/ 183
17. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

J’ai feint de m’en aller pour cacher mon dessein, Et jusqu’à mon carrosse il m’a prêté la main. […] J’ai dessein de lui faire Quelques vers, sur un air où je la vois se plaire. […] Mais avant qu’il ait lieu d’achever son dessein, Il faut de mille coups percer son traître sein.

18. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Quoique le secret de Raisin fût découvert, il ne laissa pas de former le dessein de tirer encore parti de son épinette à la foire suivante. […] Ainsi, monsieur, quittez un dessein si contraire à votre bonheur et à votre repos. […] La Thorillière persista dans le dessein de se faire comédien, et Sa Majesté y consentit. […] On croit même que Molière conçut le dessein de la mettre au théâtre. […] Les ennemis de Molière confondaient à dessein le plagiat avec l’imitation.

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

— C’est la substance du premier acte, où Léandre est dans le dessein de se marier à une autre. […] Léandre persiste encore dans son ancien dessein ; alors suit le troisieme acte. […] Aller, sans dessein, dans une galere ! […] Est-ce de dessein prémédité ou sans y penser ? […] Son dessein étoit de la marier à son neveu Antiphon.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Au reste, ne songe point à me détourner d’un dessein qui te paroît sans doute ridicule, tous tes efforts seroient inutiles : dispose-toi seulement à me rendre toi-même cet office : tâche de faire croire à Camille que tu l’aimes, & ne néglige rien pour t’en faire aimer : rends-lui tous les soins imaginables, & n’épargne ni les présents ni les promesses. . . . . […] Mais une maniere si dédaigneuse ne rebuta point Lothaire, il en estima davantage Camille ; & l’estime augmentant encore son amour, il résolut de suivre son dessein & ne perdit point espérance. . . . . . […] S’il a dessein de séduire Julie, il est un scélérat ; s’il croit la trouver insensible à sa flamme, il est plus fou que Léandre de s’exposer à voir croître son tourment, & c’est lui qui devroit être le personnage joué & méprisé de la piece. […] Evandra approuve son dessein, joint tout son or au trésor de Timon, & veut partager avec lui son honnête misere. […] Nous avons déja dit qu’un poëte, un peintre doivent chercher dans la nature entiere les traits convenables au dessein de leur tableau, & ne pas la peindre comme elle se présente dans un seul objet : nous citons en passant un exemple qui s’offre de lui-même pour venir à l’appui de cette vérité.

21. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

On raconte que son premier pédagogue étant venu le sermonner pour rompre son dessein, il fit si bien qu’il l’enrôla lui-même pour jouer les pères nobles dans la troupe improvisée de ses acteurs nomades. […] Ce nouveau dessein de moraliste réformateur déjà sensible dans Les Précieuses ridicules, qui sont l’École des salons, se montre plus clairement encore dans la fable et dans le titre même des deux pièces qu’il composa ensuite et coup sur coup : L’École des maris et L’École des femmes. […] Au milieu et à l’aide même de ses distractions et de ses rêveries, il poursuivait avec l’adresse et la persistance d’un enfant le dessein d’échapper aux entraves que la tyrannie du monde aurait mises à son indépendance. […] Avons-nous chez nos poètes les plus soutenus de plus beaux vers que ceux-ci : Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait que lui seul ?

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Le premier, fin, adroit, veut s’insinuer dans le cœur de l’autre, & s’en emparer : le second s’apperçoit de son dessein ; il a le plus grand intérêt à le démasquer : est-il naturel que leur conversation soit coupée, qu’ils s’interrompent mutuellement par des questions & des répliques précipitées ? […] Elmire, conformément à sa situation, à ses desseins, à ses intérêts, doit l’écouter plus patiemment que la premiere fois. […] Dès le lendemain il va trouver la vieille dont je t’ai parlé, il la prie de lui faire voir cette fille : elle le refuse, & lui représente qu’il a des desseins fort injustes ; que cette fille est citoyenne d’Athenes ; qu’elle est bien élevée ; qu’elle est de bonne famille ; que s’il veut l’épouser, les loix lui en faciliteront les moyens, & que s’il a d’autres intentions, elle ne peut plus l’entendre ni le voir.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Lélie, faisant quelques pas sans dessein, fait retourner Sganarelle qui s’approchoit pour le tuer. […] Tout d’un coup Forlis, pere de Lucile, forme le dessein de la marier au Baron, & la confie en attendant à la sœur du Baron, qui loge avec son frere. […] L’amour est toujours le même : les amants de tous les pays, de tous les âges, de tous les états, aimeront toujours avec dessein de posséder l’objet de leur tendresse.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Mascarille, dans le dessein de servir son maître, se met au service de son rival, comme Philipin au service de la mere & de la maîtresse de son Etourdi : mais Mascarille motive fort plaisamment sa sortie de chez son premier maître en disant qu’il lui a donné des coups de bâton, & Philipin ne se donne pas cette peine. […] Il avertit de son dessein quelques méchants garnements de Paris qu’il hantoit. . . . . . […] Afin de venir à bout de ce dessein, il fit faire une lettre au nom de la femme de Charles d’Estampes, lui donnant avis de l’affliction qui lui étoit arrivée d’avoir perdu un bon mari, & lui un si bon frere, disant que son mari avoit laissé quelques legs par son testament, dont il le faisoit exécuteur, & tuteur de ses enfants, le priant de venir en diligence à Paris pour donner ordre à leurs affaires, lui faisant des excuses de ce que cette lettre n’étoit pas écrite de sa main.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Clairville, instruit par André, vient s’opposer aux desseins de Rosalie, il veut la fléchir ou mourir à ses pieds : Rosalie lui dit que d’Orval est un méchant, & qu’il le trompe. […] « Quoi qu’il en soit, de cette portion d’une farce en trois actes, j’en fis la comédie du Fils naturel en cinq ; & mon dessein n’étant pas de donner cet ouvrage au théâtre, j’y joignis quelques idées que j’avois sur la poétique, la musique, la déclamation & la pantomime ; & je formai du tout une espece de Roman que j’intitulai le Fils naturel ou les Epreuves de la vertu, avec l’histoire véritable de la piece. […] Cependant Lélio, sentant qu’il ne peut éteindre sa passion pour Flaminia, ni éviter les persécutions de Silvia, se résout à mourir plutôt que de trahir son ami & de lui enlever sa maîtresse : il charge son valet de se préparer secrètement à partir de Milan ; mais différents obstacles l’empêchent d’exécuter ce dessein.

26. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Hamilton : leurs amours même avoient fait du bruit, & il répassoit en France sans avoir conclu avec elle ; les deux freres de la Demoiselle le joignirent à Douvres dans le dessein de faire avec lui le coup de pistolet. […] Moliere lui fit entendre qu’il avoit eu dessein de traiter ce sujet-là : mais qu’il demandoit d’être traité avec la derniere délicatesse : qu’il ne falloit point sur-tout faire comme Desmarets, dans ses Visionnaires qui a justement mis sur le Théatre des fous dignes des Petites-Maisons. Car, qu’un homme s’imagine être Alexandre, & autres caracteres de pareille nature, cela ne peut arriver, que la cervelle ne soit tout-à-fait altérée : mais le dessein du Poëte Comique étoit de dépeindre plusieurs fous de société, qui tous auroient des manies pour lesquelles on ne renferme point, & qui ne laisseroient pas de se faire le procès les uns aux autres, comme s’ils étoient moins fous pour avoir de différentes folies.

27. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Mais depuis le moment que cette frénésie, De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie, Et qu’un Démon jaloux de mon contentement, M’inspira le dessein d’écrire poliment : Et tel, dont en tous lieux chacun vante l’esprit, Voudrait pour son repos n’avoir jamais écrit. […] La Vieillesse chagrine incessamment amasse, Garde non pas pour soi, les trésors qu’elle entasse ; Marche en tous ses desseins d’un pas lent et glacé, Toujours plaint le présent, et vante le passé, Inhabile aux plaisirs, dont la jeunesse abuse, Blâme en eux les douceurs, que l’Âge lui refuse.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Quant aux personnages qui croisent successivement les desseins de Pantalon, on se doute bien qu’ils sont dignes de l’intrigue, & l’on ne se trompe point. […] Je n’entreprendrai pas de louer Moliere sur l’invention du projet de Caritidès ; je laisse ce soin à l’Auteur du Spectateur Anglois, il s’en acquitte mieux que je ne saurois faire, peut-être sans avoir eu dessein de donner des applaudissements à notre Comique : n’importe, les éloges ne sont pas moins pour lui. […] Monsieur, Après avoir vu d’un côté que vous aviez dessein d’établir quelques Officiers subalternes, pour avoir inspection sur certaines petites choses auxquelles vous ne sauriez prendre garde vous-même, & remarqué de l’autre qu’il se commet tous les jours de lourdes bévues dans les enseignes de cette ville, au grand scandale des étrangers, & de ceux de nos patriotes qui en sont les curieux admirateurs, je vous prie, en toute humilité, de vouloir bien me choisir pour votre surintendant. . . . . parceque, faute d’un tel officier, on ne voit rien dans ces objets qui se présentent par-tout à nos yeux, qui sente la belle littérature ou le bon goût.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Alonse, quoiqu’indigné de la proposition d’Enrique, feint cependant de vouloir seconder ses desseins, & projette de servir la tendresse de Don Lope. […] Don Sanche apprend que son fils n’est pas mort ; il change alors de dessein, ne veut plus donner sa fille à celui qui l’offensa, veut charger son fils d’une vengeance que sa vieillesse l’empêche de prendre lui-même ; il lui écrit de se rendre bien vîte auprès de lui. […] Ses amis, informés de son dessein, le raillent.

30. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Nous n’avons pas dessein de passer en revue tous les vaudevilles de M. […] Alceste, par son caractère, est porté à fuir les hommes; il en a formé le dessein; il ne les fuit pas cependant, il continue de vivre au sein de ce monde pervers, objet de ses mépris. […] Damis m’a fait pour vous une frayeur extrême ; Et vous avez bien vu que j’ai fait mes efforts Pour rompre son dessein et calmer ses transports. […] Ce ne peut être que de mieux faire comprendre au public le dessein criminel de Tartuffe. […] Le dépit, l’humiliation, la haine, la vengeance, voilà les sentiments qui remplissent son cœur, et ils sont trop violents pour ne pas faire irruption au dehors malgré lui, quand bien même il aurait dessein de les maîtriser.

31. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

Apprends-moi ton dessein. […] Mascarille et Léandre vont vraiment en masque pour enlever Célie à l’acte III, scène 8 de l’Étourdi, et Lélie, qui a révélé si imprudemment leur dessein à Trufaldin, s’écrie ironiquement : Masques, où courez-vous ?

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Il lui communiqua plusieurs sujets de comédies presque finies, entre autres, ceux du Joueur & d’Attendez-moi sous l’orme, dans le dessein de les achever ensemble ; mais Regnard, qui sentoit la valeur de cette premiere piece surtout, amusa son ami, y fit quelques changements, la mit en vers, & la donna aux comédiens sous son nom : ce fait est connu. […] Le Roi me le donna, & je formai le dessein de m’en servir pour faire mourir mon rival ; j’enfermai le chien dans une chambre à l’écart, & je défendis qu’on lui donnât à manger pendant quatre ou cinq jours. […] Au bout de ce temps-là je vais à la cour, & je dis publiquement au Roi : Prince, il y a ici un traître qui a de mauvais desseins contre votre vie.

33. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Il me suffit d’avoir indiqué les nombreux défauts du personnage, tous justiciables de la censure du théâtre : je ne me refuse point à reconnaître ses qualités non moins nombreuses, que l’auteur n’a eu ni le dessein ni le pouvoir de dégrader, en les associant aux excès et aux ridicules qui compatissent avec elles. […] La fausse et odieuse interprétation donnée par Rousseau au dessein qu’avait eu Molière en composant Le Misanthrope, fit rechercher depuis, quel avait été véritablement ce dessein Rien n’est plus facile à apercevoir. […] La seule pièce, après celles-ci, où Molière ait employé le patois des paysans, est Le Médecin malgré lui, c’est-à-dire une farce, une comédie populaire, où la vérité naïve est le premier de tous les mérites, où toutes les bienséances et toutes les conventions de l’art peuvent être sacrifiées au dessein de faire rire.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Monsieur, je vous rends grace, & je vous remercie ; Je n’ai pas à dessein répandu... […] Les scenes de Boursault tiennent certainement mieux au sujet & servent davantage à l’intrigue que celles de Moliere ; elles ne pechent pas si fort contre la vraisemblance : elles sont d’ailleurs rendues très comiques par l’embarras de Crispin & les ruses qu’il est obligé de mettre en usage pour n’être pas découvert, au lieu que Toinette vient trop aisément à bout de son dessein. […] Nous savons, par tradition, que Moliere, frappé de la vérité de ces deux vers, avoit dessein de faire une piece dans laquelle tous les personnages auroient chacun un ridicule, & se moqueroient mutuellement les uns des autres. […] Devenus plus grands, nous remplissons nos cahiers de desseins informes où nous prétendons représenter la lune, le soleil, une fleur, la figure d’un de nos camarades.

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [3, p. 35] »

Les deux frères de la demoiselle le joignirent à Douvres, dans le dessein de faire avec lui le coup de pistolet.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Nous pousserons la circonspection jusqu’à ne pas dire si l’Auteur moderne se rencontre avec son prédécesseur par hasard ou de dessein prémédité. […] Mes enfants, leur dit-il, je vais vous découvrir ma manie : je n’ai pu refuser ces mille écus à ce Banquier qui est mon intime ; à cela près je ne fais aucun usage de mon argent de peur qu’il ne se dissipe ; mon dessein est de n’y pas toucher tant que je vivrai, vous le trouverez après ma mort : je le destine à celle de vous deux dont je serai le plus content ; je le partagerai si je m’apperçois que votre tendresse soit égale.

37. (1801) Moliérana « Préface »

Après une esquisse rapide de la vie de Molière et un catalogue raisonné, mais court, de ses pièces de théâtre, on développe par la série des faits et anecdotes, toutes les omissions faites à dessein ou par ignorance.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Surement Mascarille ne s’attendoit à rien moins qu’à voir tirer l’épée contre lui ; mais cette action n’a surpris que Mascarille, puisque le public savoit presque le dessein de Valere. […] On me vient rapporter que vous avez de l’amour pour moi, & que vous faites des desseins de me solliciter : j’en témoigne mon dépit, & m’explique à vous clairement en présence de tout le monde.

39. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Molière, en exposant l’humeur bizarre d’Alceste, n’a point eu dessein de discréditer ce qui en était la source et le principe ; c’est sur la rudesse de la vertu peu sociable, et peu compatissante aux faiblesses humaines, qu’il fait tomber le ridicule du défaut dont il a voulu corriger son siècle. […] Il vint passer l’été à Rouen ; et dans les fréquents voyages qu’il fit à Paris, où il avait dessein de le fixer, il eut accès auprès de Monsieur, qui le présenta au roi et à la reine mère. […] Molière revenait d’Auteuil avec ce musicien, il donna l’aumône à un pauvre qui, un instant après, fit arrêter le carrosse et lui dit : Monsieur, vous n’avez pas eu dessein de me donner une pièce d’or ? […] Alors l’action est conduite à sa fin, par l’éclat que doit faire nécessairement la tromperie de Jupiter ; et ce dieu est obligé de se découvrir aux dépens même de l’honneur d’Alcmène : ainsi, rien n’arrive dans cette pièce de dessein formé, et le hasard en produit seul tous les incidents. […] Le vice qu’il s’est proposé de combattre, c’est l’avarice ; dans ce dessein, il a employé les traits les plus forts, soit pour en préserver le spectateur, soit pour l’en corriger ; et pour augmenter l’horreur qu’il voulait inspirer, il a joint l’usure à l’avarice, comme une dépendance de ce caractère.

40. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [23, p. 51] »

[23168, p. 51169] Molière revenait d’Auteuil avec Charpentier170, fameux compositeur de musique, il donna l’aumône à un pauvre, qui, un instant après, fit arrêter le carrosse, et lui dit : Monsieur, vous n’avez pas eu dessein de me donner une pièce d’or ?

41. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

    En un pareil dessein, C’est mal suivre Tartuffe, il n’y met qu’une main. […] « J’espère, dit-il, que Molière recevra ces observations d’autant plus volontiers que la passion et l’intérêt n’y ont point de part Je n’ai pas le dessein de lui nuire, je veux au contraire le servir. […] Si le véritable but de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant, le dessein de Molière est de les perdre en les faisant rire, de même que ces serpents dont les piqûres mortelles répandent une fausse joie sur le visage de ceux qui en sont atteints. […] « À quoi, s’écrie-t-il, à quoi songiez-vous, Molière, quand Vous fîtes dessein de jouer les tartuffes ? […] D’ailleurs Tartuffe n’a pas de prime abord conçu le dessein de suborner la femme, d’épouser la fille et de dépouiller le fils de son bienfaiteur ; il a commencé par bien choisir sa dupe : il a vu un homme riche, dévot, crédule, d’une imagination faible et exaltée ; un mari d’un certain âge ayant de grands enfants d’un premier lit, et une jeune femme pour seconde épouse.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

Pour mes desseins Je t’y trouve à propos. […] Eraste avoue qu’il a projetté d’épouser sa pupille ; Lisimon approuve ce mariage, quoiqu’il fût venu dans le dessein de lui demander Sophie pour son neveu.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Enfin ces deux pieces seroient tout-à-fait semblables, si l’une n’étoit excellente & l’autre détestable ; si dans la premiere tous les incidents n’étoient naturels, & dans la derniere tout-à-fait contre nature & indécents, révoltants même ; témoin une des gentillesses de Clitandre : il sait que son pere a dessein de le renfermer à Saint-Lazare, il s’amuse à faire répandre dans le monde qu’il a volé des diamants ; Harpin, enchanté d’avoir un si bon prétexte pour se défaire de son fils, est au désespoir lorsqu’il apprend que Clitandre n’est pas un scélérat à pendre. […] Quoi qu’il en soit, la Léonor de d’Ancourt n’est pas fille à passer aussi mal son temps que l’autre Léonor : elle consent que sa confidente introduise la nuit son amant dans sa chambre pour l’épouser en secret : la cérémonie va se faire quand Don André, Don Garcie & Don Juan, conduits par le même dessein, se rencontrent. […] Dedans l’esprit il me vint aussi-tôt De l’étrangler & lui manger la vue : Il tint à peu ; je n’en fus retenue Que pour n’oser un tel cas publier : Même à dessein qu’il ne le pût nier, Je fis semblant d’y vouloir condescendre ; Et cette nuit, sous un certain poirier, Dans le jardin je lui dis de m’attendre. […]   Le conte du Cocu battu & content présente d’abord deux écueils à quiconque forme le dessein de le mettre en action ; premiérement, l’indécence du tête-à-tête entre les deux amants ; secondement, les coups de bâton que la femme fait donner ou laisse donner à son époux ; ce qui certainement n’est pas honnête. […] La femme aura pris le temps de l’ivresse du mari pour exécuter son mauvais dessein.

44. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

La religion est un grand manteau qui met bien des fourbes à couvert. »Quelques semaines après (28 septembre), il annonce à son ami la découverte de la conspiration où se matérialisait ce danger dévot : « cette congrégation du Saint-Sacrement, » — il la nomme en toutes lettres, — « qui ne fait jamais ses réunions au même endroit, »qui a « des intelligences avec la même confrérie à Rome, »qui « a dessein d’introduire l’Inquisition en France10 »,et que l’on accuse, comme à Bordeaux, de « mettre le nez dans le gouvernement des maisons et d’avertir les maris des débauches do leurs femmes11. » En même temps, les « Supérieurs » d’État ou d’Eglise entendaient l’appel que le réquisitoire de Caen leur adressait. […] Et lorsqu’en 1696, d’Argenson engage l’archevêque de Paris à ressusciter la Compagnie du Saint-Sacrement, il indique, lui aussi, qu’elle trouverait « des sujets propres » à son dessein « dans les Congrégations des Jésuites tant de la maison professe que du noviciat, surtout parmi ceux qu’on appelle de L’Assemblée secrète, qui ont presque tous l’esprit qu’il faut avoir dans la Compagnie du Saint-Sacrement. » Toutefois cette admission, par la Compagnie du Saint-Sacrement, d’amis des Jésuites, n’allait pas jusqu’à s’inféoder à eux. En 1657, lorsque Du Plessis-Montbard conseille de recruter d’abord dans les congrégations de la Société de Jésus les membres de la succursale romaine, il recommande pourtant que ce soit « sans faire connaître le dessein. »Dans le groupe parisien du Saint-Sacrement, parmi les ouvriers de la première heure, il y en avait eu de fort opposés aux Jésuites, de fort attachés aux opinions jansénistes : tels, Hubert Charpentier, mort en 1650, fondateur de la maison des Prêtres du Mont-Valérien, ou le Père Eustache Gault. […] >» Et c’était encore Saint-Cyran qui, par une conséquence logique de ces principes d’abstention, tenait à saint Vincent de Paul des propos qui le scandalisaient : à savoir, par exemple, « que le dessein de Dieu était de ruiner l’Eglise présente, » de sorte « que ceux qui s’employaient pour la soutenir le faisaient contre le dessein divin. » Il se raillait de ces gens de bien empressés, « pareils aux Pharisiens, » tourmentés d’un zèle si ardent qu’ils « couraient la terre et la mer pour faire un prosélyte, » et qui n’en étaient pas moins « très aveugles et très corrompus. » Dans des épigrammes de ce genre, la Compagnie du Saint-Sacrement pouvait bien, dès 1612, voir sa condamnation.

45. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Pantalon dissimula la cause de l’intérêt qu’il prenait à l’affaire, et, tout furieux, s’en retourna à son logis dans le dessein d’infliger un châtiment exemplaire à sa coupable moitié. […] Lesbino, désespéré, cherche à persuader à Arlequin qu’il doit le tuer, lui Lesbino, parce qu’il a formé le dessein d’assassiner son maître.

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

« On me renvoya le soir pour me faire entendre raison »(pour me détourner du dessein de me retirer). […] « Cependant je demeure ferme dans le dessein de la quitter à la fin de l’année. » Ce peut être à cette époque que le roi dit à madame de Montespan : Si elle vous déplaît, renvoyez-la ce qui, sous l’air d’une déférence ou d’une concession, était au fond un défi.

47. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Plaire au roi, servir ses propres amis, assurer un libre essor à leurs talents et au sien, plaire à Montausier même, furent trois succès que Molière me paraît s’être promis d’allier, en faisant le bel ouvrage dont nous parlons ; et j’aime à penser qu’il se proposa une alliance si difficile, parce que l’accomplissement de ce dessein ajoutait le mérite de la difficulté vaincue au mérite du talent le plus élevé.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Patelin tout déguenillé forme le dessein de se donner un habit neuf : ses haillons rebuteroient les partis qui pourroient se présenter pour Henriette sa fille. […] Dans la piece moderne, Patelin a le même projet ; mais cet habit doit en imposer aux partis qui se présenteront pour sa fille : par-là les desseins du nouveau Patelin nous paroissent moins criminels, & nous nous intéressons en quelque façon au succès de ses ruses, le bonheur de sa fille en dépend. […] Doucement, ce n’est pas sans dessein que j’ai fait une pareille question ; on pourra bientôt juger par cet exemple de la différence qu’il y a entre les mœurs de la société & les mœurs telles qu’on doit les présenter sur le théâtre.

49. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Je lui ai répondu avec fermeté, qu’à mon âge on ne pouvait faire ombrage a un esprit bien fait ; que ma conduite, dont elle avait été témoin dix ans de suite, démentait tous ses soupçons ; que j’avais si peu songé au dessein qu’elle me prêtait, que je l’avais souvent priée de m’obtenir la permission de me retirer ; que je ne souffrirais plus désormais ses hauteurs, que ses inégalités abrégeaient mes jours par les chagrins qu’elles me causaient — Et qui vous retient ici ? […] Elle me flatte, me confie tous ses desseins, me consulte et m’écoute. »Sa douceur venait du sentiment de son déclin. […] Je n’ai pas eu le dessein d’écrire la vie entière de madame de Maintenon, et de la suivre dans son existence politique.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

On disoit que vous étiez allé chez votre oncle pour l’instruire du dessein où vous êtes. […] Dans le dessein où vous êtes, cela est permis ; & il est tout naturel de commencer par quelque chose.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Mon dessein est de suivre, pour ainsi dire, sa main dans les différents larcins qu’il fait à Térence, à Plaute, à Lopès de Vega, à Calderon, aux Farceurs Italiens, aux Romanciers de tous les pays, même aux mauvais Auteurs ses contemporains.

52. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier.

53. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Ainsi ce glorieux dessein fut approuvé tout d’une voix.

54. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Dans les fréquents voyages qu’il fit à Paris, où il avait dessein de se fixer, il eut accès auprès de Monsieur, qui le présenta au Roi et à la Reine mère. […] Mais le dessein du Poète Comique était de prendre plusieurs fous de société qui tous auraient des manies pour lesquelles se faire le procès les uns aux autres, comme s’ils étaient moins fous pour avoir différentes folies. […] Leur amours mêmes avaient fait du bruit ; il repassait en France sans avoir conclu avec elle ; les deux Frères de la Demoiselle le joignirent à Douvres, dans le dessein de faire avec lui le coup de pistolet. […] Ce n’est point par habitude qu’il parle mais avec dessein, et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il servirait qu’à le rendre très-ridicule. […] Dans les fréquents voyages qu’il fit à Paris, où il avait dessein de se fixer, il eut accès auprès de Monsieur, qui le présenta au Roi et à la Reine mère.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Je veux croire qu’après cette réponse consolante le Tailleur puisse naturellement se fier au Marquis ; je veux croire que le Marquis, ayant dessein d’emprunter encore au Tailleur, puisse naturellement se persuader qu’il y réussira en le traitant ainsi : mais on m’avouera que la scene de Moliere étant aussi naturelle pour le moins, & beaucoup plus agréable, Dufresny doit nous paroître aussi téméraire que ridicule d’avoir voulu lutter avec lui. […] Livrons-nous uniquement au plaisir d’admirer Dufresny dans ses deux dernieres imitations, les seules où nous reconnoissons cet art qu’il avoit, dit-on, pour composer un dessein parfait avec des découpures, des pieces de rapport prises çà & là & réunies, mariées ensuite avec goût : jusqu’à son Dédit, nous ne l’avions que trop vu mutiler des chefs-d’œuvre pour en former des monstres.

56. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

C’étoit assez la coûtume en ce tems-là de representer des Pieces entre amis : quelques Bourgeois de Paris formerent une Troupe, dont Pocquelin étoit : ils jouerent plusieurs Pieces pour se divertir ; mais ces Bourgeois ayant suffisamment rempli leur plaisir, & s’imaginant être de bons Acteurs, s’aviserent de tirer du profit de leurs representations ; ils penserent bien serieusement aux moyens d’exécuter leur dessein ; & après avoir pris toutes leurs mesures, ils s’établirent dans le Jeu de Paulme de la Croix blanche, au fauxbourg Saint Germain. […] Le Prince de Conti lui confia la conduite des plaisirs & des spectacles qu’il donnoit à la Province ; & ayant remarqué en peu de tems toutes les bonnes qualitez de Moliere, son estime pour lui alla si loin, qu’il voulut le faire son Secretaire, mais celui-ci aimoit l’indépendance ; & il étoit si rempli du dessein de faire valoir les talens qu’il se connoissoit, qu’il pria Monsieur le Prince de Conti de lui laisser continuer la Comédie, & la place qu’on lui proposoit fut donnée à M.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Mon dessein n’est pas de persuader qu’on ne doit pas critiquer les modes extravagantes de son temps. […] Dans l’Ecole des Maris, Isabelle joue mille tours à Sganarelle ; mais l’amour tyrannique de ce tuteur les rend pardonnables ; d’ailleurs, elle avoue plusieurs fois dans le courant de la piece qu’elle rougit de sa conduite ; elle demande grace : par conséquent le dessein de Moliere n’étoit pas d’engager les jeunes personnes à marcher sur les traces de son héroïne. […] La charge est vraiment belle ; &, pour un tel dessein, Il ne me faudroit plus qu’un caducée en main ! […] Le bon homme a dessein de se marier ; mais il cede sa maîtresse à son neveu Eraste, & veut lui donner son bien, à la réserve de vingt mille écus qu’il partagera entre deux parents fort pauvres qu’il a en Normandie.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Mercure les avertit que le prétendu jeune homme est un petit frippon bien dangereux qui veut les attrapper : elles forment le dessein de se venger de lui ; pour cet effet elles feignent de vouloir l’amener en secret chez elles, s’il permet qu’on lui lie les pieds & les mains.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

Il est très mal reçu, & forme le dessein de se venger.

60. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Quoique le secret de Raisin fût découvert, il ne laissa pas de former le dessein de tirer encore partie de son épinette à la foire Suivante. […] Le dessein que cette société avait formé de s’établir à Paris n’ayant pas réussi, Molière, qui en faisait partie, proposa à ses camarades de se joindre à lui, et de former une troupe pour aller jouer en province. […] La Thorillière persista dans son dessein, et sa majesté y consentit. […] Paphetin, père putatif de la demoiselle Bourguignon, ayant appris le dessein qu’elle avait d’épouser Beauval, obtint de l’archevêque de Lyon un ordre portant défense à tous les curés de son diocèse de marier ces deux personnes. […] Le rôle d’Axiane, que mademoiselle Duparc joua dans la tragédie d’Alexandre de Racine, lui fit beaucoup d’honneur, et cet illustre poète fut si frappé de ses talents, qu’il forma le dessein de la faire passer à l’Hôtel de Bourgogne, où il avait résolu de donner ses ouvrages ; il en fit faire la proposition à mademoiselle Duparc, qui l’accepta.

61. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Forcé par le torrent des affaires quotidiennes d’interrompre la démonstration commencée, j’ai toujours eu dessein d’y revenir. […] Nous ne pensons pas que les ingénus qui lui attribuent le dessein d’avoir voulu moraliser la scène en soient bien persuadés. […] Voilà où le dessein de Molière se découvre, où se déclare le parti pris de diffamer la piété. […] Il est certain que la pièce tout entière laisse une impression de tristesse, malgré le dessein de Molière. […] Mais ce beau dessein rencontre un obstacle insurmontable ; la passion vraie n’est pas comique.

62. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Mais à le prendre dans le sens de l’Auteur, je ne vois pas qu’il ait trop bien rempli son grand dessein. […] À quel dessein ?

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Je le prie de se souvenir que si, dans le courant de cet ouvrage, je n’offre pas toutes mes remarques sur le ton d’un conseil que je demande, ce sera par oubli, ou pour ne pas répéter un formulaire ennuyeux pour le lecteur, & jamais dans le dessein de manquer aux procédés. […] Si c’est une faute, je l’ai faite à dessein, pour avoir occasion d’avertir les personnes citées dans le courant de cet ouvrage, que je suivrai là-dessus le caprice de ma plume ; & qu’en leur donnant ou en leur ôtant ce titre, je ne prétends point prendre la balance pour peser leur juste mérite.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

De même il a dessein d’élever auprès de soi un fils naturel, sous le nom & le personnage d’un valet ; & quoiqu’il veuille le dérober à la connoissance de sa femme & de ses enfants, il lui échappe de l’appeller son fils dix fois le jour. […] Mais est il dans la nature que Carlin, connoissant la naissance de Clarice, son honnêteté, l’amour que son maître a pour elle, & le dessein où il est de lui donner la main, la range dans la classe des créatures qu’on appaise avec un billet au porteur ? […] Géronte forme le dessein d’y faire porter tout de suite ses ballots. […] Celui-ci devient grand ; il forme le dessein de voyager, débarque à Epidaure avec un esclave.

65. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Triste et chagrin dans sa sombre enveloppe, Il méditait un funeste dessein ; Quand par hasard il voit Le Misanthrope, Voilà, Monsieur, qu’il hésite soudain.

66. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Le rusé Florentin prit un air contristé, et dit : Sire, vous me comblez de bontés ; mais j’avais dessein d’être secrétaire du roi, et vos secrétaires ne voudront plus me recevoir. — Ils ne voudront plus vous recevoir ! […] L’artificieux Italien avait pressenti que cette dernière circonstance, qui semblait devoir l’exclure à jamais du sceau, serait précisément le moyen qui l’y ferait arriver ; et il avait brigué à dessein cette espèce de déshonneur. […] Il n’est point de mon sujet d’examiner son roman, ouvrage un peu long, un peu inégal, mais gracieux dans ses négligences et naïf dans ses divagations, où une prose, trop uniformément badine, est le fond sur lequel sont semés çà et là, et comme sans dessein, les vers que laissait échapper sa Muse.

67. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Mais je le dis encore, il me reprend avec dessein, puisqu’il me conteste les faits les plus connus, lorsqu’il dit que Monsieur le Prince de Conti ne voulut point faire Molière son Secrétaire, et qu’il avance que l’aventure des personnes qui voulurent se noyer à Hauteuil ne peut être vraie. […] Ce Censeur croit-il que j’aie travaillé sans dessein, et que j’aie attendu à m’en former un après le jugement du Public ? […] Il n’y en a pourtant pas une que j’aie mise sans dessein ; quand il entre dans la loge de Baron, il paraît qu’il a plus d’attention au succès de sa Pièce, qu’à l’état violent où il était : Il refuse en homme d’esprit de prendre les bouillons de sa femme, parce que les choses, dont ils étaient composés, auraient pu abréger les moments qui lui restaient à vivre.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Le valet déguisé & le maître rodent autour de la maison pour trouver un instant favorable à leur dessein.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Ils sont plus ingrats, parceque si vous réussissez à peindre si bien la laideur de votre modele, que les originaux disparoissent, votre ouvrage ressemble aux portraits qui n’ont plus de valeur dès que la personne qu’ils représentoient est morte, à moins que le Peintre n’ait réuni au mérite de la ressemblance celui du dessein, du coloris, & des autres parties de son art, & qu’il ne captive par-là le suffrage des connoisseurs : c’est ce qui fait survivre, comme nous venons de le dire, les Précieuses de Moliere aux héroïnes de la piece.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Soit que j’aime Carlos, soit que par simple estime Je rende à ses vertus un honneur légitime, Vous devez respecter, quels que soient mes desseins, Ou le choix de mon cœur, ou l’œuvre de mes mains. […] Mon dessein est de le prouver dans les deux Chapitres qui vont suivre celui-ci.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Encore une fois, je t’en conjure par cette main droite que je mets dans la mienne, & que je serre du fond de mon cœur, ne me manque pas plus de fidélité que j’ai dessein de t’en manquer. […] Le perfide, l’infame Tente le noir dessein de suborner ma femme !

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Si vous m’aviez permis de suivre mon premier dessein, cela ne me seroit pas arrivé. […] Votre criminel dessein ne vous a pas réussi.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

La niece du correspondant de son pere, chez lequel il étoit logé, le toucha si sensiblement, qu’il forma le dessein de l’épouser. […] Cet heureux achat étoit l’occasion dont le ciel s’étoit servi pour le conduire au marché, parcequ’en voyant arriver chez lui l’esclave Chrétienne, il avoit demandé à son fils s’il restoit d’autres Chrétiens à vendre, & que, dans le dessein qu’il entretenoit d’en délivrer quelques-uns, suivant la promesse qu’il avoit faite à Ligourne, il s’étoit hâté de se rendre au marché des esclaves.

74. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

  Molière déclare lui-même sur le théâtre quel est le but de sa comédie : « Son dessein est de peindre les mœurs, et tous les personnages qu’il représente sont des personnages en l’air, et des fantômes proprement, qu’il habille à sa fantaisie pour réjouir les spectateurs24. » Donc, il peint les mœurs et habille des fantômes à sa fantaisie pour réjouir le spectateur : voilà ce divertissement qu’il appelle le plus innocent du monde. […] Il est encore plus éloigné d’employer pour la flatter et pour la séduire le jargon de la dévotion ; ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein, et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très-ridicule… Il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir : il y a là des droits trop forts et trop inviolables ; on ne les traverse point sans faire de l’éclat, et il l’appréhende ; sans qu’une pareille entreprise vienne aux oreilles du prince, à qui il dérobe sa marche, par la crainte qu’il a d’être découvert et de paroître ce qu’il est. » La Bruyère, Les Caractères, De la Mode.

75. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ainsi, monsieur, quittez un dessein si contraire à votre honneur et à votre repos. […] Quel travers, quel défaut, quel vice a-t-il eu dessein de signaler, de corriger ou de punir ? […] « Monsieur, lui dit le pauvre, vous n’aviez probablement pas dessein de me donner un louis d’or. […] « À quoi songiez-vous, Molière, dit un anonyme qui prit alors sa défense, quand vous fîtes dessein de jouer les tartuffes ? […] Je n’ai pas le dessein de lui nuire ; je veux au contraire le servir.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Don Pedre fit coucher ses valets, & ayant fait retirer les servantes de sa femme après qu’elles l’eurent déshabillée, s’enferma avec elle dans sa chambre ; & là Don Pedre, par un raffinement de prudence qui étoit la plus grande folie du monde, exécuta le plus capricieux dessein que pouvoit jamais former un homme qui avoit passé toute sa vie pour un homme d’esprit. […] Elle saluoit si exactement le gentilhomme de Cordoue toutes les fois qu’il passoit devant les fenêtres de Laure, qu’il crut que ce n’étoit pas sans dessein. […] « Quel mal trouves-tu « Dans un dessein honnête & tout plein de vertu ?

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Un obstacle cruel, & presque insurmontable, Arrête cependant son dessein généreux.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

On ne comprend pas s’il a dessein de suivre la bouffonnerie de l’Auteur Italien, ou bien si son Crispin prétend connoître la maladie d’une fille en tâtant le pouls de son pere, à cause de la sympathie : en tout cas, son idée est exprimée d’une façon bien louche. […] Le fils restoit à pourvoir : il s’affectionne d’une Demoiselle de qualité, fort proche parente de son beau-frere : il aime, il est aimé ; mais son pere s’oppose à l’achevement mutuel de leurs desseins.

79. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Sa famille qui le destinoit à la charge de son pere, en obtint pour lui la survivance ; mais la complaisance qu’avoit euë son grand-pere, de le mener souvent à l’hôtel de Bourgogne, ayant déjà commencé à développer en lui le goût naturel qu’il avoit pour les spectacles, il conçut un dessein fort opposé aux vûës de ses parens ; il demanda instamment, & on lui accorda avec peine, la permission d’aller faire ses études au collége de Clermont. […] Il vint passer l’été à Rouen ; &, dans les frequens voyages qu’il fit à Paris, où il avoit dessein de se fixer, il eut accès auprès de Monsieur, qui le présenta au Roi & à la Reine mere. […] Moliere, en exposant l’humeur bizarre d’Alceste, n’a point eu dessein de décréditer ce qui en étoit la source & le principe ; c’est sur la rudesse de la vertu peu sociable & peu compatissante aux foiblesses humaines, qu’il fait tomber le ridicule du défaut dont il a voulu corriger son siécle. […] Il donna l’aumône à un pauvre, qui, un instant après, fit arrêter le carrosse, & lui dit, Monsieur, vous n’avez pas eu dessein de me donner une piéce d’or.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

L’amant forme le dessein de démêler le caractere de sa future avant de l’épouser : celle-ci a la même intention.

81. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Du fait seul que telle chose était du goût de l’adversaire qui a succombé, elle doit être réprouvée sous peine d’être accusée de complicité avec les desseins funestes que la défaite a fait avorter.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Soit que Moliere ait arrangé ses fables d’après les caracteres qu’il avoit dessein de traiter, soit qu’il ait décidé le choix des caracteres d’après les plans que la Cour lui prescrivoit quelquefois, nous voyons qu’il a tiré le plus grand parti de ses divers caracteres.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Que l’Auteur ingénieux des Fausses Infidélités ait eu le dessein d’imiter les Commeres de Windsor, ou que l’idée ne lui en soit pas venue, peu nous importe.

84. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

On gronde l’ami (le roi) d’avoir trop d’amitié pour cette glorieuse. » Tout ce que madame de Sévigné dit, au milieu de 1675, des griefs de madame de Montespan, s’applique également à cette époque et à celle de 1673, puisqu’elle a dessein d’expliquer d’où vient cette brouillerie de deux ans.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Magnifico a dessein de marier sa fille Eléonora ; il parle de ce mariage à Célio : celui-ci se persuade que Magnifico veut devenir son beau-pere, quand il voit tout-à-coup qu’il est question de faire épouser Eléonora par le Docteur. […] Mégadore, je vous jure, par Pollux, que je n’en ai pas la moindre pensée ; & même, quand j’y penserois, il ne me seroit pas possible d’exécuter un si mauvais dessein. […] Il laisse à son gendre le soin d’acheter tout ce qu’il faut pour le festin, encore est-il fâché qu’il ait fait apporter beaucoup de vin : il soupçonne qu’on a dessein de l’enivrer pour lui voler ensuite son trésor, & projette de boire de l’eau toute pure.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Tout ceci est un effet du zele & de l’imagination de Merlin, pour vous empêcher d’entrer chez vous, où j’étois avec Lucile, dans le dessein de l’épouser. […] Mon dessein a été de flatter nos Comiques naissants & leur ambition : désespérant, avec raison, de pouvoir atteindre à la gloire de Moliere, ils pourroient se refroidir s’ils voyoient encore dans Regnard un rival invincible.

87. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Cléante      Mais il est nécessaire De savoir vos desseins. […] Ma fille, vous devez approuver mon dessein… Voici le comble de la distraction. […] seconde mes desseins, et m’accorde la grâce de faire voir aux gens que l’on me déshonore. […] Allons, ma fille, il faut approuver mon dessein. […] Le gros du public admire un grand dessein, mais ce grand dessein manque son objet, et des scènes qui, étant un peu faibles pour nous, sont bien intelligibles pour lui.

88. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

...Que son dessein est de peindre les mœurs, sans vouloir toucher aux personnes.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Micio conclut de là qu’Eschinus n’est pas revenu de l’endroit où il a soupé la veille ; là-dessus il se livre à tout ce qu’un pere tendre peut craindre pour un fils absent ; & ses alarmes, en nous préparant à tout ce qu’est capable de faire un jeune homme qui a découché, nous apprennent en même temps à quel point le bon-homme s’y intéressera : & tout cela sans affectation, sans que le dessein de l’Auteur perce. […] Remarquez avec quelle adresse l’Auteur, après avoir rendu compte, au commencement de la scene, des traitements qu’ont essuyé du Croisy & la Grange, expose le dépit du dernier, annonce le dessein qu’il a d’en tirer vengeance en punissant les Précieuses, prépare les ressorts qu’il veut employer, de façon cependant que le spectateur ne voit que dans l’éloignement un projet qu’il ne sauroit démêler, mais qu’il desire ardemment de voir remplir.

90. (1910) Rousseau contre Molière

Enfin Alceste est bien en son fond le misanthrope qui aime les hommes, le misanthrope par philanthropie ; mais cela n’est pas assez marqué, et à chaque instant, si Molière a eu ce dessein, il sort de son dessein. Si Molière a eu ce dessein, c’est un admirable stoïcien qu’il devait nous présenter, non pas autre chose, et rien que cela. […] les Dandin s’y accoutumeront s’ils veulent ; car pour moi je vous déclare que mon dessein n’est pas de renoncer au monde et de m’enterrer toute vive avec un mari. […] L’Ilote ivre peut confirmer dans le dessein de ne point s’enivrer un homme qui déjà n’a nulle envie de boire ; il ne produira aucun effet sur un ivrogne, et il n’est pas impossible même qu’il ne flatte agréablement sa manie. […] Se rendre agréable à l’homme, ce doit être tout le dessein de la femme ; rendre une femme agréable à l’homme, ce doit être tout le but de l’éducation des femmes.

91. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Nous n’avons dessein ni de tracer ici une froide biographie de Molière, ni de nous livrer à des redites pompeuses sur l’excellence de son génie ; sa biographie se fera d’elle-même, en se mêlant çà et là à l’appréciation de son théâtre. […] Un certain Antoine Baudeau se déclara contre lui ; il s’avisa d’une pièce intitulée les Véritables précieuses, pour montrer toute la noirceur de Molière ; mais ne jugeant pas, à ce qu’il paraît, sa pièce suffisante en un si grand dessein, il crut devoir l’accompagner d’une préface. […] Il s’en va confier à son propre rival ses plus secrets desseins ; et le piquant de l’affaire, c’est qu’il lui emprunte des pistoles pour mener à bien son entreprise. […] Aussi vit-on bientôt un des disciples de Rousseau, Fabre-d’Églantine, esprit ardent, concevoir le dessein de représenter à ses contemporains les personnages de Molière avec les idées nouvelles apportées par les cent vingt années qui venaient de s’écouler. […] Je vous demande en vérité si vous auriez pu vous faire au nom de Panulphe, que Molière avait d’abord eu dessein de donner à son imposteur !

92. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Ne croyez pas, Mesdames, qu’en dessinant un tel portrait, mon dessein soit de recommencer une critique déguisée de vos défauts. […] Un article du testament paternel oblige sa pupille à l’épouser ; mais il n’a pas dessein de la contraindre ; il la laisse libre dans son choix, et l’affection de Léonor le récompense de son indulgence et de sa bonté. […] Les Tartuffes non plus ne manquent pas qui cherchent à la circonvenir pour en faire l’instrument de leurs desseins.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Mon dessein est, dans ce Chapitre, de mettre sous les yeux du lecteur des exemples de tous les genres de titres que les comiques ont employés jusqu’ici, & de remarquer avec lui ce que quelques-uns peuvent avoir de dangereux, & ce qui rend quelques autres toujours défectueux, afin que les jeunes Auteurs s’arrangent en conséquence.

94. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Valere quitte Paris pour aller recueillir sa succession, termine ses affaires, est prêt à revenir dans la capitale, quand son valet Crispin, & Lisette, suivante de la veuve, qui sont amoureux l’un de l’autre, forment le dessein d’unir leurs maîtres.

/ 183