/ 209
20. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

) Le Docteur et Pantalon, assis devant un bureau, décident qu’il faut obliger Valerio à s’unir avec Aurelia. […] Diamantine n’est pas trop de cet avis ; aussi son mari craint-il qu’elle ne rentre quand il sera sorti, et, pour être sûr de son fait, il l’oblige à laisser la double clef de la maison qu’elle a dans sa poche. […] Il est bientôt remplacé par Trivelin, qui envoie chercher un rôtisseur, ordonne un repas magnifique au nom du maître de la maison, et, lorsque Pantalon arrive avec sa compagnie, il lui dit qu’Arlequin et sa femme, obligés d’aller en ville pour une affaire de la dernière conséquence, l’ont chargé de faire les honneurs pour eux. […] Diamantine croit que son mari l’a obligée d’aller chez sa mère pour être plus libre et régaler des femmes.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Cependant, sans nous rétracter sur la justice que nous venons de rendre à cette comédie, nous sommes obligés, comme Historiens, de dire que les reprises qu’on en a faites n’ont jamais excité dans le public un empressement bien marqué de la recevoir ». […] Une fois pour toutes, souviens-toi que je suis au point de ne pouvoir guérir sans remede, & que si tu m’obliges d’employer le secours d’un autre, je publie moi-même mon extravagance, & je hasarde l’honneur que tu veux me conserver. . . . . . . […] Son Intendant annonce dans un monologue que Timon est ruiné, & songe à se retirer pour n’être pas obligé de lui prêter ce qu’il a gagné chez lui. […] Timon apprend de son Intendant qu’il est ruiné, appelle ses gens, leur ordonne d’aller chercher de l’argent chez ses amis qu’il a si souvent obligés, & d’emprunter de sa part cinq cents talents au Sénat. […] M. de Boissy a joint à ce sujet principal une partie du Jaloux désabusé, c’est-à-dire, une jeune sœur de l’époux inconstant, qui est sous la tutele de ce dernier : il ne veut point la marier, pour jouir de son bien ; il est cependant obligé d’y consentir, s’il veut faire la paix avec sa femme.

22. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Molière, tu riais bien, je crois, au fond de ton âme, d’être obligé de faire une bonne farce pour faire passer un chef-d’œuvre. […] Molière, pour contenter sa troupe, fut obligé d’en faire un ; mais ce fut le seul qui ne réussit pas. […] Sans doute il faut être sincère; mais quelle règle de morale nous oblige à dire à un homme qu’il fait mal des vers ? […] Qui l’obligeait à le donner ? […] Le reproche est fondé : nous avons vu quelle excuse pouvait avoir l’auteur, obligé de travailler pour le peuple.

23. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Eh bien, je regrette de détruire une illusion chez ceux qui ne voient la beauté intellectuelle que complétée par la beauté physique, mais, comparaison faite de ces divers documens, je suis obligé de dire que Molière était laid. […] Dans les « visites » de sa troupe chez les grands seigneurs, il observe les manières, les airs, les laçons de dire de la noble assemblée ; avant et après la représentation, tandis qu’il reçoit ordres ou complimens avec la docilité et la modestie obligées, il observe encore. […] Louis XIV ayant tenu le même langage à Racine et à Boileau, on peut admettre que le prince, obligé à moins de réserve que le roi, fut aussi bienveillant pour Molière. […] Agir autrement eût été une grosse imprudence au XVIIe siècle pour un homme très en vue, obligé de compter sur les puissances. […] Monval dans leMoliéristed’avril 1Ï85, constate qu’en 1746 ils étaient encore obligés de s’adresser aux moines.

24. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

François Pommier, qui s’est obligé pour eux, demande que Molière soit maintenu sous les verrous. […] Le 13 août celui-ci est en liberté et s’oblige, avec ses compagnons, à acquitter, garantir et indemniser le maître paveur. […] Je lui suis pourtant fort obligé de m’avoir souffert avec mon bonnet de nuit, n’ayant promis que pour ma personne. […] Molière est obligé d’appliquer un remède au mal qu’il vient de créer. […] Nous serons obligé de signaler plus d’une fois ces excès de zèle.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Celio arrive vêtu en pélerin : il a été obligé de prendre ce déguisement parcequ’il a tué un homme qui en vouloit à la vie du Docteur. […] Il est obligé de se réfugier chez Eléonora ; ce qui augmente le dépit du Docteur. […]   Célie a une suivante ; Eléonora n’en a point : aussi cette derniere est-elle obligée de faire un monologue un peu long, au lieu que la scene de Célie avec sa suivante peut être étendue sans pécher contre la vraisemblance.

26. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

J’avoue que Timocrate est fort adroit et fort heureux dans sa conduite, et qu’il faut l’être beaucoup pour trouver toujours au besoin des occasions si justes et si favorables de passer comme lui d’un parti à l’autre, selon les divers intérêts qui l’y obligent ; mais il ne fait rien qui soit impossible, et tout ce qui peut arriver sans violenter beaucoup l’ordre commun de la nature doit être réputé vraisemblable, etc. […] Cette comédie qui ne contenait qu’un acte, et quelques autres de cette nature, n’ont point été imprimées : il les avait faites sur quelques idées plaisantes, sans y avoir mis la dernière main ; et il trouva à propos de les supprimer, lorsqu’il se fut proposé pour but, dans toutes ses pièces, d’obliger les hommes à se corriger de leurs défauts. […] « Il fit quelque temps la comédie à la campagne, et quoiqu’il jouât fort mal le sérieux, et que dans le comique il ne fût qu’une copie de Trivelin et de Scaramouche, il ne laissa pas de devenir en peu de temps, par son adresse et par son esprit, le chef de sa troupe, et de l’obliger à porter son nom. […] Son valet paraît plus étourdi que lui, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il veut faire… On est obligé de dire (et c’est principalement aux étrangers qu’on le dit) que le style de cette pièce est faible et négligé, et que surtout, il y a beaucoup de fautes contre la langue. […] « [*]L’affluence des spectateurs obligea les comédiens à faire payer, dès la seconde représentation, le double du prix ordinaire.

27. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Ma foi, Molière, dit-il encore, je vous suis obligé, car cette affaire-là m’embarrassait ; elle avait sa difficulté. […] La permission que Molière disait avoir de sa Majesté pour jouer sa pièce n’était point par écrit ; on n’était pas obligé de s’en rapporter à lui. […] Je travaille présentement sur un caractère, où j’ai besoin de telles scènes, faites-les, vous m’obligerez, et je me ferai honneur d’avouer un secours comme le vôtre. […] Mais ayant été malheureux de ce côté-là, il avait la prudence de n’en parler jamais qu’à ses amis ; encore fallait-il qu’il y fût indispensablement obligé. […] D’ailleurs sa santé était très faible, il était obligé de se ménager.

28. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Molière, obligé de se conformer au caractère général de la fête dans le choix de son sujet, n’avait pas cru pouvoir mieux faire que de l’emprunter au théâtre espagnol, dont la plupart des productions offrent un mélange remarquable de fierté castillane et de galanterie moresque. […] À considérer le fond du sujet, un jeune prince, obligé de feindre l’insensibilité, pour vaincre celle de la beauté qu’il aime, n’a rien de commun avec Louis XIV, faisant partager à mademoiselle de La Vallière, sans ruse et sans effort, la passion qu’il a conçue pour elle, et n’employant dans ses amours d’autre dissimulation que celle qui pouvait en dérober quelque temps le secret à des yeux jaloux, et en augmenter le charme par le mystère. […] De ces quatre Festin de Pierre, trois sont des modèles d’absurdité et de mauvais goût : un seul rachète l’extravagance obligée du sujet par des beautés du premier ordre, et ce fut celui de tous qui réussit le moins. […] Ces deux scènes, qu’on peut au moins dire hardies, excitèrent un tel déchaînement, que Molière fut obligé de les retrancher dès la seconde représentation.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Son valet Brighel paroît, il lui confie son secret & ses remords ; il a envie de tout découvrir au Docteur : Brighel lui représente qu’il seroit obligé de rendre quatre mille écus au Docteur, & les intérêts de la somme ; que cette restitution le ruineroit. […] Tant mieux : c’est m’obliger. […] Tant mieux : c’est m’obliger. […] Mes plus ardents respects n’ont pu vous obliger ; Vous avez voulu rompre, il n’y faut plus songer. […] D’ailleurs ce dernier n’interrompt qu’un misérable valet ; & Métaphraste, possédé par son démon babillard, ne respecte pas même le maître de la maison, qui, pour le faire taire, est obligé de l’épouvanter, en agitant à ses oreilles une énorme sonnette de mulet.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Mercure le menace de le rouer de coups s’il regarde seulement la porte, & il est obligé de retourner sur ses pas. […] Le Galant latin est un grivois à qui la belle Alcmene est obligée de dire : finissez donc, tenez vos mains tranquilles. […] Hâtons-nous, suis mes pas, & m’oblige à te croire, Faisant mes propres yeux témoins de cette histoire ; Par cette vue enfin je resterai confus. […]  Non, je ne te veux obliger Qu’à me rendre de tout un compte fort sincere Sosie. […] Faut-il qu’on soit obligé de rire d’une pareille folie ?

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

L’Auteur nous fait partir d’un point où il seroit obligé de nous traîner ; au lieu qu’en entrant dans la lice, nous voyons le but, nous y touchons presque. […] Point de milieu, elles sont toutes indécentes, comme George Dandin, & Amphitrion ; ou bien l’Auteur a été obligé d’appeller à son secours des personnages étrangers, & de se sauver par une double intrigue, comme Destouches, dans le Philosophe marié, & la Chaussée, dans le Préjugé à la mode.

32. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

« Je me sens obligé, dit-il, de désabuser le public de deux erreurs qui s’y sont glissées touchant cette tragédie, et qui semblent avoir été autorisées par mon silence. […] C’est une chose qui jusqu’à présent est sans exemple, et de tous ceux qui ont été attaqués comme moi, aucun, que je sache, n’a eu assez de faiblesse pour convenir d’arbitres avec ses censeurs : et s’ils ont laissé tout le monde dans la liberté publique d’en juger, ainsi que j’ai fait, ç’a été, sans s’obliger, non plus que moi, à en croire personne. […] « Je suis toutefois obligé d’avouer, pour rendre justice à ce que son auteur a de mérite, que cette pièce est un monstre qui a de belles parties, et que jamais l’on ne vit tant de si bonnes choses ensemble. […] Deux scènes après, lorsqu’elle a résolu de tenter tous les moyens pour obliger le prince à l’aimer, elle s’abandonne entièrement à la discrétion de ce valet et lui donne sa confiance, uniquement fondée sur ce qu’elle lui a entendu dire qu’il est familier avec le prince. […] Le cavalier est aussi obligé de tenir à la dame des propos de galanterie, et la dame pareillement doit, tant que le jour dure, faire semblant d’agréer sa tendresse.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Qu’on fasse voir à l’homme le plus hébêté le cinquieme acte de Rodogune, le quatrieme de Mahomet, le dernier de Sémiramis : il partagera malgré lui la situation des personnages ; il s’intéressera malgré lui aux événements : il frémira en voyant la coupe funeste passer des mains de Cléopatre sur les levres d’Antiochus : son cœur sera déchiré comme celui de Zopire quand Seide portera le coup mortel : Ninias sortant égaré, éperdu, du tombeau où il vient de poignarder sa mere, le fera frissonner & l’obligera à partager son trouble : & cette même Sémiramis qui revient percée de plusieurs coups mortels, lui arrachera des larmes. […] La complaisance que je suis obligé d’avoir pour une tante malade, me fait rester ici dans une étrange solitude.

34. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Outragée de ses reproches elle pleura, s’évanouit & obligea son mari qui avoit un grand foible pour elle à se repentir de l’avoir mise en cet état. […] Ma foi, Moliere, dit-il encore, je vous suis obligé, car cette affaire-là m’embarrassoit ; elle avoit sa difficulté. […] La permission que Moliere disoit avoir de Sa Majesté pour joüer sa Piece n’étoit point par écrit ; on n’étoit pas obligé de s’en rapporter à lui. […] Gassendi par de si bonnes raisons, que le Religieux fut obligé de s’y rendre par un troisiéme hom ! […] D’ailleurs sa santé étoit très-foible, il étoit obligé de se menager.

35. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Il se vit bientôt obligé d’interrompre ses méditations philosophiques pour entrer dans le monde. […] Au talent de bien rendre la pensée de l’auteur, le comédien était obligé de joindre celui d’improvisateur. […] Une société rivale, ne pouvant soutenir la concurrence, fut obligée de se dissoudre ; plusieurs de ses membres se réfugièrent dans les rangs des vainqueurs, où ils furent généreusement accueillis. […] Mais, ayant eu le malheur de tuer un cocher sur la route de Fontainebleau, il fut obligé de se sauver, et se retira en Hollande, où il s’engagea dans une troupe française qui appartenait au prince d’Orange. […] Après cet éclat, on fut obligé de les marier ; et, quoique Beauval eût alors très peu de talent pour le théâtre, Paphetin le reçut au nombre de ses acteurs.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Oui, ces beautés superficielles qui, n’allant au spectacle que pour y voir ou y être vues, sont bien aises d’y trouver une scene détachée qu’elles puissent écouter comme une ariette, sans être obligées de suivre la marche d’une piece ; ou ces nymphes qui, blasées sur l’amour par l’amour même, feignent cependant d’en avoir toute la vivacité, toute la délicatesse, & pensent le prouver en s’extasiant au seul mot de tendresse, en sautillant dans leur loge quand un acteur qui connoît leur foible, sautille sur les planches, & fait semblant d’appeller l’ame sur ses levres toutes les fois qu’il a besoin de respirer. […] Mais pour vous obliger bien plutôt à rougir. […] Cet aveu, qui me charme, en même temps m’afflige : A rompre un nœud fatal je sens que tout m’oblige : Mes feux méritent seuls d’obtenir tant d’appas.

37. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Sganarelle, qui va porter à Valère la déclaration d’amour, ensuite le billet, ensuite le conseil d’enlever Isabelle ; la scène quatorzième de ce deuxième acte, dans laquelle Sganarelle mène Valère devant Isabelle qui s’explique en sa présence sur ses véritables sentiments, et le trompe sous ses propres jeux ; l’acte qui finit par le dessein d ‘épouser le lendemain Isabelle, ce qui rompt tout ce qu’elle a fait, et oblige de recommencer la pièce au troisième acte, où le jaloux va lui-même chercher le notaire pour les unir ; la scène sixième où il sermonne Artiste ; enfin le dénouement qui est superbe, qui se tait par les soins du jaloux, qui satisfait tout le monde. […] La scène deuxième du premier acte, où Lubin fait confidence à George Dandin de son message pour sa femme ; la quatrième, où monsieur et madame de Sotenville font enrager leur gendre qui se plaint de leur fille ; la huitième, où George Dandin est obligé de demander pardon au galant de sa femme ; la scène septième du deuxième acte, où Lubin raconte de nouveau à George Dandin le rendez-vous de sa femme, et la dernière scène de la pièce, dans laquelle le malheureux mari est encore obligé de demander pardon à sa coquine de femme : voilà les scènes à étudier.

38. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Quand le jeune Pocquelin eut achevé ses études, il fut obligé, à cause de l’âge avancé & du peu de santé de son pere, d’exercer sa Charge de Tapissier Valet-de-Chambre pendant quelque tems, & même il fit le voyage de Narbonne à la suite de Louis XIII. […] Quoique son temperament très-délicat l’ait obligé de vivre de lait pendant plus de dix années, il restoit cependant quelquefois quatre & cinq heures à table avec les meilleurs convives & les plus grands buveurs, tandis qu’il n’avoit d’autre mets & d’autre boisson que son lait avec un peu de pain ou de biscuit. […] Moliere fut obligé de se servir quelquefois d’un plaisant un peu outré, pour attirer un certain monde, & le Peuple, qui venoit en foule apporter un argent très-necessaire à sa Troupe.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Il est cependant un écueil que je suis obligé de faire remarquer à ceux qui voudroient mettre le Misanthrope par air sur la scene. […] Un tel caractere n’a malheureusement que trop d’originaux ; mais plus malheureusement encore l’Auteur, qui ne pourroit pas toujours montrer au spectateur le masque de son héros, qui seroit obligé de lui en peindre l’intérieur & la fatuité, trouveroit la matiere épuisée par ses prédécesseurs qui n’ont cessé de mettre la fatuité sur la scene. […] Que je vous suis obligée, Monsieur ! […] il la pousse encor plus loin peut-être ; Et je n’en serois point surpris... car les noirceurs Qu’il essuya jadis de la part de ses sœurs, De tous ses obligés l’ingratitude extrême,   De ses ennemis les fureurs,   La perfidie & les horreurs  De ses amis... j’entends des gens qu’on aime, Enfin des trahisons de toutes les couleurs...

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Dupuis, déconcerté, est obligé de convenir qu’il ne veut pas marier sa fille : il a cependant une grande amitié pour Desronais : il lui offre sa table : il lui prête de l’argent pour acheter une charge, & pour calmer une fille à laquelle il a fait un enfant ; il le regarde enfin comme son gendre : mais ce n’est qu’à son dernier moment qu’il veut l’unir à sa fille. […] Dupuis a fait prier Desronais de descendre chez lui : mais, obligé de sortir pour une affaire, il recommande que Desronais l’attende. […] Très obligé : je n’ai point envie d’y retourner si-tôt. […] J’espere, Sire, que Votre Majesté considérera mon rang, & ne m’obligera point à l’épouser.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Moliere a su mettre ordre à tous ces inconvénients ; il a rendu sa fable vraisemblable, &, sur-tout, beaucoup plus piquante, en donnant un double nom au Seigneur Arnolphe, & en le faisant assez jaloux pour cacher sa maîtresse dans une maison éloignée de la sienne, crainte que les gens qu’il est obligé de recevoir chez lui ne voient Agnès & ne deviennent ses rivaux. […] Ma foi, c’est m’obliger que d’en user ainsi, Et je me réjouis de les avoir ici. […] A ne vous rien cacher de la vérité pure, J’ai d’amour en ces lieux eu certaine aventure ; Et l’amitié m’oblige à vous en faire part. […] « En vérité, je lui en suis fort obligée, répondit l’innocente Laure, & j’aurois son service fort agréable ; mais la maison est pleine de valets, & jusqu’à tant que quelqu’un d’eux s’en aille, je ne l’oserois recevoir en l’absence de mon mari : je lui en écrirai, si ce gentilhomme le souhaite, & je ne doute point que je n’en obtienne tout ce que je lui demanderai ». […] Lucinde vante elle-même sa vertu : elle est interrompue par une douleur subite qui l’oblige à se retirer, & l’on apprend aussi-tôt qu’elle vient de mettre au jour un enfant.

42. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Molière, en introduisant le bon goût sur la scène comique, n’avait pu en bannir entièrement le mauvais ; il était obligé d’encenser quelquefois l’idole qu’il voulait renverser. […] Despréaux qu’il ne favorisât pas ces bruits-là ; que autrement il l’obligerait à montrer sa misérable Scène de Caritidés, où il n’avait pas trouvé la moindre lueur de plaisanterie. […] Lélie Et qu’exigeant de nous ce funeste devoir, Il nous veut obliger d’épouser dès ce soir ? […] Le Portier se défendit pendant quelque temps ; mais enfin étant obligé de céder au nombre, il leur jeta son épée, se persuadant qu’étant désarmé, ils ne le tueraient pas. […] Molière, en introduisant le bon goût sur la scène comique, n’avait pu en bannir entièrement le mauvais ; il était obligé d’encenser quelquefois l’idole qu’il voulait renverser.

43. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Pour devancer les autres comme il a fait, il s’est cru obligé de prendre une autre route qu’eux. […] Si Tertullien a eu raison de soutenir que le théâtre est la seigneurie ou le royaume du diable, je ne vois pas ce qui nous peut obliger pour chercher le remède à notre hypocrisie et à nos fausses dévotions d’aller consulter Beelzebut, tandis que nous aurons des prophètes en Israël.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Mowbrai exhorte Belton à laisser là ses saluts & son chapeau, à se corriger en cessant d’être poli, à le tutoyer ; il lui promet Arabelle & son bien : la reconnoissance l’y oblige ; le pere de Belton l’a jadis empêché de faire une faillite, en lui prêtant généreusement cinquante mille écus. […] Hassan veut en racheter un pour célébrer l’anniversaire de son mariage : la reconnoissance l’y oblige, puisqu’un Chrétien lui a jadis rendu généreusement la liberté à Marseille. […] Non, lui dit le Génois, je vous ai rendu service sans intérêt, & je m’en crois déja trop bien payé : mais si vous vous croyez obligé à quelque reconnoissance, je vous prie de l’exercer dans votre patrie envers quelques-uns de ces malheureux Chrétiens qui y gémissent dans l’état d’où vous sortez.

45. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Ensuite, plusieurs auteurs, et Molière lui-même, ont été obligés de mettre en avant l’utilité morale, pour assurer le succès de leurs pièces, pour les défendre contre une critique hostile, ou même pour en obtenir la représentation6. […] Comment nier l’influence morale d’un spectacle qui, en animant les vices ou les vertus personnifiées, nous les fait voir avec la même émotion que nous causeraient des personnes vivantes ; qui, en répandant la grâce, sait nous séduire jusqu’à la passion, et, en déversant la moquerie, nous obliger à nous moquer malgré nous ? […] « Mon esprit se refuse à convenir que l’on doive condamner un écrivain pour avoir songé seulement à nous amuser et à nous intéresser, ni qu on puisse exiger que tous, partout et toujours, se considèrent comme ayant charge d’âme, obligés de nous moraliser. » Galien-Arnoult, Réponse au remerciement de M.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il dit que le maître d’Angélique, étant obligé de partir pour la campagne, l’a prié de donner leçon à sa belle écoliere pendant son absence. […] Mais enfin il force toute contrainte, & le transport de son amour l’oblige à lui parler ainsi : (Il chante.) […] Il est si malheureux qu’il ne peut y réussir, & qu’il est obligé de s’en donner lui-même. […] Les scenes de Boursault tiennent certainement mieux au sujet & servent davantage à l’intrigue que celles de Moliere ; elles ne pechent pas si fort contre la vraisemblance : elles sont d’ailleurs rendues très comiques par l’embarras de Crispin & les ruses qu’il est obligé de mettre en usage pour n’être pas découvert, au lieu que Toinette vient trop aisément à bout de son dessein.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Indépendamment de l’intrigue qui embellit cette scene, les différentes mines, les différents maintiens que l’acteur est obligé d’y prendre pour peindre les divers personnages qu’il représente, la mettent bien au-dessus de la scene de Moliere, & de l’italienne. […] Pour obliger le pere à financer, on lui dit que son fils est entre les mains des Turcs, & qu’ils vont le mener à Alger, s’il n’envoie au plutôt sa rançon : le mensonge est bien imaginé, il met le pere dans une position pressante ; aussi Scapin s’en sert-il. […] Scapin est obligé de lui faire remarquer qu’il n’a point donné d’argent. […] Et qu’exigeant de nous ce funeste devoir, Il nous veut obliger d’épouser dès ce soir ? […] Ils veulent obliger Phormion à rendre l’argent ; mais il ne sauroit, puisqu’il l’a donné à Phédria, qui a déja acheté sa chere esclave.

48. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Le portier se défendit pendant quelque temps ; mais enfin, étant obligé de céder au nombre, il leur jeta son épée, se persuadant qu’étant désarmé, ils ne le tueraient pas. […] Ma foi, Molière, dit-il encore, je vous suis obligé, car cette affaire-là m’embarrassait ; elle avait sa difficulté. […] La permission que Molière disait avoir de Sa Majesté pour jouer sa pièce n’était point par écrit ; on n’était pas obligé de s’en rapporter à lui. […] Mais ayant été malheureux de ce côté-là, il avait la pru dence de n’en parler jamais qu’à ses amis ; encore fallait-il qu’il y fût indispensablement obligé. […] Après cet éclat, on fut obligé de les marier, et, quelque peu de talent qu’eût Beauval pour le théâtre, Paphetin le reçut au nombre de ses acteurs.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Dès ce moment, voilà l’intrigue qui absorbe le caractere, & qui domine si fort dans la piece qu’on est obligé de l’annoncer dans le titre, en intitulant la comédie, la Mere Coquette ou les Amants brouillés. […] Tu m’obliges par-là plus que je ne puis dire.

50. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Thomassin (Tommaso-Antonio Vicentini), le fameux Trivelin du dix-huitième siècle, lorsque, valet de Don Juan, son maître l’obligeait à faire raison à la statue du commandeur, faisait la culbute, le verre plein à la main et retombait sur ses pieds sans avoir répandu une goutte de vin. Il faisait, en dehors, le tour des premières, secondes et troisièmes loges, exercice si périlleux que le public, tremblant pour la vie de cet acteur, l’obligea d’y renoncer.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Il ajoute que l’usage est à Barcelone de donner des fêtes dans lesquelles on tire des rubans au sort ; que le Cavalier qui a la couleur d’une Dame est obligé de lui dire des douceurs pendant toute la journée, & que la Dame est forcée d’y répondre. […] Je regrette encore beaucoup cette fête qui oblige le Prince à faire des déclarations amoureuses à la Princesse, qui force sur-tout la Princesse à les écouter, à répondre favorablement. […] Mais si Marivaux avoit conservé à sa Marquise le caractere de la premiere héroïne, il eût été obligé de faire de la dépense en sentiment, & tout le monde sait qu’il n’avoit que de l’esprit.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Ne voudriez-vous point, par vos belles sornettes, Monsieur mon frere aîné, car, Dieu merci, vous l’êtes D’une vingtaine d’ans, à ne vous rien céler, Et cela ne vaut pas la peine d’en parler ; Ne voudriez-vous point, dis-je, sur ces matieres, De vos jeunes muguets m’inspirer les manieres, M’obliger à porter de ces petits chapeaux Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux, Et de ces blonds cheveux de qui la vaste enflure Des visages humains offusque la figure ? […] Mais comme ledit prêteur n’a pas chez lui la somme dont il est question, & que, pour faire plaisir à l’emprunteur, il est contraint lui-même de l’emprunter d’un autre sur le pied du denier cinq, il conviendra que ledit premier emprunteur paie cet intérêt, sans préjudice du reste, attendu que ce n’est que pour l’obliger que ledit prêteur s’engage à cet emprunt. […] & n’est-il pas content du furieux intérêt qu’il exige, sans vouloir encore m’obliger à prendre pour trois mille livres les vieux rogatons qu’il ramasse ? […] le Chevalier la fait visiter, y trouve des papiers par lesquels il apprend que son Jumeau doit toucher soixante mille écus chez un Notaire nommé Robertin ; il profite de la ressemblance parfaite qui se trouve entre lui & ce frere ; va retirer une somme à laquelle il n’a aucun droit, puisqu’un oncle l’a laissée à l’autre Ménechme ; & au dénouement, lorsque le Ménechme frippon devroit être puni, & l’autre récompensé, il se trouve au contraire que le premier, pour prix de ses escroqueries, épouse sa jeune maîtresse, garde la moitié des soixante mille écus ; & que le dernier, à qui l’on ne peut reprocher qu’une honnêteté brusque, est obligé d’épouser la vieille Araminte, pour avoir la moitié de la somme qu’on lui a dérobée. […] Qu’ils tremblent d’être obligés de s’écrier comme George Dandin : Ah !

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. De la Vraisemblance. » pp. 434-445

C’est ma sœur qui m’oblige à sortir maintenant, Et qui, pour un dessein dont je l’ai fort blâmée, M’a demandé ma chambre, où je l’ai renfermée. […] De cette façon, il ne sera plus obligé de croire que Valere, toujours dans l’erreur, prend Léonore pour Isabelle.

54. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Le grand Alcandre, pour avoir le plaisir de voir madame de Montespan, allait plus souvent chez madame de La Vallière, et madame de La Vallière, se faisant l’application de ces nouvelles assiduités, en aimais davantage encore madame de Montespan… Mais enfin… elle s’aperçut bientôt de la vérité… elle se plaignit au grand Alexandre, qui lui dit qu’il était de trop bonne foi pour l’abuser davantage ; qu’il aimait madame de Montespan ; mais que cela n’empêchait pas qu’il ne l’aimait comme il devait, et qu’elle devait se contenter de ce qu’il faisait pour elle… Nouveaux pleurs, nouvelles plaintes… Mais le grand Alcandre n’en étant pas plus attendri, lui dit une seconde fois que si elle voulait qu’il continuât de l’aimer, elle ne devait rien exiger de lui au-delà de sa volonté ; qu’il désirait qu’elle vécût avec madame de Montespan comme par le passé, et que si elle témoignait la moindre chose de désobligeant à cette dame, elle l’obligerait à prendre des mesures. […] Elle me dit qu’elle louait Dieu de ce qu’il ne s’était trouvé chez elle que ses femmes, parce que s’il y avait eu des hommes, elle l’aurait fait jeter par les fenêtres ; qu’elle avait été obligée d’en avertir le roi, qui le faisait chercher pour l’envoyer en prison.

55. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Dans sa vie de comédien et de valet de chambre du Roi, le poète avait souffert bien des mépris; obligé de sacrifier son indépendance à sa gloire, de se créer de puissans protecteurs pour qu’il lui fût donné de lire des marquis et de stygmatiser les tartufes, il avait eu à subir le contact impur de la cour. […] Molière, qui eut quelque honte de se sentir si peu de constance pour un malheur si fort à la mode, résista autant qu’il put; mais, comme il était alors dans une de ces plénitudes de cœur si connues par les gens qui ont aimé, il céda à l’envie de se soulager, et avoua de bonne foi à son ami, que la manière dont il était obligé d’en user avec sa femme était la cause de l’accablement où il le trouvait.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Je vous suis obligée du petit compliment que vous me faites en passant. […] Mais mettez-vous donc dans l’esprit que je ne demande qu’à vous obliger, entendez-vous ? […] Faites-la plus jeune, loin de pouvoir enhardir la timidité d’un amant, elle doit elle-même être plus timide que lui ; ou du moins, victime des bienséances, elle est obligée à le paroître. […] Qui les oblige à donner des titres fastueux à des personnes dont les actions ne sont bien souvent rien moins que relevées ?

57. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Mais tel que soit mon Adversaire je lui suis très obligé de tout le bien qu’il dit de moi ; j’ai pourtant remarqué un peu de vivacité dans sa Critique ; et j’ai bien de la peine à croire qu’il m’attaque de sang-froid. […] Mais ce n’est pas là le sentiment de mon Censeur : Je suis donc obligé de lui dire que je n’ai point fait la Vie de-Molière, comme Comédien, mais comme Auteur : Et le mérite qu’il s’est acquis par ses Ouvrages exige de l’estime ; c’est à ce sentiment qu’il faut s’en tenir pour rendre ce que l’on doit à sa mémoire. […] Le repos à la rime, ou à la césure, si la ponctuation n’y oblige, confond le sens de l’Auteur. […] Mais mon Censeur examine peu ; je suis toujours obligé de le dire.

58. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Obliger sans cesse le spectateur à mépriser des tètes respectables, et à rire sans pitié des Gorgibus 671, des Pandolfe, des Anselme 672, des Albert, des Polidore 673, des Alcantor 674, des Sganarelle 675, des Géronte 676, des Orgon 677, des Sotenville 678, des Harpagon 679, des Oronte 680, des Jourdain 681, des Argante 682, des Chrysale 683 et des Argan 684 l’en a-t-il un seul qui ne soit ou tyrannique, ou égoïste, ou avare, ou lubrique ; ou qui, s’il a quelques qualités, ne les gâte par des défauts toujours ridicules, souvent honteux ? […] Et on se trouve exercer une influence funeste, dont on est responsable, à Dieu toujours, et quelquefois aux hommes, quand on oublie, comme don Juan, que noblesse oblige 740. […] Plaute a bien mis sur la scène des vieillards débauchés, des pères rivaux de leurs fils : mais il se croyait obligé de s’en excuser publiquement :   Hi senes, nisi fuissent nihili jam inde ab adolescentia,   Non hodiè hoc tantum flagitium facerent canis capitibus, etc.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Monsieur, je vous suis fort obligé. […] Bannissez les monologues, Mascarille, qui n’a point de confident, sera obligé de dire sur le théâtre à son vieux maître toute l’histoire de son fils.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Et quoiqu’il arrive assez souvent des occasions importantes qui obligent d’agir durant la nuit, cela est extraordinaire ; & quand on veut établir des regles, il les faut toujours prendre sur ce qui se fait le plus communément & dans l’ordre ». […] Vous en pouvez être soulagée ; Mais, pour guérir à fond votre mal, Je crois que vous serez obligée D’aller prendre à la fin l’air natal.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Monsieur, je vous suis fort obligé. […] Nous vous sommes, Monsieur, infiniment obligés. […] La Comtesse se persuade que tout le monde l’aime ; mais elle a quelque sujet de le croire, puisque le Marquis lui fait sa cour publiquement, & que le Joueur lui a fait sans doute quelque déclaration dans le besoin urgent ; il dit lui-même, en ce cas je pourrois rabattre sur la veuve la Comtesse sa sœur : & cette différence seule la rend bien moins comique que Bélise, à qui Clitandre est obligé de dire, je veux être pendu si je vous aime, sans qu’elle soit détrompée.

62. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Ces ressorts aident le poète à hâter sans invraisemblance la liaison des cœurs qu’il est obligé d’unir en quelques scènes ; et pourtant, ce court espace lui suffit aussi.pour montrer que l’amour vrai est l’amour des âmes, faites par Dieu avec le tendre et noble penchant de se donner tout entières à des âmes dignes d’elles. […] Molière était obligé d’en demeurer aux termes de la comédie, et l’art même lui défendait de mettre sur la scène autre chose que les lettres de Célimène et les avances mielleuses d’Arsinoé 470 ; mais pourtant, quand il montre la jeune coquette refusant d’aller ensevelir dans un désert ses fautes et son repentir471, il laisse deviner la vie qu’elle mènera dans v le monde : Peut-être avant deux ans,...... […] Bien plus, il la voulait jusque dans le langage parlé par l’amour, et il repoussait, autant par cœur que par goût, le style faux que l’on croyait alors le style obligé de la passion.

63. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Molière ne fît donc que se conformer au goût du public et à l’usage établi, en composant ces espèces d’atellanes où, sans s’écarter de la trivialité obligée du genre, il mit du moins une bouffonnerie plus ingénieuse que celle des farces tant vantées alors de Guillot-Gorju de Gauthier-Garguille.

64. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [43, p. 73-77] »

Ma foi, Molière, je vous suis obligé ; car cette affaire-là m’embarrassait, elle avait sa difficulté.

65. (1739) Vie de Molière

Son père étant devenu infirme et incapable de servir, il fut obligé d’exercer les fonctions de son emploi auprès du roi. […] Cette salle est aussi mal construite que la pièce pour laquelle elle fut bâtie ; et je suis obligé de remarquer à cette occasion, que nous n’avons aujourd’hui aucun théâtre supportable ; c’est une barbarie gothique, que les Italiens nous reprochent avec raison. […] La populace, qui ne connaissait dans Molière que le comédien, et qui ignorait qu’il avait été un excellent auteur, un philosophe, un grand homme en son genre, s’attroupa en foule à la porte de sa maison le jour du convoi : sa veuve fut obligée de jeter de l’argent par les fenêtres ; et ces misérables, qui auraient, sans savoir pourquoi, troublé l’enterrement, accompagnèrent le corps avec respect. […] Non seulement j’ai omis dans cette vie de Molière les contes populaires touchant Chapelle et ses amis ; mais je suis obligé de dire, que ces contes adoptés par Grimarest, sont très faux. […] On est obligé de dire (et c’est principalement aux étrangers qu’on le dit) que le style de cette pièce est faible et négligé, et que surtout il y a beaucoup de fautes contre la langue.

66. (1735) Moliere (Supplément au Grand Dictionnaire historique) « MOLIERE, (Jean-Baptiste Poquelin) poëte comique, etc. » p. 82

Cependant son père étant devenu infirme, il fut obligé d’exercer les fonctions de son emploi auprès du roi Louis XIII qu’il suivit dans son voyage de Narbonne en 1641.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Je ne m’étonne plus si sa foible santé L’oblige à renoncer à la société ; Et si, toujours livrée à sa mélancolie, Dans son appartement elle passe sa vie. […] L’attention que le spectateur est obligé d’avoir pour s’instruire de l’avant-scene, & retenir des faits auxquels il ne s’intéresse pas encore, est une espece de travail pour lui : il y consacre volontiers tout le temps que dure le premier acte ; mais ce temps une fois passé, il ne veut plus que recueillir le fruit de son application : toute nouvelle exposition le choque & le fatigue. […] Un parti qui causa quelque émeute civile, Dont il fut seulement soupçonné dans sa ville, (De fait, il n’est pas homme à troubler un Etat) L’obligea d’en sortir une nuit sans éclat.

68. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Pour trouver des expressions qui en fassent sentir la haute moralité, on ne peut que citer Molière lui-même, quand il fut obligé d’implorer la puissance royale pour obtenir le droit de dire tout haut qu’un hypocrite est un scélérat et qu’un tartuffe est un sacrilège : J’ai mis tout l’art et tous les soins qu’il m’a été possible pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot ; j’ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat ; il ne tient pas un seul moment l’auditeur en balance ; on le connaît d’abord aux marques que je lui donne ; et d’un bout à l’autre il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractère d’un méchant homme, et ne fasse éclater celui du véritable homme de bien que je lui oppose772. […] Les mêmes sentiments expliquent ses railleries contre les superstitions dont le mélange fâcheux déshonore la religion, railleries qui ne furent point comprises d’abord et le firent accuser d’irréligion, si bien qu’il fut obligé de supprimer ce curieux passage du Festin de Pierre : SGANARELLE Voilà un homme que j’aurai bien de la peine à convertir. […] On aura accusé Molière d’avoir parodié l’Oraison dominicale, et il se sera vu obligé de remplacer un vers admirable par un mauvais vers.

69. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Il est ennemi de la flatterie... et je suis persuadé que s’il eût été amoureux de quelque dame, qui eût eu quelques légers défauts ou en sa beauté ou en son esprit, ou en son humeur, toute la violence de sa passion n’eût pu l’obliger à trahir ses sentiments. » Si l’on en croit Tallemant des Réaux, Mme de Rambouillet, sa belle-mère, elle-même, aurait fait de Montausier ce portrait peu flatteur : « Il est fou à force d’être sage. […] De bonne foi, cet homme de bien qui est allé se fourvoyer dans le salon d’une Célimène, ce cœur honnête et profondément épris, obligé de prendre ombrage de jeunes fats, n’est-ce pas Molière qui a dévié de la ligne de son bonheur en aimant, en épousant une incorrigible coquette ? […] Taschereau, « qu’il n’est pas permis d’attribuer au hasard la similitude de la position de Molière et de sa femme avec celle d’Alceste et de Célimène 45. » Oui, tous ces souvenirs, évoqués de la vie intime du poëte, se pressent dans notre esprit, et nous obligent à trouver ici des allusions personnelles, l’histoire de son cœur.

70. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Moliere représentoit ce personnage, & par conséquent il fut obligé dans l’une des Scênes à faire le mort. […] La Moliere outragée de ses reproches, pleura, s’évanouït, & obligea son mari qui avoit un grand foible pour elle, à se repentir de l’avoir mise en cet état.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Si je n’avois pas d’armes assez fortes pour combattre les ennemis des aparté, je pourrois alléguer que le spectateur va à la comédie dans le dessein de se prêter aux aparté, ainsi qu’aux différentes illusions qu’il est obligé de se faire pour sa propre satisfaction ; comme de prendre une toile pour une ville, pour un jardin, pour un palais magnifique ; une actrice vieille & laide pour Vénus, ou l’une des Graces ; un tel comédien pour un héros en tendresse, en délicatesse, en bravoure ; & Mademoiselle une telle pour une Agnès, tandis que, malgré son énorme panier, nous voyons clairement le contraire. […] Theuropide donne dans le panneau, lorsque nos libertins font grand tapage dans la maison, & obligent Tranion à dire dans un aparté ce qui suit : Je suis perdu !

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Alors l’action est conduite à sa fin par l’éclat que doit faire nécessairement la tromperie de Jupiter ; & ce Dieu est obligé de se découvrir aux dépens mêmes de l’honneur d’Alcmene. […] Laura revient, annonce que son pere vouloit lui apprendre seulement qu’il seroit obligé d’aller en campagne le lendemain.

73. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Mais il arriva que des affaires importantes obligèrent le capitaine de se rendre à Naples. […] Le capitan oblige Flaminio, en vertu de l’engagement d’honneur qu’il a pris, à demander pour lui la main d’Ortensia à Pantalon.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Il en est de même lorsque la lunette appelle, pour ainsi dire, la façade d’un palais éloigné, & l’oblige à se présenter devant moi.

75. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Le grand-père ayant pris la parole à son tour, le père fut obligé de se rendre, et il consentit, après quelques explications, à l’envoyer comme externe au collège des Jésuites. […] Son grand-père était mort il y avait trois ans déjà; son père se trouvant infirme, il fut obligé d’exercer pendant quelque temps sa charge de tapisssier-valet de chambre du roi, et d’accompagner Louis XIII à Narbonne. […] Ma foi, Molière, dit-il encore, je vous suis obligé, car cette affaire-là m’embarrassait; elle avait sa difficulté. […] Molière, toujours plus tendre et plus expansif à la campagne, lui avoua que ce chagrin lui venait d’être obligé de vivre éloigné de sa femme et de ne pouvoir s’en faire aimer. […] N’est-ce pas l’histoire de Molière lui-même, obligé de danser malgré ses chagrins, d’organiser des ballets et des fêtes pour le roi ?

76. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Réussite obligée de cette pièce. […] Il fut même, dit-on, surpris en tendre conversation, et obligé, pour échapper à de mauvais traitements, de sauter par une fenêtre. […] Le dénouement fut rare ; M. de Montausier, charmé du Misanthrope, se sentit si obligé qu’on l’en eût cru l’objet, qu’au sortir de la comédie il envoya chercher Molière pour le remercier. […] Molière obligé de s’interposer entre sa femme et Baron ! […] Cela obligea les quatre hommes de le lâcher et de s’enfuir.

77. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Elle eut un succès extraordinaire ; dès la seconde représentation, les comédiens furent obligés de doubler le prix des places, pour diminuer l’affluence des spectateurs qui était excessive, et cette vogue se soutint pendant quatre mois de suite. […] Loin d’en tirer vanité, Molière s’en excuse : s’il n’a fait que des portraits au lieu d’un tableau, des scènes au lieu d’une comédie, ce ne fut pas par choix, mais par nécessité, c’est parce qu’il fut obligé de composer et de faire jouer une pièce en moins de temps qu’il ne lui en eût fallu seulement pour imaginer le sujet d’une véritable action dramatique. […] Il lui confia donc la scène de Caritidès ; mais Chapelle l’exécuta si froidement que Molière n’en put conserver un seul mot et fut obligé de la refaire en entier.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Outre le froid insupportable qu’il jette par là dans l’action, je crois voir le peintre d’un tableau informe obligé de mettre au bas de la toile le nom de toutes les choses qu’il a voulu peindre.

79. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Enfin une qualité essentielle au caractere, c’est qu’il se soûtienne ; & le poëte est d’autant plus obligé d’observer cette regle, que dans le tragique ses caracteres sont, pour ainsi dire, tous donnés par la fable ou l’histoire. […] Alors les confreres de la passion, obligés de quitter leur salle, choisirent un autre lieu pour leur théatre ; & comme ils avoient fait des gains considérables, ils acheterent en 1548 la place & les masures de l’hôtel de Bourgogne, où ils bâtirent un nouveau théatre. […] Les accroissemens de Paris ayant obligé les comédiens à se séparer en deux bandes ; les uns resterent à l’hôtel de Bourgogne, & les autres allerent à l’hôtel d’Argent au Marais. […] ) Chez les Romains, les comédiens étoient dans une espece d’incapacité de s’obliger, tellement que quoiqu’ils se fussent engagés sous caution, & même par serment, ils pouvoient se retirer. […] Plaute (Marcus Actius Plautus), né à Sarsine ville d’Ombrie, ayant donné la comédie à Rome, immédiatement après les satyres qui étoient des farces mêlées de grossieretés, se vit obligé de sacrifier au goût regnant.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

il y auroit dévoilé toutes les finesses de son art en grand homme, c’est-à-dire comme il les sentoit ; nous y aurions appris à connoître les détours d’un labyrinthe si compliqué, où les plus grands Maîtres, & l’inimitable Moliere lui-même, se sont égarés : il nous auroit indiqué les fautes qu’il avoit faites avant de connoître la profondeur de son art, & celles qui n’étoient qu’une suite de cette précipitation avec laquelle il étoit quelquefois obligé de travailler ; ainsi ses imperfections mêmes auroient contribué à lui faire des successeurs dignes de lui. […] Les jeunes Auteurs me feroient, sans contredit, honneur s’ils mettoient sur notre scene les histoires ou les sujets des comédies étrangeres que je rapporterai dans le courant de cet ouvrage ; cependant je me crois obligé de les avertir que j’ai tiré parti de ce qui m’a paru plus propre à notre théâtre, peut-être avec moins d’art qu’ils ne le feroient ; mais je pourrois les gagner de vîtesse, & cela seroit désagréable pour eux.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Dorénavant je serai obligé de vous faire une trentaine de blancs signés, que vous remplirez de vos comptes, afin de n’avoir plus la tête rompue de ces balivernes. […] Madame Béverley la rassure sur ce dernier article, & regrette peu son ancienne fortune pourvu que le Ciel lui conserve son époux : rien ne lui manque dans sa maison quand elle y voit Béverley ; & son fils, obligé de valoir, en vaudra mieux.

82. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

La jeune troupe, obligée de lutter contre la mise en scène splendide du Petit-Bourbon, et contre les grandes pièces de l’hôtel de Bourgogne, Rodogune de Pierre Corneille, Jodelet ou le Maître-Valet de Scarron, La Sœur de Rotrou, ne faisait pas fortune. […] — Je vous avais dit, Monsieur, lui répondis-je, que la reine me l’avait dit ; mais que les circonstances avec lesquelles elle me l’avait dit m’obligeaient à avertir Votre Altesse Royale qu’elle n’y devait faire aucun fondement.”

83. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Je n’en sais rien, et je suis obligé de m’en rapporter là-dessus à un poète, peut-être mal renseigné, qui fait ainsi parler l’une d’entre elles, au moment de s’endormir : … Ah ! […] Célimène est jeune, elle a vingt ans, ou peut-être un peu plus, car on n’est pas obligé de la croire tout à fait sur parole. […] Il est bien obligé de représenter leurs défauts, puisqu’enfin elles en ont, et que les défauts sont avec les ridicules la propre matière de la comédie. […] Un article du testament paternel oblige sa pupille à l’épouser ; mais il n’a pas dessein de la contraindre ; il la laisse libre dans son choix, et l’affection de Léonor le récompense de son indulgence et de sa bonté.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Il présente Léonor au premier en qualité d’épouse, & l’oblige à lui promettre sa foi. […] Il prouve qu’il est obligé de partir pour se rendre auprès de son pere. […] Léonor craint que Don Garcie son amant ne soit obligé de se couper la gorge avec Don André ou Don Juan : pour prévenir ce malheur, elle lui fait ordonner par sa suivante d’aller l’attendre chez Clarice. […] Il prend un appartement chez le pere de sa belle, pour tâcher de la séduire : mais ses efforts sont vains, le cœur de la jeune personne est tout ce qu’il peut gagner ; & pour étendre ses conquêtes plus loin, il est obligé de parler de mariage.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

L’Auteur est obligé de faire venir un valet-de-chambre qui annonce la mort d’un oncle, & d’amener la jalousie d’un rival qui ne veut plus épouser Aurora.

86. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Cependant son pere étant devenu infirme, il fut obligé d’exercer les fonctions de son emploi auprés du roi Louis XIII, qu’il suivit dans son voyage de Narbonne en 1641.

87. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Mais parfois il est peu naturel, comme dans le cinquième acte du Mariage, où, pour se duper les uns les autres, les acteurs sont obligés de contrefaire leur voix. […] En effet, des employés, des artisans, des boutiquiers pour mieux afficher sans doute leur libéralisme, se croient obligés assombrir leur physionomie et de porter la moustache. […] Molière le place encore dans une position difficile, celle de se montrer reconnaissant et généreux envers une personne dont il est l’obligé. […] Cette distance l’obligeait à ne parler qu’en levant la tête, et ses gestes pouvaient prendre dès lors, on le conçoit, tout le développement possible. […] Le regard sévère d’Elmire l’oblige bien de temps en temps à quelques réticences hypocrites, comme celle-ci : Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature...

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

N’est-il pas à présumer que les Auteurs, gênés par les ordres rigoureux des Magistrats, & obligés d’abandonner les caracteres particuliers, se jetterent dans l’intrigue, & composerent les pieces imitées depuis par les Romains, & qui ne leur sont parvenues que parcequ’elles étoient plus modernes.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

S’il faut que d’intérêt quelque affaire se passe, Fût-ce veuve, orphelin : point d’accord, point de grace ; Et, pour peu qu’on me choque, ardent à me venger, Jamais rien au pardon ne pourra m’obliger.

90. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

C’est le but que nous nous proposons dans cette étude ; mais, pour l’atteindre, nous serons obligé de faire un assez long circuit ; comme nous passerons par des sentiers peu connus au moins du grand nombre des lecteurs, nous espérons qu’ils ne feront pas de difficulté de nous suivre.

91. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Il a fait bien plus, il m’a tellement persuadé, que je crois qu’un bon père de famille est obligé en conscience de faire banqueroute au moins une fois en sa vie, pour l’avantage de ses enfants. […] On sait trop bien dans Paris que vous avez de l’argent par-dessus les yeux, et qu’au lieu d’emprunter, vous prêtez à tout le monde : mais quelquefois, pour obliger, on se fait violence.

92. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Mais si les alexandrins nous ont paru peu favorables à l’expression du pathétique, c’est déjà une chose comique en soi, que de voir un vers tellement symétrique par sa nature, obligé de s’adapter de force aux tours familiers de la conversation. […] Comme on a été obligé, pour que les rôles des Sganarelle, des Mascarille, des Scapin et des Crispin ne perdissent pas entièrement leur physionomie, de conserver leurs costumes, ils sont maintenant devenus tout à fait surannés. […] On conçoit bien que le voleur, sera obligé de faire restitution, car sans cela la pièce finirait trop lamentablement par les plaintes et les malédictions du vieillard. […] Destouches était un auteur modéré, tranquille, parfaitement honnête dans ses vues, qui composait avec beaucoup de tension d’esprit des comédies régulières, où il ne se serait pas dispensé des cinq actes, et où à l’exception de la gaîté obligée de Lisette et de Frontin, il n’y a rien de bien plaisant.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Dans le même acte, Elmire, qui, tandis que son époux est sous la table, veut obliger Tartufe à se trahir lui-même, lui fait des avances qui ne sont rien moins que décentes, quoiqu’on connoisse bien le motif qui les fait faire.

94. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Acteur par vocation dès l’adolescence, bientôt directeur responsable d’une troupe ambulante, improvisateur de farces, de pièces appropriées au besoin du moment ; puis, une fois établi à Paris, obligé de défendre son théâtre contre la jalousie de l’hôtel de Bourgogne ; sa vie privée contre la calomnie, venimeuse, acharnée ; ses idées contre des attaques véhémentes ; chargé de divertir le plus autoritaire des souverains et non le moins exigeant, Molière suffit à tout, à force d’énergie, lutta jusqu’au bout, quoique malade et rongé de soucis, mourut enfin à son poste en jouant le rôle d’Argan sur cette scène qu’il avait tant aimée. […] Vous n’avez consulté pour cela que mon père et ma mère : ce sont eux proprement qui vous ont épousé ; je prétends n’être point obligée à me soumettre en esclave à vos volontés. […] Cléante se défend de donner dans le libertinage, mais nous verrons que la religion qu’il admire n’oblige en somme les humains qu’à bien vivre et ne s’appelle catholicisme que par occasion.

95. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Bayle qui, dans ses articles de critique historique, a souvent été obligé de les employer, fut accusé d’obscénité par Jurieu.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Je vous suis fort obligé : me voilà beaucoup plus incertain que je n’étois. […] Parceque Granger, qui connoît l’amour de son fils pour Génevote, doit nécessairement se douter du tour qu’on lui joue, & qu’il n’est pas dans la nature qu’il signe réellement, tandis qu’il pourroit se contenter de le feindre ; c’est tout ce qu’un acteur de comédie est obligé de faire : au lieu que Sganarelle, ne connoissant pas le faux Médecin pour l’amant de sa fille, ne doit pas se méfier de lui : remarquons même qu’il ne signe réellement que lorsque Lucinde l’a pressé de signer.

/ 209