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15. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

J’ai dit, dans l’article précédent, que toutes les racines doivent partir du bas d’un arbre, & je ne crains pas qu’on me dispute cette vérité. […] en lardant dans la piece une Sophie qui ne veut point épouser Damon, parcequ’elle craint d’être malheureuse comme Constance, & qui ne se déterminera que lorsque Durval reprendra ses premieres chaînes.

16. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Je vous trouve inquiete : Est-ce que vous craignez de me sembler mal-faite ? […] Argentine n’est pas trop de cet avis, aussi son mari craint-il qu’elle ne rentre quand il sera sorti ; & pour être sûr de son fait, il l’oblige à laisser la double clef de la maison qu’elle a dans sa poche.

17. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

La Fontaine était un citoyen quand, après les ravages du Palatinat, il mettait dans la bouche du paysan du Danube ces vers énergiques : Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Je hais, je fuis ces gens qui font les délicats, Dont la fiere grandeur d’un rien se formalise, Et qui craint qu’avec elle on ne familiarise ; Et ma maxime, à moi, c’est qu’entre bons amis, Certains petits écarts doivent être permis. […] On reproche à Marivaux d’avoir donné au Marquis du Legs vingt ans de trop ; & voici comme raisonnent ses Critiques : Toute l’intrigue du Legs naît de la timidité du Marquis, qui n’ose pas déclarer son amour à la Comtesse : la timidité n’est ordinairement que le partage des jeunes gens, qui, peu instruits des usages du monde, craignent de déplaire à une femme en lui disant qu’ils l’aiment ; ou des vieillards qui, assez raisonnables pour comprendre que l’amour est un ridicule chez eux, n’osent pas l’avouer. […] Je conviens d’abord qu’on trouve plus d’amants timides dans les jeunes gens qui n’osent avouer la premiere blessure de l’Amour, & dans les vieillards qui craignent d’être dédaignés, que dans les hommes de trente-cinq ans : mais on en voit, & cela suffit. […] La Comtesse craint qu’Hortense n’ait de trop bons yeux, & qu’elle n’accepte le main du Marquis. […] Vous dites qu’elle est sensée : que craignez-vous ?

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Je veux faire le brave ; &, s’il est assez sot pour me craindre, le frotter quelque peu. […] Il craint. […] Il me craint. […] Henriette d’un autre côté refuse la main de Clitandre, quand elle craint de lui être à charge, & ne consent à l’épouser, que lorsqu’Ariste déclare avoir donné de fausses nouvelles pour éprouver Trissotin.

20. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Celui qui n’avait pas craint d’attaquer l’hôtel de Rambouillet dans toute la force de sa puissance, dans tout l’éclat de sa gloire, aurait-il redouté les débris d’une coterie vieillissante ; expirant sans bruit au sein d’une génération nouvelle qui daignait à peine s’en souvenir ? […] À peine son successeur osa-t-il parler de lui ; et, comme si l’on eût craint de divulguer le peu qu’il en avait dit, son discours ne fut point inséré dans le recueil des harangues de la compagnie. […] Mais comment qualifierait-on l’audace de Thierry et de Barbin, deux libraires considérables de Paris, qui, deux ans seulement après la première représentation du Malade imaginaire, et quand cette comédie faisait encore courir toute la ville au théâtre, n’auraient pas craint de l’offrir aux lecteurs toute différente de ce qu’ils l’auraient pu voir la veille comme spectateurs ? […] Le travers qu’il attaque est trop commun pour être bien frappant, et il est trop voisin d’une triste réalité pour qu’on ne doive pas craindre d’en rire. […] Corneille, dans Le Menteur, n’a pas craint de mettre de ces expressions dans la bouche d’une femme parlant à une autre femme ; Clarice dit à Isabelle : Tu vas sortir de garde et rompre tes mesures.]

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Scapin lui dit que Pantalon veut faire présent à sa belle-fille d’une esclave, mais que comme il craint que le marchand ne la lui vende trop cher, il le prie de l’acheter lui-même. […] L’aventure du Turc, qui vient tout naturellement avec une lettre d’avis retirer sa sœur d’esclavage, qui s’adresse précisément à l’homme qu’il doit le plus craindre, qui lui laisse entre les mains de quoi le tromper, & qui va ensuite à la campagne pour donner au fourbe le temps de lui nuire ; toutes ces choses, dis-je, ménagées ou arrangées par les fourberies de l’intrigant, me paroissent bien plus comiques que l’Egyptien de Moliere. […] Comme Moliere est rarement au-dessous de ses originaux, on peut, lorsque cela lui arrive, le lui reprocher hardiment, sans craindre de ternir sa gloire : il faut d’ailleurs être juste.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Tel Auteur qui n’osera pas se permettre une raillerie contre un Comédien qui l’aura fait attendre deux heures dans son antichambre, contre un Journaliste dont il craint la critique, contre le plus mince Bureau du bel esprit, croira follement se faire un nom en prenant le vol le plus audacieux. […] Il peut fournir autant de comique que de moral : il a le mérite d’être à la portée de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de toutes les nations ; cependant je ne craindrai point de dire que ce sujet est extrêmement difficile à traiter : premiérement, parceque le Défiant est un caractere qu’on peut lier à une infinité d’autres ; un jaloux est défiant ; une mere qui veut conserver l’honneur & la réputation de sa fille est défiante ; un philosophe qui connoît les hommes est défiant ; un méchant est défiant, parcequ’il redoute dans les autres les méchancetés qu’il est capable de faire, &c. […] A-t-on envie de représenter la défiance d’un pere tendre qui craint de voir sa fille, son gendre, & leurs enfants ne pas répondre à ses soins paternels ? […]   De sa défunte femme même, Peuvent servir de reste à le justifier De craindre les humains, & de s’en défier.

23. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Mais pour oser, il attendait quelque chose, — et c’était simplement de n’avoir rien à craindre. […] Cependant, le prince craint encore de se déclarer. […] Dire de craindre au roi qui faisait trembler tout le monde, le menacer de la vengeance de Jésus-Christ ! […] Il se trouve toujours dans l’Église un homme qui craint les jugements de Dieu et qui veut à tout prix remplir son devoir. […] Bourdaloue dit pourtant que la faiblesse qui craint de les remplir ou que la politique qui ne craint pas de s’en dispenser est essentiellement contraire à l’esprit de Jésus-Christ, et par conséquent digne de la damnation éternelle.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Mogicon, qui connoît les mœurs corrompues de son maître, craint quelque sottise de sa part. […] Léonor craint que Don Garcie son amant ne soit obligé de se couper la gorge avec Don André ou Don Juan : pour prévenir ce malheur, elle lui fait ordonner par sa suivante d’aller l’attendre chez Clarice. […] Et, dans l’aveuglement où je le tiens plongé, Je crains que de long-temps il n’en soit dégagé. […] D’Ancourt a même craint que le faux témoignage de Charlot & d’Agathe ne laissât une impression désagréable dans l’esprit du spectateur ; il a soin de le rassurer sur le sort de Julienne. […] Voilà encore un poltron qui fait le brave tant que son adversaire feint de le craindre, & qui tremble ensuite devant lui.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Ne craignez pas : j’ai bien pris mes précautions ; il est trop bien attaché. […] Quand tout cela fut fait, la blonde me dit : Vraiment il ne s’agit pas de faire une piece à un gentilhomme, il est bien question d’une autre scene : nous sommes amoureuses de vous, & comme nous craignons que l’une de nous ne vous enleve à l’autre, nous sommes convenues que nous vous posséderions tour à tour ; ainsi nous venons coucher avec vous sans façon.

26. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Ses filles trouvent des époux dans leurs amants, et Brizio, le frère avec qui il craignait d’être obligé de partager ses biens, se trouve être très riche et sans famille. […] Messer, ne craignez pas que le patron soit ingrat envers vous.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Cependant Bazile, pressé par ses remords, craint d’avoir trop légérement condamné son fils à une captivité perpétuelle : il veut le tirer quelques instants de sa prison, afin d’essayer son caractere. […] Je sais ce que la Reine en mes mains a remis ; J’en userai fort bien, vous n’avez rien à craindre, Et pas un de vous trois n’aura lieu de se plaindre. […] La mode est une divinité capricieuse qui se répete souvent, elle pourroit bien avoir la folie de remettre les comédies héroïques en vogue, & nous avons tout lieu de le craindre : nos faiseurs de drames n’y visent-ils pas en tapinois ?

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Que de choses n’avez-vous pas à craindre, sur-tout quand vous vous rappellez que le Glorieux a resté pendant trois ans sur le ciel du lit de Dufresne, que la Métromanie n’auroit jamais été lue sans la protection d’un Ministre ! […] La premiere a grand soin de nommer un juge aussi connoisseur qu’impartial ; ce juge craint lui-même que votre piece, s’il la condamne, ne soit jugée différemment par l’autre troupe, & que sa mauvaise foi ou son ignorance ne paroisse au grand jour. […] l’Auteur, ayant une fois ses planches, pourroit aisément satisfaire les souscripteurs de la Province : & les contre-factions, toujours imparfaites, ne seroient plus à craindre.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Il est encore contre toutes les regles de la bienséance & de la vérité, que Diana, demandant la permission de choisir un époux entre les trois Princes, nomme celui qui lui a marqué un plus grand dédain, & qu’elle croit épris d’une autre beauté : n’avoit-elle pas à craindre le refus le plus outrageant ? […] Craignez-vous, en les goûtant, d’offenser les mânes des morts ? […] Craint-on de s’égarer sur les traces d’Hercule ?

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Il réunit les deux morceaux, & lit : Quoique votre rival, Prince, alarme votre ame, Vous devez toutefois vous craindre plus que lui ; Et vous avez en vous à détruire aujourd’hui L’obstacle le plus grand que trouve votre flamme. […] Par ces fréquents soupçons, qu’on trouvoit odieux, Je cherchois le malheur qu’ont rencontré mes yeux ; Et, malgré tous vos soins & votre adresse à feindre, Mon astre me disoit ce que j’avois à craindre. […] On peint à Elvire le chagrin dans lequel il est plongé : elle veut le consoler : elle l’envoie chercher ; elle lui promet de ne pas traiter le vainqueur aussi bien qu’il le craint. […] Don Rodrigue est au désespoir d’avoir déplu à son amante ; elle lui a pardonné à la vérité, mais avec tant de dépit, qu’il craint de lui déplaire encore.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Je crains fort ce que ce peut être. […] Valere, dans le Dépit amoureux, s’est marié secrètement Mascarille, son valet, craint que l’affaire n’éclate, & qu’on ne le punisse d’avoir gardé le secret : il nous apprend par un monologue, qu’il a tout révélé.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

Il craint qu’on ne le reconnoisse, sort pour aller lui chercher une grande coëffe, & le laisse à la merci de deux Suisses. […] Qu’on me cite, chez les prétendus rivaux de Moliere, une piece plus attachante d’un bout à l’autre, que celle qu’on regarde comme une simple farce ; qu’on me prouve que le spectateur y craint ou y desire continuellement quelque chose depuis le commencement jusqu’à la fin, comme dans Pourceaugnac, & je permettrai alors de dire que Moliere n’est pas intéressant.

33. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

« La vertu d’une femme, dit Molière, ne consiste pas dans les grimaces… L’affectation en cette matière est pire qu’en toute autre, et je ne vois rien de si ridicule que cette délicatesse d’honneur qui prend tout en mauvaise part, donne un sens criminel aux plus innocentes paroles et s’offense de l’ombre des choses2. » C’est dans cette mesure que je me tiendrai ; peut-être les prudes, s’il y en avait, ne seraient-elles pas toujours contentes ; mais les oreilles pudiques n’ont rien à craindre. […] Il voudrait bien se marier ; mais il craint les accidents qui peuvent suivre le mariage, et il a pris ses précautions pour les prévenir. […] De tous les livres de Philaminte, il n’estime qu’un gros Plutarque « à mettre ses rabats. » N’était-il pas à craindre que placée entre un père trop bourgeois et une famille pédante, Henriette ne contractât les défauts de l’un ou des autres ? […] Incapable de légèreté et de perfidie, elle se confie à son amant, sans craindre aucun changement de sa part. […] Au lieu de perdre courage et de se lamenter, elle va trouver elle-même Trissotin ; elle essaye de lui faire entendre le langage de l’honneur et de la raison ; puis, le trouvant obstiné à épouser sa dot, elle va jusqu’à lui faire craindre les accidents que peut entraîner la violence faite à une fille que l’on épouse malgré elle.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

si ses discours, craints du chaste lecteur, Ne se sentoient des lieux où fréquentoit l’Auteur54. […] La fille du Potier, qui craint que sa qualité ne l’empêche d’épouser Antoine, pleure.

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

Je crains un amant volage.

36. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

» peut-on dire avec Molière ; et ceux-là n’ont rien à craindre du Tartuffe. […] Aussi la postérité dit-elle après La Fontaine : « Molière, c’est mon homme. » Et, en effet, Molière est l’homme de ceux qui aiment à voir clair dans les choses et dans les hommes, qui n’ont ni le goût de tromper ni celui d’être trompés, qui ne craignent pas d’ouvrir leur cœur et qui veulent pénétrer et dévoiler ce que cachent les autres. […] Aussi voyez à quelle mâle éloquence il s’élève, lorsqu’il met dans la bouche du paysan du Danube ces terribles paroles : Craignez, Romains, que le ciel quelque jour Ne transporte chez vous les pleurs et la misère, etc.

37. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Un vieux célibataire demande sa fille en mariage, cette circonstance éveille déjà ses soupçons lui fait craindre qu’on n’ait eu connaissance de ses richesses. […] Le point où Alceste a raison et celui où il a tort seraient difficiles à fixer, et je crains que le poète lui-même ne s’en soit pas rendu un compte exact. […] Le Grand ne connaissait certes pas le théâtre comique des Grecs ; il a donc entièrement dû à son propre génie (je ne crains pas de me servir de ce mot), l’idée d’un genre alors absolument neuf. […] Il n’avait pas à craindre d’être emporté par vivacité d’imagination, hors du bon ton de la haute comédie, et de tomber dans la familiarité du genre méprisé de la farce. […] Sans doute tous les bons auteurs dramatiques pensent au jeu muet en écrivant ; mais si l’acteur a besoin qu’on lui donne des instructions à cet égard, il est à craindre qu’il n’ait pas même le talent de les suivre avec sagacité.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Micio conclut de là qu’Eschinus n’est pas revenu de l’endroit où il a soupé la veille ; là-dessus il se livre à tout ce qu’un pere tendre peut craindre pour un fils absent ; & ses alarmes, en nous préparant à tout ce qu’est capable de faire un jeune homme qui a découché, nous apprennent en même temps à quel point le bon-homme s’y intéressera : & tout cela sans affectation, sans que le dessein de l’Auteur perce. […] Mais je crains pour ma peau. […] ne crains rien ; nous partagerons ensemble le bien & le mal.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

J’ai peut-être mal pris mon temps, Monsieur Guillaume ; je crains de vous détourner. […] Célio, favori du Roi, craint, avec juste raison, que les Ministres, jaloux de sa faveur, ne cherchent à lui nuire. […] Je crains bien de l’avoir choisi un peu sot.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Constance, trompée par le déguisement, dit les choses les plus touchantes : l’homme à qui elle parle, soupire ; elle craint d’avoir perdu sans ressource le cœur de son époux. […] Je crains d’avoir trop promptement découvert mes sentiments.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Eraste arrive au rendez-vous en pestant contre un fâcheux qui l’a retenu long-temps ; il craint d’avoir manqué l’heure indiquée, lorsqu’il voit Orphise accompagnée d’un inconnu : il la salue ; elle feint de ne pas le voir : il est piqué de cette marque de mépris ; il ordonne à la Montagne, son valet, de suivre l’infidelle ; il se livre seul à ses réflexions jalouses, quand Léandre vient fort mal-à-propos chanter & danser devant lui une courante de sa composition, & sur laquelle il est bien aise de savoir son avis. […] Je crains d’avoir déja passé l’heure promise, Et c’est dans cette allée où devoit être Orphise.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Une jeune niece, qui loge chez elle, l’embarrasse beaucoup, parcequ’elle craint de se voir enlever quelques hommages. […] Ne craignez rien, & me laissez parler.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Laura craint que son pere ne soit instruit de ses amours. […] Lisardo dit à son domestique de tenir ses malles prêtes, parcequ’il veut partir ; il craint d’être aimé de la maîtresse de son ami.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Et vous ne craignez pas Que j’arme contre vous quatre paires de bras, Qui le long de vos reins... […] Je craignois une autre visite que la vôtre.

45. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Je vous en dirais davantage si je ne craignais qu’il se tînt offensé de ce que je vous pourrais dire et si je n’appréhendais de passer pour ridicule aux yeux de ceux qui n’adorent que les bagatelles, qui n’osent démentir la voix publique lorsqu’elle a une fois approuvé une chose et qui, pour donner des louanges à un homme, opinent du bonnet parce qu’ils voient que c’est le sentiment des autres. […] Chacun craint de passer pour ridicule en n’approuvant pas ce qu’il entend approuver à un autre, chacun parle contre son sentiment et aide de la sorte à se tromper soi-même, ce qui fait que les pièces qui paraissent généralement approuvées sont souvent celles que chacun condamne en particulier.

46. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Argan, vieux, malade, ne serait point ridicule à prendre médecine et à craindre la mort : ce qui nous fait rire, c’est un Argan, gras et frais, tremblant devant les menaces d’un Purgon. […] à une coterie souterraine que Molière avait ses raisons personnelles de craindre et de haïr ?

47. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

crains la calomnie, Et rassemble du moins les efforts du génie ! […] On croira difficilement, un jour, à la ressemblance de pareils portraits ; et, cependant, on ne peut faire un pas dans le monde sans rencontrer de ces incorrigibles dont il n’y a rien à espérer, mais dont il n’y a, dieu merci, rien à craindre.

48. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Cette fois ce n’était pas la jalousie seulement qui faisait le tourment de la reine, c’était une fort légitime inquiétude sur son sort, sur le sort de son fils ; et comme Henri IV avait répudié Marguerite de Valois pour l’épouser, elle craignait d’être répudiée à son tour pour faire place à la princesse de Condé : ainsi, au supplice de l’amour négligé se joignaient le tourment de l’orgueil profondément blessé, le sentiment des droits les plus sacrés, outrageusement menacés, un esprit de vengeance sans retenue. […] Il semble craindre à la suite d’avoir été injuste en bornant le talent du second au genre pastoral.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Nous ne pourrons peindre ce Ministre de Thémis n’accordant à une jeune beauté les secours qu’il lui doit qu’en la forçant de manquer à l’honneur ; & cet autre plongeant une famille honnête dans la misere la plus affreuse pour augmenter la fortune d’un client qui n’aura pas craint de le faire rougir en marchandant son suffrage. […] Il n’y a rien à craindre, Monsieur : c’est une rosse qui ne peut pas desserrer les dents.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Julie ne craint jamais ses rivales, & Cléon n’est jamais réellement amoureux que de Julie. […] Je crains de m’exposer au pouvoir de vos charmes.

51. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

L’École des Maris a engendré une foule d’imitations, au nombre desquelles je ne crains pas de mettre L’École des Femmes, qui la suivit immédiatement. […] Molière, qui n’avait eu besoin de personne pour imaginer la fable légère qui sert de cadre aux différents portraits qu’il voulait faire passer sous les yeux des spectateurs, craignit du moins que sa pièce ne fût pas achevée à temps, s’il n’avait recours à quelqu’un pour l’aider dans le travail de la versification. […] Je ne crains pas qu’on me blâme de rapporter ici en entier le jugement que La Fontaine porte sur la pièce et sur son auteur.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Celui-ci craint que l’autre n’ait découvert le stratagême de sa fille déguisée en garçon : ils s’abordent en se demandant pardon mutuellement, en se mettant tous deux à genoux. […] Brighella craint que Colombine n’aime Arlequin ; il lui fait des reproches. […] Non, non, ne craignez pas, Madame, Que je revienne encor vous parler de ma flamme : C’en est fait ; je me veux guérir, & connois bien Ce que de votre cœur a possédé le mien.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

Gorgibus craint qu’on ne fasse quelque farce de leur aventure.

54. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Je ne crains pas de dire qu’il a enfoncé plus avant que Térence dans certains caractères.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Je crains un amant volage.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Dans ce temps-là on vient dire à Don Lope que Jacinthe l’attend chez elle : il a tout à craindre dans la maison d’un homme qui se croit déshonoré par lui. […] Ne crains-tu point ma haine.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Après, poussant plus loin cette triste figure, D’un cocu, d’un jaloux, il en fait la peinture ; Tantôt à pas comptés vous le voyez chercher Ce qu’on voit par ses yeux, qu’il craint de rencontrer ; Puis, s’arrêtant tout court, écumant de colère, Vous diriez qu’il surprend une femme adultère, Et l’on croit, tant ses yeux peignent bien cet affront, Qu’il a la rage au cœur et les cornes au front. […] « Entrant aujourd’hui en lice pour obtenir de cette célèbre université de Francolin la couronne doctorale, et n’ayant autre chose à craindre dans cette entreprise que la risée de mes auditeurs, qui pourrais-je plus à propos choisir pour protecteur que vous qui la savez changer en applaudissements ?

58. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Diamantine n’est pas trop de cet avis ; aussi son mari craint-il qu’elle ne rentre quand il sera sorti, et, pour être sûr de son fait, il l’oblige à laisser la double clef de la maison qu’elle a dans sa poche. […] Si nous en croyons le biographe de Scaramouche, Angelo Costantini, Scaramouche ne craignait pas de faire allusion à ce rôle scandaleux en parlant à la reine mère : « Voilà, Madame, trois coups mortels pour le pauvre Scaramouche, et il faut que je sois assez malheureux pour être marié ; car, sans cela, dans le chagrin où je suis, je m’irais confiner dans un ermitage pour le reste de mes jours.

59. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Il croit que tout le monde en veut à son or, et lui-même il craindrait d’y toucher. […] C’est celui qui, n’ayant pas connu l’indigence, n’a pas été contraint à cette parcimonie qui dégénère aisément en lésine ; qui, ayant toujours possédé plus d’or qu’il ne lui en fallait, est incessamment dévoré du désir d’en posséder davantage, et n’en possède jamais assez ; qui, au lieu d’en jouir, l’entasse et l’enfouit ; qui emploie les moyens les plus bas, les plus honteux pour en amasser, en amasser encore, et qui craindrait d’en détourner la moindre partie pour satisfaire aux besoins des siens et à ses propres besoins. […] Un poète comique de nos jours craindrait de faire entendre ces regrets dérisoires ou ces souhaits impies ; et il oserait encore moins peut-être présenter un fils tournant en dérision la malédiction la plus ridicule. […] Peut-être avait-il la faiblesse de ne le pas croire, ou du moins d’en être affligé ; ce qui est bien sûr, c’est que Benserade avait celle de craindre la concurrence de Molière : c’était, comme on voudra, lui faire trop d’honneur, ou ne pas lui en faire assez.

60. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Docteurs dont il se moqua, Faculté si fière : Tartuffes dont il montra L’âme toute entière : Vous craignez jusqu’à son nom, Et vous avez le frisson Quand vous voyez la maison Où naquit Molière.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Don Pedre craint pour ses jours ; lui conseille de sauter par le balcon, & d’aller à Milan ou en Sicile. […] Il craint d’être dérangé par un brave qui fait sentinelle au bout de la rue ; il prie Don Juan d’aller reconnoître le terrein, & lui prête son manteau. […] Don Pedre excuse les torts de son parent, craint qu’il ne soit arrêté, lui conseille de sauter par le balcon, & de fuir dans un autre climat la colere du Roi, qu’il a méritée en déshonorant son palais.

62. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

C’est un Censeur à craindre ; il insinue ses sentiments avec adresse, il y a du tour dans son expression ; mais je ne conviens pas qu’il pense toujours juste ; Ainsi il trouvera bon que je le fasse connaître au Public par ma Réponse. […] Monsieur le Prince défunt, qui l’envoyait chercher souvent pour s’entretenir avec lui, en présence des personnes qui me l’ont rapporté, lui dit un jour : Écoutez, Molière, je vous fais venir peut-être trop souvent, je crains de vous distraire de votre travail ; ainsi je ne vous enverrai plus chercher, parce que je sais la complaisance que vous auriez pour moi ; mais je vous prie à toutes vos heures vides de me venir trouver ; faites-vous annoncer par un Valet-de-Chambre, je quitterai tout pour être avec vous. […] Celui qui m’attaque ne doit pas se plaindre de moi ; Je l’ai ce me semble, assez ménagé, pour ne plus craindre les traits de sa vivacité, dont il me menace à la fin de sa Critique, au cas que je repousse trop fortement les coups qu’il m’a portés.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Le Jaloux craint quelque surprise, & pour l’éviter, sa jalousie lui dicte d’enfermer la prétendue Demoiselle chez lui, se réservant par-là le moyen de pouvoir la questionner quand il se sera battu avec Don Juan.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

C’est ainsi que l’on peut, dans le siecle où nous sommes, Profiter sagement des foiblesses des hommes, Et qu’un esprit bien fait, s’il craint les mécontents, Se doit accommoder aux vices de son temps.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Cependant elle craint le contraire. […] Ne craignez point la médisance : je rendrai témoignage de votre vertu devant Dieu & devant les hommes ».

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Pour lui rendre même sa prison plus supportable, elle se hasardoit quelquefois de le conduire, entre chien & loup & au clair de la lune, à des bocages reculés ou à des solitudes charmantes ; & après lui avoir indiqué un endroit où il pouvoit reposer tranquillement au doux murmure des eaux & au chant du rossignol, elle faisoit sentinelle, ou le tenoit endormi entre ses bras, & l’éveilloit dès qu’il y avoit quelque danger à craindre de la part des Indiens. […] Hassan, seul avec son ami, se livre à la joie : mais Dornal ne peut la partager ; il regrette sa chere Amélie : elle est si belle ; il craint qu’on ne l’ait achetée pour quelque Pacha.

67. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Les gestes, les cris d’indignation se mêlèrent aux bravos et aux éclats de rire ; on vit des hommes considérables, ne pas craindre de se donner en spectacle, et accroître la gaieté publique par d’extravagantes démonstrations de mécontentement1. […] C’est peut-être en cette circonstance que Molière reçut de Louis XIV l’ordre exprès de se moquer encore une fois de ses ennemis, ordre auquel il obéit en composant L’Impromptu de Versailles, où il ne craignit pas d’en faire mention à plusieurs reprises, et dans les termes les moins équivoques. […] Le troupeau servile des imitateurs donna en cette occasion une preuve de son goût ; parce que Béjart boitait, tous les comédiens de province qui jouaient son emploi, se crurent obligés de boiter, sans faire attention que cela n’était nécessaire que dans L’Avare, où Molière, sûr de l’affection que le public portait à Béjart, n’avait pas craint de faire dire à Harpagon : Je ne me plais point à voir ce chien de boiteux-là. […] Molière, dont le but était de faire rire aux dépens des personnages ridicules, et de les corriger, s’il se pouvait, ne craignait pas d’employer pour cette fin des personnages vicieux.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Leur maître ne les expose jamais au jour, parcequ’il craint que le soleil, prenant une matiere si combustible pour le berceau du phénix, ne brûlât & le nid & l’oiseau. […] Mais il n’a que faire de craindre pour sa pécune, elle ne courra point de risque sur la mer du Levant. […] Que je crains les résolutions que son retour lui va faire prendre ! […] Dans Térence, Antiphon ignore les projets que Géta enfante pour servir Phédria, & craint qu’il ne veuille réellement le priver de sa femme en la faisant épouser par Phormion.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Arnolphe, connu depuis peu sous le nom de M. de la Souche, s’amuse beaucoup des disgraces qui arrivent aux pauvres maris : mais il craint leur sort ; &, pour l’éviter, il fait élever dans la plus grande ignorance celle qu’il destine à l’honneur de sa couche, malgré Chrisalde qui lui dit très prudemment : Mais comment voulez-vous, après tout, qu’une bête Puisse jamais savoir ce que c’est qu’être honnête ? […] Le plaisant de cette piece doit naître nécessairement des confidences multipliées que l’amant fait à son rival, du caractere d’Arnolphe qui rit des malheurs arrivés aux maris, qui craint cependant pour lui, & doit la disgrace qu’il redoute si fort, précisément aux précautions qu’il prend pour l’éviter. […] Et quoique quelqu’un s’en offense, Voulons que cette piece ait cours ; Qu’en ce lieu19 l’on vienne toujours, Et sans craindre que Moliere Se lasse jamais de bien faire.

70. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Il a changé ces vers en ceux-ci : Heureux si ses discours craints du chaste lecteur Ne se sentaient des lieux que fréquentait l’auteur.

71. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Ils exigèrent donc, non seulement que l’on supprimât les deux scènes en question, mais encore qu’on retranchât ou qu’on adoucit un certain nombre de passages, dans lesquels Molière n’avait pas craint de faire proférer par des comédiens quelques-uns de ces mots qui semblent ne devoir sortir que de la bouche des catéchistes ou des prédicateurs. […] Voltaire n’a pas craint de faire entrer, dans son Commentaire de Corneille, la Bérénice, de Racine, afin qu’on pût la comparer avec celle de son auteur.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Un jeune Seigneur de Paroisse aime la fille de la Concierge de son château : il craint de ne pas lui plaire ; & pour éprouver son cœur, il feint de vouloir l’unir à un homme fort riche : c’est son valet qu’il charge de ce personnage.

73. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Boileau, l’ayant employé depuis en parlant des vers pleins de sel de Régnier, se hâta de le remplacer par ceux-ci : Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l’auteur !

74. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

La Comédie-Française s’est privée, de gaîté de cœur, d’une foule de scènes comiques, comme celle où Polidore et Albert, ayant des raisons secrètes de se craindre réciproquement, se demandent un pardon mutuel après un malentendu, sans savoir ce que l’un veut de l’autre. […] Il ne craint pas, pour atteindre son but, de hasarder quelques mots un peu vifs pour l’oreille. […] Il y a plus de péril pour les jeunes imaginations dans un drame romanesque et sentimental, que dans des grossièretés mêmes dont quelques oreilles délicates se trouvent blessées; un père de famille raisonnable ne craindra jamais de mettre les œuvres de Molière dans les mains de ses enfants. […] Lisette Votre Pétronillo est un hardi fripon, mais je crains les suites. […] Entre nous, Lisette, partout ailleurs qu’en ce pays-ci, je ne risquerais pas une chose comme celle-là : mais à Paris il n’y a rien à craindre ; ce sont des gens glorieux pour la plupart, qui ne se plaignent jamais d’être dupes, pour éviter la honte de l’avoir été.

75. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

La scène ne craint plus les foudres de l’Église ; Paris qui te damnait, Paris t’immortalise.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Son maître est retenu par l’amour auprès d’une maîtresse qu’il adore ; pendant ce temps là son régiment est commandé pour aller à l’ennemi ; il apprend cette nouvelle, craint avec juste raison d’être déshonoré, & veut se tuer : Arlequin le transporte en un clin d’œil au milieu du camp, où l’on murmuroit déja de son absence.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Ne craignons point de nous égarer sur ses pas.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Point du tout, reprit froidement Dorval ; il n’y a point de prude qui voulût se contenter d’expressions si mitigées ; continuez sans rien craindre. — Mais cela doit du moins suffire. — Laissez-moi faire

79. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Car si nous examinons ses paroles, il semble qu’il soit assez modeste pour craindre de faire mettre son nom sous la presse.

80. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

On n’a pas à craindre de se tromper en citant : El Perro del hortelano, La Discreta enamorada, El Acero de Madrid, de Lope de Vega ; El Desden con et desden, de Moreto ; Casa con dos puertas mala es de guardar, de Calderon, etc.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Ses bords sont balustrés, & cent légers bateaux, Peints de blanc & d’azur, voltigent sur les eaux, Où, sans craindre le sort qui mene aux funérailles, Se donnent quelquefois d’innocentes batailles. […] Voilà ce que marquoient les troubles de mon ame ; Ce n’étoit pas en vain que s’alarmoit ma flamme : Par ces fréquents soupçons, qu’on trouvoit odieux, Je cherchois le malheur qu’ont rencontré mes yeux ; Et malgré tous vos soins & votre adresse à feindre, Mon astre me disoit ce que j’avois à craindre.

82. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Il fallait que Molière regardât la jalousie comme un moyen essentiellement comique, puisqu’il n’a pas craint de la montrer jusqu’à trois fois dans le mariage même, où 1e choix n’est plus libre, où le soupçon est un outrage, où l’infidélité est un crime, et ce crime, suivant nos fausses idées, une espèce de déshonneur pour celui qui en est la victime. […] Tartuffe feint d’être scandalisé à la vue d’un sein trop peu couvert, et la luxure le domine au point qu’il ne craint pas de s’adresser à la femme de son bienfaiteur, pour essayer de la suborner. […] On n’a pas craint d’ajouter que, lorsque l’humeur coquette et hautaine de sa femme l’eut forcé à rompre tout commerce avec elle, mademoiselle de Brie, toujours bonne et de composition facile, lui avait encore, en cette occasion, prêté le secours de ses tendres consolations. […] Ces termes d’escrime étaient si familiers alors, que Corneille n’a pas craint de les mettre dans la bouche d’une femme parlant à une femme. […] Pourquoi aurait-il craint de faire cette confidence à Ninon ?

83. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Racine, celui des quatre amis dont le caractère avait le plus d’élévation, celui à qui les autres étaient le moins nécessaires, celui dont la marche était la plus sûre à la cour, n’aidait de son talent, ni même n’accréditait par une approbation éclatante, ni la satire directe, ni la comédie satirique ; mais s’il n’était pas celui qui se fît le plus craindre de l’ennemi, c’était celui qui flattait le plus noblement le maître, celui dont l’éloge avait le plus de poids, et qui donnait à l’agrégation des quatre amis le plus de sûreté et de stabilité, parce qu’il était celui qui affectionnait le plus les autres et avait au plus haut degré leur confiance.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Richard se fait entendre : elles craignent que ce ne soit un esprit. […] il ne se soucie pas de devenir plus grand, il ne craint pas d’être plus petit.

85. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Je crains qu’il n’y revienne par pitié. » Après cette scène, madame de Montespan se retira à Clagny. […] On se persuada aisément qu’après avoir rendu furieux et irréconciliables des malheureux qu’on n’avait pu exterminer, le moyen le plus sûr de n’avoir rien à craindre d’eux était de les chasser.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Je crains fort que vous ne puissiez les appaiser, ni pour vous, ni pour les vôtres. […] Ne doit-il pas craindre quelque fourberie ? […] Est-il naturel que, croyant le Marquis un frippon, il craigne ses violences en plein jour & dans la rue ?

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Ce que nous venons de dire sur la gradation des situations, nous épargnera la peine de nous étendre sur celle des moyens, & nous comprendrons aisément pourquoi Moliere, voulant renvoyer son Pourceaugnac à Limoges, lui fait d’abord essuyer des lavements, lui suscite ensuite des créanciers, plusieurs femmes, des enfants, & finit enfin par lui faire craindre d’être pendu.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Géronte l’accepte pour gendre : Sganarelle pardonne à sa femme les coups de bâton qu’il a reçus, en faveur de la dignité où elle l’a élevé ; mais il l’exhorte en même temps à vivre désormais dans un grand respect avec un homme de sa conséquence, parceque la colere d’un Médecin est plus à craindre qu’on ne peut croire.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

que je suis à craindre !

90. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Le champ où il a moissonné est moins vaste qu’on ne l’imagine; et quand il resterait quelque coin où il n’aurait pas porté la main, on craindrait encore de se trouver dans son voisinage.

91. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Dans sa trente-sixième lettre, en 1633, il dit à la mère : « Je devrais craindre, par votre exemple, d’écrire d’un style trop élevé ».

92. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

« Parmi toutes ses façons dures et austères, dit plus loin Saint-Simon, il était infiniment respecté, considéré et craint, et avait beaucoup d’amis.

93. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

C’est sur ces aspects-là que je me réserve d’insister tout à l’heure, comme j’ai fait dans ma causerie sur le Misanthrope, et sans craindre davantage de froisser ce qu’au risque de passer pour un esprit arriéré, j’appellerai les préjugés romantiques sur Molière. […] C’est lui : c’est Molière ; vous le reconnaissez ; ou plutôt, point du tout ; ce n’est pas Molière, car il joue ; c’est son personnage que vous avez sous les yeux ; un homme de quarante ans passés, assez bien nourri, de bonne mine et l’air fort satisfait de soi ; il y a dans sa toilette quelque prétention au bel air ; c’est un certain Arnolphe, qui a du bien, et qui, nous apprend son compère, se fait appeler Monsieur de la Souche ; vieux garçon (cela se voit), l’œil encore vif, la lèvre grasse, aimant les bons contes, un bon raillard, eût dit Rabelais, et qui se flatte de les savoir toutes : écoutez-le dauber sur les maris ; il ne tarit pas, il en fait gorge chaude ; oui, mais repart le compère à qui cet ennemi des maris vient de confier son prochain mariage, Qui rit d’autrui Doit craindre qu’en revanche on rie aussi de lui. […] … Vous ne craignez donc plus de trouver des esprits ? […] c’est que là vraiment elle craint un peu d’avoir mal fait.

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