« Je ne sais pas combien de temps je serai ici (à la cour) ; j’y suis venue avec des dispositions soumises qui durent encore ; et je suis résolue, puisque vous l’avez voulu, de me laisser conduire comme un enfant, de tâcher d’acquérir une profonde indifférence pour les lieux et pour les genres de vie auxquels on me destinera, de me détacher de tout ce qui trouble mon repos et de chercher Dieu dans tout ce que je ferai. […] Ai-je besoin de faire remarquer cette promesse d’acquérir une profonde indifférence pour ces lieux de danger, et de se détacher de tout ce qui trouble son repos ; promesse que suit la déclaration de son peu d’aptitude à une vie contemplative ? […] Ensuite j’allai à la messe et je revins dîner avec le roi. »La brouillerie avec le roi n’était donc pas bien déclarée ; c’était de la froideur et de l’embarras de la part du roi, et rien de plus. « On rendit compte (madame de Montespan sans doute) à M. de Louvois de ce qui se passait. » Ceci prouve la crainte que la favorite avait de déplaire au roi en donnant lieu à l’éloignement de la gouvernante.
Dons les trois journées qui la composent, le lieu de la scène change une douzaine de fois ; c’est Naples d’abord, c’est ensuite l’Espagne ; et là il faut suivre les personnages d’une cité à l’autre, de la ville aux champs, et des champs à la cour. […] Les Italiens, dont la poétique dramatique, calquée sur celle des anciens, ne repousse point le joug des unités, n’ont pu y soumettre le sujet essentiellement irrégulier du Convié de pierre ; mais du moins ils en ont atténué le vice, et l’ont rendu plus tolérable, en rapprochant les distances de lieu et de temps, en diminuant le nombre des événements, et en les unissant par une sorte de lien. […] Quant à l’unité de lieu, règle beaucoup moins étroite, dont l’infraction s’est fait absoudre plus d’une fois par le succès, elle est violée presque aussi souvent qu’elle peut l’être, puisque la scène change d’acte en acte ; et Molière a peut-être voulu qu’il en fût ainsi dans une pièce qui, renonçant à contenter la raison, devait s’attacher d’autant plus à satisfaire l’imagination et les yeux : mais il a eu le soin de circonscrire ces nombreux déplacements dans un petit espace ; et l’action, commencée dans une ville maritime de la Sicile, borne ses excursions à la côte voisine ou à la campagne environnante. Je ne puis le taire ; pour réduire son sujet aux proportions de temps et de lieu qu’exige la scène française, Molière l’a étrangement mutilé ; le peu d’unité qu’il y avait dans l’action, a tout à fait disparu ; le commencement, le milieu et la fin sont autant de pièces à la suite l’une de l’autre ; enfin, le tout n’est qu’un assemblage, un entassement d’épisodes qui ne s’engendrent pas ; mais se succèdent, qui ne se terminent pas, mais s’arrêtent, et que remplace, en manière de dénouement, un épisode nouveau qui n’a point son origine dans ceux dont il est précédé.
Des unités d’action, de lieu et de temps. […] Unité de lieu. Si un auteur ne doit montrer qu’une seule action proprement dite, est-il possible qu’il transporte ses personnages d’un lieu dans un autre ? […] On a aussi étendu l’unité de lieu à toute l’enceinte d’un palais.
Don Juan demande quel est le lieu où Don André attend son adversaire ; il y court pour punir son trop perfide ami de la violence qu’il a voulu faire à sa femme. […] C’est le Fiscal du lieu qui l’écrit. […] C’est le Fiscal du lieu qui l’écrit. […] A présent, malepeste, Le beau lieu ! […] Le beau lieu !
» Tartuffe pourrait lui demander si elle se moque ; car elle n’a raisonnablement pas lieu d’en douter. […] Le curé du lieu, enragé de n’avoir plus pour seigneur le premier prince du sang et considérant qu’un simple bourgeois, quoique fort honnête homme, tiendrait la place, dans son église, de cette altesse. […] Valère, qui vient chercher Orgon pour le conduire en lieu sûr, ne profite même pas de l’occasion pour mettre un habit de voyage. […] Charles de la Rounat, qu’une plaque de marbre serait posée sur la maison natale pour consacrer le véritable lieu de la naissance de Molière. […] On pourra s’en convaincre plus facilement encore en allant sur les lieux mêmes, étant donné que la salle du jeu de paume occupait tout le côté Est du marché neuf que l’on vient d’inaugurer, ainsi que l’a déjà prouvé M.
Il faut que ce qui remplit l’intervalle qui est entre l’exposition & la catastrophe, soit en mouvement & non en récit, puisque nous l’appellons action, puisque les personnages de cette action se nomment acteurs & non pas orateurs, puisque ceux qui sont présents s’appellent spectateurs & non pas auditeurs, puisqu’enfin le lieu qui sert aux représentations est connu sous le nom de théâtre & non pas d’auditoire, c’est-à-dire un lieu ou l’on regarde ce qui s’y fait, & non pas où l’on écoute ce qui s’y dit.
J’avoue qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve pas mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste ; mais supposé, comme il est vrai, que les exercices de la piété souffrent des intervalles, et que les hommes aient besoin de divertissement, je soutiens que l’on ne leur en peut trouver un qui soit plus innocent que la comédie. » Avant de se prononcer ainsi, Molière a eu soin d’établir qu’il y a comédie et comédie, et de faire observer que « ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu’il y a une Olympe qui a été une débauchée ». […] La Fontaine a sa réponse toute prête : « Cicéron fait consister la bienséance à dire ce qu’il est à propos qu’on dise eu égard au lieu, au temps, et aux personnes qu’on entretient. […] Où trouver plus de pathétique que dans ces plaintes sur les rigueurs de la mort : Défendez-vous par la grandeur, Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur : Un jour le monde entier accroîtra sa richesse ; plus de sensibilité et de douce mélancolie que dans ce passage où respire l’âme de Virgile, avec le souvenir de ses vers les plus émus : Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? […] Ils sont bien de leur pays et de leur temps, mais ils conviennent à tous les lieux et à tous les âges.
Vis-à-vis du lieu où cette fille alloit prendre ses leçons, il y avoit une boutique de barbier ; c’étoit là que nous attendions qu’elle sortît pour s’en retourner. […] Elles partoient pour aller en campagne, Et fort innocemment.... je leur disois adieu, Quand vous êtes venu nous surprendre en ce lieu. […] Attiré par l’aspect & le frais de ces lieux, Je viens y respirer un air délicieux.
Mais depuis le moment que cette frénésie, De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie, Et qu’un Démon jaloux de mon contentement, M’inspira le dessein d’écrire poliment : Et tel, dont en tous lieux chacun vante l’esprit, Voudrait pour son repos n’avoir jamais écrit. […] Si tôt que d’Apollon un génie inspiré Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré, En cent lieux contre lui les cabales s’amassent, Ses Rivaux obscurcis autour de lui croassent, Et son trop de lumière importunant les yeux De ses propres Amis lui fait des Envieux.
Outre la clarté & la briéveté qui sont ses parties essentielles, les acteurs qui ouvrent la scene doivent nous apprendre quel est le lieu où l’action se passe, nous mettre au fait des événements qui l’ont précédée, & nous préparer à ceux qui doivent servir à ses développements. […] Exposition du lieu de la Scene. […] Mais dans quel lieu ? […] En quelque lieu du monde qu’on la mene, je suis résolu de la suivre ou de périr.
Il y a donc lieu de mettre en doute l’authenticité de la tradition dont se prévalent les comédiens du Théâtre-Français pour réduire au silence tous ceux qui se permettent de ne pas les approuver sans réserve ; mais le doute n’est pas le seul argument qu’on puisse opposer à leurs prétentions. […] Le théâtre est un lieu de plaisir et non un lieu d’étude. […] Le Théâtre-Français, il ne faut pas l’oublier, n’est pas seulement un lieu de divertissement : c’est en même temps une institution littéraire.
Despréaux trouvait la prose de Molière plus parfaite que sa poésie, en ce qu’elle était plus régulière et plus châtiée, au lieu que la servitude des rimes l’obligeait souvent à donner de mauvais voisins à des vers admirables. […] Colbert, comme surintendant des bâtiments, fit construire et embellir les divers lieux destinés à ce divertissement royal, et donna les ordres pour l’exécution des feux d’artifice. […] C’est dans cet endroit de l’allée du Roi que le sieur Vigarani avait disposé le lieu de la comédie. […] Ô le charmant lieu que c’était ? […] La pièce entière fut jouée à Raincy chez M. le Prince le 29 novembre de la même année ; et au même lieu le 9 novembre 1665. » Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière.
Deux mois après, la pièce entière fut représentée au Raincy, chez le prince de Condé, qui, au mois de novembre de l’année suivante, la fit jouer au même lieu pour la princesse palatine, et voulut encore la revoir à Chantilly, le 4 mars 1666. […] Si l’on excepte ce vers et quelques autres endroits de moindre conséquence que j’ai tous notés en leur lieu, la pièce, telle- qu’on la vit à la première représentation, ne différait pas de ce qu’elle fut à la seconde, de ce qu’elle est aujourd’hui. […] « Si le libertin, dit-il, est forcé de convenir que toute piété n’est pas fausse, du moins prétend-il qu’elle est suspecte, et qu’il y a toujours lieu de s’en défier : or, cela lui suffit ; car il n’y a point de piété qu’il ne rende par là méprisable en la rendant douteuse ; et, tandis qu’on la méprisera, qu’on la soupçonnera, elle sera faible et impuissante contre lui. […] L’hypocrisie en général, l’hypocrisie de mœurs est commune à tous les temps, à tous les lieux. […] Le prétendu mot de Molière pourrait bien avoir sa source dans une de ces deux anecdotes qui sont racontées dans le Ménagiana ; voici la première : « M. l’évêque de.… faisait une mission à la tête de douze prêtres dans tous les lieux de son diocèse.
Toute la noblesse de Lorraine et du Rhin, « moult de seigneurs et de dames, » dit la chronique; une pleine foule de bourgeois et de tous les lieux à l’alentour étaient accourus. […] Notre auteur de Mystères n’en est pas plus embarrassé que de la mer Rouge et du reste : « Ici, dit-il, surmonteront les eaux tout le lieu où l’on joue les Mystères, et y pourra avoir plusieurs hommes et femmes qui feront semblant d’eux noyer. » Quand nous sommes à Moïse gardant les troupeaux de Jéthro et au Buisson ardent, nous trouvons cette mention : « Ici fault un Désert. » L’auteur n’indique pas comment se fait ce Désert : il paraît qu’il y en avait en magasin. […] On peut rire, par exemple, de ces trois compartiments superposés, enfer, terre, paradis, qui forment le lieu de l’action ; et pourtant que d’effets dramatiques résultent de cette correspondance visible entre les scènes de la terre et celles du ciel ou des enfers! […] Le diable, en lieu de ly, À pris mon drap pour moy tenter. […] Le lieu de l’action doit être supposé à trois compartiments juxtaposés : d’un côté la chambre de Patelin avec le lit, de l’autre la boutique du drapier, au milieu la place publique avec le tribunal du juge.
Le voyage de madame de Maintenon se faisait à petites journées, et se prolongeait encore par des séjours dans tous les lieux où le jeune prince se plaisait ; et aussi dans le Poitou, pays natal des d’Aubigné, ou elle prenait plaisir à visiter sa famille. […] « Il est certain que l’ami (le roi) et Quanto (madame de Montespan) sont véritablement séparés ; mais la douleur de la demoiselle (madame de Montespan) est fréquente et même jusqu’aux larmes, de voir à quel point l’ami s’en passe bien, Il ne pleurait que sa liberté et ce lieu de sûreté contre la dame du château. » Il ne pleurait, pendant la séparation, que la liberté qu’il trouvait dans la maison de la maîtresse, et un lieu où il pouvait échappera l’ennui que lui causait la société de la reine.)
Il en est du titre, comme du sujet que l’Auteur a choisi, du but qu’il s’est proposé, du rang, de l’état, de l’âge, de la fortune des personnages, du lieu de la scene. […] Titres qui établissent le lieu de la Scene.
Passons donc aux liaisons qui pechent contre la présence continue des acteurs ; ouvrons tous les Théâtres étrangers, même celui du célebre Goldoni, & nous y trouverons mille exemples : nous en trouverons sur-tout dans les pieces où l’unité du lieu n’est pas observée ; tant il est vrai que toutes les parties de la comédie se tiennent & se servent mutuellement. […] (Il met l’épée à la main, & court au lieu du combat.)
Lucinde est éprise de Moncade ; on cherche à lui persuader que son amant est un perfide : pour le lui prouver, on dit à Moncade qu’une belle dame est charmée de son mérite, qu’il aura une conversation secrete avec elle, s’il veut se laisser conduire dans son appartement avec les yeux bandés ; il y consent, & assigne le lieu où on le trouvera. Son valet, jaloux de tâter d’une bonne fortune, prend un habit de son maître, se rend au lieu assigné, & se laisse conduire en Colin Maillard chez la dame, qui est Lucinde.
çà, n’ai-je pas lieu de me plaindre de vous ? […] Ce n’est pas ici le lieu de discuter l’opinion qui flétrit la profession de Molière, parce qu’il n’y a point de profession que son génie ne puisse ennoblir, que cette opinion tient à des questions délicates, que les grands talents et les bonnes mœurs seront toujours au-dessus de toute condition, et que ce n’est pas trop la peine de parler du reste.
Il s’est appliqué particulièrement à connaître le génie des grands, et de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à celle du peuple. […] Rapin au lieu cité ci-dessus, partie seconde des Réflex. sur la Poétiq.
A l’acte I, sc. 4, le prétexte plus dramatique invoqué par Mascarille pour parler à Célie ; à l’acte I, sc. 5 et suivantes, l’épisode de Mascarille volant sa bourse à Anselme : encore paraît-il avoir été suggéré par un passage de l’Emilia, où Polidoro — aussi bien qu’Anselme — annonce qu’il vient de recevoir de l’argent ; à l’acte III, sc. 1 à 4, Mascarille calomniant Célie pour en dégoûter Léandre ; à l’acte III, sc. 5 à 9, le déguisement de Mascarille et de Léandre en masques au lieu du déguisement en serruriers que contenait l’Inavvertito : Barbieri ne nous montrait pas non plus Cintio (Léandre) arrosé par Trufaldin d’une « cassolette » aux fâcheux parfums ; à l’acte IV, sc. 1 et 2, Lélie transformé, pour pénétrer chez Trufaldin, en Arménien qui a vu le fils de ce dernier en Turquie ; à l’acte IV, sc. 6, Mascarille rossant Lélie, et pour se venger enfin de son maître et pour inspirer confiance à Trufaldin ; à l’acte V, sc. 9, la reconnaissance romanesque que Molière a substituée à une autre reconnaissance et aux piquantes scènes qui la suivaient dans l’Inavvertito. […] S’il est ainsi, vous perdrez la raison ; A l’heure qu’il faudra jaser comme un oison, Vous deviendrez muet, et peut-être Manille Prendra quelque soupçon que vous aimez sa fille ; Que de son fils absent vous empruntez le nom, Et venez comme en masque apporter un momon ; Rengainez votre amour, cachez sa violence, Et vous souvenez bien des choses d’importance ; Il faut de la mémoire à qui sait bien mentir, N’oubliez pas les noms de Jaffe ni de Tyr, Vous citerez encore d’autres lieux de Syrie Pour vous conduire enfin jusqu’en Alexandrie, Où vous avez trouvé ce marchand Marseillais Qui vous a reconnu pour chrétien, pour Français, Pour natif de sa ville, et d’honnête famille, Et vous a racheté.
[91, p. 135] La farce du Médecin malgré lui, composée à la hâte, et dans laquelle Molière ne daigna pas même s’asservir à la règle de l’unité de lieu, eut le plus grand succès et soutint le Misanthrope, à la honte de l’esprit humain.
Nous passâmes à Genes, où ma mere alla ramasser quelque malheureux restes d’une succession qu’on avoit déchirée ; & de là, fuyant la barbare injustice de ses parents, elle vint en ces lieux, où elle n’a presque vécu que d’une vie languissante. […] Et, de grace, en quels lieux Aviez-vous épousé ce chef-d’œuvre des cieux ? […] Après un si long temps, Qui t’amene en ces lieux ?
Se pare qui voudra du nom de ses aïeux ; Moi, je ne veux porter que moi-même en tous lieux : Je ne veux rien devoir à ceux qui m’ont fait naître, Et suis assez connu sans les faire connoître. […] Prenez entre vous l’ordre & du temps & du lieu, Je m’y rendrai sur l’heure, & vas l’attendre. […] La mode est une divinité capricieuse qui se répete souvent, elle pourroit bien avoir la folie de remettre les comédies héroïques en vogue, & nous avons tout lieu de le craindre : nos faiseurs de drames n’y visent-ils pas en tapinois ?
La piece entiere fut jouée à Rinci, chez M. le Prince, le 29 Novembre de la même année, & au même lieu le 9 Novembre 1665. […] Elle dit un moment après à Brighella de se déguiser en Diable, & de venir la joindre au même lieu & à la même heure : elle finit par donner un semblable rendez-vous à Pantalon, à condition qu’il s’habillera comme un Mort. Tous les trois viennent au lieu indiqué, se font peur mutuellement & prennent la fuite. […] Il apprend que son Eleve a certain rendez-vous pour le soir même à minuit : il se rend au lieu indiqué, trouve une échelle appuyée au balcon de la jeune Demoiselle, & frémit d’horreur en songeant à la foiblesse des hommes, qui se laissent conduire dans un précipice par leurs passions effrénées.
« Ce grand prince qui se connaît parfaitement à tout, et qui a de grandes .pensées jusque dans les petites choses, en donna l’ordre et le soin au sieur Gaspard Vigarani ; le lieu fut mal aisé à choisir ; et feu M. le Cardinal*, partant de Paris pour aller travailler à la paix sur la frontière, avait prétendu faire un théâtre de bois, dans la place qui est derrière son palais. […] « Le lieu destiné pour la représentation, et pour les spectateurs de cet assemblage de tant de magnifiques divertissements, est une salle faite exprès pour les plus grandes fêtes, et qui seule peut passer pour un très superbe spectacle. […] La langue latine, surtout, dit presque toutes choses par leur nom, au lieu que la française se contente de faire entrevoir celles qui peuvent blesser la pudeur. […] Tous les auditeurs qui étaient à la première représentation s’en indignèrent, au lieu qu’on fut ravi à la seconde d’entendre dire : Allez, monsieur, on voit bien que vous n’avez pas accoutumé de parler à des visages. […] Il y a tout lieu de croire que le sieur Chiacheron n’est qu’un nom emprunté, sous lequel le fameux Lully représenta plusieurs fois devant le roi le rôle du Muphti, et même peu de jours devant sa réception à la charge de secrétaire du roi.
J’ai tâché de prouver que les unités de lieu et de temps sont en contradiction avec la nature de plusieurs sujets tragiques, par la raison qu’une action vaste marche souvent à la fois dans des pays fort éloignés, et que de grands résultats ne se préparent que lentement. […] On aurait pourtant mieux fait de ne pas traiter l’unité de lieu avec une rigueur si scrupuleuse, et de permettre aux personnages de passer d’une chambre dans une autre, ou même dans différentes maisons de la même ville. L’usage de choisir souvent la rue pour le lieu de la scène, usage que nous ont transmis les Latins, me paraît, dans nos mœurs, choquer la vraisemblance. […] Ce n’est que pour montrer combien l’inobservation de certaines vraisemblances nuit peu aux plaisirs du théâtre, que je remarque ici toute la liberté que Molière s’est accordée dans le choix du lieu de la scène. […] Dans ces lieux enchantés la volupté préside.
Après avoir parcouru le Dauphiné et la Normandie, Molière, fatigué de cette vie aventureuse, tourna ses regards vers le lieu de sa naissance. […] Le merveilleux de l’action, et les fréquents changements de lieu, font de cette pièce un ouvrage à part : il ne mérite pas moins d’être mis à côté des meilleures productions dramatiques. […] Il y avait là, dans une seule période de temps et dans un même lieu, de quoi illustrer dix siècles et dix nations. […] Le premier Jour fut plus heureux qu’elle ne se l’était promis ; mais ceux qui avaient entendu le petit Baron en parlèrent si avantageusement, que le second jour qu’il parut sur le théâtre, le lieu était si rempli que la Raisin fit plus de mille écus. […] Mais il y a tout lieu de croire que la retraite de Baron ne fut pas une disgrâce, puisque, outre la pension de mille livres qu’il touchait aux termes du règlement de sa société, il en avait une de trois mille livres qu’il devait à la munificence de Louis XIV.
J’avais déjà ouï parler de ce lieu et de la capacité de plusieurs galants hommes qui divertissaient galamment les bienheureux passants qui aiment à jouer à trois dés. […] Si vous n’êtes pas éveillée, Je ne veux point quitter ce lieu ; Si vous n’êtes pas habillée, Que je vous voie, et puis adieu ! […] Quand je vins, belle Marquise, Avec vous en ce beau lieu, À mon aimable franchise, En partant, je dis adieu. […] « Il y a lieu de penser que l’opposition faite, suivant Grimarest, au mariage de Molière put venir de Geneviève. » Il ne faudrait pas, sous prétexte que Molière fut l’amant de Madeleine, dire qu’il ne fut pas l’amant de Geneviève. […] Détrompez-vous, je ne suis qu’un pauvre gentilhomme sans feu ni lieu, mais je vous aime à la folie. »Et là-dessus, les amoureux étaient allés au septième ciel, presque au septième étage.
Un soir qu’on venoit de jouer le Mercure Galant, on demanda au célebre Préville quel étoit l’Abbé qui lui avoit servi de modele : « Je me suis bien gardé de m’attacher à un seul, dit cet acteur judicieux : j’aurois pu le bien copier, on l’auroit reconnu dans sa ville ; mais une fois éloignée de l’original, la copie n’auroit eu rien de piquant : au lieu qu’en prenant ce qui m’a frappé chez tous les petits collets, j’étois sûr de rendre le portrait ressemblant par-tout où il y auroit des Abbés ». […] Ces lieux vous sont ouverts, oui : sortez-en, sortez Glorieux des douceurs que vous en remportez.
Sans définir les mots d’art et de science (ce dont il faut se garder, si l’on veut s’entendre soi-même et se faire entendre), on peut dire qu’entre la science et l’art il y a cette différence que, dans l’une les gens médiocres peuvent rendre d’utiles services, au lieu que dans l’autre ils ne font rien qui vaille. […] Elle a si peur de n’être pas tout intelligence, de conserver la moindre apparence d’âme, de partialité, d’enthousiasme ; elle s’applique avec un dépouillement si entier, si farouche, à se faire toute à tous, à être anglaise avec les Anglais, allemande avec les Allemands, française avec les Français, qu’elle méconnaît une chose : c’est que les Anglais, les Allemands, les Français sont des hommes, et que dans Molière, dans Shakespeare, dans tous les grands poètes il y a, sous les différences de temps et de lieux, un pathétique capable de faire battre toute poitrine humaine, sans distinction de nationalités.
Dans une étude un peu complète il y aurait lieu de parler de l’organisation matérielle du théâtre à cette date. […] C’est de cette époque que date l’envahissement de la scène par les vicomtes et les marquis, conséquemment le rétrécissement de la scène, et par suite l’obligation d’observer plus strictement encore les règles de l’unité de temps et surtout de l’unité de lieu. […] En troisième lieu, Molière va chercher le rire aux vraies sources du ridicule. […] Au lieu du développement en longueur et en largeur qu’elle avait dans les comédies dites d’intrigue, elle se trouve cette fois étalée d’un seul coup sur la scène. […] En troisième lieu sa mémoire de comédien lui fournit tout naturellement le vocabulaire des pièces qu’il joue depuis 1643 : il n’est pas étonnant dès lors que ses personnages aient un parler voisin de celui des personnages de Corneille, ou même de Hardy.
Tous les spectateurs furent révoltés de cette grossièreté ; au lieu qu’à la seconde représentation, on entendit, avec plaisir, allez, monsieur, on voit bien que vous n’avez pas accoutumé de parler à des visages.
Je n’ai point encore su le lieu ni le temps où commença votre passion. […] Soleil, mon soleil, qui tous les matins faites rougir de honte la céleste lanterne ; ce fut au même lieu que vous donnâtes échec & mat à ma pauvre liberté. […] Parceque Granger, qui connoît l’amour de son fils pour Génevote, doit nécessairement se douter du tour qu’on lui joue, & qu’il n’est pas dans la nature qu’il signe réellement, tandis qu’il pourroit se contenter de le feindre ; c’est tout ce qu’un acteur de comédie est obligé de faire : au lieu que Sganarelle, ne connoissant pas le faux Médecin pour l’amant de sa fille, ne doit pas se méfier de lui : remarquons même qu’il ne signe réellement que lorsque Lucinde l’a pressé de signer.
Oui vraiment, l’année dernière et cette année, voici Le Menteur et Les Plaideurs ; voici, répartis sur l’une et l’autre, à peu près les mêmes ouvrages de Molière que nous avons vus là-bas ; seulement, au lieu du Bourgeois gentilhomme, d’Amphitryon et des Précieuses, nous apercevons Monsieur de Pourceaugnac, L’École des maris et Sganarelle : ne pouvait-on nous montrer le tout ? […] Petits bourgeois, commis, étudians, ils accourent à l’Odéon comme dans un lieu de divertissement et aussi dans une école littéraire qui serait aux écoles d’enfans ce qu’est le catéchisme de persévérance au petit catéchisme. […] Quant aux tragédiennes, depuis MmeSarah Bernhardt, on n’en fait plus : Mlle Dudlay en tient lieu.
Il a bien pu parler en l’air, comme tant d’autres, de l’enfer, à son valet ; se moquer des croyances vulgaires en les assimilant aux superstitions, et mettre en avant son bel article de foi que deux et deux sont quatre 70 ; mais voilà un argument qui renverse tout cela : un homme qui « aime mieux mourir de faim que de commettre un péché71. » Il y aura lieu de revenir sur don Juan considéré comme esprit fort72. […] Ce n’est pas le lieu d’apprécier au point de vue littéraire cet étonnant chef-d’œuvre, considéré non sans raison comme le suprême effort de la haute comédie77. Ce n’est pas le lieu non plus de raconter l’histoire de cette pièce, dont la représentation fut une affaire d’Etat, non-seulement du temps de Molière, mais de nos jours78.
Une des impressions défavorables à la pièce était venue du lieu même où elle avait été représentée. […] Cette Dent de Voltaire est parfaitement indiquée dans le catalogue Pourtalès (nº 1958), et se trouve bien, effectivement, aujourd’hui, en son lieu et place, dans le Reliquaire du Comte Desaix. […] Les provinces, auprès, sont des lieux solitaires. […] L’écrivain n’aurait garde d’imprimer à ses œuvres cette marque du temps et du lieu, qui les signale aux badauds du jour pour les vieillir et les démoder devant les auditeurs du lendemain. […] Hamon, ainsi que sur Antoine Lemaistre, qui en firent leur élève favori, et qui eurent bientôt lieu de ne pas croire à sa reconnaissance.
De nos clos bien fermés nous sortis par contrainte, Il dira : vous avez trop été dans ce lieu : C’est à nous ces troupeaux : fuyez vîtes. […] Le Seigneur du lieu vint avec quelques gentilshommes & des soldats pour le prendre : il se défendit courageusement, tua deux gentilshommes, un soldat, & fut enfin tué lui-même de plusieurs coups de pistolet.
Comédie qui n’est pas sans beauté pour ceux qui savent se reporter aux lieux, aux temps et aux circonstances, dont ces sortes de divertissements tirent leur plus grand prix. […] Dans l’édition de 1855, un passage a été ajouté : « La farce du Médecin malgré lui, composé à la hâte, et dans laquelle Molière ne daigna pas même s’asservir à la règle de l’unité de lieu, eut le plus grand succès et soutint Le Misanthrope, à la honte de l’esprit humain.
Laisse gronder tes envieux ; Ils ont beau crier en tous lieux, Qu’en vain tu charmes le vulgaire ; Que tes vers n’ont rien de plaisant.
La querelle entre Trissotin et Vadius, au sujet de ce sonnet, eut réellement lieu entre l’abbé Cotin et Ménage, chez Mademoiselle où Cotin venait réciter son sonnet, lorsque Ménage entra, et en dit du mal de la manière exactement dont le fait est représenté dans les Femmes savantes.
Ceux qui transplantent quelque art que ce soit d’un pays étranger dans leur patrie, en suivent d’abord la pratique de trop près, & ils font la méprise d’imiter chez eux les mêmes originaux que cet art est en habitude d’imiter dans les lieux où ils l’ont appris : mais l’expérience apprend bientôt à changer l’objet de l’imitation ; aussi les Poëtes Romains ne furent pas long-temps à connoître que leurs comédies plairoient davantage s’ils en mettoient la scene dans Rome, & s’ils y jouoient le peuple même qui devoit en juger. […] Il ne doit voir dans tout l’Univers que deux peuples, les hommes bons & les hommes méchants ; donner les vertus des uns pour exemple, faire la guerre aux vices des autres, mais toujours sans égard à la distance des lieux & aux circonstances qui les séparent de lui.
Aussi a-t-il bientôt lieu de s’en repentir, puisqu’Agnès, sa belle innocente, reçoit favorablement les vœux d’un jeune homme qui s’est introduit chez elle par le secours d’une vieille intrigante. […] A ne vous rien cacher de la vérité pure, J’ai d’amour en ces lieux eu certaine aventure ; Et l’amitié m’oblige à vous en faire part. […] Les femmes de ce lieu sont en cet équipage, Pour garder leur honneur dedans le mariage. […] Cet étranger, courtois, civil & plein de charmes, Me les a fait quitter, & m’a dit, ébahi, Que l’on n’exerçoit pas ces loix en son pays ; Que les femmes avoient, après le mariage, Des armes à la main qui faisoient moins d’outrage ; Qu’elles avoient des loix plus douces qu’en ces lieux.
Marton vient demander à Moncade s’il veut passer la nuit à crier, lui fait voir que l’heure ni le lieu ne sont point propres à cela, & le renvoie chez lui en disant que tous les fous ne sont pas aux Petites-Maisons. […] C’en est donc fait, Pasquin, je vais quitter ces lieux, Où je ne vois plus rien qui ne blesse les yeux ? […] Mariane est un enfant, Julie une mere imbécille qui couronne les feux de Moncade au moment où elle a plus lieu de croire qu’il ne se corrigera jamais. […] Il me regarde : il croit, je gagerois ma vie, Que je reste en ce lieu pour quelque fourberie.
La pièce a été jouée au grand jour ; elle a eu beaucoup de succès ; elle a fait un bruit énorme ; on en a parlé partout, à la cour, dans les ruelles, dans tous les lieux publics. […] Car on dit qu’on les tient esclaves en ce lieu, Et que c’est pour cela qu’ils sont maudits de Dieu. […] Que celui qui ne s’est jamais trompé sur le vrai lieu où on les trouve me jette la pierre !
Dans le premier volume de cet ouvrage, nous avons déja consacré un Chapitre aux diverses expositions nécessaires dans une piece : exposition du lieu de la scene, exposition des événements arrivés avant l’action, &c. […] Je suis seul en ce lieu sans être solitaire, Et toujours occupé sans avoir rien à faire.
L’excuse n’a plus lieu. […] Au lieu que pour transplanter sur notre théâtre une piece latine, espagnole, italienne, angloise, &c. il faut non seulement changer les mœurs, les caracteres, les bienséances ; il faut encore décomposer toute la machine pour lui donner une forme convenable aux regles établies parmi nous ; il faut sur-tout l’assujettir à la vraisemblance, dont les autres nations se passent.
L’action comique intéresse tout au plus par sa singularité ; le tragique intéresse outre cela par son importance, son atrocité : c’est le corps même du spectacle, la machine qui frappe ; au lieu que l’action comique n’est qu’un canevas, une toile pour recevoir des objets dessinés et des couleurs ».
Je pourrais ajouter en cinquième lieu une notice composée par Segrais et imprimée à la suite des Mémoires de mademoiselle de Montpensier, dont il était secrétaire. […] « Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […] Quoique la pièce entière résiste à l’application qu’on en veut faire, nous ajouterons à nos précédentes observations que la pièce semble donner elle-même la date du temps et du lieu de la première représentation. […] Il y avait peut-être lieu pour Molière à prendre quelques précautions d’après les avanies faites à l’abbé de Pure, cinq ans auparavant.
Des domestiques et des gens du lieu furent promptement à ces débauchés, qui étaient déjà dans l’eau, et les repêchèrent.
L’auteur ménage bien plus Molière que sa femme : un passage outrageant pour ses mœurs ne figure pas dans l’édition sans lieu ni date que M. […] La question du lieu où fut inhumé le grand poète et de l’authenticité des reliques qu’on donne comme les siennes a déjà soulevé bien des controverses : elle ne peut manquer de revenir bientôt à l’ordre du jour. […] Ne nous attachons qu’à la phrase du vieux Chapelain où le lieu de la véritable sépulture est indiqué. […] Passant tout de suite à la question des sentiments et des agissements de l’Église à l’égard des comédiens, je dirai qu’à mon avis il y a lieu de distinguer entre les principes que je crois avoir bien exposés et leur application. […] Ce fait unique qu’Alceste parle, en divers endroits, d’aller se réfugier dans un désert, de chercher un lieu écarté Où d’être homme d’honneur on ait la liberté.
Tu m’avois promis, lâche, & j’avois lieu d’attendre, Qu’on te verroit servir mes ardeurs pour Léandre ; Que du choix de Lélie, où l’on veut m’obliger, Ton adresse & tes soins sauroient me dégager ; Que tu m’affranchirois du projet de mon pere : Et cependant ici tu fais tout le contraire ! […] Mais ce qui le confirma bien davantage en cette appréhension, fut qu’ayant pris envie à Philippe, étant couché, d’aller aux lieux secrets, il se leve nud en chemise, & passe à travers la chambre de son frere : celui-ci, au moyen d’un clair de lune, le reconnut ; & le voyant en cet état, il jetta un grand cri, qui ne donna pas moins d’appréhension à Philippe qui reconnut la voix de son frere, & qui s’en retourna à son lit extrêmement effrayé, croyant de son frere ce que son frere croyoit de lui ; de sorte qu’ils passerent tous deux le reste de la nuit en l’appréhension l’un de l’autre.
La société y a gagné peut-être, ce n’est pas ici le lieu de discuter ce point ; mais, quand la pensée se calme, elle est bien près de s’endormir : elle ne se réveillera en effet que dans le siècle suivant, quand des passions nouvelles viendront la ranimer, et qu’à une époque stationnaire succédera une époque vivante et agitée, celle de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau. […] Les gouvernemens seraient moins généreux qu’il n’y aurait pas encore lieu de s’en plaindre. […] En considérant ces destinées nouvelles faites aux lettres par la révolution, nous ne pensons pas qu’il y ait lieu de regretter le temps passé : nous ne croyons guère à l’heureux effet des hautes influences en littérature ; impuissantes pour le bien, elles ne l’ont pas toujours été pour le mal.
Molière obtint pour sa troupe le brevet de comédiens du roi, au lieu du titre de troupe de Monsieur.
« N’est-il pas vrai que Petit-Jean, ce traiteur qui fait si bonne chère », et le cimetière des Arènes, « ce lieu où l’on se promène », et l’église Saint-Étienne, ont tout l’air d’être pour lui de vieilles connaissances ? […] Le plus probable est qu’elle n’eut point lieu. […] « Au lieu des trois bans publics exigés pour tous les mariages, on obtint, dit M. […] Bazin, faite en un tel lieu et devant un pareil monde, peut sembler passablement hasardée. » Il ne borna pas là sa hardiesse : ses attaques sont directes cette fois. […] » Ce portrait est chargé évidemment, mais, par tout ce qu’on sait de Molière, il y a tout lieu de croire qu’il ne manque pourtant pas d’une certaine ressemblance.
J’eus tout lieu de me louer de ma noble audace, lorsque j’appris « que l’Académie avoit lu mon ouvrage en entier ; qu’elle y avoit trouvé du savoir, une connoissance profonde du théâtre ; que je n’aurois pas le prix, parcequ’elle avoit résolu de couronner un Discours & non une Poétique, mais qu’on en parleroit avec éloge ». […] Loin de nous à jamais cette idée si fausse, que les heureuses dispositions tiennent lieu d’étude.
L’Abbé Pellegrin dit dans un Mercure de ce temps-là « qu’on la revit à la reprise comme une farce pleine de gaieté, au lieu que l’Auteur l’avoit donnée comme une comédie dans les formes ». […] En effet, ayant été trompé par ma bonne foi, l’hôte m’égorgea dans ce lieu-ci, & se contenta de me couvrir de terre : ainsi je demeure caché dans la maison, & il n’y a que moi qui sache où j’y suis. […] Ces gens-là sont la plus méchante nation du monde ; au lieu que celui-ci est honnête & modéré. […] Tous ces divers caracteres, animés par la robe, se soutiennent d’un bout à l’autre dans toute leur vérité ; au lieu que ceux de la piece françoise, ne tenant à rien, & faux par eux-mêmes, se démentent continuellement.
Il paraîtrait alors que le lieu de sa naissance
* Elle y parut avec tant d’éclat qu’il eut tout lieu de se repentir de l’avoir exposée au milieu de cette jeunesse brillante de la Cour. […] Le premier jour fut plus heureux qu’elle ne se l’étoit promis ; mais ceux qui avoient entendu le petit Baron, en parlerent si avantageusement, que le second jour qu’il parut sur le Theâtre le lieu étoit si rempli, que la Raisin fit plus de mille écus. […] Ce Comedien, après avoir gagné une somme assez considerable pour se faire dix ou douze mille livres de rente, qu’il avoit placées à Florence, lieu de sa naissance, fit dessein d’aller s’y établir. […] Des Domestiques & des gens du lieu furent promptement à ces débauchez, qui étoient déja dans l’eau, & les repêcherent. […] Ce changement obligea les camarades de Moliere à chercher un autre lieu ; & ils s’établirent avec la permission, & sur les ordres de Sa Majesté, ruë Mazarine, au bout de la ruë de Guenegaud, toûjours sous le même titre de la Troupe du Roi.
Il y a lieu de s’étonner que personne n’ait encore recherché la vie de Mr de Molière pour nous la donner. […] Elle n’y fut pas plutôt, que la Molière envoya deux Gardes pour la faire sortir de l’Amphithéâtre ; et se donna le plaisir d’aller lui dire elle-même, que puisqu’elle la chassait de sa maison, elle pouvait bien à son tour la faire sortir d’un lieu, où elle était la maîtresse. […] Le premier jour fut plus heureux qu’elle ne se l’était promis ; mais ceux qui avaient entendu le petit Baron, en parlèrent si avantageusement, que le second jour qu’il parut sur le Théâtre, le lieu était si rempli, que la Raisin fit plus de mille écus. […] Ce Comédien après avoir gagné une somme assez considérable pour se faire dix ou douze mille livres de rente qu’il avait placées à Florence, lieu de sa naissance, fit dessein d’aller s’y établir. […] Des Domestiques, et des gens du lieu furent promptement à ces débauchés, qui étaient déjà dans l’eau, et les repêchèrent.
Molière, âme vraiment loyale, ne put s’accoutumer au faux personnage qu’il voyait en tous lieux se répandre. […] Le théâtre en resta pour lui comme un lieu enchanté. […] Les pièces qui nous restent de ce temps-là sont de la même beauté que le lieu où l’on en faisait la représentation. […] Les unités, de lieu, de temps; l’usage de n’introduire les personnages qu’après les avoir fait connaître à l’avance, tout cela fut mis à néant. […] Ici le lieu de l’action n’était plus un salon, une antichambre, l’angle d’une rue, mais le monde entier : le bord de la mer, un palais, une forêt, un tombeau.
On a beau les connoître & savoir ce qu’ils sont, Trouver lieu de scandale aux intrigues qu’ils ont : Toujours même crédit.
Il en trouvera peut-être à qui il fera plaisir ; au lieu qu’il me désoblige mortellement ». […] A lui souffrir, en cervelle troublée, De courir tous les bals & les lieux d’assemblée ?
Que Molière ait quelquefois prétendu que ses comédies avaient un but moral9, soit par nécessité, soit par une de ces illusions communes aux auteurs, qui sont facilement entraînés à s’exagérer la portée de leurs œuvres, soit plutôt par une réflexion après coup sur l’influence morale qu’elles pouvaient avoir10, il n’est pas moins vrai qu’il se faisait une opinion plus modeste de ce que peut être la bonne comédie au point de vue de la morale : « J’avoue, dit-il, qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve point mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste. […] — « Il ne me soucie guère que le théâtre soit une succursale du temple ou une annexe de l’école, et, sans lui donner une mission si haute, je me contente de le trouver un lieu commode pour y passer agréablement quelques bonnes heures d’un temps bien perdu, sans remords ni regrets. » Galien-Arnoult, Réponse au remerciement de M.
de leur donner de ces flèches qui percent les cœurs, de les immoler à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne le ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer ? […] Il n’y a plus qu’un lieu où les hommes de notre temps se puissent sentir d’accord, et pour l’instant qui les rassemble et pour le lendemain : ce lieu, c’est l’Église. […] La récompense des élus de Dieu est une récompense abondante ; au lieu que les récompenses du monde sont vides et défectueuses : ce sera le second point. […] La Flèche, ou quelque autre maison qu’il plaira aux supérieurs (car je n’en demande aucune en particulier, pourvu que je sois éloigné de Paris), sera le lieu de mon repos. […] J’ignore si Célimène est dessinée d’après nature et quels lieux en ont conservé le modèle.
Au lieu que Molière, outre l’esprit qu’il lui fallait ramener, eut encore le cœur à guérir. […] Mais il est certain qu’on n’en peut juger de cette sorte sans prendre le nœud pour le dénouement ; et si je puis me servir de l’exemple d’Héraclius, tout ce qui se passe avant le quatrième acte ne tient lieu que de préparatifs pour mettre Phocas entre deux princes, dont il sait que l’un est son fils, et l’autre celui de Maurice, sans qu’il puisse connaître lequel des deux est l’ennemi dont il a juré la perte, et c’est ce qui en fait le nœud. […] Quelque temps après, voyant que le théâtre de l’Hôtel du Petit-Bourbon nous ôtait tous nos chalands, il fit dessein de jouer dans un lieu fermé, et me faire composer quelques comédies, de mettre de bonnes farces au bout, et d’y prendre de l’argent de même que les autres.
Le Métromane en finissant la piece, dit : Vous, à qui cependant j’ai consacré mes jours, Muses, tenez-moi lieu de fortune & d’amours.
Il a changé ces vers en ceux-ci : Heureux si ses discours craints du chaste lecteur Ne se sentaient des lieux que fréquentait l’auteur.
Le roi veut faire un lieu charmant de ce château.
Il ne la fit pas même imprimer, quoiqu’elle ne soit pas sans beautés pour ceux qui sçavent se transporter aux lieux, aux tems, & aux circonstances dont ces sortes de divertissemens tirent leur plus grand prix. […] Le Roi, touché de la perte d’un si grand homme, & voulant lui donner, même après sa mort, une nouvelle marque de sa protection, engagea l’archevêque55 de Paris, à ne lui pas refuser la sépulture dans un lieu saint. […] ibid. lettre 2. du 30 janvier 1663, où il dit, en parlant de l’école des femmes, Piéce qu’en plusieurs lieux on fronde ; Mais où pourtant va tant de monde, Que jamais sujet important, Pour le voir, n’en attira tant. […] La piéce entiére fut jouée au Rainci chez m. le Prince le 29 novembre de la même année, & au même lieu, le 9 novembre 1665.
Pour ne parler que de ces premières ébauches de comédies, au lieu de caractères, on y trouve des situations ; au lieu des ridicules de la nature, des ridicules exagérés ou imaginaires ; au lieu de personnages, les types de certaines professions, un docteur, un capitan, un juge ; au lieu de la vraisemblance dans l’action, tout l’esprit de l’auteur employé à y manquer. […] C’est un expédient annoncé par Horace, qui nous parle d’un certain Henrique Qui retourne en ces lieux avec beaucoup de biens Qu’il s’est en quatorze ans acquis dans l’Amérique15. Les invraisemblances de lieu n’y manquent pas, et la rue entend bien des choses qui ne se disent qu’à la maison. […] Au lieu du salon d’une coquette, c’est le foyer domestique d’une femme honnête, envahi par un intrus.
Unité de lieu Loi bête, imposée par un public bête, et qui heureusement se contente des plus grossières apparences. […] Au reste quand nous voyons Emilie se faire rendre compte de l’état de la conjuration dans le cabinet de l’Empereur, n’est-il pas évident qu’il n’y a pas unité de lieu ? […] Au lieu du comte, vous mettez M. […] Il en est à peu près de même de sans doute, au lieu duquel nous mettrions aujourd’hui ou certainement ou rien. […] Il serait ridicule de dire à un auteur : Pourquoi n’avez-vous pas fait mon ouvrage au lieu du vôtre ?
L’Auteur nous fait partir d’un point où il seroit obligé de nous traîner ; au lieu qu’en entrant dans la lice, nous voyons le but, nous y touchons presque.
Dresse ton monument près du funèbre lieu Où deux modestes sœurs, deux servantes de Dieu, Seules, la nuit, témoins de ton heure dernière, À ta voix expirante unirent leur prière, Quand des jeux de la scène au drame du trépas Tu passais tout d’un coup, et devais faire, hélas !
« L’Auteur, qui par de solides raisons & par sa propre expérience avoit appris à distinguer ce qui convenoit aux différents théâtres pour lesquels il travailloit, ne crut pas devoir hasarder cette comédie sur le théâtre de Paris ; il ne la fit pas même imprimer dans sa nouveauté, quoiqu’elle ne soit pas sans beauté pour ceux qui savent se transporter aux lieux, aux temps & aux circonstances dont ces sortes de divertissements tirent leur grand prix ».
Laisse gronder tes envieux Ils ont beau crier en tous lieux Que c’est à tort qu’on te révere, Que tu n’es rien moins que plaisant ; Si tu sçavois un peu moins plaire, Tu ne leur déplairois pas tant.