dévotion. […] Le lecteur aimerait à trouver ici de nouvelles notions sur la figure et la taille de cette femme de quarante-cinq ans, dont la résistance affligeait le roi le plus galant du monde, et plus jeune qu’elle de trois ans. […] Le roi vit pour la première fois une taille parfaite, les plus beaux bras et le plus beau cou du monde… La vive rougeur de madame de Maintenon rendait en cet instant sa figure éblouissante ».
Il veut la marier au fils d’un de ses amis, jeune homme qui a tout le brillant du grand monde, c’est-à-dire beaucoup de fatuité & de présomption. […] Par conséquent Marivaux, disent-ils, a le plus grand tort du monde de donner à son Marquis trente-cinq ans, puisque c’est précisément l’âge auquel un homme peut se flatter de plaire à une femme raisonnable & déja formée, comme l’est la Comtesse ; puisque c’est l’âge encore où un homme connoît assez le monde pour savoir que les femmes ne s’offensent jamais d’un tendre aveu, surtout quand il est question de mariage. […] mépriser ce qu’il y a au monde de plus naturel ! […] Les Auteurs ont la sotte maladie de vouloir faire croire qu’ils ne vivent que dans le grand monde. […] Je voudrois bien savoir de quelle façon on pourroit l’ajuster pour le rendre plaisant ; & si, quand on le berneroit sur le théâtre, il seroit assez heureux pour faire rire le monde.
Il fallait qu’il vît le monde et qu’il fît de ses travers une étude assidue. […] Je voulus être dans le monde ce que le vieux singe était au pied de son pommier. […] Un bon hasard, inspiré par Molière, le mit au monde un beau jour : ce fut Pierrot. […] L’abbé Roquette, en effet, avait surtout, dans sa clientèle, des âmes du plus grand monde. […] Pour tout le monde, en son temps, Molière fut donc, encore une fois, un farceur.
Madame Scarron se retira tout à fait du monde, se déroba à tous les regards, s’établit dans cette maison, s’y concentra dans les soins qu’exigeait l’éducation de ses élèves. […] Le rendez-vous du beau monde est le soir chez la maréchale d’Estrées88. » C’est ici, et toujours en 1672, que se place, par toutes les circonstances qu’elle renferme, une lettre, sans date, de madame Scarron à madame de Saint-Géran, lettre qui, jusqu’à présent, n’a été, que je sache, l’objet d’aucune remarque, et qui cependant en fait naître de singulières. […] Je fuis le monde, parce que je l’ai trop aimé, parce que je l’aime trop.
Baron courut avertir du monde et éveiller Molière, qui fut effrayé de cet extravagant projet, parce qu’il connaissait le vin de ses amis. […] Écoute, mon cher Molière, tu as de l’esprit ; vois si nous avons tort : fatigués des peines de ce monde-ci, nous avons résolu de passer en l’autre : la rivière nous a paru le plus court chemin pour nous y rendre, ces marauds187 nous l’ont fermé.
Les abus finiront quand finira le monde ; Et sur ce grand théâtre on verra, de tout temps, Des méchants et des sots, des sots et des méchants. […] En ce monde, Monsieur, que venez-vous donc faire ? […] Mais, je le demande à tout homme impartial et qui n’a pas juré de sacrifier éternellement les vivants aux morts, trouverait-on dans tout le théâtre de Dancourt des ouvrages tels que Médiocre et Rampant, le Collatéral, l’Entrée dans le monde, Duhautcours, les Ricochets, les Marionnettes, la petite et la grande Ville, la vieille Tante, etc. ?
Je n’entends pas le nom de Dieu sortir de leur bouche ; Dieu n’a que faire dans ces amours qui ne sortent pas de ce monde. […] Iago est déjà en enfer, Tartuffe est encore de ce monde où l’on n’est guère méchant qu’à force d’être faible. […] Quelle est, en ce monde, la condition de l’acte ? […] L’intervention divine, cette nécessité suprême de l’art qui apparaît avec lui au commencement du monde, qui ne disparaîtrait que s’il disparaissait, cette apparition de la main qui gouverne, n’est pas du domaine de Molière.
. : ainsi on se moque de ceux qui tuent le monde impunément. » Serait-il vrai que Molière, imitant la licence d’Aristophane dans ce qu’elle avait de plus facile et de plus répréhensible, eût fait faire des masques à la ressemblance des médecins qu’il mettait en scène ? […] Ces prétendues ressemblances prouvaient une seule chose, c’est qu’il existait dans le monde des gens ridicules de la même manière et au même degré que les personnages mis par Molière sur la scène, et qu’en fait de vices ou de travers, il est impossible de rien concevoir, de lien imaginer qui n’ait son type dans la réalité. […] Ne voyons donc dans ses paroles que le détour plus ou moins adroit d’un homme du monde, qui ne veut pas accepter un ridicule public, et refuse de se reconnaître dans un prétendu portrait plus fait, quoi qu’on en ait dit, pour offenser son amour-propre, que pour blesser sa modestie. […] Il est orgueilleux, car il se donne sans façon le titre de sage, et ne voit, dans tout le reste du monde, qu’objets de mépris et de colère. […] Des bergers, ayant les inclinations, les mœurs et le langage des gens du grand monde, sont des personnages qui n’ont ni réalité ni vraisemblance, des personnages que la nature n’offre pas et que l’art doit s’abstenir de créer.
L’hypocrisie est un vice odieux, sans doute ; et, si le préjudice qu’on reçoit des choses était la mesure exacte de la haine qu’on leur porte, la religion, à qui elle fait plus de tort qu’au monde, devrait aussi la détester davantage. […] Sans doute, au théâtre comme dans le monde, tout caractère vicieux veut se cacher, et l’hypocrite le veut plus qu’aucun autre, parce que son vice est le plus odieux de tous ; il le sait mieux qu’un autre aussi, parce que son vice est la dissimulation même. […] J’ai déguisé mon personnage sous l’ajustement d’un homme du monde , est une phrase fort remarquable. Quand il s’agit de littérature, l’opposé d’un homme du monde, c’est un homme de lettres ; et, quand il s’agit de religion, c’est un homme d’église : il n’y a pas une troisième classe d’hommes à placer entre ces deux-là. Le personnage de Molière était donc on homme d’église, puisque, pour le déguiser, il lui prêtait l’ajustement d’un homme du monde.
Dans Jules César la scène est tantôt à Rome, tantôt à Sardes, tantôt à Philippes; dans Antoine et Cléopâtre on fait presque le tour du monde ; dans le Conte d’hiver Perdita naît, grandit et se marie en une seule soirée. […] Dans la scène de la Tentation au Désert, Satan montre à Jésus les royaumes du monde : Premier, vois en sommation La terre de promission, Qui est terre où tout bien abonde. […] Le vieux monde, fatigué d’une longue route, s’est endormi dans un bois ; Abus s’empare de la scène; il fait sortir successivement des arbres voisins, comme autant de dryades, sot dissolu, sot glorieux, sot corrompu, sot trompeur, qui représentent gens d’église, gens de guerre, gens de justice et marchands, puis sot ignorant et sotte folle. Ces six personnages se mettent en idée de construire un nouveau monde. […] Le vieux monde se réveille là-dessus.
Sa charge était d’inventer des divertissements de tous genres, et de faire rire le plus grand roi du monde, pour le reposer de la politique ou de la guerre. […] Molière et la comédie sont deux mots synonymes, il est le premier de tous les philosophes moralistes, ses pièces sont l’école du monde, Chamfort l’appelle le plus aimable instituteur de l’humanité depuis Socrate ; il prétend que Jules César, qui nommait Térence un demi-Ménandre, aurait nommé Ménandre un demi-Molière. […] Regnard était une espèce d’aventurier, qui, après avoir beaucoup couru le monde, se fit poète dramatique ; il écrivait tour à tour les scènes françaises du théâtre italien, qui florissait encore sous la direction de Gherardi, et faisait pour son compte des comédies régulières en vers. […] Ceux des spectateurs qui par leur rang n’avaient pas accès dans le grand monde, étaient flattés de se trouver au théâtre en relation avec des marquis et des chevaliers ; et tandis que l’auteur tournait en dérision les folies à la mode, ils cherchaient à attraper quelques nuances de ce ton du monde si désirable et si privilégié. […] Le premier acte se passe dans la maison de Colomb, le second à la cour d’Isabelle, et le troisième et dernier sur le vaisseau, à la vue du nouveau monde.
Tel personnage qu’on trouve très singulier dans le monde ne paroîtroit que très ordinaire dans l’optique du théâtre, parceque tout doit y être considérablement chargé pour frapper suffisamment mille personnes, qui toutes ont différentes façons de voir. […] On voit que Dorante est un homme jetté dans le grand monde. […] Cette nouvelle façon de traiter en détail nos foiblesses ne pourroit manquer d’attirer beaucoup de monde au spectacle, parcequ’il suffiroit d’avoir vu une premiere piece, pour ne pouvoir résister à la tentation de connoître la suite.
La leçon est importante : elle pourrait fournir un beau chapitre de monde; mais aurait-il l’effet de la scène de Molière ? […] Toute la philosophie du monde ne trouverait rien de meilleur, et ne pourrait que commenter ce que l’instinct d’une enfant de seize ans a deviné. […] Assurément les mauvais vers et la mauvaise prose sont le plus petit mal qu’il y ait au monde. […] Rien de tout cela : c’est un homme du monde, qui s’est amusé à ce qu’on appelle des vers de société. […] Ou il n’y a plus de logique au monde, ou il faut admettre cette conséquence, dont tous les termes sont contenus dans des prémisses avouées.
Il ne suffit pas que je dise : Ce jambon est fort bon ; je le trouve fort bon ; n’est-il pas en effet le meilleur du monde ? […] Nous fait-il pénétrer le moins du monde dans la nature particulière de son génie comique ? […] Ici il ne faut point rire ou se récrier, et dire qu’il nous importe peu, à nous humains et humains civilisés, que pour les crapauds les plus beaux objets du monde soient leurs crapaudes. […] Il doit voyager et faire son tour du monde, non pas en rêve, comme un poète, ni même dans sa bibliothèque, comme un savant, mais en réalité, par le bateau à vapeur et par le chemin de fer. […] Scherer, Revue des deux mondes, article du 15 février 1861.
Après la mort de Mazarin les factions tombèrent de lassitude et de mépris ; tous les regards se tournèrent sur un jeune prince qui paraissait avec éclat sur la scène du monde ; mais les mœurs ne changent pas aussi promptement que les institutions. […] Ce fut enfin le 5 août 1667 que Molière, usant de la permission qu’il avait obtenue du roi, donna la première représentation de cet ouvrage extraordinaire qui avait déjà fait tant de bruit, et qui était destiné à exciter encore tant de rumeur dans la république des lettres et dans le monde religieux et politique. […] et n’achève-t-il pas de prouver que Molière profitait, aussi bien dans la conduite de ses affaires que dans celle de ses ouvrages, de cette étude approfondie qu’il avait faite des hommes et du monde ? […] Et c’est sous le règne du plus grand et du plus religieux monarque du monde ! […] Le Tartuffe de Molière est donc rajeuni et ses couleurs, loin de s’altérer par le temps, deviendront toujours plus vives et plus frappantes, parce qu’à mesure que le monde vieillit, la société se corrompt, et que l’hypocrisie des hommes sera toujours en raison de leur égoïsme et de leur perversité.
On prétend dans le monde qu’on ne peut rendre les traits d’un caractere bien saillants, sans les faire contraster avec ceux d’un autre. […] Il faut parmi le monde une vertu traitable ; A force de sagesse on peut être blâmable : La parfaite raison fuit toute extrémité, Et veut que l’on soit sage avec sobriété. […] Il faut fléchir au temps sans obstination ; Et c’est une folie à nulle autre seconde De vouloir se mêler de corriger le monde.
Gomment s’y prend il lorsque dans un seul tableau il veut encadrer et mettre en saillie, non seulement les marquis ridicules, les grands seigneurs qui visent au bel esprit, les prudes et les coquettes, mais encore ces hommes à la vertu souple, ces honnêtes gens, selon le monde, dont ils ne blessent pas un préjugé ? […] Toutes les choses du monde ont du rapport avec elle dans mon cœur : mon idée en est si fort occupée que je ne sais rien, en son absence, qui me puisse divertir. […] Malgré l’hilarité qu’excite le misantrope, qui intéresse le spectateur, qui attire son estime : est-ce l’homme du monde ?
Aujourd’hui que nous possédons les œuvres de ces quatre poètes, nous pouvons nous figurer quelle était la force de leur alliance par leur position dans le monde, par la puissance de leurs talents divers, par le besoin de produire dont ils étaient pressés, par l’émulation qui naissait de leur concours, par la combinaison de leurs efforts pour mériter la bienveillance d’un roi galant et la protection des femmes les plus séduisantes et les plus voluptueuses de sa cour. Molière, le plus âgé des quatre amis, le seul à portée de connaître les secrètes dispositions du roi ; La Fontaine, le plus répandu parmi les dames du grand monde, donnaient à leurs jeunes amis, l’un l’exemple de plaire au roi, l’autre celui de plaire aux femmes qui plaisaient au roi : ce qui ramenait toujours à plaire au roi.
Elle est la plus jolie du monde, elle est naïve, elle est bien née et bien élevée. […] Il semble à vous ouïr parler que les règles de l’art soient les plus grands mystères du monde, et cependant ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend à ces sortes de poèmes. […] Jamais comédiens plus heureux et plus illustres n’occupèrent un théâtre. — Eux-mêmes ils étaient, dans ce monde à part, une passion nouvelle, quelque chose d’inconnu dont on s’approchait avec un plaisir mêlé d’un certain effroi. […] le salon de Célimène, plus rempli d’hommes que de femmes, de petits marquis que de grands seigneurs, de femmes sur le retour que de jeunes femmes, de comtesses que de bourgeoises, c’est le salon de mademoiselle Molière, situé comme il était entre Paris et Versailles, sur les limites de deux mondes qui venaient à elle ; elle n’appartenait qu’à demi à ce monde-ci, elle n’appartenait qu’à moitié à ce monde-là.
Le sujet le séduit d’autant plus aisément qu’il a un air de grand monde & de noblesse qui éblouit tous les jeunes gens. […] Où sera donc né le Petit Seigneur, si ce n’est dans cet état intermédiaire entre le roturier & l’homme de qualité, qui lui permet de se faufiler dans le monde ? […] Cela leur donne un grand relief dans le monde ; & Monsieur votre neveu a embrassé cette profession-là. […] Si le Petit Seigneur n’érige pas son prétendu Ecuyer en homme de condition, & s’il ne feint pas de faire donner des emplois, expédier des brevets & des lettres de cachet, l’Auteur ne connoîtra pas le monde. […] Le faux Magnifique a rassemblé chez lui beaucoup de monde.
Molière, en homme qui connaissait le monde, donna le temps au Public de revenir, et ne rejoua l’Avare qu’environ un an après. […] Je n’ai plus qu’à étudier le monde. » […] Et sur ce que Chapelle* tirait vanité du bruit qui courut dans le monde qu’il travaillait avec Molière, ce fameux Auteur lui fit dire par M. […] Lorsque Molière se préparait à donner cette Pièce, un de ses amis lui fit entendre, qu’il y avait dans le monde un Dandin, qui pourrait se reconnaître dans la Pièce ; et qui était en état, par sa famille, non seulement de la décrier, mais encore de le desservir dans le monde. […] Voisenon (1739) L’École du Monde : comédie en 1 acte et en vers libre.
C’est elle qui se fit catholique parce que son mari était huguenot, et qui s’en sépara, afin, disait la reine Christine, de ne le voir ni dans ce monde-ci, ni dans l’autre. […] Adam, qui n’était pas le premier homme du monde.
L’ABC du grand monde, ou l’art de soutenir la conversation à peu de frais. […] Livre très utile pour mes jeunes Confreres qui entrent dans le monde, &c. […] Il demande ensuite quelques éventails communs, des rubans unis pour sa femme, & les plus beaux bijoux pour une Actrice de l’Opéra qu’il entretient ; ce qui fait dire au Chevalier : Du monde perverti tel est le caractere : L’intérêt & l’orgueil prodiguent les écus, Les plaisirs effrénés répandent encor plus ; Mais l’amitié ne donne guere.
Et ne croyez pas que ce fussent des applaudissements prémédités ; que tout ce monde se fut entendu pour cacher son ignorance et son ennui sous des bravos de complaisance. […] Monsieur Fresart, le plus froit en l’art d’obliger qu’homme qui soit au monde, me fit partir avec trop de précipitation pour m’acquitter de ce devoir. […] Sa réputation d’honnête homme, c’est-à-dire d’homme du monde, d’homme de bonne compagnie, s’établit également et lui vaut des amitiés solides. […] Les contemporains de Molière en avaient vu beaucoup moins ; ils en rencontraient même plus rarement dans le monde et dans la vie réelle. […] — Mais, enfin, elle est capricieuse autant que personne du monde.
Il y a un plus grand nombre de ses pièces où, avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut trouver d’autre intention que l’intention formelle de faire rire, mais de ce rire convulsif qui prenait Nicole, à la vue de M. […] Mais, de même que certaines gens font de fort belle prose sans y songer, certains ouvrages, sans avoir été écrits dans un but moral, ont plus que d’autres une influence sur les mœurs, et peuvent insinuer lentement dans le monde, d’une manière presque invisible, mais irrésistible, des éléments de moralité ou de corruption ; il y a des auteurs qui, sans être des moralistes proprement dits, méritent pourtant d’être étudiés comme tels, à cause de leur puissance observatrice, de leur sens droit, de leur popularité, enfin à cause du caractère universel et supérieur de leur génie. […] Molière déclare lui-même sur le théâtre quel est le but de sa comédie : « Son dessein est de peindre les mœurs, et tous les personnages qu’il représente sont des personnages en l’air, et des fantômes proprement, qu’il habille à sa fantaisie pour réjouir les spectateurs24. » Donc, il peint les mœurs et habille des fantômes à sa fantaisie pour réjouir le spectateur : voilà ce divertissement qu’il appelle le plus innocent du monde. […] Ajoutez que, pour assurer le succès, l’auteur étale les travers les plus saillants de l’humanité, ceux qui occupent le plus de place dans le monde et dans la personne de chacun ; en sorte que le type mis sur le théâtre, paraissant toujours tenir quelque chose de nous-mêmes ou de notre société25, ne peut nous laisser froids, ni par conséquent maîtres de notre jugement.
L’intrigue des Précieuses 285 est nulle : toute la comédie n’est qu’une scène où deux valets du grand monde, sous les habits de leurs maîtres, viennent flatter la préciosité de deux petites bourgeoises infectées de la maladie régnante. […] Et cette autre Climène, qui se trouve mal pour avoir vu l’École des Femmes, et qui pousse la pudeur jusqu’à l’obscénité 289 : « cette personne qui est précieuse depuis les pieds- jusqu’à la tête, et la plus grande façonnière du monde ; il semble que tout son corps soit démonté, et que les mouvements de ses hanches, de ses épaules et de sa tête n’aillent que par ressorts ; elle affecte toujours un ton de voix languissant et niais, fait la moue pour montrer une petite bouche, et roule les yeux pour les faire paroître grands : » en somme, « la plus sotte bête qui se soit jamais.mêlée de raisonner290 ! […] Non content d’opposer aux habitudes des femmes du temps les mœurs trop simples des femmes du bon vieux temps 310 ; non content de mettre en action les ridicules d’une académie précieuse pendant un acte entier qu’ils remplissent uniquement311, Molière voulut faire briller l’exemple à côté de la critique, et exprimer ce que doit être la femme du monde dans une société polie. […] J’ai souffert qu’elle ait vu les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies ; Ce sont choses, pour moi, que je tiens, de tout temps, Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre, etc.
Voilà ce qui s’appelle manier des scènes : voilà ce qui s’appelle travailler avec art, et représenter avec des traits délicats ce qui se passe tous les jours dans le monde. […] Il ne tient qu’à elle de le faire ; mais leurs humeurs étant incompatibles, ils seraient trop mal assortis ; et la coquette peut se corriger en demeurant dans le monde, sans choisir un désert pour faire pénitence. […] Autour de la salle étaient plusieurs sièges disposés en amphithéâtre, remplis de plus de douze cents personnes, et dans le parterre il y avait encore sur des bancs une plus grande quantité de monde. […] « [*]Molière se préparait à donner son George Dandin, mais un de ses amis lui fit entendre qu’il y avait dans le monde un Dandin, qui pourrait se reconnaître dans sa pièce, et qui était en état par sa famille, non seulement de la décrier, mais encore de le desservir dans le monde. […] C’était l’homme du monde qui se faisait le plus servir ; il fallait l’habiller comme un grand seigneur, et il n’aurait pas arrangé les plis de sa cravate.
Je n’ai point de bien, vous n’en avez point aussi ; & vous savez que sans cela on passe mal le temps au monde, & qu’à quelque prix que ce soit il faut tâcher d’en avoir. […] Un sujet le plus juste du monde. […] Seigneur Sganarelle, tout est renversé aujourd’hui, & le monde est tombé dans une corruption générale !
Les Romains, ayant imité les Grecs, n’ont point eu de théâtre national ; encore les ouvrages de Plaute et de Térence sont-ils d’excellents sujets d’étude pour les historiens ; on y retrouve une foule d’usages qu’eux seuls nous ont transmis, et rien ne nous fait mieux connaître la dissolution de la jeunesse de Rome, les séductions des courtisanes, l’effronterie des parasites, et enfin tous les éléments dont se composait la société sous les maîtres du monde. […] Le monde où nous vivons ne t’offrirait plus le modèle de ton Alceste, et peut-être jugerais-tu inutile de prouver à notre siècle que la vertu peut avoir ses excès ? mais tu démasquerais ces prétendus misanthropes qui refusent les emplois qu’on ne leur accorde pas, ces indépendants qui sollicitent sans cesse, et ces philosophes disgraciés, qui se retirent à deux lieues de Paris, pour éviter la ville, le monde et la cour.
Dieu fit dire à madame Fouquet tout ce qui se peut au monde imaginer de mieux, et sur l’instante prière de s’enfermer avec son mari, et sur l’espérance, qu’il avait que la Providence donnerait à madame de Montespan, dans les occasions, quelque souvenir et quelque pitié de ses malheurs. […] Dans le monde, tous les retours sont pour Dieu ; dans le couvent, tous les retours sont pour le monde.
Baron, à qui ce Mondorge s’adressa, s’en aperçut aisément ; car ce pauvre Comédien faisait le spectacle du monde le plus pitoyable. […] Baron courut avertir du monde, et éveiller Molière, qui fut effrayé de cet extravagant projet, parce qu’il connaissait le vin de ses amis. […] lui répondit Molière, je n’ai jamais eu dessein de travailler sur ce caractère : j’attaquerais trop de monde. […] Elles paraissent assez dans le monde, personne ne vous ignore. […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise.
Parbleu, s’écria Chapelle, voilà un jugement qui vous fera honneur dans le monde. […] Je conviens que c’est l’homme du monde qui a le mieux rêvé, ajoûta Chapelle ; mais morbleu ! […] lui répondit Moliere, je n’ai jamais eu dessein de travailler sur ce caractere : j’attaquerois trop de monde. […] Elles paroissent assez dans le monde, personne ne vous ignore. […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, & nous meprise.
Vous êtes-vous rendue, avec tout le beau monde, Au mérite éclatant de sa perruque blonde ? […] Alceste, par son caractère, est porté à fuir les hommes; il en a formé le dessein; il ne les fuit pas cependant, il continue de vivre au sein de ce monde pervers, objet de ses mépris. […] Les plus beaux traits d’une sérieuse morale sont moins puissants le plus souvent que ceux de la satire, et rien ne reprend mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts ; c’est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée du monde. […] Molière, lui, sut se garantir du jargon précieux, en si grand honneur à l’hôtel Rambouillet, sorte d’euphuisme aussi, répandu déjà dans le grand monde et parmi les beaux esprits de ce temps. […] Le scandale du monde est ce qui fait l’offense, Et ce n’est pas pécher que pécher en silence.