C’est encore une pièce d’intrigue, mais d’un autre genre que la précédente. […] La pièce est sans intrigue et toute de caractère. […] C’est une pièce en un acte, où il entre un peu de caractère, et dont l’intrigue est comique par elle-même. […] C’est une pièce de caractère et d’intrigue. […] Il est vraisemblable, naturel, tiré du fond de l’intrigue ; et, ce qui vaut bien autant, il est extrêmement comique.
L’intrigue d’amour est banale, pesamment conduite, et fait souvent perdre de vue le caractère principal. […] L’intrigue n’a d’autre but que de servir de cadre aux tours de Scapin ; ces tours sont l’essentiel de la comédie ; mais méritent-ils d’y occuper tant de place ? […] L’intrigue de L’École des femmes est très piquante, tout y découle de la même source. […] L’intrigue et les accessoires en sont imaginés avec talent et convenance, à l’exception de deux caricatures dont on aurait bien pu se passer. […] Marivaux n’a pas dépeint des caractères, et il n’a pas inventé des intrigues.
Dans l’une, la chose inanimée ne fait simplement que donner lieu à l’intrigue ; dans l’autre, la chose inanimée sert non seulement de base à la piece, mais elle paroît encore continuellement sur la scene ; elle soutient & ranime par là l’intrigue dont elle est inséparable. […] Voilà donc le portrait qui ne fait que donner lieu à une intrigue bien inférieure, par cette raison seule, à celle que nous allons offrir pour modele. […] Les portraits d’Arlequin & de Celio font naître l’intrigue, la soutiennent, la raniment continuellement, mais ne la dénouent point.
Elle ne distingue que les pièces d’intrigue et les pièces à caractères. […] Une comédie d’intrigue n’est qu’un jeu dont il ne nous reste rien. […] N’oublions point du reste que l’intrigue n’est pas plus essentielle que les caractères à la vraie comédie. […] Celle-ci ne peut guère se passer ni d’intrigue, ni même de caractères ; mais l’intrigue doit y dominer56. […] L’intrigue d’amour, banale, pesamment conduite, occupe trop de place.
De telles comédies seront sans contredit infiniment plus estimées que les pieces d’intrigue ou les pieces mixtes. Une comédie d’intrigue amuse ; une comédie mixte peut joindre l’utile à l’agréable, en amusant & en instruisant le spectateur, mais moins parfaitement que celle où le principal personnage, mettant tout en mouvement, nous trace par ses actions un portrait frappant des travers, des ridicules, des vices dont nous sommes blessés journellement. […] Il est non seulement vrai que les Anciens ont fait des pieces à caractere ; mais l’on pourroit encore soutenir que le théâtre d’Athenes, dès qu’il commença à briller, vit des comédies à caractere long-temps avant les pieces d’intrigue ; & voici ce qui me fait penser de la sorte. […] N’est-il pas à présumer que les Auteurs, gênés par les ordres rigoureux des Magistrats, & obligés d’abandonner les caracteres particuliers, se jetterent dans l’intrigue, & composerent les pieces imitées depuis par les Romains, & qui ne leur sont parvenues que parcequ’elles étoient plus modernes.
Il prétend qu’une intrigue amoureuse est utile aux pieces d’intrigue, mais que les fables à caractere peuvent se passer d’un semblable appui. […] La piece à caractere qui paroît, au premier coup d’œil, pouvoir se passer plus facilement d’une intrigue amoureuse, est le Méchant ; cependant quelles méchancetés décelent mieux l’affreux caractere d’un homme, que celles qu’il fait lâchement à une femme qui l’aime, & celles qu’il inspire à cette même femme, en se servant de l’empire que l’amour lui donne sur son cœur ? On pourroit absolument traiter un caractere, & bannir de la piece toute espece d’intrigue amoureuse : mais pourquoi se priver volontairement du ressort le plus propre à mettre tous les autres en mouvement, à les lier avec facilité, à les faire ressortir avec plus d’avantage, & à les mettre sur-tout à la portée de tout le monde, puisque l’amour est de tous les états. […] Dans le troisieme acte du Cocu imaginaire, Lélie & Célie se parlent de leur amour ; mais leur scene est très piquante, puisque Lélie croit Célie mariée à Sganarelle, que d’un autre côté Célie croît Lélie amoureux de la femme de Sganarelle, & qu’ils se reprochent réciproquement leur infidélité, lorsque Sganarelle, en paroissant, les confirme dans leur erreur : tout cela réuni donne à la scene le comique le plus singulier, & fait toujours marcher l’intrigue. […] Parcourez ainsi toutes les scenes amoureuses de Moliere, vous verrez avec quelle adresse il en a écarté la fadeur, la monotonie ; & comparons-les à une de ces scenes où deux amants, occupés uniquement du plaisir de se parler, semblent faire assaut d’esprit, s’attaquent & se ripostent avec des madrigaux, interrompent la marche de l’intrigue & la font oublier au spectateur.
Ce Sicilien que Moliere Représente d’une maniere Qui fait rire de tout le cœur, Est donc de Sicile un Seigneur, Charmé, jusqu’à la jalousie, D’une Grecque, son affranchie : D’autre part, un Marquis François, Qui soupire dessous ses loix, Se servant de tout stratagême Pour voir ce rare objet qu’il aime, (Car, comme on sait, l’amour est fin) Fait si bien qu’il l’enleve enfin, Par une intrigue fort jolie. […] Il suffit d’examiner les mœurs de cette comédie, pour voir que le sujet en est étranger, que Moliere l’a transporté sur son théâtre, sans se donner la peine de l’habiller à la françoise, & de changer la condition de ses esclaves, qui rendent son intrigue plus vraisemblable. […] Je conçois bien la peine qu’on a pour substituer aux voiles quelque chose d’aussi favorable à l’intrigue, aux méprises, aux quiproquo ; mais que faire à cela ?
Ce n’est point une combinaison possible, à la rigueur ; c’est une suite naturelle d’évenemens familiers qui doit former l’intrigue de la comédie, principe qui condamne l’intrigue de l’Hecyre : si toutefois Térence a eu dessein de faire une comédie d’une action toute pathétique, & d’où il écarte jusqu’à la fin avec une précaution marquée le seul personnage qui pouvoit être plaisant. […] Un peuple qui affectoit autrefois dans ses mœurs une gravité superbe, & dans ses sentimens une enflure romanesque, a dù servir de modele à des intrigues pleines d’incidens & de caracteres hyperboliques. […] On voit dans une même intrigue un Bolonnois, un Vénitien, un Napolitain, un Bergamasque, chacun avec le ridicule dominant de sa patrie. […] On y joüoit encore les pieces de Jodelle, de Garnier, & de leurs semblables, quand Corneille vint à donner sa Mélite, qui fut suivie du Menteur, piece de caractere & d’intrigue. […] Dans ses comédies d’intrigues il y a une souplesse, une flexibilité, une fécondité de génie, dont peu d’anciens lui ont donné l’exemple.
Nous avons déja beaucoup parlé de cette piece dans le premier volume de cet ouvrage, Chapitre XVI, de l’entr’acte ; il nous suffira donc d’en donner un précis bien rapide, pour faire voir à quoi elle ressemble, & nous séparerons l’intrigue en deux parties pour ne pas confondre les traits de ressemblance. Premiere partie de l’intrigue d’Eugénie. […] Léonore croit son intrigue découverte : mais son pere ne se plaint que des prodigalités de Don Pedre son fils qui a joué à Cascaye l’argent de sa pension. […] Don Pedre est incognito à Lisbonne, parcequ’il est amoureux de Constance sœur du Comte & d’Arnest : ce dernier découvre son intrigue, l’attend avec quatre braves & son valet Orcame, lui fait mettre l’épée à la main, & reçoit un coup qui le jette à terre. […] Seconde Partie de l’intrigue d’Eugénie.
Il est cependant fort remarquable qu’à l’époque où Anne fut accusée de conspirer avec Monsieur contre le roi, les mémoires du temps lui imputent une intrigue galante avec le duc de Buckingham, ambassadeur du roi d’Angleterre en France et son favori. Il est probable que les deux intrigues se succédèrent de fort près, si même elles ne marchèrent de front. […] En entrant à l’hôtel de Rambouillet on laissait la politique et les intrigues à la porte ; en allant à la cour, les habitudes de l’hôtel de Rambouillet se dissimulaient et cédaient au ton dominant.
L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan l’Hermite Lorsque Molière a composé l’Étourdi, il ne s’est piqué ni de tracer des caractères, ni de peindre les mœurs, ni même de former une intrigue parfaitement claire et bien suivie. […] Bernardin, se contente d’écrire1 : « L’enlèvement par les corsaires ne semblait pas comme aujourd’hui une intrigue démodée, empruntée à la comédie antique ; en se servant de ce procédé commode pour dénouer le Parasite et l’Avare, Tristan et Molière employaient un moyen dramatique qui était encore de leur temps fondé sur la réalité des choses ; écoutons plutôt Mascarille dans l’Étourdi (IV, 1) : C’est qu’en fait d’aventure il est très ordinaire De voir gens pris sur mer par quelque Turc corsaire, Puis être à leur famille à point nommé rendus, Après quinze ou vingt ans qu’on les a crus perdus ; Pour moi, j’ai déjà vu cent contes de la sorte. « Peut-être Mascarille exagère-t-il un peu quand il tient ces discours à Lélie, déguisé en Arménien pour abuser Trufaldin par un stratagème analogue à celui du Parasite ; cependant les deux exemples connus de saint Vincent de Paul et de Regnard suffiront ici pour établir que les sujets de Louis XIII et de Louis XIV ne devaient pas juger l’intrigue de la comédie de Tristan et certains dénouements de Molière aussi dépourvus de vraisemblance qu’ils nous le paraissent aujourd’hui. » M. […] Si, de plus, on admet qu’une sorte de vitesse acquise, jointe à la logique de l’intrigue, ait amené Molière à poursuivre l’imitation ébauchée du Parasite, on pourra regretter encore le dénouement de l’Inavvertito, mais celui de l’Etourdi se trouvera pleinement expliqué.
On ne connoissoit guéres alors que des piéces chargées d’intrigue ; l’art d’exposer sur la scéne comique des caractéres & des mœurs, étoit réservé à Moliere. […] ne soit pas une des meilleures du côté de l’intrigue, quoiqu’elle ne soit pas une des plus nobles, elle doit tenir un rang considérable parmi les chef-d’œuvres de Moliere. Il osa, dans cette piéce, abandonner la route connuë des intrigues compliquées, pour nous conduire dans une carriére de comique ignorée jusqu’à lui. […] On veut qu’une avanture réelle, qui avoit un rapport éloigné à l’intrigue, ait alors donné à cette piéce un sel qu’elle n’a plus. […] Plaute n’auroit pas rejetté le jeu même du sac, ni la scéne de la galére, rectifiée d’après Cyrano, & se seroit reconnu dans la vivacité qui anime l’intrigue.
Ressemblance dans le fond du sujet & de l’intrigue. […] « Qu’il y a loin d’une petite piece presque sans nœud & sans intrigue, dont le dénouement est prévu dès les premieres scenes : qu’il y a loin, dis-je, de cet essai à la perfection de l’art ! […] Ressemblance dans l’intrigue. […] Ce grand Poëte ne s’occupoit que foiblement de l’intrigue, & n’offroit pour l’ordinaire aux spectateurs qu’un objet indéterminé ». Nous avons dit dans le second volume de cet Ouvrage, Chapitre XV, à quoi ressemblent le Rival par ressemblance, & l’Homme dangereux : ajoutons que le héros de cette derniere piece ressemble beaucoup au Méchant, au Complaisant, & l’intrigue à celle des Philosophes.
Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent que jusqu’à la mort de la reine-mère, arrivée le 20 janvier 1666, « le roi avait gardé quelques mesures de secret sur son amour pour madame de La Vallière, pour ne point donner de chagrin à la reine-mère ; mais que quand il fut hors de cette appréhension, cette affaire devint publique » ; et Mademoiselle ajoute que dans ce temps-là… madame de Montespan, qui était une des dames de la reine, « commença à aller chez madame de La Vallière, qui était ravie de la voir chez elle pour amuser le roi. » C’est cet amusement du roi qui commença l’intrigue dont Bussy-Rabutin raconte si bien l’origine. […] Pendant ce temps-là (c’est-à-dire dans le mois d’août), une lettre adressée à a reine par la poste lui découvre l’intrigue du roi avec madame de Montespan, et accuse madame de Montausier de la favoriser. […] On peut donc tenir pour positif, que depuis le mois de mai 1667, jusqu’au mois d’août de la même année, Mademoiselle reconnut et suivit l’intrigue des deux amants. […] Il est fâcheux, ce me semble, que l’ordre chronologique amène à la suite du premier éclat que fit l’intrigue du roi avec madame de Montespan et de la colère du mari, la première représentation de la comédie d’Amphitryon, qui eut lieu le 3 janvier 1668.
Il a fidèlement suivi l’original latin dans l’intrigue, qui a de l’intérêt, mais nullement dans la diction, dont il est bien éloigné d’avoir la pureté, la grâce et la finesse. […] L’intrigue est peu de chose : le dénouement ne consiste que dans une fausse lettre, moyen usé depuis les Femmes savantes; et ce n’est pas la seule imitation de Molière, ni dans cette pièce, ni dans les autres de Regnard : il y en a des traces assez frappantes. […] Ses intrigues sont toujours un peu forcées, excepté celle de l’Esprit de contradiction; aussi n’a-t-il qu’un acte. […] Le tableau est énergique, mais d’une couleur monotone et un peu rembrunie : il y a des situations neuves et très artistement combinées; mais l’intrigue est pénible, et les derniers actes languissent par la répétition des mêmes moyens employés dans les premiers. […] La principale scène, où les deux sœurs se demandent pardon toutes deux et se mettent à genoux l’une devant l’autre, est une copie de la scène des deux vieillards dans le Dépit amoureux de Molière, et le fond de l’intrigue est un déguisement de valet, comme il y en a dans vingt autres pièces.
Tout le monde a reconnu dans les bons Auteurs comiques trois especes de pieces, pieces à intrigue, pieces à caractere, pieces mixtes, c’est-à-dire, qui tiennent des deux premieres : mais tout le monde n’a peut-être pas senti que les pieces à intrigue, que les pieces à caractere, que les pieces mixtes sont variées à l’infini dans leur construction, dans leur marche ; que chacun de ces trois genres en a plusieurs autres, qui doivent être traités différemment, & qui l’ont été par les meilleurs maîtres de l’art chez toutes les nations. C’est ce que nous verrons dans ce volume, quand nous aurons dit en passant un mot des genres auxquels il est bon de ne pas se livrer : alors nous examinerons les différents genres des pieces à intrigue, ensuite ceux des pieces mixtes, & nous finirons par décomposer les différents genres des pieces à caractere.
Il faut premiérement que la catastrophe soit tirée du fond du sujet ; qu’elle soit préparée par divers nœuds qui, paroissant employés pour embarrasser l’intrigue, soient autant d’artifices pour amener le dénouement. […] Madame Grognac, qui forçoit le Distrait à épouser sa fille, ne veut plus de lui, le croyant ruiné, & le dénouement se fait au gré des principaux acteurs, mais non au gré du spectateur, puisque le mensonge du valet & le dénouement qu’il amene, ne tiennent pas du tout au caractere du Distrait & à l’intrigue de la piece qui roule sur des distractions. […] Un récit fait le dénouement de l’Etourdi ; mais il est plaisant, mais il est fait par le personnage qui a amusé pendant toute la piece, mais il est arrangé de façon qu’il suffit pour dénouer l’intrigue compliquée de cinq actes, & pour décider le sort de tous les personnages ; & ce dénouement seroit parfait dans son genre, si l’Auteur n’employoit deux scenes à nous répéter très inutilement ce que la narration de Mascarille nous a très bien appris. […] Quelle imagination n’a-t-il pas fallu pour épargner au spectateur la peine du travail dans une intrigue très vive, pour lui procurer le plaisir de la voir se dénouer tout naturellement, & celui de voir Sganarelle donner dans les pieges qu’il a voulu tendre !
Tout le monde sait que dans une piece en cinq actes, le premier doit servir à l’exposition ; que l’intrigue doit se nouer au second ; que dans le troisieme elle doit toucher au moment de se dénouer, & se nouer avec plus d’embarras qu’auparavant, pour fournir au quatrieme ; & qu’enfin elle doit se dénouer tout-à-fait au cinquieme. […] On consacre le premier à l’exposition, le second à l’intrigue, le dernier au dénouement. […] Et la fin de l’acte est motivée, puisque Sganarelle qui emmene Isabelle, rentre chez lui pour faire les apprêts de ce même mariage qui nous intrigue. […] Enfin il est clair que si une scene doit avoir son exposition, son intrigue, son dénouement, chaque acte doit avoir aussi toutes ces parties bien distinctement marquées.
Prologues qui instruisent les spectateurs du sujet, de l’intrigue, du dénouement d’une piece, &c. […] Si je trouve ridicule qu’on m’expose l’avant-scene avant que la piece commence, je dois bien plus blâmer les Auteurs qui m’instruisent à fond du sujet, de l’intrigue & du dénouement. […] Quelques Auteurs ont fait des prologues qui ont un titre, une exposition, une intrigue, un dénouement ; & le plaisant de tout cela, est que plusieurs de ces choses manquent souvent à la piece qui les suit. […] Ce sont les prologues qui exposent les caracteres de tous les personnages du drame, qui les mettent en action, & qui font marcher l’intrigue & l’intérêt de façon qu’ils en font un véritable premier acte. […] Fanchon se charge de fournir l’intrigue, disant que c’est l’affaire d’une femme.
La finesse de l’intrigue, le contraste des personnages qui y sont introduits, la beauté de la versification, ne frappèrent point le public, et ce chef-d’œuvre ne fut reconnu pour tel qu’à la faveur de la farce du Médecin malgré lui. […] « À n’envisager cette réflexion qui achève le dénouement que du côté de la plaisanterie, l’on avouera qu’il était difficile de terminer plus finement, sur le théâtre français, une intrigue aussi galante. […] Sans intrigue, il n’y a point de comédie, et c’est par l’intrigue qu’on la distingue du dialogue… On distingue deux sortes d’intrigues ; dans la première espèce, aucun des personnages n’a dessein de traverser l’action, qui semble devoir aller d’elle-même à la fin, mais qui néanmoins se trouve interrompue par des événements que le pur hasard semble avoir amenés. […] L’intrigue alors, plus animée, tire également sa vivacité et des nouveaux ressorts qu’on emploie contre ce scélérat, et de l’adresse avec laquelle il sait tourner à son avantage tout ce qu’on entreprend contre lui. […] [Note marginale] Article II, « De l’intrigue », p. 4 et suiv.
« Je laissai là toute cette portion de l’intrigue ; car je n’ai dans le Fils naturel ni avare, ni pere, ni vol, ni cassette ». […] l’intrigue, les caracteres & les détails. […] Plus de pere qui revienne des Isles, qui soit pris dans la traversée, & qui dénoue : plus d’intrigue : plus de piece. […] Voilà pour l’intrigue.
Ici il suffit d’observer qu’il y eut à la cour d’Anne d’Autriche plus de galanterie que de bel esprit, et plus d’intrigues d’amour que d’intrigues littéraires ; et enfin qu’à l’époque dont nous parions, la galanterie des Amadis, qu’on appela très improprement chevaleresque, était fort en désarroi depuis le Don Quichotte qui avait paru au commencement du siècle.
On a imaginé les entr’actes pour donner le temps aux Auteurs de dépêcher derriere le théâtre une intrigue qui ne pourroit qu’offrir des longueurs ou des choses minutieuses & funestes aux plus essentielles, si on les faisoit passer sans distinction sous les yeux du spectateur : par conséquent le poëte a le plus grand tort quand, n’employant pas des moments si précieux, il reprend tout uniment au commencement d’un acte la fable où il l’avoit laissée à la fin du précédent. Le public sait aussi mauvais gré aux acteurs qui l’ont abandonné pour rien, qu’il est content d’eux quand ils mettent le temps à profit, & que l’intrigue va toujours son train. […] Il n’a pas été oisif pendant son absence ; & si l’intrigue n’a pas fait grand chemin depuis qu’il est parti, elle est toujours plus avancée. […] Lorsque Lubin & Clitandre paroissent au commencement du troisieme acte, l’Auteur, les personnages, le spectateur & l’intrigue ne sont pas plus avancés qu’à la fin du second.
Deux choses sont à remarquer dans la comédie de George Dandin, l’intrigue et les caractères. L’intrigue est d’une extrême simplicité. […] Le sujet, ainsi traité, eût porté jusqu’à la haute comédie de mœurs un ouvrage qui, par sa forme un peu vulgaire, semble n’appartenir qu’à la petite comédie d’intrigue. […] L’intrigue de Pourceaugnac a un autre caractère qui lui est particulier. […] Mais il n’y avait pas là d’intrigue, de nœud, de dénouement, conséquemment pas de pièce ; il en fallait trouver une, et c’est Molière que ce soin regardait : la chose était en bonnes mains.
Domestique du roi, il put observer de près la cour et ses intrigues. […] Dans la comédie d’intrigue, il naît de quelque accident imprévu qui cause une agréable surprise. […] Les intrigues de Molière sont simples, claires et naturelles. […] L’intrigue de l’École des Femmes est la plus singulière dont le théâtre ait souvenir. […] La cour, à cette époque, était un théâtre d’intrigues sanglantes.
Peu d’intrigue, et action peu soutenue. […] L’intrigue n’est pas vive, mais les nuances sont fines. […] Petite comédie d’intrigue, dialogue fin, et peinture vive de l’amour.
Madame de Montespan elle-même, malgré le plaisir qu’elle avait trouvé autrefois dans ces conversations, les tourna après en ridicule pour divertir le roi63. » Il était fort naturel sans doute qu’à la cour, où tant d’intrigues étaient toujours en action, soit pour la galanterie ou pour la fortune, on regardât comme oisifs les gens qui faisaient les plaisir de la conversation, et que le roi et madame de Montespan, dans les ébats d’un double adultère, eussent besoin de donner un nom ridicule aux personnes spirituelles de mœurs régulières et décentes. […] Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer. […] Il fallait, dit la princesse, que madame de La Sablière fut bonne à quelque intrigue, parce qu’elle était vieille, laide, et avait eu quelque galanterie 65. » Rochefort avait sans doute ajouté ces particularités mensongères pour ne point inquiéter Mademoiselle ; car à cette époque, madame de La Sablière n’avait que 23 ans, était d’une beauté remarquable, pleine d’esprit.
Il prend fantaisie à Damon de faire une piece ; il pille, il arrange sept à huit scenes maigres, décharnées, qu’il coud au hasard à une espece d’intrigue sans exposition, sans liaison, sans dénouement ; il donne à cela le titre de comédie. […] On trouva l’intrigue du Curieux impertinent bien imaginée, parfaitement conduite d’acte en acte, les scenes liées & dialoguées au mieux, la versification coulante, naturelle & dans le vrai ton du noble comique. […] Les deux intrigues comparées. […] L’exposition de l’intrigue est adroitement filée dans la Nouvelle : elle eût été trop languissante dans la piece si nous eussions vu naître la passion de Damon : mais aussi, n’y est-elle pas un peu trop brusquée ? […] Non sans doute : aussi ne dis-je pas qu’il eût fallu copier l’intrigue, mais l’imiter & produire à-peu-près les mêmes effets en changeant quelques ressorts.
Exposition de l’état actuel, de l’action & des moyens qui doivent servir à la marche de l’intrigue, à ses développements, au jeu des ressorts, &c. […] J’ai sans doute reçu du ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d’esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies ; & je puis dire, sans vanité, qu’on n’a guere vu d’homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts & d’intrigues, qui ait acquis plus de gloire que moi dans le métier. […] Qui ne croiroit que cette Nérine si bien annoncée pour une illustre, & qui par ses exploits connus ne le cede pas à Sbrigani ; qui ne croiroit, dis-je, qu’elle va faire la moitié des frais de l’intrigue, & partager les lauriers de son concurrent ? […] Pourroit-on se figurer que cet argent si bien annoncé ne servira à rien à l’intrigue ? […] Telle est celle que Moliere fait à la premiere scene du quatrieme acte de l’Etourdi : non content de n’apprendre que là au spectateur le véritable nom & l’histoire secrete d’un acteur qu’il a vu dès le premier acte, il expose encore un nouveau personnage & une nouvelle intrigue.
Les comédies de ce genre sont premiérement moins naturelles, moins vraisemblables que les pieces dans lesquelles on n’admet aucun être surnaturel ; en second lieu l’Auteur ne sauroit que très difficilement y ménager une intrigue : si à force d’art il y réussit, cette intrigue doit, de toute nécessité, être défectueuse, puisqu’elle ne peut jamais rouler sur le principal personnage. […] Gresset, vient se plaindre de la Critique qui trouve dans son intrigue un double intérêt.
L’auteur anglais a corrigé le seul défaut qui soit dans la pièce de Molière ; ce défaut est le manque d’intrigue et d’intérêt. […] C’est une pièce de caractère et d’intrigue ; quand il n’aurait fait que ce seul ouvrage, il eût pu passer pour un excellent auteur comique. […] Il n’y a presque point d’intrigue dans les Adelphes et celle de L’École des maris est fine, intéressante et comique. […] Il est vraisemblable, naturel, tiré du fond de l’intrigue, et, ce qui vaut bien autant, il est extrêmement comique. […] Est-ce ainsi que l’on conduit une intrigue ?
Avec ces deux éléments, l’intrigue du Barbier de Séville a ôté composée. […] Son intrigue est toujours comique, mais elle ne s’enchaîne pas avec une rigueur absolue. […] Vieilles ou jeunes, elles ne vivent que d’intrigues, et, dans la Parisienne, une petite fille que l’on croit innocente se ménage trois amans. […] Le caractère de femme d’intrigue, sans être passé de mode, n’a plus autant d’importance que du temps de Dancourt. […] L’aristocratie de l’or commençait à poindre ; elle préludait par l’intrigue, qui en est la base.
Pour que les pieces de ce genre soient bonnes, il faut que l’événement sur lequel l’Auteur veut bâtir son intrigue soit premiérement très naturel, très vraisemblable ; qu’il soit ensuite connu par un très petit nombre d’acteurs ; & qu’un mot, en dévoilant tout le mystere, puisse amener un dénouement prompt & facile. […] L’événement qui sert de fondement à l’intrigue de cette piece a deux qualités très nécessaires.
— D’intrigue, quoi qu’en dise Voltaire, l’ouvrage en a même deux, et c’est un grand défaut. […] L’intrigue italienne est ridicule. […] Le genre. — D’intrigue dans l’un et l’autre ouvrage, mais d’intrigue surnaturelle, puisque la métamorphose de Jupiter, qui se donne la figure de son rival, en est la base. […] L’intrigue en est-elle vive, attachante et claire ? […] Mais nous examinerons s’il est vrai que Molière ait pris au grand Corneille l’intrigue de son Don Sanche.
Le public connaissait l’intrigue de d’Urfé et l’aversion du roi pour lui. […] Les dernières amours de Henri IV, à cinquante-six ans, sa malheureuse passion pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, les jalousies de Marie de Médicis, les intrigues de sa cour contre les maîtresses du roi, le souvenir d’une guerre qu’on avait vue prête à s’allumer contre la maison d’Autriche pour ravoir la princesse de Condé, que son mari avait conduite à Bruxelles, dans la vue de la soustraire aux poursuites du roi, tout cela avait inspiré à toutes les âmes délicates un profond dégoût pour cette scandaleuse dissolution, dont la cour et la capitale offraient le spectacle, et les avait disposées à favorablement accueillir la continuation de L’Astrée.
Toute l’intrigue roule sur une supposition inadmissible, qu’un homme s’imagine être marié avec la femme qu’il aime, le lui soutienne à elle-même, et soit marié en effet avec une autre. […] L’École des Maris fut le premier pas qu’il fit dans la science de l’intrigue. […] Mais dans nos mœurs, ce dévouement dangereux est incompatible avec la liberté qu’on laisse aux domestiques : aussi les intrigues de valets sont-elles passées de mode sur la scène, parce que les valets, du moins ceux qui sont en livrée, ne mènent plus aucune intrigue dans le monde. […] Le principal caractère est bien plus fort que dans Plaute, et il n’y a nulle comparaison pour l’intrigue. […] Il eut même ici un mérite particulier, celui d’une intrigue plus intéressante qu’aucune autre qu’il eût faite.
Comment Regnard a-t-il donc pu imaginer d’établir l’intrigue d’une piece sur un caractere qui, tout différent des autres & de ce qu’il faut pour la comédie, devient invraisemblable à mesure qu’il accumule ses traits ? […] Si vous en exceptez cette différence, qui n’est pas à l’avantage de Regnard, les deux pieces sont les mêmes pour le fond du sujet, les caracteres, les moyens & l’intrigue. […] Le meilleur rôle est celui d’Agathe : elle forme l’intrigue & le nœud de la piece ; ses ruses sont, à la vérité, un peu grossieres. […] Concluons cependant que si Regnard n’a point pris chez l’Etranger l’intrigue & les caracteres peu vraisemblables de sa piece, il n’en est que plus coupable d’avoir imaginé des choses tout-à-fait contre nature. […] Comment a-t-il pu sur-tout lui laisser ignorer qu’en ne faisant point partager alternativement aux deux jumeaux les bonnes & les mauvaises aventures, comme dans l’ouvrage latin, il enlevoit à sa piece le mérite si rare de paroître animée par le hasard ; qu’il donnoit une marche contrainte à l’intrigue, & qu’il rendoit ses premiers personnages très monotones ?
L’intrigue est une mauvaise copie de celle de Pourceaugnac. […] Les personnages de la piece, parvenus au contraire à cet instant, ne sont que dans l’imbroglio de l’intrigue ; il faut pour la dénouer que M. […] Avouons cependant qu’il a quelque mérite d’avoir lié le dénouement à l’intrigue par le déguisement de M. […] Deux histoires réelles ont fourni à d’Ancourt le fonds & l’intrigue de cette piece ; il a pris encore chez Moliere l’idée de deux petites scenes. […] D’Ancourt a lié l’intrigue au dénouement par le moyen de Clitandre amoureux de Colette, niece de Julienne, qu’il épouse à la fin.
Mais Moliere voulant filer une petite intrigue, a choisi le caractere de la Comtesse pour en faire le principe de l’action : & quoiqu’il le fasse agir de préférence, il ne lui donne jamais assez de supériorité sur les autres pour qu’il puisse les rendre subalternes, & devenir principal. […] Il fait du Misanthrope le principal mobile de son ouvrage ; il y joint en même temps les caracteres de la prude Arsinoé, du bel esprit & des petits-maîtres de Cour, de l’indulgent Philinte ; il y joint enfin le caractere de la coquette Célimene, non pour faire l’intrigue de la piece, puisqu’il n’y en a point, mais pour les mettre en opposition avec le caractere d’Alceste, & lui donner occasion de se développer, pour le faire briller davantage, sans cependant marquer eux-mêmes trop de foiblesse, parcequ’ils ont la portion de force & de comique qui leur est nécessaire pour briller durant le peu de temps qu’ils sont sur la scene.
On commença à se dire tous bas à l’oreille que l’intrigue des Fausses Infidélités étoit imitée des Commeres de Windsor, Comédie en cinq actes de Shakespeare. […] La seconde de ces pieces est faite d’après une scene du Soldat fanfaron de Plaute ; la troisieme est imitée d’une partie de l’intrigue des Vingt-six Infortunes d’Arlequin, piece italienne, & d’une scene des Bacchides de Plaute.
Il n’y a presque point d’intrigue dans les Adelphes ; celle de l’Ecole des Maris est fine, interessante & comique. […] Il le trouve encore superieur dans l’intrigue, dans le caractere, & dans la plaisanterie.
Entre les éléments de cette guerre, ils auraient dû reconnaître l’esprit de galanterie corrompue, c’est-à-dire, d’incontinence, de vanité et d’intrigue, qui régnait en France et avait fait des gens de cour un assemblage d’intrigants et de brouillons ? […] La maison de la comtesse de Soissons, devenue bientôt célèbre par ses intrigues galantes, réunit les autres nièces du cardinal et fut ouverte à tous les grands.
Dans ces comédies latines, dont presque toujours un esclave dirige l’intrigue, il est presque toujours aussi question des amours d’un jeune homme libre pour une jeune fille de même condition, enlevée à ses parents dès l’enfance, vendue comme esclave, devenue courtisane, et reconnue à la fin par quelque honnête citoyen. […] C’est dans le royaume de Naples aussi que, suivant une ancienne tradition, peu démentie par l’état de choses actuel, se trouvent le plus de ces hommes d’intrigue et d’exécution, qui, pour le moindre salaire, sont capables de tout, même d’une bonne action ; et voilà encore pourquoi Molière, attentif aux mœurs et au costume dans les pièces mêmes où il semble les avoir le moins observés, a fait de Scapin et de Sbrigani deux Napolitains. […] L’intrigue de la pièce est double ; mais elle l’est aussi dans Térence ; d’ailleurs, serait-ce assez d’une seule intrigue pour le génie de Scapin, et ne lui en faut-il pas deux, pour le moins, à mener de front ? Au surplus, ces deux intrigues sont entrelacées habilement par le fourbe qui en tient les fils, et elles aboutissent à un dénouement commun, où chacun des deux pères, retrouvant une fille, trouve un gendre dans chacun des deux fils et des deux amants.
La sagesse de ses expressions, la conduite de ses intrigues, la finesse de ses pensées, le tour naturel de son style, et surtout la beauté de ses caractères, qui tendent tous à rendre le vice ridicule et méprisable, sont des choses que quelques-uns de ceux qui lui ont succédé dans le genre comique, ont imité d’assez près dans un petit nombre de pièces, mais qui peut-être ne se trouvent reunis dans aucune. […] Il ne la fit pas même imprimer137, quoi qu’elle ne soit pas sans beautés pour ceux qui sçavent se transporter aux lieux, aux temps et aux circonstances dont ces sortes de divertissemens tirent leur plus grand prix » Dans l’Etourdi, qui est la premiere comedie de Moliere, on doit observer que le valet fourbe ne fait pas l’intrigue de la fable, comme il le paroît d’abord ; car il imagine toutes ses fourberies avec tant de jugement qu’il n’auroit besoin que de la premiere pour arriver à ses fins ; mais, l’étourdi détruisant par son caractère tout ce que fait le valet, et ce valet se piquant de réussir, ils composent tous deux une intrigue, dont on peut dire que le caractère de l’Etourdi est le premier mobile. […] Elle a pour intrigue des aparences d’infidélité qui font un jeu de théâtre fort agréable, et dont le sujet est pris d’un canevas italien joué à l’impromptu, lequel a pour titre : Il Ritratto, ou Arlichino cornuto per opinione. […] Dans cette pièce de caractère et d’intrigue, Moliere avouoit lui-même avoir pris quelque idée des Adelphes de Terence ; mais il faut convenir aussi qu’il a fait honneur à son original, et qu’il l’a surpassé. […] On veut qu’une avanture réelle, qui avoit un raport éloigné à l’intrigue, ait alors donné à cette pièce un sel qu’elle n’a plus.
A la vérité l’Auteur moderne, en saisissant cette idée, a changé le reste de l’intrigue, le dénouement, & les autres personnages ; & l’on doit d’autant plus excuser cette faute, où il n’est tombé que cette seule fois ». […] Dans la piece de Champmeslé le rôle du Marquis n’est rien moins qu’honnête ; Mad. la Comtesse figureroit mieux dans une maison de force que sur la scene ; Catho & Manon sont en train de lui ressembler dans peu ; le Chevalier est aussi mal-adroit qu’effronté ; le pere est un imbécille ; les autres personnages sans caractere ne se montrent que pour disparoître, ou sont inutiles ; l’intrigue est traînante & mal combinée. La piece de Dufresny offre au contraire des caracteres variés, une petite intrigue rapide & bien conduite.
Modèle de ruses, de contre-ruses, d’intrigue, de comique. […] Mauvaise pièce, mais pleine d’esprit et d’intrigue. […] Le rôle du Jaloux est admirable ; l’intrigue n’est pas aussi bonne : il y a une naïve Hortense qui rapporte tout ce qu’elle a vu, qui est bien plaisante.
Elle ne sera point une femme d’intrigue ou une complice de désordres376. […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé ! […] Après tant de vérité, tant de principes excellents, tant de grâce et de bon sens apporté dans la peinture de la femme, il serait trop rigoureux de reprocher à Molière d’avoir introduit sur la scène quelques femmes d’intrigue, comme Nérine ou Frosine 398 ; sans doute, le moraliste doit être aussi sévère pour elles que pour les Mascarilles et les Scapins 399 : mais elles sont plus que compensées par ces bonnes et fidèles servantes comme Nicole, Martine, Toinette, qui ne connaissent de famille ni d’affection que leurs maîtres, et qui sont, avec toute leur rusticité, des modèles de bon sens et de dévouement400.
Elle ne peut être l’effet d’une ambition vulgaire, ni d’aucun des secrets qui sont à son usage, de l’hypocrisie, de l’intrigue, de la coquetterie, il faut en chercher la noble cause ailleurs. […] Le secret de la prodigieuse fortune à laquelle s’éleva madame de Maintenon n’a pas été pénétré par tous ceux qui se sont ingérés de nous l’apprendre ; ce secret n’a pas été, comme tant d’écrivains l’ont supposé, une excessive ambition de richesses, de vains honneurs, de grandeur et de pouvoir, aidée par une dévotion hypocrite, par une intrigue savante et quelques charmes, dont une coquetterie raffinée augmenta l’influence. […] On peut, je crois, regarder la première entrevue du roi et de madame Scarron comme l’époque de la naissance d’un vif désir de se plaire réciproquement, désir qui n’a cessé de faire des progrès jusqu’à la certitude du succès, tout en traversant les nombreuses intrigues de galanterie, même d’amours, dont le roi fut occupé dix années.
Comparaison des deux intrigues. Le fonds de l’intrigue est le même dans les deux pieces. […] Les Auteurs ont même eu l’adresse de ramener les principaux ressorts de l’intrigue. […] L’exposition & le dénouement sont tout-à-fait à la latine : une fille perdue & retrouvée en fait tous les frais, l’intrigue est tout-à-fait à l’italienne.
Attribuant la longue durée de cette interdiction aux intrigues de ceux qui avaient intérêt à ce qu’elle n’eût point de terme, il se vengea d’eux dans un autre ouvrage qui, en leur donnant de nouvelles raisons de le détester, leur fournit de nouveaux moyens de lui nuire. […] Un sujet plus intéressant, une intrigue plus animée, un plus grand nombre de caractères prononcés et agissants, quelque chose de plus vif, de plus énergique, de plus populaire dans le dialogue, tous ces avantages lui assurèrent dès l’abord un succès éclatant qui s’est toujours soutenu. […] Que le valet, double comme le maître, soit comme lui marié, et l’intrigue en deviendra doublement divertissante. […] Comme, chez les anciens, la tragédie et la comédie se jouaient sous le masque, il est probable que la facilité de donner à deux acteurs la même figure leur a suggéré l’idée de ces intrigues dramatiques qui se fondent sur la ressemblance de deux personnages. […] Dans la fable grecque, le dieu, en avouant sa supercherie et en rendant au mari sa femme, met fin à toute l’intrigue.
Orphise arrive au lieu indiqué ; des importuns l’excedent au point que, pour cacher son intrigue, elle est forcée de se retirer sans parler à celui qu’elle aime, & en feignant même de ne pas le connoître. […] Ce bout d’intrigue italienne est absurde. […] Quant aux personnages qui croisent successivement les desseins de Pantalon, on se doute bien qu’ils sont dignes de l’intrigue, & l’on ne se trompe point.
. — Intrigues galantes du roi avec madame de Ludres, ensuite madame de Grammont. — Querelles de madame de Montespan et du roi, de madame de Montespan et de madame de Maintenon. — Agitation de celle-ci. — Confiance du roi en elle, attestée par la réserve qu’elle garde désormais avec ses amis. […] « Les avis d’une amie aimable, lui disait-elle, persuadent plus que ceux d’une sœur sévère. » Elle ajoutait : « Croyez-moi, ma belle demoiselle, car vous ne cesserez jamais de l’être, les intrigues de la cour sont bien moins agréables que le commerce de l’esprit.
Je vais présentement remplir mes engagements avec la derniere exactitude, & je donnerai pour exemple une piece dans laquelle les noms seuls de quelques parures font naître l’intrigue, la filent, & la dénouent : Boursault, l’ennemi juré de Moliere, en est le pere. […] Il est des pieces dans lesquelles les acteurs, à l’aide d’un nom changé, jouent un personnage qui n’est pas le leur : mais il n’est pas question dans cet article de cette espece de comédie, parceque c’est du personnage qu’ils jouent, & non du faux nom, que naissent les situations & les plaisanteries : ces pieces doivent se ranger dans la classe de celles qu’un déguisement intrigue ; il étoit essentiel de faire en passant cette remarque.
En effet, que serait-ce qu’une intrigue tragique entre des hommes du commun ? […] Aucune intrigue amoureuse ne sert à l’intrigue, ni au développement des situations.
L’action simple et peu animée, les beautés fines, délicates, mais quelquefois un peu sérieuses du Misanthrope n’étaient pas de nature à frapper, à saisir, à enlever des spectateurs, que Molière lui-même avait accoutumés à des intrigues plus vives et à un comique plus populaire. […] Le succès justifia son audace : il fit preuve, pour cette fois, du talent de dessiner vigoureusement des caractères, et de combiner savamment une intrigue ; et, dans son faux Philinte de Molière, on put admirer du moins un égoïste véritable. […] L’intrigue, sans doute, n’est ni forte, ni vive, ni très attachante par elle-même ; mais cette sobriété de moyens dramatiques, cette simplicité et cette lenteur dans la marche de l’ouvrage étaient autant de conditions nécessaires : une contexture d’incidents plus serrée et un mouvement de scène plus rapide n’auraient laissé ni espace ni temps pour ces larges développements de satire morale qui sont le véritable sujet de la pièce. […] Enfin, l’intrigue, peu savamment conduite et manquant à une des unités dramatiques, est dénouée avec une excessive négligence.
Collalto 49 en a rajeuni l’idée dans l’un de ses canevas intitulé : Les Intrigues d’Arlequin. […] Là-dessus, en feignant de lui raconter le sujet de l’opéra, il lui raconte une partie de sa propre histoire, & continue ainsi en chantant : Dialogue, dans les Intrigues d’Arlequin. […] Les scenes de Boursault tiennent certainement mieux au sujet & servent davantage à l’intrigue que celles de Moliere ; elles ne pechent pas si fort contre la vraisemblance : elles sont d’ailleurs rendues très comiques par l’embarras de Crispin & les ruses qu’il est obligé de mettre en usage pour n’être pas découvert, au lieu que Toinette vient trop aisément à bout de son dessein. […] Si Scarron eût été réellement inspiré de Thalie, il les auroit transportées de préférence sur notre scene, & il auroit fondu dans ses romans les intrigues romanesques de ses monstres dramatiques.
Il résulte de là une intrigue fort embrouillée et extravagante : Thomas Corneille reconnut lui-même plus tard — dans l’édition de 1660 — la faiblesse de son sujet ; de ses sujets en général, aurait-il pu dire. […] Quelle ressemblance y a-t-il entre la marche de l’intrigue dans l’Ecole des Femmes, et la succession des événements dans Tartufe ou dans le Malade Imaginaire ? […] Le second point, c’est un changement de front de l’intrigue. Au lieu du développement en longueur et en largeur qu’elle avait dans les comédies dites d’intrigue, elle se trouve cette fois étalée d’un seul coup sur la scène. […] Une comédie étant obligée de finir, il est bon que l’auteur avertisse, par la faiblesse même de son dénouement, que cette fin n’est pas vraie, mais seulement obligatoire. — Molière, semble-t-il, n’a pas eu cette intention nette ; il a accordé peu d’attention au dénouement, parce que c’est une pièce essentielle de l’intrigue, et que l’intrigue est pour lui chose secondaire.
Enfin, de cent raisons mon dépit s’est servi Pour lui bien reprocher des bassesses si grandes, Et pouvoir cette nuit rejetter ses demandes : Mais elle m’a fait voir de si pressants desirs, A tant versé de pleurs, tant poussé de soupirs, Tant dit qu’au désespoir je porterois son ame, Si je lui refusois ce qu’exige sa flamme, Qu’à céder, malgré moi, mon cœur s’est vu réduit : Et pour justifier cette intrigue de nuit, Où me faisoit du sang relâcher la tendresse, J’allois faire avec moi venir coucher Lucrece, Dont vous me vantez tant les vertus chaque jour. […] Elle dit, pour s’excuser, que Valere, rebuté de ses rigueurs, a renoué avec sa sœur, avec qui jadis il avoit été bien ; qu’ils se sont fait une promesse de mariage, & que, pour achever de convenir de leurs faits, à l’insu d’Ariste, sa sœur l’a priée de lui prêter sa fenêtre pour parler à son amant ; qu’elle n’avoit pu lui refuser cette grace, & qu’elle alloit, lorsqu’il l’a surprise, chercher Lucrece, pour ne pas jouer un mauvais rôle durant toute cette intrigue.
Le spectateur, après avoir été alarmé par une idée qui détruit toute l’intrigue à laquelle il s’intéresse, peut-il n’être pas bien agréablement surpris quand une seconde idée, aussi simple, aussi inattendue, répare tout le mal que la premiere a fait ? […] Voyons avec quel art il les ont ménagées, comme elles donnent du ressort, de l’action à une intrigue, tantôt en la détruisant, tantôt en la renouant ; comme on les rend intéressantes en les faisant naître dans le moment le plus critique ; comme elles ont le mérite si rare de l’à-propos.
Il faut que la diction d’une comédie soit, comme toutes ses autres parties, assujettie aux regles de la nature & de la vraisemblance, qui, devant régler & conduire l’action d’une fable, sans perdre un instant de vue l’intrigue, les caracteres, le dénouement, &c. ne doivent pas moins présider l’une & l’autre à la diction. […] Il étoit réservé à un siecle aussi futile, aussi léger, aussi inconséquent que le nôtre, de préférer la double intrigue des six comédies de Térence, leur monotonie dans l’exposition, dans la marche, dans les dénouements, & leur froide symmétrie, au comique inconcevable & varié qui regne dans les vingt comédies de Plaute ; & cela seulement parceque le premier est plus châtié, plus élégant. […] Ils semblent n’imaginer à la hâte une petite intrigue que pour avoir le droit de ramasser beaucoup de monde & de faire débiter sur les planches une diction qu’ils se piquent d’avoir à eux.
rendu sous la présidence d’un des membres de la Compagnie, Lamoignon, fût rédigé et « adouci » par lui de telle sorte que la Compagnie n’y parut pas expressément, il y avait dans les considérans des mots fâcheux : les mots de « cabale, » d’« intrigues ruineuses au service du Roi, de l’État et du public... » Plus fâcheux encore était le commandement donné aux commissaires du Châtelet de se transporter « en tous les endroits où ils auront advis que pareilles assemblées se tiennent. »Dès lors, il fallait bien que les conditions d’existence de la Compagnie changeassent. […] Il prouve que « la grimace étudiée des gens de bien à outrance, le zèle contrefait des faux monnayeurs en dévotion, » dont se laissent bonnement éblouir tant d’imbéciles, n’est pas plus propre à couvrir les médiocres intrigues et les grotesques galanteries d’un petit fripon bourgeois, que les gros crimes, de toutes sortes, et l’athéisme, entêté et avoué, d’un scélérat du grand monde. […] Ce n’est pas davantage la ressemblance de l’intrusion et de la tyrannie exercée par Tartufe chez Orgon, de son goût avoué pour toutes les intrigues souterraines, avec les méthodes d’action clandestine que la Compagnie du Saint-Sacrement s’imposait, et avec ces ingérences tyranniques dans la vie privée dont les parlemens, — nous l’avons vu tout à l’heure, — s’étaient émus. […] « Il répondit que c’étaient railleries ; il prend Charpy pour le meilleur ami qu’il ait. » On avouera qu’il est difficile de ne pas voir, avec les sa vans éditeurs de Tallemant et de Molière, non seulement dans cette anecdote toute l’intrigue et tous les personnages36 de la pièce de Molière, mais encore dans ce Charpy le personnage véritable qui a dû « fournir le plus de traits » au portrait de l’imposteur galant. […] C’est un fait menu en soi, évidemment, que cette concordance entre l’intrigue du Tartufe, la chronique de Tallemant des Réaux et les archives authentiques de la Compagnie du Très-Saint-Sacrement ; mais comme cette concordance n’a pu être fortuite, elle nous oblige à penser qu’en composant L’Imposteur, Molière a eu, sinon directement en vue, au moins à la pensée, les confrères de MM. de Renty et de Dernières ; elle s’ajoute, pour les corroborer, aux autres faits propres à nous faire croire que Molière les a visés entre autres « dévots. » Mais « entre autres, » dis-je, et pas eux seuls41.
Il n’y a qu’une intrigue, à la vérité assez emmêlée et que L’auteur, à la fin, semble avoir eu assez de peine à débrouiller. […] L’intrigue est simple et facile, moins le dénouement qui est un peu péniblement amené et auquel on veut assez que Molière n’a attaché aucune importance. […] Je ne puis que répéter après lui que le dénouement de l’École des maris, vraisemblable, naturel, tiré du fond de l’intrigue et, ce qui vaut bien autant, extrêmement comique, est le meilleur des pièces de Molière. […] Il n’y a donc rien à dire de cette pièce ni- au point de vue des idées, ni au point de vue de l’intrigue, puisqu’il n’y a ni intrigue ni idées. […] Il est à Philaminte ce que Tartuffe est à Orgon, ce que Diafoirus est à Argan, ce que Dorante est à Monsieur Jourdain, et il est aussi cynique qu’ils peuvent l’être lorsque son intrigue à lui, comme la leur, est découverte.
Une Soubrette qui se mêle d’intriguer ne doit employer que ces petits traits fins, adroits, déliés, auxquels les femmes sont si bien stylées ; ces faussetés, ces perfidies qu’elles savent si bien couvrir du masque de l’ingénuité : aussi est-il plus difficile de faire filer une intrigue à une Soubrette qu’à un valet. […] Lorsque j’ai conseillé de prendre l’intrigue de cette piece pour modele, j’ai voulu faire remarquer les ressorts que Laurette met en usage.
« Plaute & Térence, dira-t-on, ont mis la scene de la plupart de leurs pieces dans un pays étranger par rapport aux Romains, pour qui ces comédies étoient composées : l’intrigue de leurs pieces suppose les loix & les mœurs grecques. […] Moliere, loin de bâtir l’intrigue d’une seule de ses pieces sur le vice ou le ridicule attribué à quelques-unes de nos provinces, n’a seulement pas daigné en faire des scenes détachées.
Comment veulent-ils, ces Auteurs si enorgueillis de la qualité de leurs personnages, comment veulent-ils qu’un marchand, un procureur, un notaire, une petite-maîtresse subalterne, puissent s’intéresser à une intrigue de Cour, qu’ils s’amusent du caractere d’un courtisan placé si loin du leur, dont ils n’ont aucune connoissance ? […] Un bourgeois sensé qui vient à la comédie pour se délasser en y riant du ridicule de ses semblables, & à qui l’on donne une piece qui roule sur les intrigues des grands, ne seroit-il pas tenté de répéter à l’Auteur ce que le savetier disoit à sa femme ?
On dit dans le temps, que Moliere avoit composé l’intrigue de sa piece d’après cette même aventure. […] L’histoire du Comte de Gramont peut avoir rappellé à Moliere l’intrigue italienne, & lui avoir fait naître l’idée de la transporter sur son théâtre ; mais voilà tout.
L’événement le prouva : car madame de Soubise ne tarda pas à lier avec le roi une intrigue qui dura quelque temps. […] Les choses terribles c’étaient des scènes de jalousie : les choses horribles qui étaient imputées à la gouvernante, c’était d’employer l’art, le manège, l’intrigue d’une femme galante pour séduire le roi ; tandis qu’elle renonçait pour la paix à tous ses goûts, à tous ses sentiments.
Ce qui dominait dans les pièces, c’était l’intrigue et les incidents, erreurs de noms, déguisements, lettres interceptées, aventures nocturnes ; c’est pourquoi on prenait presque tous les sujets chez les Espagnols, qui triomphent sur ces matières. […] « [*]Quoique la comédie des Précieuses ridicules ne soit pas une des meilleures du côté de l’intrigue, quoiqu’elle ne soit pas une des plus nobles, elle doit tenir un rang considérable parmi les chefs-d’œuvre de Molière. Il osa, dans cette pièce, abandonner la route connue des intrigues compliquées, pour nous conduire dans une carrière de comique ignorée jusqu’à lui. […] « [*]On remarqua, dans Le Cocu imaginaire, que l’auteur, depuis son établissement à Paris, avait perfectionné son style ; cet ouvrage est plus correctement écrit que ses deux premières comédies, mais si l’on y retrouve Molière en quelques endroits, ce n’est pas le Molière des Précieuses ridicules ; le titre de la pièce, le caractère du premier personnage, la nature de l’intrigue, et le genre de comique qui y règne, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; cependant on ne peut s’empêcher d’y découvrir en même temps un but très moral ; c’est de faire sentir combien il est dangereux de juger avec trop de précipitation, surtout dans les circonstances où la passion peut grossir ou diminuer les objets.
« [*]La nature, qui semblait avoir épuisé ses dons en faveur de Molière, parut en être avare pour les poètes qui vinrent après lui : on négligea la perfection des plans et de l’intrigue ; on dédaigna les caractères, on abandonna la noble simplicité de sa diction ; et soit incapacité, soit indolence dans les auteurs qui suivirent ce grand homme, ses ouvrages occupèrent longtemps seuls le théâtre français, avec la supériorité et la justice qui leur étaient dues ; enfin les spectateurs, lassés d’attendre un génie capable d’imaginer avec l’art de Molière des fables nouvelles, et d’imiter aussi heureusement celles des anciens, refusèrent leurs applaudissements à des comédies qu’on leur présenta, parce qu’elles étaient dénuées d’intrigue, ou qu’elles en étaient trop chargées. […] Ces esprits justes, ces esprits vrais ne souffrent qu’avec peine que l’on préfère aujourd’hui des comédies composées simplement de saillies et d’épigrammes aux comédies qui n’ont qu’une intrigue soutenue d’une diction simple et naturelle. […] On trouve dans ces pièces des intrigues passables et des scènes comiquement rendues, mais nuls portraits convenables à la correction des mœurs, et aucuns caractères : en un mot, rien de ce qui caractérise la vraie comédie, l’utile mêlé à l’agréable. […] Plaute n’aurait pas rejeté le jeu même du sac, ni la scène de la galère, rectifiée d’après Cyrano, et se serait reconnu dans la vivacité qui anime l’intrigue.
qu’arriveroit-il s’il savoit ma foiblesse, La seule qui soit vraie & qui m’a tourmenté, Ma sotte intrigue avec cette Comtesse ? […] Dupuis demande à Clénard s’il ne connoîtroit pas quelque intrigue secrete à Desronais, ou le nom de quelqu’une de ses maîtresses. […] Les fourbes nous y tiennent par leurs subtiles inventions, les sots par leur ignorance, les Théologiens39 par leurs mysteres, les Avocats par leurs chicanes, les gens d’Etat par leurs intrigues.
Il serait bien triste que Dieu n’éclairât pas une âme faite pour lui. »Cependant les yeux jaloux de madame de Montespan ont découvert l’intrigue du roi et de madame de Fontanges. […] Dès 1677, les remontrances de l’assemblée du clergé, ou les jésuites avaient de puissants amis, les sollicitations de la cour de Rome, provoquées par les intrigues de la société, les conseils du chancelier Le Tellier et du marquis de Louvois son fils, tous deux ennemis de Colbert, qui protégeait les protestants comme des sujets utiles, enfin l’intérêt particulier de Louvois, ministre de la guerre, qui était atterré, dit Saint-Simon, par le poids d’un armistice de vingt années, à peine commencées, et qui voulait rendre ses troupes nécessaires par la persécution des huguenots, (elles furent les causes des dragonnades de 1683 et 1684. […] Madame nous apprend dans ses lettres originales que « le roi, malgré ses intrigues, couchait régulièrement toutes les nuits avec la reine.
Il va remettre les deux lettres, &, graces à son demi-tour & à sa balourdise, il fait une méprise qui forme l’intrigue de la piece. […] Il y a une grande différence d’une action à l’autre : cependant lorsque l’Avare, qui prend Valere pour son voleur, lui dit de confesser l’action la plus infame, il est tout simple que Valere croyant son intrigue découverte, réponde en conséquence, & qu’il s’avoue coupable.
Nous allons opposer les deux Jumeaux Italiens aux deux Jumeaux François ; prouver que l’Auteur Italien, en composant sa piece, a pris soin de tramer l’intrigue, de la dénouer, & d’arranger les incidents de façon que les deux freres ne fussent jamais ensemble sur la scene, & qu’un seul pût remplir les deux rôles ; ensuite il nous sera facile de faire remarquer que ce qui est une beauté sur le théâtre Italien, seroit un défaut sur le nôtre. […] Le spectateur crut toujours voir le même personnage qui s’étoit mis en habit de voyage pour regagner sa province ; on ne suivit plus l’intrigue, & la piece tomba.
La plus facile est celle d’amener un personnage pour faire une seule scene qui ne tient pas à l’intrigue, & qu’on pourroit retrancher sans nuire à l’action. […] L’autre maniere est de coudre à son sujet quelques personnages qui aient part à l’intrigue.
Dans ses comédies d’intrigues, il y a une souplesse, une flexibilité, une fécondité de génie dont peu d’anciens lui ont donné l’exemple. » « Il a su allier le piquant avec le naïf, le singulier avec le naturel ; ce qui est le plus haut point de perfection en tout genre.