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18. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Bientôt, arrivant à des points plus sérieux et renonçant à la badinerie, l’auteur accuse ouvertement Molière de tenir école de libertinage et de faire de la majesté divine le jouet d’un maître et d’un valet de théâtre, « d’un athée qui s’en rit et d’un valet qui en fait rire les autres ». […] Il fallait réprimer l’insolence du maître et du valet et réparer l’outrage qu’ils faisaient à la majesté divine ». […] … Apprenez de moi qui suis votre valet que le ciel punit tôt ou tard les impies, qu’une méchante vie amène une méchante mort et que… — Don Juan. […] Qui ne voit que ce jeu de théâtre a précisément pour objet de permettre à don Juan de se tirer de la dialectique de son valet par un sot quolibet ? […] Il l’est d’autant moins que la mort d’un maître riche ne pouvait en aucune façon mettre en péril les gages d’un valet.

19. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Les vieillards, les valets prenaient les masques de Pantalon, de Brighelle ou d’Arlequin, et la pièce recommençait à chaque fois avec toutes les complications et toutes les cascades (cascate, le mot est dans La Supplica de Beltrame) que le genre comportait. […] Les valets rusés, dont la création appartient au théâtre antique, ont tous un air de famille. Les valets balourds et poltrons en arrivent de bonne heure à se ressembler sur les deux scènes comiques : ainsi le Zucca de L’Interesse (l’Intérêt ou la Cupidité), comédie régulière de Nicolo Secchi, Zucca qui est devenu le Mascarille du Dépit amoureux, était un véritable Arlequin poltron et balourd dont Molière n’a pas complètement effacé les traits, tandis que le Mascarille de L’Étourdi n’était autre, comme on le verra plus loin, que le rusé Scappino, le Scapin-modèle emprunté à Beltrame, l’un des plus fameux artistes et écrivains de la commedia dell’arte. […] Elle vient, comme les valets ses camarades, en droite ligne des esclaves cyniques de la comédie latine. […] Aux vantardises de ce dernier, à ses vaines prouesses accomplies le ventre vide, à son amour de la gloire, on opposa l’amour de la cuisine, l’appétit héroïque, le ventre rebondi de son valet.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Son valet Fabrice lui représente que ce n’est pas bien à lui d’aller sur ses brisées. […] Son valet l’Olive & lui se déguisent, se présentent & sont reçus. […] Votre valet, Madame Agathe. […] pargué, cet amoureux de Colette & son valet Monsieu de l’Epine. […] N’est-ce pas là le valet de ce houberiau qui fait l’amoureux de ma chere Colette ?

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Qui livre-0t-on sur la scene à la merci des valets ? […] Il en est ainsi des tours de nos valets. […] Point du tout : Démocrite n’a avec sa maîtresse que deux petites scenes très maigres ; encore son valet Strabon partage-t-il avec lui les frais de la conversation. […] Eraste est un aigrefin qui, de l’aveu de son valet Crispin, ne possede pas un double. […] Valentin, valet du Chevalier, prend la valise de ce frere pour celle de son maître.

22. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Les personnages de la comédie de l’Arétin sont : Liseo, vieillard, chef de famille ; sa femme Maia, ses cinq filles, ses gendres et les amoureux de ses filles, un frère jumeau Brizio, et des valets. […] Après lui avoir offert une collation, Liseo le fait reconduire par ses valets. […] BRIZIO, à Tanfuro son valet. […] Une égale débilité d’esprit caractérise les deux chefs de maison, et les valets de Liseo n’ont pas l’œil moins clairvoyant ni la parole moins impertinente que la servante Dorine.

23. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Ainsi vous avez Pantalone de’ Bisognosi, Vénitien, avec sa fille Isabelle, son fils Oratio, son valet Pedrolino et sa servante Franceschina. Vous avez, d’autre part, Zanobio ou Cassandro ou le docteur Gratiano Forbisone avec sa fille ou sa femme Flaminia, son fils Flavio ou Cinthio, son valet Arlequin, sa servante Ricciolina ; puis le capitan, Burattino, valet du capitan ou hôtelier ou jardinier, et la vieille Pasqualina. […] Après un certain laps de temps, il revient avec le capitan, son ami, dont il se fait passer pour le valet. […] Elle lui donne un rendez-vous et s’arme d’un poignard pour satisfaire sa vengeance ; mais le prétendu valet du capitan, qui a assisté à ces différentes scènes et qui s’est convaincu de l’injustice de ses soupçons, se démasque.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Eraste interroge le valet de son rival. […] D’un autre côté le valet de Valere avoue à Polidore que son fils est marié secrètement avec la fille d’Albert. […] Le maître se laisse persuader par l’éloquence de son valet, & lui recommande de veiller sur le faux Fédéric. […] Il sort & laisse son amant sur le théâtre, qui raconte à son valet Arlequin une dispute qu’il a eue avec Silvio son frere. […] Le cabaretier & le crocheteur avertissent Célio de l’indiscrétion de son valet.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Il est votre valet. […] Il est votre valet. […] Non, je suis le valet, & vous êtes le maître : Il n’en sera, Monsieur, que ce que vous voudrez. […] Voilà comme un valet montre pour nous du zele ! […]  Il faut être, je le confesse, D’un esprit bien posé, bien tranquille, bien doux, Pour souffrir qu’un valet de chansons me repaisse.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Lélie est amoureux de Célie ; son valet Mascarille favorise sa passion : tous deux veulent enlever la belle esclave des mains de Trufaldin. […] L’Olive, valet de M. […] Mais dans le Grondeur, où les fourberies du valet n’ont aucun rapport avec la mauvaise humeur du maître, ou la mauvaise humeur du maître n’a pas le moindre rapport avec les fourberies du valet, je défie qu’ils puissent se faire valoir mutuellement : tout au contraire.

27. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Sans doute, il blâme les mœurs de don Juan ; mais pourtant il le présente séduisant, héroïque, et ne lui donne pour contradicteur qu’un valet absolument ridicule223. […]   Qui ne condamnera, au point de vue moral, toute la longue comédie de l’Etourdi 232, où, d’un bout à l’autre, l’auteur étale la conduite d’un fils débauché, doublé d’un valet digne des galères233, travaillant ensemble, de la façon la plus plaisante du monde, à duper et à voler un vieux père et son vieil ami234 ? […] Il n’est pas besoin de donner des explications sur la nature et l’humanité de ce valet philosophe. […]   On peut mettre en avant l’excuse que, tout en nous réjouissant par le triomphe des fourbes et des coquins, Molière nous les présente spirituels, mais coquins ; risibles, mais coquins ; bienveillants, dévoués même à leurs heures, mais toujours coquins ; en sorte qu’on ne sort guère de ce spectacle avec une grande estime pour eux, ni un grand désir d’avoir un valet comme Mascarille, Sbrigani ou Scapin. […] Tous ces entremetteurs infâmes, tous ces valets, âmes damnées du vice et de la débauche, travaillent cependant à des causes justes, nobles, touchantes ; ils sont tendres, compatissants, désintéressés ; ils ont un esprit qui touche au génie : cela est faux dans la réalité.

28. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [77, p. 118-119] »

Il avait un valet, espèce de lourdaud qui était chargé de ce soin. […] Aussitôt ce valet le prend par le haut, et en dépouillant la jambe de son maître, met ce bas à l’endroit : mais comptant ce changement pour rien, il enfonce son bras dedans, le retourne pour chercher l’endroit, et l’envers revenu dessus, il rechausse Molière.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Dorante raconte à Cliton, son valet, les circonstances & la suite de son combat, en ces termes : ACTE IV. […] Dans le Dépit Amoureux de Moliere, Mascarille, valet de Valere, déclare à Polidore, pere de son maître, le mariage secret qu’a fait son fils. […] Celui-ci ne sait pas qui peut le trahir : il se doute que c’est son valet, & pour le lui faire avouer, il prend le parti de feindre. […] Il sait encore que George Dandin a envoyé Colin chez M. de Sotenville, & il peut se douter que le maître paroîtra au lieu du valet.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Après avoir prouvé qu’une piece intriguée par un seul intrigant est meilleure & mérite plus de gloire à l’Auteur que celle où il y en a deux, on désapprouvera surement ces comédies compliquées, dans lesquelles les maîtres & les valets entremêlent leurs fourberies. Le spectateur ne sait jamais à quel intrigant il a l’obligation du succès ; & l’Auteur, embarrassé pour nuancer leurs rôles, ou ne met aucune différence entre eux, on ne différencie celui du valet que par un jargon bas & affecté, tout-à-fait ridicule. […] Angélique, Léandre, Oronte, la Montagne, ont tous le même caractere d’intrigue : leurs ruses ont la même tournure ; & il n’y auroit aucune différence entre les maîtres & les valets, sans les termes burlesques & les fades équivoques que Thomas Corneille met dans la bouche de la Montagne.

31. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Il y a des détails agréables et ingénieux, et de bonnes plaisanteries : telle est celle d’un valet fripon à qui l’on donne un diamant pour déposer que le mari de la Mère coquette est mort aux Indes, quoiqu’il n’en soit rien. […] Les deux jeunes amants, Isabelle et Acante, sont un peu brouillés par de faux rapports de valets que la Mère coquette a gagnés. […] La pièce, qui a cinq actes, pourrait finir au troisième : il y a un rôle de père d’une crédulité outrée, et la scène du valet déguisé en médecin est une charge trop forte. […] Cette pièce fort médiocre ne demandait aucune connaissance des anciens, et Baron pouvait être l’original de Moncade, fat assez commun, que quelques femmes ont gâté, et qu’un valet copie à sa manière. […] Mais le Retour imprévu (dont le sujet est tiré de Plaute), quoique fondé aussi sur les mensonges d’un valet, est ce que nous avons de mieux en ce genre.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Eraste arrive au rendez-vous en pestant contre un fâcheux qui l’a retenu long-temps ; il craint d’avoir manqué l’heure indiquée, lorsqu’il voit Orphise accompagnée d’un inconnu : il la salue ; elle feint de ne pas le voir : il est piqué de cette marque de mépris ; il ordonne à la Montagne, son valet, de suivre l’infidelle ; il se livre seul à ses réflexions jalouses, quand Léandre vient fort mal-à-propos chanter & danser devant lui une courante de sa composition, & sur laquelle il est bien aise de savoir son avis. […] Quelques valets d’Eraste entendent les projets du tuteur, fondent sur lui : leur maître se trouve là très à propos pour sauver les jours de son ennemi, qui, vaincu de son côté par cette action généreuse, lui accorde la main d’Orphise. […] Dans le Mercure galant le héros ou son valet s’amusent aux dépens des divers personnages qui se succedent sur la scene ; le spectateur n’y rit que de leurs ridicules : ici la chose est bien différente, chaque fâcheux empêche Eraste ou d’aller joindre une maîtresse adorée dont il est attendu avec impatience, ou de s’informer si elle lui est réellement infidelle, ou de s’excuser d’une perfidie dont on l’accuse. […] Eraste, à son valet.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

accordez-vous donc ; & lorsqu’il y a des fourberies à mettre sur la scene, permettez qu’on les fasse faire par ceux qu’elles ne dégradent point, par vos valets, par vos soubrettes ; laissez-les profiter du privilege qu’ils ont de paroître fourbes sans se dégrader, & n’en soyez pas jaloux. […] Dans l’Etourdi de Moliere, lorsque Trufaldin surprend Mascarille avec Célie, ils ont recours à la même ruse ; mais Mascarille est un valet, & non un homme du bon ton ; mais Célie est une esclave égyptienne, qu’on peut croire instruite, comme toutes ses pareilles, dans l’art de la magie ; mais enfin l’action de l’Étourdi se passe dans ces temps reculés où l’on ajoutoit foi aux magiciens. […] De sorte que des trois intrigants du bel air, que Thomas Corneille emploie, Angélique agit en servante, Oronte en valet, & Léandre parle comme un homme du commun. […] Remarquez qu’ils ne font rien, puisqu’ils ne peuvent dénouer cette fameuse intrigue, qu’en appellant à leur secours un valet, auquel ils font prendre le nom & l’équipage du Baron d’Albikrac.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

« Cette sorte d’intrigue est, je crois, celle qui a le plus de mérite, & qui doit produire un plus grand effet ; parceque le spectateur, indépendamment de ses réflexions sur l’art du poëte, est bien plus flatté d’imputer les obstacles qui surviennent, aux caprices du hasard, qu’à la malignité des maîtres ou des valets ; & qu’au fond une comédie intriguée de la sorte, étant un image plus fidelle de ce que l’on voit arriver tous les jours, elle porte aussi davantage le caractere de la vraisemblance. […] Lélio, valet. […] Scene inutile du valet que Lisardo & Dom Félix prennent pour un espion. […] « Cette sorte d’intrigue est, je crois, celle qui a le plus de mérite, & qui doit produire un plus grand effet ; parceque le spectateur, indépendamment de ses réflexions sur l’art du Poëte, est bien plus flatté d’imputer les obstacles qui surviennent, aux caprices du hasard, qu’à la malignité des maîtres ou des valets ; & qu’au fond une comédie intriguée de la sorte étant une image plus fidelle de ce qu’on voit arriver tous les jours, elle porte aussi davantage le caractere de la vraisemblance ».

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Il cherche, il brouille, il crie, il s’échauffe, il appelle ses valets l’un après l’autre. […] Léandre prend la montre & le tabac des mains de son valet, goûte le tabac, le trouve détestable, veut le jetter, & jette la montre. […] Le valet arrive, à qui il demande fiérement d’où il vient : il lui répond qu’il vient de l’endroit où il l’a envoyé, & lui rend un fidele compte de sa commission. […] Un valet, qui doit distinguer la malle de son maître à cent pas de lui, en prend une autre, parcequ’il voit sur le dos cette adresse : A Monsieur Menechme, à présent à Paris. […] Le valet du Chevalier s’empare de Menechme, lui offre ses services.

36. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah ! […] Il a bien pu parler en l’air, comme tant d’autres, de l’enfer, à son valet ; se moquer des croyances vulgaires en les assimilant aux superstitions, et mettre en avant son bel article de foi que deux et deux sont quatre 70 ; mais voilà un argument qui renverse tout cela : un homme qui « aime mieux mourir de faim que de commettre un péché71. » Il y aura lieu de revenir sur don Juan considéré comme esprit fort72. […] Mais quel trait de génie, de nous le présenter amoureux de la maîtresse de son fils, volé par son fils, qu’il a forcé, par l’excès, de son vice, à ne plus voir, dans cette tête sacrée du père, qu’un indigne rival avec qui toute guerre est permise, un ennemi domestique contre qui toute la maison se ligue, depuis l’héritier du nom paternel jusqu’au dernier valet de cuisine ! […] C’est l’esprit qui règne dans la scène de l’Etourdi 113 où Lélie se veut tuer, tient le fer prêt, sans que Mascarille dise autre chose que : « Tuez-vous donc vite. » À quoi Lélie, rappelé à la raison par le sens froid de son valet, répond fort comiquement : Tu voudrois bien, ma foi, pour avoir mes habits, Que je fisse le sot, et que je me tuasse114.

37. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Son valet parait plus étourdi que lui, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il va faire. » Les anciens semblent n’avoir attaché aucune importance aux titres de pièces. […] Un valet y conduit seul toute l’action ; les incidents sont nombreux et ne sont pas tous vraisemblables ; les vieillards abondent ; une jeune fille est un objet de commerce dont deux rivaux se disputent l’acquisition ; de petites intrigues, presque aussitôt détruites que formées, se succèdent plutôt qu’elles ne s’enchaînent entre elles ; enfin, des personnages, inconnus à eux-mêmes et aux autres, apprennent tout-à-coup le secret de leur existence, et la pièce se dénoue par une quadruple reconnaissance. […] Des travestissements et des aventures nocturnes sont le fond du sujet ; l’intrigue est aussi compliquée que romanesque ; et, des deux valets, l’un, par ses bouffonneries, rappelle le gracioso qui figure d’obligation dans tous les drames composés par-delà les Pyrénées.

38. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

MOLIERE (Jean-Baptiste Pocquelin) poëte comique, étoit fils d’un valet de chambre-tapissier du roi, & nâquit à Paris vers l’an 1620. […] Voyez le jugement que l’auteur des reflexions sur la poëtique a fait de Moliere « Personne, dit-il, n’a porté le ridicule de la comedie plus haut parmi-nous que Moliere ; car les autres poëtes comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur theâtre ; & les plaisans du theâtre de Moliere, sont des marquis, & des gens de qualité.

39. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago. […] Le valet n’imagine rien de mieux, pour exécuter l’ordre de son maître que de faire passer Flavia pour cette Emilia, et d’arracher au père qui n’a jamais vu sa fille l’argent nécessaire à la rançon de l’esclave. […] « Tu as acheté ma maîtresse sous couleur qu’elle fût ma sœur, dit-il à son valet, et j’ai acheté ma sœur croyant acheter une maîtresse. » Polipo revient donc à Flavia, qui lui a montré de la tendresse et du dévouement, et qui se trouve être la fille d’un voisin et ami de Polidoro. […] Arlequin, valet étourdi, représenté à Saint-Germain-en-Laye le 2 avril 1682.

40. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Ce n’est pas la première fois que Molière emploie le valet italien, mais c’est la seule fois qu’il emploie, à Paris, un valet ayant un nom italien. Pourceaugnac est la seule pièce de Molière qui, ne se passant pas en Italie, ait un valet italien, avec un nom italien. Aucun valet n’est Italien dans les pièces qui ne se passent pas en Italie; souvent même dans celles dont la scène est à Naples ou en Sicile, le valet a un nom français, par exemple Scapin, ou turc : Hali. — Sbrigani fait seul exception : la raison ne viendrait-elle pas de ce qu’il était destiné à renouer connaissance avec un compatriote, et cela justifierait encore le Pursognacco, gentilhomme italien dans le canevas original. Il n’y aurait rien d’excessif à admettre que Pourceaugnac fut d’abord un seigneur italien, et la nationalité de Sbrigani (bien que l’italianisme fût alors de formule pour le valet fripon et rusé) servirait à faciliter la reconnaissance entre compatriotes.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Hali, valet d’Adraste, s’introduit chez Don Pedre sous prétexte de lui vendre des esclaves dansants & chantants. […] Célio, marié secrètement à Rosaura, fille du Docteur, est caché avec son valet Arlequin dans un cabinet que la jeune épouse a fait pratiquer dans l’épaisseur de la muraille.

42. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Vous savez que son Cocu imaginaire est Il Ritratto des Italiens ; Scaramouche interrompu dans ses amours a produit ses Fâcheux ; ses Contre-temps ne sont que Arlequin valet étourdi : ainsi de la plupart de ses pièces ; et dans ces derniers temps, son Tartuffe n’est-il pas notre Bernagasse ? […] Arlequin valet étourdi n’a pas produit Les Contre-temps, car ce canevas ne devait pas être antérieur à 1662, et Les Contre-temps avaient été composés bien avant cette époque ; mais L’Inavertito de Beltrame avait été la source commune et de la comédie française et du canevas italien. […] Depuis la transformation d’Arlequin, ils n’avaient plus de second zanni, c’est-à-dire de valet balourd et ignorant55.

43. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Il y a même une inconséquence marquée dans le plan de l’Étourdi : c’est que, son valet ne lui faisant point part des fourberies qu’il médite, il est tout simple que le maître les traverse sans être taxé d’étourderie. […] Japhet quand il appelle son valet : Don Pascal Zapata, Ou Zapata Pascal, car il n’importe guère. […] Elle est soutenue d’un de ces marquis turlupins que Molière avait joués déjà dans les Précieuses, en y faisant voir des valets qui étaient les singes de leurs maîtres. […] Mais dans nos mœurs, ce dévouement dangereux est incompatible avec la liberté qu’on laisse aux domestiques : aussi les intrigues de valets sont-elles passées de mode sur la scène, parce que les valets, du moins ceux qui sont en livrée, ne mènent plus aucune intrigue dans le monde. […] En établissant la mésintelligence d’un mauvais ménage entre Sosie et Cléanthis, il donne un résultat tout différent à l’aventure du maître et du valet, et double ainsi la situation principale en la variant.

44. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Il étoit fils & petit-fils de valets de chambre-tapissiers du Roi ; sa mere, fille aussi de tapissiers,1 s’appelloit N... […] Cependant on y reconnoît dans le jeu des personnages, une source de vray comique ; peres, amans, maîtresses, valets, tous ignorent mutuellement les vûës particuliéres qui les font agir, ils se jettent tour à tour dans un labyrinthe d’erreurs qu’ils ne peuvent démêler. […] La scéne de Sosie avec elle, n’est point une répétition vicieuse de celle d’Amphitrion avec Alcméne, quoique le maître & le valet ayent également pour objet de s’éclaircir sur la fidélité de leurs femmes. […] Térence ne désavoueroit pas49 l’ouverture simple & adroite de la piéce ; Octave y fait redire à son valet, ou plûtôt répéte lui-même une nouvelle dont il est affligé, pendant que le valet, comme un écho, la confirme par des monosyllabes. […] Enfin, quoique les valets, qui, comme les esclaves dans Plaute & dans Térence, font l’ame de la piéce, ne produisent pas un comique aussi élégant que celui dont Moliere a le premier donné l’exemple à son siécle, on ne peut s’empêcher d’applaudir à ce comique d’un ordre inférieur.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

L’Olive, valet de M. […] La raison qu’il nous donne pour nous persuader que Géronte ne reconnoîtra pas le valet de son fils, étoit valable autrefois ; celle de Brueys 43 & Palaprat ne peut qu’avoir été très mauvaise de tout temps, & le sera toujours.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Il prie son valet Polilla de l’aider dans son entreprise ; celui-ci lui répond du succès. […] « Fort bien, répond le valet ; une jeune fille ne diroit pas mieux ». […] Carlos vient encore se féliciter de sa ruse avec son valet. […] Trivelin, son valet, profite de cette circonstance, & s’avise d’un stratagême propre à éprouver les véritables sentiments de Flaminia pour son maître : il feint qu’autrefois charmé d’une jeune personne qu’il a vue à Ferrare, & fatigué des rigueurs continuelles de Flaminia, Lélio va partir pour reprendre ses anciennes chaînes Cet artifice produit son effet.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Dans le Médecin volant de Boursault, piece calquée sur l’italienne, un valet a recours au même déguisement pour favoriser la tendresse de son maître & s’introduire auprès de l’amante, qui a, comme Eularia, une maladie de commande. Moliere a donc emprunté de l’un des deux Auteurs la fausse maladie de Lucinde & le déguisement de Clitandre en Médecin ; mais l’amant même déguisé nous intéresse bien mieux que son valet. […] Je me suis jetté aujourd’hui plusieurs fois aux genoux de mon pere, le conjurant d’avoir pitié des maux que je souffre ; & je m’en vais savoir de mon valet s’il lui a dit la résolution que j’avois prise de lui désobéir, car je l’en avois chargé. […] Au nom du Marquis tout est en l’air ; mais il se trouve que c’est pour le frere du domestique : alors l’Apothicaire dit que le Docteur Merlino est assez bon pour un valet, & lui donne cette pratique.

48. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Enfin, ces valets de fantaisie, venus, d’imitation en imitation, de la Grèce en France, par l’Italie ancienne et moderne, sous ce costume bizarre auquel l’imagination de chaque auteur avait ajouté une pièce, ils vivent, car ils sont possibles. […] Mais tandis que ses valets chargent à coups de bâton Horace qui monte à l’échelle de corde, et qu’Arnolphe, de la fenêtre d’Agnès, dirige la bastonnade, la jeune fille s’échappe, et va rejoindre Horace. […] Aux Mascarilles il substitua un premier crayon de ces valets qui font partie de la maison, qui ont voix aux conseils de l’honnête bourgeois, et font payer leur dévouement par plus d’une impertinence. […] Voici une comédie sans un seul des procédés de la comédie, sans confident, sans figures de fantaisie, sans valets, sinon pour avancer une chaise ou porter une lettre ; sans Gros-René ni Mascarille, sans monologue, sans coup de théâtre. […] Ce qui fait dire à son valet : Les gens que vous tuez se portent assez bien.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Le faux Médecin sort sous prétexte d’aller donner une commission à son valet. […]   Crispin, valet de Lélio, s’habille en Médecin pour s’introduire chez Fernand, pere de Lucrece. […] Crispin, en habit de valet. […] Crispin vient, en pleurant & en habit de valet, voir si sa grace est obtenue. […] Philipin, valet de Fernand, a vu Crispin sauter par la fenêtre.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Un jeune Seigneur de Paroisse aime la fille de la Concierge de son château : il craint de ne pas lui plaire ; & pour éprouver son cœur, il feint de vouloir l’unir à un homme fort riche : c’est son valet qu’il charge de ce personnage. […] Un jeune homme qui veut éprouver le cœur de sa maîtresse, fait déguiser son valet en financier.

51. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

  Parmi les pères de Molière, les uns, comme Pandolfe et Anselme, sont traités par leurs fils et leurs valets de vilains et de benêts 666 ; et n’est-ce pas encore nommer trop honnêtement ces Vieillards lubriques et avares667, qui ne songent, sur leurs vieux jours, qu’à l’argent dont ils ne jouissent pas, et aux plaisirs pour lesquels ils ne sont plus faits668 ? […] Dans les Précieuses ridicules, ce sont deux valets qui laissent la livrée pour endosser les canons et l’épée721, et perdre sous le bâton leur marquisat de Mascarille et leur vicomte de Jodelet 722 : ce ne sont que deux valets rossés ; mais l’habit est rossé aussi, et il est impossible de ne pas songer que les faux marquis ne méritent pas seuls ce traitement. […] Le marquis aujourd’hui est le plaisant de la comédie ; et comme, dans toutes les comédies anciennes, on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même, dans toutes nos pièces de maintenant, il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie737. » Cette satire des marquis est faite avec verve et hardiesse, mais sans fiel.

52. (1802) Études sur Molière pp. -355

On a vu que Molière, voulant punir sévèrement ses héroïnes, fait dépouiller en leur présence les valets dont elles sont charmées. […] et le valet, qui a voulu faire rire, ignore-t-il que le public est censé n’être pas là ? […] Je félicite aussi le valet qui, le premier, a pesé la boîte d’or dans sa main, et s’est dépêché d’en enrichir sa poche ; mais que dire des valets qui l’ouvrent, cette boîte, feignent d’y prendre du tabac, et d’en offrir aux personnes dont ils se supposent entourés ! […] Sganarelle doit-il souffrir patiemment la burlesque embrassade d’un valet ? […] Harpagon fouille le valet de son fils ; il examine ses deux mains, et lui demande ensuite à voir les autres.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Le valet lui demande cinquante pistoles. […] Mendoce s’en retournoit consolé de toutes les disgraces qui lui étoient arrivées, quand le valet du jaloux Don Diegue, nommé Ordogno, qui passa auprès de lui, fit semblant d’avoir une idée confuse de sa personne, & commença de l’appeller Pays, quoiqu’il ne l’eût jamais vu que cette fois-là.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Julie sera bien aise de le voir, son valet le va chercher. […] L’Olive, valet de Léandre, feint d’arriver de Lorraine & d’apporter des nouvelles propres à retarder le mariage de son maître. […] Chez Destouches, les valets, la soubrette ne servent qu’à parodier burlesquement leurs maîtres & à détourner le peu d’intérêt qui pourroit rejaillir sur eux. […] Cléon & l’Epine son valet se sont déguisés en danseurs pour s’introduire chez Oronte ; ils paroissent aux yeux d’Isabelle & de Nérine. […] Les amants sont au désespoir ; Nérine promet de les servir, & veut sonder Pasquin valet de Valere.

55. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Les deux Médecins volants, celui de Boursault et celui de Molière, sont deux valets travestis en docteurs, qui servent les amours de leurs maîtres. […] Lucile donne un soufflet à un valet effronté. […] Dès qu’il est seul avec son valet, don Juan s’abandonne en liberté à toutes ses débauches de cœur et d’esprit. […] Molière s’est servi aussi de beaucoup de choses de détail ; l’avare qui demande à voir la troisième main de son valet, est un trait d’Euclion. […] Les valets, personnages si importants de notre vieille comédie, sont tous aussi fripons que leurs maîtres.

56. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Le bouffon en qui la princesse se confie entièrement, et à qui elle ne cache rien des mouvements de son cœur, est valet du prince dont elle veut être aimée ; ce valet se présente pour la première fois à la princesse en habit de médecin, et se dit médecin de l’amour. […] Molière sentit que cette conduite n’était ni vraisemblable ni censée, et qu’une princesse ne pouvait, sans blesser la bienséance, se livrer de la sorte à la discrétion d’un valet qu’elle connaît seulement depuis un jour. Il changea donc entièrement cette économie : il donna un gouverneur au prince, et fit de ce valet un bouffon qui depuis longtemps était au service de la princesse. […] Pour donner encore plus de vraisemblance à l’engagement que ce valet prend avec le prince, contre la princesse, Molière commence par supposer dans Moron (c’est le nom de ce valet) du dépit et de l’indignation de la voir se déclarer si ouvertement contre l’amour ; les présents qu’il reçoit du prince achèvent de le gagner et de corrompre sa fidélité : il forme le projet de faire aimer le prince et d’engager la princesse à consentir à un mariage que son père et ses sujets désirent également. […] Mais qui peut supporter la hardiesse d’un farceur qui fait plaisanterie de la religion, qui tient école du libertinage, et qui rend la majesté de Dieu le jouet d’un maître et d’un valet de théâtre, d’un athée qui s’en rit, et d’un valet plus impie que son maître, qui en fait rire les autres. » L’auteur continue tout son discours sur le même ton, et finit par implorer l’autorité du roi et celle de la justice contre la comédie de Molière.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Son valet Scapin promet de lui procurer un moment d’entretien avec sa belle, malgré Arlequin, marchand d’esclaves, qui la garde avec le plus grand soin. […] Philipin, valet de Cléandre, entreprend d’écarter son rival. […] Les amants sont ensemble : la mere arrive : le maître & le valet se cachent dans un cabinet.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Il y a un excellent rôle de valet. […] Frontin, valet de Valere, entreprend de faire avoir bien vîte à son maître deux cents mille livres. […] Parfait, je crois que cette imitation seroit pour nous un excellent modele, si Valere ne blessoit pas la décence, en permettant que son valet joue ses tantes.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Damis & Crispin son valet, ridiculement habillés, jouent auprès du premier Tuteur les rôles d’antiquaires. […] Valere a fait entrer chez Cidalise, en qualité de Philosophe & de Secrétaire, sous le nom de Carondas, un valet nommé Frontin. […] Dans le Tartufe, l’imposteur entre sur la scene en ordonnant à son valet de serrer sa haire avec sa discipline.

60. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen. […] Le capitaine Spavente, envoyant son valet Trappola à l’ambassadeur du grand-sophi, avait soin de faire les recommandations suivantes : « Tu diras ainsi : Salamalecchi benum sultanum, et lui te répondra : Alecchi mesalem safa ghieldy. » Francesco Andreini, artiste lettré, et écrivain assez distingué, était membre de la société des Spensierati (Sans-soucis) de Florence. […] Burattino faisait les rôles de valet grognon et maladroit, mais plus souvent de courrier, hôtelier, jardinier.

61. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Dans le reste de l’acte, le valet du Misanthrope vient chercher son maître, pour l’avertir qu’on lui est venu signifier quelque chose qui regarde son procès. […] « La scène du valet, au quatrième acte, devait faire croire que l’on entendrait bientôt parler du procès. […] La scène de Sosie avec elle n’est point une répétition vicieuse de celle d’Amphitryon avec Alcmène, quoique le maître et le valet aient également pour objet de s’éclaircir sur la fidélité de leurs femmes. […] Novi omnes scio fures hic esse complures ; et cet autre endroit encore où, ayant examiné les mains du valet qu’il soupçonne, il demande à voir la troisième. […] Arlequin, valet de Pantalon, devient jaloux de son crédit, et ne néglige, jusqu’à la fin de la pièce, aucune occasion de le persécuter.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Les remords de l’Intendant font trembler le Lord ; il donne ordre à son valet Drink d’arrêter toutes les lettres, en cas qu’il écrive à Eugénie ou à sa famille ; il fait sa visite aux Dames. […] Les valets repassent dans le sallon, courent dehors par le vestibule, & rentrent chez Madame Murer par le même sallon, armés de couteaux de chasse, d’épées & de flambeaux non allumés. […] Un moment après les acteurs paroissent ; le valet se retire, & le cinquieme acte commence.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Un valet de cette fille, qui s’intéresse à son honneur, imagine d’envoyer successivement plusieurs personnages pour arrêter le vieillard, & lui faire manquer l’heure du rendez-vous. […] Il est sans doute naturel qu’une jeune fille, voulant se débarrasser d’un homme qui la pousse à bout, lui promette un rendez-vous, & que son persécuteur suspende sa vivacité dans l’espoir d’être traité plus favorablement ; mais si la Lucrece veut réellement échapper encore saine & sauve des mains de son Tarquin, a-t-elle besoin de lui susciter des embarras, & de faire agir son valet pour cela ? […] — Assez bien ; prêt à vous servir. | Comme il marchoit à côté de moi, je lui demandai si je pouvois lui être utile à quelque chose. — Vous devez me connoître, me dit-il, j’ai fait des livres. — Soit, je vous en estime davantage. | Je mourois d’envie de me débarrasser du personnage : je marche vîte ; je m’arrête ; je parle tout bas à mon valet : je suois à grosses gouttes. . . . . . .

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Le valet de Cléon se présente sous l’habit d’un Docteur : il demande à voir l’urine de la malade, la boit, en demande encore, & fait une scene fort dégoûtante. Il amuse ensuite Fernand, en paroissant tantôt en Médecin, tantôt en valet.

65.

L’idéal du valet rusé, souple et moqueur, Qui déteste les sots et s’en rit de bon cœur ! […] Scapin, fripon valet d’un maître aussi fripon ! […] On a de cette coutume et de la camaraderie très réelle qui s’établissait entre le maître et le valet un témoignage décisif. […] Et le valet entonne les couplets que Figaro, dans Les Noces, adresse à Chérubin. […] Le prologue et les cinq actes se passent autour du même arbre, sous lequel l’Aurore éveille les valets de chiens et sur lequel se réfugie Moron poursuivi par son ours.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Je l’ai vu, te dis-je : il y a une Angélique, une Suivante, un Valet...... […] Il y a une Angélique, une Suivante, un Valet & un Joueur aussi, dans le Joueur qu’on va représenter ; cependant il est différent de celui que tu as vu. […] Malheureusement pour toi, celle-ci commence, aussi bien que l’autre, par le Valet & la Suivante.

67. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Son nom fut Jean-Baptiste Poquelin ; il était Parisien, fils d’un Valet de Chambre Tapissier du Roi, et avait été reçu dès son bas âge en survivance de cette Charge, qu’il a depuis exercée dans son quartier jusques à sa mort. […] Son exercice de la Comédie ne l’empêchait pas de servir le Roi dans sa Charge de Valet de Chambre où il se rendait très assidu.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. M. GOLDONI. » pp. 468-479

Il fait avec son valet la scene suivante. […] Madame Baccelli est dans cette piece une riche fermiere : sa fille & le valet de la ferme s’aiment secrètement ; mais l’humeur de la mere les effarouche ; ils n’osent pas lui déclarer leur tendresse.

69. (1717) Molière (Grand Dictionnaire historique, éd. 1717) [graphies originales] « article » p. 530

Car les autres Poètes Comiques n’ont que les valets pour plaisants de leur Théâtre, et les plaisants du Théâtre de Molière, sont des Marquis et des gens de qualité.

70. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

— Il serait vrai, si son métier de comédien ne lui faisait tort ; et les autres valets de chambre ne souffrent qu’impatiemment de partager avec lui l’honneur de faire le lit du roi. […] Par malheur il a eu soin de choisir, pour veiller sur son innocente, deux valets aussi simples qu’elle ; et ces deux naïfs, disputant à qui n’ouvrira pas, laissent pester leur maître un bon quart d’heure à la porte. […] Il n’a pu rejoindre Horace ; il interroge ses valets. […] Cela ne fait que l’animer davantage ; et, le compère aussitôt renvoyé, il court s’armer, lui et ses valets, de bâtons bien en main, dont ils accueilleront Horace sur son échelle, à l’heure propice. […] Mais pourquoi, me dira-t-on, tenez-vous tant à prouver que Molière ne s’est pas mis en scène dans ce ridicule Arnolphe, qu’il nous représente si gaiement berné par sa pupille, une innocente, et par ses valets, deux imbéciles ?

71. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Obligées de soutenir les travers ou les vices du dernier valet qui porte leurs livrées, elles sont forcément intolérantes : aussi les temps des troubles civils sont-ils les plus funestes pour l’art de la comédie. […] Qu’on médite bien les raisons qu’il donne à son valet Sganarelle de sa brusque conversion. […] Un valet tel que toi de l’amour se consomme ! […] Pour être valet, on n’en est pas moins homme. […] Montufar et Hélène couchaient ensemble de peur des esprits, et leur valet et leur servante, qui étaient de même complexion, les imitaient en leur façon de passer la nuit.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Eraste & son valet Gros René apperçoivent Mascarille, domestique de Valere ; ils veulent apprendre de lui si son Maître a effectivement sujet d’être content de ses amours. […] Eraste, outré, déchire, aux yeux de la soubrette, l’écrit de la maîtresse, & sort : son valet le suit, en donnant toutes les femmes au diable ; & Marinette, surprise avec raison, s’écrie : Ma pauvre Marinette, es-tu bien éveillée ?

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Valere, dans le Dépit amoureux, s’est marié secrètement Mascarille, son valet, craint que l’affaire n’éclate, & qu’on ne le punisse d’avoir gardé le secret : il nous apprend par un monologue, qu’il a tout révélé. […] Je les blâmerois beaucoup si on les plaçoit dans la bouche d’un Magistrat, d’un Général d’armée : mais dans celle d’un valet, d’un homme simple, ou d’un plaisant, ils sont excellents.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Madame Grognac, qui forçoit le Distrait à épouser sa fille, ne veut plus de lui, le croyant ruiné, & le dénouement se fait au gré des principaux acteurs, mais non au gré du spectateur, puisque le mensonge du valet & le dénouement qu’il amene, ne tiennent pas du tout au caractere du Distrait & à l’intrigue de la piece qui roule sur des distractions. […] Il nous resteroit encore à décider dans quelle occasion les maîtres ou les valets peuvent faire le dénouement ; mais comme cela dépend du Genre de la piece, nous raisonnerons là-dessus dans le volume suivant que nous destinons tout entier aux divers Genres de la Comédie.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Son mari revient, la gronde beaucoup de se servir de cet homme qu’il n’aime pas ; & malgré les représentations de son valet Mausecret, qui veut éviter tout éclat entre le mari & la femme, il va porter ses plaintes au Seigneur de Valletreu, qui, ayant écouté les raisons de Raoullet & de Doublette, prononce en faveur de la derniere. […] Colin, valet chez Rosette, survient, & trouble l’Amour.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

 Nous l’aimons tous tant que nous sommes :   Car, malgré l’inégalité,   Ses valets sont pour lui des hommes. […] Dans le temps qu’il prêche cette belle morale, on vient lui annoncer que son cheval anglois s’est noyé ; il en est furieux, & veut étrangler le valet qui, par son imprudence, l’a privé d’un coureur dont la race jadis, à New-Market, gagna plus d’un pari.

77. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

À ces causes, Monrose était excellent dans cette vivante image du valet de l’ancienne comédie. […] À ces mots, le Sicilien donne un soufflet au valet d’Adraste, en disant : Qui va là ! […] Or Adraste est en fonds de bonnes ruses ; pour aller à son but Adraste n’a pas besoin, comme le comte Almaviva, que son valet lui prépare toutes les voies. […] Tout à coup voici venir Dubois, le valet que Molière a donné à Alceste, et vous pensez si Alceste tient à ce valet que lui a donné Molière ! […] In multitudine regenda plus pœna quam obsequium valet.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

Crispin, valet de Me. […] Maître Antoine est amoureux d’Angélique, fille du potier ; il va la lui demander en mariage ; il rencontre Crispin, valet de Maître Herman, qui est le potier : ils ont la scene suivante.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Lélie arrive avec Gros René son valet. […] Le valet de Lélie & le parent n’y contribuent pas peu.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Pasquin, valet de Moncade, commence à peindre la jalousie de son maître en l’attendant. […] L’endroit où Moncade ordonne à son valet de lui dire un conte, ressemble d’abord à cette scene de la vie n’est qu’un songe, dans laquelle Sigismond veut qu’Arlequin le fasse rire, & le menace de le faire voler par le balcon s’il n’y réussit pas ; cependant la ressemblance ne dure pas long-temps. […] Byrrhia, valet de Charinus, écoute à part, & sort pour raconter à son maître que Pamphile, loin de refuser Philumene, comme il le lui avoit promis, l’accepte. […] Nous avons dit ailleurs que Moliere avoit fait usage d’une partie de cette scene dans l’Etourdi, avec la différence que l’amante intéressée écoute, & non un valet.

81. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

« [*]Cette pièce n’est point indigne de son auteur : elle est partie à l’antique, puisque c’est un valet qui met la scène en mouvement, et partie dans le goût espagnol, par la multiplicité des incidents qui naissent l’un après l’autre, sans que l’un naisse de l’autre nécessairement. […] Trop de complication dans le nœud, et trop peu de vraisemblance dans le dénouement : cependant on y reconnaît dans le jeu des personnages une source du vrai comique ; pères, amants, maîtresses, valets, tous ignorent mutuellement les vues particulières qui les font agir : ils se jettent tour à tour dans un labyrinthe d’erreurs, qu’ils ne peuvent démêler. La conversation de Valère avec Ascagne, déguisée en homme, celle des deux vieillards qui se demandent réciproquement pardon, sans oser s’éclaircir du sujet de leur inquiétude, la situation de Lucile, accusée en présence de son père, et le stratagème de Valèrea pour tirer la vérité de son valet, sont des traits également ingénieux et plaisants : mais l’éclaircissement d’Éraste et de Lucile, qui a donné à la pièce le titre de Dépit amoureux, leur brouillerie, et leur réconciliation, sont le morceau le plus justement admiré. » 1659. […] Son valet paraît plus étourdi que lui, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il veut faire… On est obligé de dire (et c’est principalement aux étrangers qu’on le dit) que le style de cette pièce est faible et négligé, et que surtout, il y a beaucoup de fautes contre la langue.

82. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Octave y fait redire à son valet, ou plutôt répète lui-même une nouvelle dont il est affligé, pendant que le valet, comme un écho, la confirme par des monosyllabes. […] Enfin, quoique les valets, qui, comme des esclaves dans Plaute et dans Térence, font l’âme de la pièce, ne produisent pas un comique aussi élégant que celui dont Molière a le premier donné l’exemple à son siècle, on ne peut s’empêcher d’applaudir à ce comique d’un ordre inférieur. » « [*]Molière n’avait pas fait scrupule d’insérer dans sa comédie des Fourberies de Scapin deux scènes entières du Pédant joué, mauvaise pièce de Cyrano Bergeraca. […] LÉLIE, ERGASTE, valet de Lélie. […] OCTAVE, SILVESTRE, valet d’Octave.

83. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Les apprêts de la noce amènent des valets étrangers dans sa maison, il ne croit plus son trésor en sûreté et va le cacher hors de chez lui, ce qui fournit à l’esclave de l’amant de sa fille l’occasion de s’en emparer. […] Dans sa pièce nous voyons un amant de la fille, déguisé en valet, et qui flatte l’avarice du vieillard, un fils prodigue qui fait la cour à la future de son père, des valets intrigants, un usurier, et il y a en outre une reconnaissance. […] Au commencement de la pièce, dans une scène imitée de Plaute, Harpagon exprime sa crainte qu’un domestique n’ait eu quelque soupçon de son trésor ; il se tranquillise ensuite pendant quatre actes, on n’entend plus parler de ses inquiétudes, et le spectateur tombe des nues, quand le valet apporte tout d’un coup la cassette volée, parce qu’on ne lui a jamais expliqué comment un trésor aussi soigneusement caché a pu être découvert. […] Il est ingénieux d’avoir fait des aventures du valet la parodie de celles de son maître, et la remarque de Sosie amène des explications fort plaisantes, lorsqu’il dit que pendant son absence il n’est pas tombé sur son ménage les mêmes bénédictions que sur celui d’Amphitryon.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

J’ai un certain valet, nommé Mascarille, qui passe, au sentiment de beaucoup de gens, pour une maniere de bel esprit ; car il n’y a rien à meilleur marché que le bel esprit maintenant. […] Il se pique ordinairement de galanterie & de vers, & dédaigne les autres valets, jusqu’à les appeller brutaux. […] Les trois premiers vers & le dernier tiennent seuls à la piece ; les uns annoncent qu’Hector est le valet du Joueur, & l’autre, que Nérine paroît.

85. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

On reproche avec raison à l’un des imitateurs de Molière d’avoir mis sur le théâtre un neveu malhonnête homme, qui, secondé par un valet fripon, trompe un oncle crédule, le vole, fabrique un faux testament, et s’empare de sa succession au préjudice des autres héritiers. […] Mais que Molière eût traité ce sujet, il l’eût dirigé vers un but philosophique ; il eût peint la destinée d’un vieux garçon, qui n’inspirant un véritable intérêt à personne, est dépouillé tout vivant par ses collatéraux et ses valets. […] Ce genre de Comique où l’on admet des intrigues de valets, des personnages d’un ridicule outré, lui donnait des ressources dont l’Auteur du Misanthrope avait dû se priver.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Et qu’un valet lui parle, il se fera chasser. […] Son faste, Sa fierté, ses hauteurs font un parfait contraste Avec les qualités de son humble rival, Qui n’oseroit parler, de peur de parler mal, Qui, par timidité, rougit comme une fille, Et qui, quoique fort riche, & de noble famille, Toujours rampant, craintif, & toujours concerté, Prodigue les excès de sa civilité : Pour les moindres valets rempli de déférences, Et ne parlant jamais que par ses révérences.

87. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Deux valets se sont travestis en gens du bel air ; le contraste de leur vulgarité naturelle avec leurs prétentions est et restera tout le temps le grand élément comique de la pièce. […] Cette rhétorique est de tous les temps ; le commentaire qui est fait par un valet affectant le bel esprit sera donc toujours comique. […] Nous nous amusâmes, Larroumet et moi, à chercher les pièces où avait été exploitée cette situation d’un valet se déguisant en maître ou même d’un maître empruntant les habits d’un valet. […] Pourquoi hésite-t-il à faire l’achat d’une souquenille neuve pour ses valets, quand il lui serait si facile de se passer de ces fainéants ? […] L’arrangement en est factice : le valet répète à tous coups ce qu’a dit le maître et la soubrette copie les réponses de la jeune fille.

88. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Il confie son projet à son Valet, Tarabin, et lui ordonne d’aller acheter des provisions pour le festin des noces. […] Elle enferme dans un autre le Valet de Rodomont, qui vient pour la séduire. […] Molière, qui, en qualité de Valet de chambre, avait fait le voyage, fut témoin de cette Scène, dont il sut si bien se servir dans son Tartuffe. […] La Flèche ( L’Avare) : Valet de Cléante. […] Covielle ( Le Bourgeois gentilhomme) : valet de Cléonte.

89. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Cependant, une partie du comique dans le Dépit Amoureux repose encore sur les saillies des valets. […] Afin de permettre à deux de ses camarades de faire valoir leurs talents comme valets. […] Il faut l’entendre s’écrier contre la hardiesse d’un farceur qui fait plaisanterie de la religion; qui fait métier de libertinage ; qui rend la majesté de Dieu le jouet d’un valet de théâtre !... […] Ce coquin de Godemer s’est lancé dans mon carrosse, comme si c’était à un valet de figurer avec moi. […] Il ne faut pas d’ailleurs confondre le domestique ni le valet avec le simple laquais, pas plus que la suivante avec la servante.

90. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

MOLIÈRE, (Jean Baptiste Poquelin de) fils et petit-fils de valets de chambre tapissiers du roi, né en 1620, mort le 17 février 1673.

91. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ses vieillards et ses jeunes gens, ses pères et ses fils, ses mères et ses filles, ses amoureux et ses amoureuses, ses valets et ses servantes, ne sont point sortis d’un même moule. […] Le maître et le valet se gourment, et le cocher fait d’inutiles efforts pour mettre le holà. […] Chapelle s’extasie sur la profonde sagesse de ce jugement, et fait grâce entière à son valet. […] J’oserais croire, si Molière avait vécu, qu’insensiblement il n’aurait pas fait grand fonds sur les rôles de valet dans ses comédies. […] Palaprat ignorait-il donc que Molière n’a confié la conduite de l’intrigue à des valets que dans ses deux premières pièces, et, plus tard, dans deux farces sans conséquence ; et que, dans Tartuffe, leMisanthrope, les Femmes savantes, l’Avare, le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire, etc., les valets ne tiennent pas une autre place et n’ont pas une autre importance que dans le monde ?

92. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Monrose était un des meilleurs valets qui eussent jamais porté la livrée honorable de Marivaux, de Molière et de Beaumarchais. […] En opposition avec Gnaton le parasite, vous avez Parménon le valet. […] De ce gueux-là, Térence a fait un digne valet, hâbleur, mais dévoué, imprudent, mais capable d’un bon sentiment au fond de l’âme. […] D’un valet digne (au moins) ! […] Et ils s’en vont comme deux valets congédiés !

93. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

On ne prétend rien diminuer du mérite & de la gloire de Moliere, en disant que le fond de la fable de sa Comédie de l’Avare est pris en partie de l’Aulularia de Plaute, & en partie de la Sporta del Gelli, qui a suivi le Poëte latin ; que le premier Acte est imité d’une Comédie Italienne à l’inpromptu, intitulée l’Amante Tradito, & jouée à Paris sous le nom de Lelio & d’Arlequin, valets dans la même maison : que la premiere Scene du second Acte est tirée du Dottor Bachettone, Canevas Italien ; que la Scene 5me. […] Ce Martial, dis-je, étoit un Marchand Parfumeur, & joignoit à cette qualité celle de Valet de Chambre de Monsieur.

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