Est-ce, d’aventure, que MM. les sociétaires, égarés par l’esprit de curiosité ou par le faux goût, sacrifient Corneille et Racine à des classiques secondaires, à des primitifs ou à des épigones ? […] mais Les Fausses Confidences ? […] Et ce n’est pas seulement Le Legs et Les Fausses Confidences que je ferais jouer pour mon plaisir, si j’en avais le pouvoir, mais La Surprise de l’amour et La Seconde Surprise, La Double Inconstance, L’École des mères, L’Heureux stratagème, Les Sincères et Les Sermens indiscrets… Il ne coûte rien de former des vœux, ni d’exprimer des regrets : pourquoi n’en accorder qu’à Marivaux ? […] On peut trouver que ce n’est guère et que beaucoup manquent à l’appel ; mais sur ces disparus, encore une fois, ne prolongeons pas nos doléances ; rappelons-nous que non-seulement Les Fausses Confidences et Zaïre, mais Don Juan, aussi bien que Bajazet et que Rodogune, nous ont été enlevés : on ne geint pas une heure durant pour un ongle cassé à la main gauche, lorsqu’on est amputé du bras droit. […] Le Testament de César Girodot se serait contenté assurément de dix représentations, l’année dernière, ou L’Ami Fritz de douze, ou Les Pattes de mouches de trente et une, ou Le Monde où l’on s’ennuie de dix-neuf, pour céder une soirée à Rodogune, à Bajazet, à Don Juan ou aux Fausses Confidences ; le Bougeoir se serait tenu à quarante-deux, pour laisser une petite place au Legs ou à La Critique de l’Ecole des femmes.
Donc le don Juan de Molière n’est point le personnage traditionnel et convenu des Espagnols : il est vivant ; et c’est peut-être pour l’être trop qu’il fut si peu représenté du temps de l’auteur, et subit ensuite si rigoureusement les coups de ciseaux de la censure : les grands seigneurs ne voulurent pas plus de don Juan que les faux dévots de Tartuffe 37. […] « Pour le faux dévot, Molière en a peur, il en a horreur du moins. » D. […] « Sous prétexte de condamner l’hypocrisie ou la fausse dévotion, cette comédie donne lieu d’en accuser indifféremment tous ceux qui font profession de la plus solide piété. » (Ordonnance de l’archevêque de Paris citée plus haut.) « Comme la fausse dévotion tient en beaucoup de choses de la vraie..., comme les dehors de l’une et de l’autre sont presque tous semblables, il est… d’une suite presque nécessaire que la même raillerie qui attaque l’une intéresse l’autre, et que les traits dont on peint celle-ci défigurent celle-là… Et voilà ce qu[est arrivé lorsque des esprits profanes… ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non point pour en réformer l’abus..., mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage pût profiter, en… faisant concevoir d’injustes soupçons de la vraie piété par de malignes représentations de la fausse. […] Ces hommes, qui avoient abusé de la vertu même, quoiqu’elle soit le plus grand don des dieux, étoient punis comme les plus scélérats de tous les hommes… Les trois juges des enfers l’avoient ainsi voulu, et voici leur raison : c’est que les hypocrites ne se contentent pas d’être méchants comme le resta des impies ; ils veulent encore passer pour bons, et font, par leur fausse vertu, que les hommes n’osent plus se fier à la véritable. » (Télémaque, liv.
La fausse Lucile lui a fait promettre qu’il ne s’alarmeroit pas des feintes marques d’amitié qu’elle donneroit à Eraste ; aussi, loin d’être piqué du billet qu’on lui montre, il fait un grand éclat de rire, sort d’un air triomphant, & jette par là dans le plus grand désespoir celui qui vouloit le désespérer lui-même. […] Mascarille, dupe de l’artifice d’Ascagne, & de la fausse confidence d’Eraste, lui dit qu’il a très bien fait de se guérir de sa malheureuse passion. […] Oui, vous avez bien fait de quitter une place Où l’on vous caressoit pour la seule grimace ; Et mille fois, sachant tout ce qui se passoit, J’ai plaint le faux espoir dont on vous repaissoit. […] M. de Marmontel nous indique, dans sa Poétique, six sujets de comédie : le Défiant, le Misanthrope par air, le Fat modeste, le petit Seigneur, le faux Magnifique, l’Ami de Cour.
Ils m’ont assuré que le héros Italien étoit, comme le héros François, persécuté par un fourbe qui mettoit à ses trousses de faux créanciers, des coquines qui prétendoient être ses femmes, & un déluge d’enfants qui l’appellent papa. […] Le faux Médecin dit qu’on lui a recommandé de le guérir, qu’il a promis, & qu’il veut remplir sa parole. […] La fausse reconnoissance est beaucoup mieux filée dans la comédie que dans le roman ; mais si Mendoce mourant de faim se laisse trop facilement persuader par l’offre qu’Ordogno lui fait de le régaler, il est encore moins naturel que Pourceaugnac accepte un logement chez Eraste.
Ce mariage le mit dans une position fausse et pleine de difficultés. […] Le luxe a ses modes, le faux goût a les siennes, l’orgueil et le vice ont aussi les leurs. […] Les anciennes farces et sotties n’ont pas davantage oublié le faux dévot. […] Cette accusation est-elle fondée, ou repose-t-elle sur une fausse interprétation de sa pensée ? […] Les faux dévots citent avec componction les saintes Écritures.
Rien n’est plus faux ou, tout au moins, c’est au nombre des choses parfaitement fausses. […] Nous avons de ce faux trente preuves en main. […] Quel est ce faux bien ? […] Faux acte, supposition, vol, fourberie, mensonge, inhumanité, tout y est et tout y est applaudi. […] Les femmes sont fausses, nous dit-on.
Quoi de plus comique que l’exposition de la folie humaine, qui se croit seule sage, et qui, malgré ses précautions, fait constamment, fausse route et finit par se trouver prise dans ses propres filets? […] Aussi les rencontrerons-nous toutes les fois que Molière met en scène des esprits faux, chimériques, pervers, dominés et moralement aveuglés par leurs passions. […] Locke a défini le fou : Un homme qui raisonne juste en partant d’un faux principe. Mais encore, pour que cette définition fût complète, aurait-il fallu ajouter que le principe faux doit être suggéré par une passion qui domine actuellement l’esprit. […] Molière, que l’on trouve toujours d’accord avec les vérités psychologiques, a nettement précisé que l’honneur dont se décorent la jalousie et l’égoïsme en amour est un faux honneur.
Il leur enseigna sa philosophie d’Épicure, qui, quoique aussi fausse que les autres, avait au moins plus de méthode et plus de vraisemblance que celle de l’école, et n’en avait pas la barbarie. […] Ses ouvrages, où il se trouve quelques vraies beautés avec trop de faux brillants, étaient les seuls modèles ; et presque tous ceux qui se piquaient d’esprit n’imitaient que ses défauts. […] Le faux, le bas, le gigantesque, dominaient partout. […] Dès lors les rivaux se réveillèrent ; les dévots commencèrent à faire du bruit ; les faux zélés, (l’espèce d’hommes la plus dangereuse) crièrent contre Molière, et séduisirent même quelques gens de bien. […] Voyez surtout cet endroit: Allez, tous vos discours ne me font point de peur ; Je sais comme je parle, et le ciel voit mon cœur : Il est de faux dévots, ainsi que de faux braves, etc.
Il est pour nous cet éternel faux bonhomme qui, hier, se couvrait, pour parvenir, du manteau de la religion et aujourd’hui fait son chemin avec de fausses grimaces de politicien. […] Psychologiquement, Tartuffe ne cesse d’être faux et il commet des maladresses, des exagérations dont un véritable hypocrite se garderait prudemment : mais il est théâtralement vrai et Onuphre, plus nuancé, plus habile que lui, serait inintelligible au parterre. […] Vadius, Trissotin, sont des portraits de cuistres, de faux savants supérieurs à toute réalité passagère : mais, leur ton, leurs allusions, leurs compliments comme leurs injures, sont à tel point individuels qu’il n’est pas malaisé de les identifier et de retrouver derrière leurs pseudonymes les modèles bien vivants qu’ils reproduisent.
expression vulgaire et admirable qui trahit la nature des sentiments faux ! […] Singulier contrat qui porte sur un fait reconnu faux par les deux contractants ! […] Alceste dit à Célimène : « Supposons que vous m’aimez, et dites-le-moi ; c’est une hypothèse, elle est fausse, nous ferons comme si elle était vraie, et je vivrai sur elle. […] Pris en lui-même, isolé des principes qui dominent et expliquent la vie, il est faux et dangereux : il n’a pas compris l’immoralité du désespoir, il n’a pas non plus le sens de certains respects.
le fait est faux, entièrement faux. […] Si le vertueux Montausier eut l’air de croire qu’on l’honorait trop en le comparant à Alceste, on a vu plus tard un philosophe prétendre sérieusement que Molière, en créant ce personnage, avait voulu tourner la vertu en ridicule : accusation fausse et presque calomnieuse que tous les prestiges d’une éloquence sophistique n’ont pu soutenir contre les plus simples lumières de la raison. […] Le succès justifia son audace : il fit preuve, pour cette fois, du talent de dessiner vigoureusement des caractères, et de combiner savamment une intrigue ; et, dans son faux Philinte de Molière, on put admirer du moins un égoïste véritable. […] La fausse et odieuse interprétation donnée par Rousseau au dessein qu’avait eu Molière en composant Le Misanthrope, fit rechercher depuis, quel avait été véritablement ce dessein Rien n’est plus facile à apercevoir. […] Un genre si faux ne pouvait être ni de l’invention ni du goût de Molière ; mais peut-être n’eut-il pas la liberté du choix.
Comme Socrate jadis, et avec plus d’énergie encore, à tous les savants gonflés de fausse science, Molière crie qu’ils ne savent rien et que le γνϖθι σεαυτόν est le commencement de la sagesse. […] Tartuffe est un « faux dévot ». […] Certes, Tartuffe est un faux dévot, il ne parle au nom du ciel que dans son intérêt, mais enfin il parle au nom du ciel, et son langage est celui dont les gens dévots se servent d’ordinaire. […] Aucune, en tout cas, ne semble aimer davantage la famille dont elle fait partie, et qu’elle tremble de voir dépouillée, désunie par le faux dévot. […] Je ne respecte, dit-il, ni fausse science, ni fausse pudeur, ni la naissance où la vertu n’est pas, ni la piété feinte, celle qui nous écarte de nos devoirs envers la famille et l’humanité.
Longtemps ce grand dessein a mûri dans sa tête ; Rien n’échappe au penseur, tout émeut le poète ; Pour les combattre un jour son âme a médité Les fatales erreurs de la société : Il voit le faux Dévot, enseignant l’imposture, Au nom de Dieu prêcher une morale impure ; Le Philosophe, an lieu d’éclairer le savoir, En faire un puits obscur où l’on ne peut rien voir ; Courtisan ridicule et chargé de bassesse, Il voit le Gentilhomme avilir la noblesse. Enfin, en descendant des vices aux travers, Tous les faux sentiments sont par lui découverts : Le Bourgeois, dédaignant les vertus paternelles, Cherche parmi les grands de dangereux modèles, Le Valet qui naquit probe, sincère et bon, Veut imiter son maître et devient un fripon ; Le Médecin, gonflé d’orgueil et d’ignorance, Assassine les gens au nom de la science ; Dans sa prose ou ses vers un mauvais Écrivain Substitue à la langue un jargon fade et vain ; Et la Femme, suivant de pédantesques traces, Immole aux faux savoir son esprit et ses grâces ! […] Pourra-t-il, détrônant leur fausse royauté, Proclamer la morale et le bon goût pour règle ? […] Contre le genre faux qui domine partout Du monarque d’abord il excite le goût. […] Enfin, comme Pascal, dans Tartufe, il flagelle D’hypocrites puissants l’audace et le faux zèle, Et, par un noble élan qu’on tente d’étouffer, Le roi cède au poète et le fait triompher !
Le roi croyait que la duchesse avait fabriqué une lettre fausse au nom du roi d’Espagne, pour informer la reine de France, sa fille, des amours du roi avec madame de La Vallière. L’imputation fut reconnue fausse par la suite ; mais personne à la cour n’était juge des preuves sur lesquelles le roi se décida au renvoi de madame de Navailles ; bien d’autres y auraient été trompés, et, certes, le fait était grave.
à quoi sert-il, que fait-il à la situation de l’oncle, du neveu, de la fausse veuve ? […] ce sont ceux où le faux dévot, pour prouver son amour, emploie des termes mystiques qui lui sont familiers. […] Si votre ame les suit, & fuit d’être coquette, Elle sera toujours, comme un lis, blanche & nette : Mais s’il faut qu’à l’honneur elle fasse un faux bond, Elle deviendra lors noire comme un charbon ; Vous paroîtrez à tous un objet effroyable, Et vous irez un jour, vrai partage du diable, Bouillir dans les enfers à toute éternité, Dont vous veuille garder la céleste bonté !
Pasquin fait une fausse confidence aux trois freres. […] Alors les trois ingrats, autant pour plaire à la fausse Comtesse, qui ne peut estimer, dit-elle, des fils dénaturés, que pour arracher quelque nouvelle somme à leur bon-homme de pere, feignent d’être touchés de son sort, & font à qui mieux mieux pour se surpasser en générosité. L’avare Financier, d’une main de forfante, Lâche sur un contrat trois mille écus de rente ; On a de l’Auditeur Quarante mille écus en billets au porteur ; le Capitaine cede un coffret plein de neuf ou dix mille pistoles : & quand ils pensent venir recueillir le fruit de leur fausse générosité & de leur amour intéressé, on leur avoue le tour qu’on leur a joué.
Voyons donc où ils étaient entre 1660 et 1664, les hypocrites et les faux dévots ; de quels si grands dangers ils menaçaient la société ; et de quels noms ils se nommaient. […] Voilà tout le profit qu’un dévot, faux ou vrai, pouvait alors songer à tirer de sa dévotion ; et je laisse au lecteur à penser s’ils étaient beaucoup qui en fussent avides. Mais, s’il n’y avait pas de faux dévots à la cour du jeune Louis XIV, il y en avait de vrais, que le spectacle de cette autre espèce de « libertinage » attristait. […] N’est-ce pas enfin que les dévots, vrais ou faux, sont toujours dangereux ? […] Tout cela est vrai quand on lit Molière ; mais tout cela apparaît faux, on du moins presque rien de tout cela n’apparaît quand on le voit jouer.
La façon dont il a traité Cotin n’a pas peu contribué à donner du crédit à cette opinion ; mais je la crois fausse, parceque j’ai trouvé dans le Convié de pierre espagnol, un couplet de chanson qui offre précisément l’idée la plus recherchée du fameux sonnet. […] « Il peut se faire aussi, me dira-t-on, que quelque Auteur précieux & maniéré eût lu le couplet espagnol, qu’il eût trouvé l’idée charmante, qu’il en eût voulu enrichir notre langue ; & que Moliere, toujours guidé par son bon goût, en eût montré le faux ».
Et, sous toutes les convenances de la comédie, il fait entrevoir où ira la prude quarantenaire, avec son amour pour les réalités 473 : Rien n’égale en fureur, en monstrueux caprices, Une fausse vertu qui s’abandonne aux vices474. […] Bien plus, il la voulait jusque dans le langage parlé par l’amour, et il repoussait, autant par cœur que par goût, le style faux que l’on croyait alors le style obligé de la passion. Il pensait avec raison qu’un sentiment vrai se fausse et s’émousse à s’exprimer en termes recherchés et exagérés. […] Molière ne se contenta pas de critiquer avec une verve toujours nouvelle le faux style amoureux partout où l’occasion s’en offrit485. […] Enfin, pour que la peinture De cette passion, de toutes la plus belle490, soit complètement instructive et vraie, il faut jeter un coup d’œil sur les amours faux, intéressés et voluptueux que Molière a mis quelquefois en face des amours vrais, délicats et purs.
Il eût bien vite démêlé le vrai et le faux de ces romantiques désespoirs et quelque peu défrisé le toupet fatal d’Antony. […] c’est que son caractère le porte invinciblement à embrunir tout, à exagérer tout : et l’exagération du vrai, c’est déjà le faux. […] Oui, Célimène est coquette, et, qui pis est, coquette à froid ; elle est fausse comme la mer ; elle est médisante ; elle est…, je ne finirais pas. […] Pour moi, je le confesse, si Célimène voulait réellement qu’il sortit, et qu’elle prit pour cela un bâton ou un balai, je n’éprouverais aucune fausse honte à me trouver du côté du manche ! […] — Prenez-y garde, c’est vous qui rapetissez le vrai Molière en en faisant aimer un faux.
L’avarice est un vice des âmes basses, des cœurs froids et des esprits faux. […] Il est faux que Molière fasse aimer le fils insolent, car il n’est pas vrai que le public l’aime. […] Les anoblis et les faux nobles abondaient. […] « Ce n’est pas peut-être une idée fausse, dit Voltaire, de penser qu’il y a des plaisanteries de prose, et des plaisanteries de vers. » 2. […] La gravité du roi ne put tenir contre cette folie, et Sa Majesté pardonna à Lulli en faveur de la nouveauté. » L’anecdote est fausse dans tontes ses circonstances.
On pourrait dire de cet auteur que c’est un fort habile bijoutier, mais qui ne travaille que dans le faux. […] L’hypocrite Dervière est le type des faux philanthropes de cette époque, dont la bruyante charité cachait le plus souvent des vues intéressées. […] Il ne l’est pas, non, comme le dit La Harpe, parce qu’il pousse la vertu jusqu’à l’excès, mais plutôt parce qu’il s’en fait une idée complètement fausse. […] Elles sont en outre un argument de la logique la plus puissante contre le faux système d’Alceste, et Molière semble l’avoir réservé pour le dernier afin de le confondre. […] Molière, en nous en montrant toute la fausse vertu, toute la fausse sagesse, ne pouvait pas donner de leçon plus utile ; car, pour n’être, si l’on veut, qu’un défaut de l’esprit, la misanthropie exerce peut-être sur les mœurs une influence plus lâcheuse que beaucoup de nos vices dont la laideur même est un puissant préservatif contre leur imitation.
Car enfin je m’imagine que ce qu’on appelle vertu dans les femmes, est comme ces pieces fausses qui ont tout l’éclat de l’or ou de l’argent, mais que la coupelle dissipe en fumée. […] Léandre demande comment Julie a reçu la nouvelle de sa fausse infidélité : Damon lui répond que Julie l’aime toujours & veut le voir ; il lui conseille de s’en tenir à ces preuves. […] Evandra vient au contraire offrir à son amant tout ce qu’elle possede : il la prie de le laisser un moment avec ses faux amis ; il leur a fait dire qu’il est toujours riche, qu’il a voulu les éprouver, & qu’il les invite à dîner : ils paroissent en s’excusant sur leur refus : on porte sur la table des plats vuides & couverts. […] Il chasse ses faux amis en leur jettant les plats à la tête. […] Timon chasse les premiers à coups de pierres, il rejette les fausses caresses de Mélisse.
Le faux malade paroît, feint d’avoir le transport au cerveau, & fait mille folies qui déconcertent le marchand. […] Guillaume, croyant manger une oie & toucher de l’argent, se trouve rejetté bien loin de son attente par le faux délire de Patelin ; celle enfin de l’audience. […] Parmenon conduit à Thaïs l’esclave d’Ethiopie & le faux Eunuque. […] Frontin survient, tremble de voir le faux Muet aux prises avec la Soubrette, feint de la croire infidelle, d’avoir vu entrer son rival dans sa chambre, & l’entraîne. […] Tout, dans cette piece, a l’air contraint, jusqu’à l’habit extraordinaire qu’on fait prendre au faux Muet, pour lui conserver la crainte qu’avoit Phædria de paroître dans les rues sous un vêtement d’eunuque.
Quand on essaie de l’ébranler, de la déraciner, on se trouve en face d’un argument puéril, mais qui pour la foule est souvent sans réplique : Croyez-vous donc qu’une idée fausse ait pu durer si longtemps ? […] le faux Orgon est plus amusant que l’Orgon conçu par Molière. […] Son hilarité a quelque chose de convulsif, et cependant cette fausse Bélise est applaudie avec entraînement, avec rage. […] Cependant, s’ils prenaient la peine de réfléchir, ils, sentiraient qu’ils font fausse route. […] Si les spectateurs en effet ne consultaient qu’eux-mêmes, n’écoutaient que leurs sentiments intimes, ils n’hésiteraient pas à dire que les comédiens font fausse route ; mais habitués à croire que le Théâtre-Français possède la vraie tradition, ils n’osent se prononcer.
On a beau découvrir que ce n’est que faux zele, L’imposture est reçue, on ne peut rien contre elle : La censure voudroit y mordre vainement. […] Cette tirade fut certainement applaudie dans sa nouveauté comme elle l’est encore, & je ne doute point que Moliere n’ait senti dès-lors qu’après avoir mis sur la scene la fausse dévotion en récit, il pouvoit l’y mettre en action.
N’est-il pas ridicule, par exemple, que dans le Distrait de Regnard, le dénouement naisse d’une fausse nouvelle apportée par Carlin ? […] Il est question dans les deux comédies de rompre un hymen projetté par l’intérêt, pour en faire un plus heureux & mieux assorti : dans les deux comédies on en vient à bout par une fausse nouvelle qu’on annonce. […] Alors un vrai Notaire est introduit, écrit un contrat de mariage dans toutes les formes, le fait signer au faux Médecin, à Lucinde & même à Sganarelle, qui est bien surpris quand on lui dit que sa fille est chez son époux, & que tout ce qui vient de se passer est réel.
Mais, bien que d’un faux zèle ils masquent leur faiblesse. […] Encore serait-il faux de dire qu’en ce tête-à-tête, où il se croit seul, son caractère se déconcerte. […] Situation fausse. […] Le faux et le vrai savoir. […] Son interprète est bien plutôt Clitandre qui, malgré de légitimes rancunes contre les pédants, ne déteste que le charlatanisme d’un faux savoir.
Les Faux dévots profitèrent de cette défense pour soulever Paris et la Cour contre la Pièce et contre l’Auteur. […] Gourville, craignant d’être pendu en personne, comme il le fut en effigie, s’enfuit de France en 1661, il laissa deux cassettes pleines d’argent, l’une à Mademoiselle de l’Enclos*, l’autre à un faux dévot. […] Mais malgré la décence que cette fausse Molière lui fit, de lui parler sur le Théâtre, il alla dans la loge de l’Actrice : et cette visite fut suivie d’une explication où toute la fourberie fut découverte. […] Onuphre (La Bruyère, 1688, Caractères) : représente le type du faux dévot, « De la mode ». […] La référence donnée est fausse.
L’Heureux Stratagème, de Marivaux, est une véritable copie de La Princesse d’Élide ; toutes ses autres pièces semblent en être des réminiscences ; et, en particulier, le Dubois des Fausses Confidences est visiblement une contre-épreuve de Moron. […] La ligue des faux dévots, grossie d’un assez grand nombre de personnes dont la piété sincère s’alarmait des coups portés à l’hypocrisie, travaillait sans relâche à empêcher la représentation publique de ce chef-d’œuvre. […] De quelque plume qu’elle soit sortie, cette apologie ne manque ni d’art, ni de solidité : les faux raisonnements du sieur de Rochemont y sont victorieusement combattus ; surtout sa mauvaise foi et sa malveillance y sont mises dans le plus grand jour. […] L’excuse porte à faux : Festin de Pierre, est une traduction inexacte de Combidado de piedra, qui signifie, Le Convié (et non Le Festin) de pierre.
Moliere a donc emprunté de l’un des deux Auteurs la fausse maladie de Lucinde & le déguisement de Clitandre en Médecin ; mais l’amant même déguisé nous intéresse bien mieux que son valet. […] D’ailleurs notre Poëte faisant jouer le rôle de faux Médecin à un premier personnage, ne pouvoit mettre dans sa bouche un verbiage ridicule qui auroit affadi le plaisant de l’idée. […] Parceque Granger, qui connoît l’amour de son fils pour Génevote, doit nécessairement se douter du tour qu’on lui joue, & qu’il n’est pas dans la nature qu’il signe réellement, tandis qu’il pourroit se contenter de le feindre ; c’est tout ce qu’un acteur de comédie est obligé de faire : au lieu que Sganarelle, ne connoissant pas le faux Médecin pour l’amant de sa fille, ne doit pas se méfier de lui : remarquons même qu’il ne signe réellement que lorsque Lucinde l’a pressé de signer. […] La finta Ammalata, ou la fausse Malade.
Il est vrai que le deuxième logicien pourra se lever et dire : Votre principe est faux. […] Car cette hypothèse est fausse, et ce langage inexact. […] Elle s’est ainsi formé un sens esthétique (mais ce mot n’est pas de sa langue), un instinct du bon et du mauvais, du beau et du laid, du vrai et du faux, un véritable tact littéraire. […] Car, ce qui l’aveuglait sur ce grand poète, c’était, au contraire, l’idée beaucoup trop nette de la tragédie telle quelle la voyait exposée par les théoriciens français, et elle n’a commencé à saluer en lui l’égal de Corneille et de Racine, que du jour où son intelligence s’est affranchie de toutes ces fausses notions. […] Il ne prétendait pas que les fameuses règles pussent être fausses : il soutenait seulement que la connaissance n’en était point utile, si ce n’est pour fermer la bouche aux pédants.
Moliere opposa ses protections au crédit des faux dévots, & son chef-d’œuvre reparut enfin sans interruption le 5 Février 166934. […] Arlequin, rassuré, fait venir la fausse Tiennette, qui reconnoît Célio : Célio la reconnoît aussi ; mais ils n’osent rien dire à cause d’Arlequin qui s’en va un instant après, & leur laisse le temps de faire leur reconnoissance. […] Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jetter, avec un zele encore plus faux, aux pieds de son ennemi, & les lui baisant, non seulement il lui demanda pardon, mais aussi il alla ramasser son épée, son manteau & son chapeau, qui s’étoient perdus dans la confusion. […] Damis a surpris Tartufe faisant sa déclaration amoureuse à Elmire : il entreprend de démasquer le faux dévot aux yeux de son pere, comme le Gentilhomme de Madrid a voulu démasquer son hypocrite devant les habitants de Séville.
Elle laisse tomber son portrait : Dom Lope voit que c’est celui de sa maîtresse, & ne voit pas que c’est celui du faux cavalier. Aurore chante sans se montrer ; Dom Lope reconnoît la voix de celle qu’il aime, & n’a pas reconnu le son de voix du faux Mendoce : enfin, cet amant est si peu clair-voyant, qu’Aurore est forcée de lui découvrir son stratagême.
De mensonges, ou bien de fausses vérités. […] Il est bien assuré que cette femme est une Pénélope, et ce faux ami un Caton. […] Ce changement lui donna lieu de retrancher la scène du faux médecin, qui, par le bas comique dont elle est remplie, déshonore l’original. […] M. de Visé dans ses Nouvelles nouvelles, tome III, p. 236 et 237, avance un fait au sujet de cette comédie, qui tout faux qu’il est, mérite d’être placé ici, pour faire connaître l’envie et la jalousie de cet auteur contre Molière. […] Molière, on met la première représentation du Mariage forcé sur le théâtre du Palais-Royal, le 15 novembre 1664, mais le Registre de Molière prouve que cette date est fausse.
Loin de nous une idée aussi fausse, et d’autant plus dangereuse, qu’elle semble promettre l’impunité à tous les frelons de la littérature ! […] C’est Arlequin, faux brave qui a fourni la première idée de cette comédie. […] Mais nous la traiterons plus favorablement, n’eût-elle que le mérite de verser à grands flots le ridicule sur le pédantisme de la fausse philosophie, et sur le jargon vide de sens qui régnait dans nos écoles. […] vous vous êtes trompés. » Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. […] À ce triomphe remporté par Molière sur les gens d’épée devait en succéder un autre bien plus difficile et bien plus flatteur ; il triompha de la fausse dévotion, de la crédulité et de la politique.
Dufresny a dit : « Ce n’est pas étendre la carriere des Arts que d’admettre de nouveaux genres ; c’est gâter le goût ; c’est corrompre le jugement des hommes, qui se laisse aisément séduire par les nouveautés, & qui, mêlant ensuite le vrai avec le faux, se détourne bientôt, dans ses productions, de l’imitation de la nature, & s’appauvrit en peu de temps par la vaine ambition d’imaginer & de s’écarter des anciens modeles ». […] Nous l’avons vu cent fois, cet Esprit indocile, Allumer au Parnasse une guerre civile, Et remplir les écrits de mille faux brillants, Qui faisoient sous leur joug gémir les vrais talents.
imprimée depuis quelques jours, chez Prault fils, débute par cette judicieuse réflexion : « Le goût de bien des Lecteurs pour les choses frivoles, & l’envie de faire un Volume de ce qui ne devroit remplir que peu de pages, sont cause que l’Histoire des Hommes célebres est presque toujours gâtée par des détails inutiles, & des contes populaires aussi faux qu’insipides : on y ajoute souvent des critiques injustes de leurs Ouvrages ». […] Cependant il cache sous cette fausse vertu tout ce que l’insolence a de plus effronté ; & c’est sur le Théatre une Satire, qui, quoique sous des images grotesques, ne laisse pas de blesser tous ceux qu’il a voulu accuser : il fait de plus le Critique, il s’érige en Juge, & condamne à la berne les Singes, sans voir qu’il prononce un Arrêt contre lui, en le prononçant contr’eux ; puisqu’il est certain qu’il est Singe en tout ce qu’il fait, & que non-seulement il a copié les Précieuses de M. l’Abbé de Pure, jouées par les Italiens ; mais encore qu’il a imité par une singerie, dont il est seul capable, le Médecin volant, & plusieurs autres Pieces des mêmes Italiens qu’il n’imite pas seulement en ce qu’ils ont joué sur leur Théatre ; mais encore en faisant leurs postures, contrefaisant sans cesse sur le sien, & Trivelin & Scaramouche.
Je ne sais si la Chaussée, gâté par son genre ou ses succès, dédaigna sur la fin de ses jours la véritable Thalie ; mais il est certain qu’épris de ses beautés, il tenta de mériter ses faveurs en entrant dans la carriere du Théâtre : sa Fausse Antipathie & son Amour Castillan le prouvent assez. […] LA FAUSSE ANTIPATHIE. […] J’ai cru de faux soupçons...
Le faux page, en regardant dans cette glace, feint d’y voir s’y dessiner tous les événements passés, la jeunesse de Pantalon et son amour pour Olympia, Olympia abandonnée donnant le jour à une fille, cette fille grandissant, venant à Rome, se déguisant en page pour entrer chez son père, et s’écriant enfin : “Padre mio, io son quella e Olympia è mia madre !” […] Un faux marchand vient remercier tout haut le faux mendiant du service que celui-ci lui a rendu en lui donnant le secret d’avoir un héritier.
Son air faux, ses manières gênées et gênantes les gâtaient pour les autres. […] Elle venait des faux dévots, et les bons n’y étaient pour rien. […] Qu’ont donc gagné les faux dévots, dans leur croisade impie contre le chef-d’œuvre ? […] Molière comprit cette seconde exigence, et il fut convenu que le faux dévot s’appellerait Panulfe. […] II paya l’amende avec ses écus, c’est-à-dire en fausse monnaie.
Le théâtre de Regnard et celui de le Sage, ainsi que son plus fameux roman, n’excitent guère que cette gaieté fausse et triste, qui est aussi éloignée du vrai comique que l’ironie. […] Ce spirituel farceur, en se moquant de la fausse science, n’a pas rendu un assez humble hommage à la vraie. […] Sa critique est fort juste, mais ses idées générales sur les rapports de la morale et de la comédie sont entièrement fausses. […] Ce sont les Nérine et les Sbrigani, quand ils ne se vantent pas trop des faux contrats qu’ils ont signés et des personnes qu’ils ont fait pendre. […] Cette anecdote est fausse.
Les deux jeunes amants, Isabelle et Acante, sont un peu brouillés par de faux rapports de valets que la Mère coquette a gagnés. […] Ce sont des épîtres et des satires remplies d’imitations des anciens, et surtout d’Horace et de Juvénal: la versification en est souvent négligée, prosaïque, incorrecte ; il y a même des fautes de mesure et de fausses rimes, qui font voir que l’auteur, devenu poète par instinct, n’avait guère étudié la théorie de l’art des vers ; mais parmi tous ces défauts il y a des vers heureux et des morceaux faciles et agréables. […] La comtesse est même à peu près inutile, et le faux marquis est un rôle outré, et quelquefois un peu froid : mais il est adroit de l’avoir fait démarquiser par cette même madame la Ressource, qui rompt le mariage du Joueur avec Angélique. […] L’intrigue est peu de chose : le dénouement ne consiste que dans une fausse lettre, moyen usé depuis les Femmes savantes; et ce n’est pas la seule imitation de Molière, ni dans cette pièce, ni dans les autres de Regnard : il y en a des traces assez frappantes. […] Le Chevalier joueur, ta Noce interrompue, la Joueuse, la Malade sans maladie, le Faux honnête homme, le jaloux honteux, tombèrent dans leur nouveauté, et ne se sont pas relevés, quoique dans toutes ces pièces il y ait des choses très ingénieuses.
Henriette d’un autre côté refuse la main de Clitandre, quand elle craint de lui être à charge, & ne consent à l’épouser, que lorsqu’Ariste déclare avoir donné de fausses nouvelles pour éprouver Trissotin. […] Carlin entreprend de le rompre, & y réussit par le secours d’une fausse nouvelle qu’il vient apporter : il annonce que l’oncle de Léandre est mort & ne lui a pas laissé de quoi porter le deuil. […] Dans ces deux dénouements une fausse nouvelle fait rompre un mariage mal assorti pour en cimenter un autre desiré par la plupart des personnages. […] Nous dirons donc en passant seulement que dans Moliere la fausse nouvelle est apportée par un homme qui tient à l’action, & dans Regnard par un personnage de nulle consistance ; que chez Moliere elle sert à faire ressortir les principaux personnages, & chez Regnard à les mettre en contradiction avec eux-mêmes.
Il n’y a pas là de quoi fuir les hommes, ni même les femmes; car apparemment elles ne sont pas toutes aussi fausses que votre Célimène, et vous-même estimez beaucoup Éliante. […] La fausse tendresse d’une belle-mère qui caresse un mari qu’elle déteste pour s’approprier la dépouille des enfants est-elle une peinture chimérique dont l’original n’existe plus? […] Tel est le faux calcul des passions : on croit épargner sur des dépenses indispensables, et l’on est contraint tôt au tard de payer des dettes usuraires. […] La distinction entre la vraie piété et la fausse dévotion, si solidement établie par Cléante, est en même temps la morale de la pièce et l’apologie de l’auteur. […] Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. » Voilà précisément les actions et le langage de Tartufe lorsqu’il défend Damis contre la colère de son père, et qu’il se met à genoux en s’accusant lui-même et se dévouant à tous les châtiments possibles.
Scapin s’y méprend dans l’obscurité, veut emmener la fausse esclave, qui le rosse, & lui promet de le régaler de cette façon toutes les fois qu’il approchera de la maison. […] Il déguise le maître du premier cabaret en paysan, & fait dire à Licipe par le faux rustre que son pere est mort subitement. […] Il conseille à sa prétendue sœur de donner Cléandre à sa fille, quand Cléandre lui-même rit au nez du faux oncle, & découvre la supercherie.
Il a confondu un autre faux voyageur qui prétendoit à la main de Julie. […] La piece finit par ces deux vers : Des sages de nos jours nous distinguons les traits : Nous démasquons les faux, & respectons les vrais. […] Enfin Valere n’a-t-il pas la fausse philosophie de Trissotin ?
l’a-t-il rien de plus révoltant que de faire rire de la ruse d’un fils qui fait argent du faux bruit de la mort paternelle, et qui, tout en larmoyant, emprunte pour ces prétendues funérailles de quoi se payer des maîtresses239 ? […] SBRIGANI Je suis confus des louanges dont vous m’honorez, et je pourrais vous en donner avec plus de justice sur les merveilles de votre vie, et principalement sur la gloire que vous acquîtes, lorsque avec tant d’honnêteté vous pipâtes au jeu, pour douze mille écus, ce-jeune seigneur étranger que l’on mena chez vous ; lorsque vous fîtes galamment ce faux contrat qui ruina toute une famille, lorsque avec tant de grandeur d’âme vous sûtes nier le dépôt qui vous était confié, et que si généreusement on vous vit prêter votre témoignage à faire pendre ces deux personnes qui ne l’avoient pas mérité254. […] Tous ces entremetteurs infâmes, tous ces valets, âmes damnées du vice et de la débauche, travaillent cependant à des causes justes, nobles, touchantes ; ils sont tendres, compatissants, désintéressés ; ils ont un esprit qui touche au génie : cela est faux dans la réalité.
Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé ! […] Si de nos jours des auteurs plus hardis qu’heureux ont tenté de nous intéresser à des courtisanes héroïques, le succès a trompé leur attente ; et s’ils ont su plaire quelquefois, ce n’est que par l’introduction de vertus impossibles dans des caractères faux, inacceptables à la scène parce qu’ils sont inconnus dans la réalité. […] — Boileau : .......Cette bilieuse, Qui, follement outrée en sa sévérité, Baptisant son chagrin du nom de piété, Dans sa charité fausse, où l’amour propre abonde, Croit que c’est aimer Dieu que haïr tout le monde.
L’Impegno d’un acaso (les Engagements du hasard), tiré de la pièce de Calderon, Croire ce qu’on ne voit pas et ne pas croire ce qu’on voit, où Douville a pris le sujet des Fausses Vérités. […] Ce qu’on a dit relativement à La Fausse Prude reçoit quelque vraisemblance du caractère fort impertinent dont Angelo Costantini (Mezzetin) a donné plus d’une preuve. […] S’il avait réellement, dans La Fausse Prude, occasionné par des allusions plus ou moins piquantes la suppression de la troupe à laquelle il appartenait, son humeur agressive joua plus d’un mauvais tour à cet acteur.
Les personnes qui tenoient le premier rang dans Paris pour le bel esprit, s’apperçurent à l’arrivée de Moliere en cette Ville, qu’il connoissoit mieux qu’un autre le vrai & la belle nature, le faux & le ridicule. […] Ta Muse en jouant l’Hyppocrite, A redressé les faux dévots ; La Précieuse à tes bons mots, A reconnu son faux merite.
La peinture eût été fausse et la leçon donnée à contre-sens. […] Cyrano, puisant à cette source de fausses notions de physique qu’il mêlait aux créations burlesques de son imagination, parcourut en esprit les États et Empires de la Lune et du Soleil. […] Ils pourraient rester retranchés derrière des actes dont il ne nie point la validité, et dont il ne fait qu’attaquer la sincérité par des traditions qui peuvent être fausses et des suppositions qui peuvent être gratuites. […] Est-il probable que, pour prévenir un danger qui n’existait pas, et dissiper des inquiétudes qui ne pouvaient raisonnablement exister, on ait imaginé de fabriquer un faux matériel, ayant pour objet une suppression d’état ; un faux qui aurait eu pour auteurs ou complices sept personnes, en comptant le prêtre, rédacteur de l’acte ; un faux qu’il aurait fallu répéter chaque fois que madame Molière aurait contracté comme épouse ou comme mère ; un faux qui n’aurait pas atteint son but, puisqu’il n’aurait pas réellement fait disparaître Françoise, dont l’acte de naissance subsistait toujours ; un faux, enfin, dont la découverte facile aurait pu attirer des peines infamantes sur tous ceux qui y auraient participé ? […] L’auteur de la prétendue Vie de Molière a trop consulté notre ami, et trop peu sa raison ; et, pour avoir, sans discernement, transporté sur le papier toutes les bagatelles fausses ou vraies qu’il lui avait ouï conter, sans avoir pu y transporter les agréments avec lesquels il les contait, il a fait, d’un seul coup, un des plus faux et des plus ennuyeux romans qui aient jamais paru.
Or, cet acte est mensonger en effet ; il contient deux déclarations fausses, et voici dans quelles circonstances il a été fait. […] Dans quelle intention, du reste, auraient-ils commis un faux ? […] Dans le premier, c’est la fausse mère, Marie Hervé, qui est censée doter la future ; mais tout le monde est d’accord qu’elle était hors d’état de faire une telle libéralité. […] L’opinion générale, ajoutait-il, est fausse sur ce point comme sur beaucoup d’autres. […] 2° Je considère comme fausses les deux lignes qui auraient été apposées par Molière sur le devis ayant appartenu à M.
Je dois observer ici que ce rôle d’Arnolphe est presque toujours joué faux sur notre théâtre : on le représente en barbon. […] Molière, par la divination du génie, l’a vue telle ; et il l’a conçue comme le pendant et la conséquence nécessaire de la fausse dévotion, il a conçu Dom Juan comme le pendant de Tartuffe. […] Comme il était difficile de savoir si la chose était vraie ou fausse, je ne m’en suis pas autrement inquiété. […] ——— La fidélité des femmes est une question comme la science des médecins, et la sincérité des prêtres d’une religion fausse. Elles seules savent ce qu’il faudrait savoir pour résoudre le problème ; mais, depuis trois mille ans, ni prêtre des faux dieux, ni médecin, ni femme n’a laissé échapper un mot qui trahît le secret commun de la caste.
mais elle le pensera : elle aura, comme les femmes savantes, un bureau de bel esprit chez elle, où l’on jugera en dernier ressort tous les ouvrages nouveaux ; où elle ne manquera pas de critiquer la piece d’un Auteur, par la seule raison qu’il ne va pas chez elle, & qu’il dédaigne son faux savoir, autant que sa maison de campagne, & son cuisinier ; où elle ne manquera pas de faire élever aux nues les productions d’un moderne Trissotin, par la seule raison encore qu’il lui présente de petits vers dans lesquels il la nomme, avec autant d’effronterie que de bassesse, une dixieme Muse. […] La raillerie échauffoit mes adversaires ; ils ramassoient leurs forces & pensoient me laisser sans réplique, en me disant « que si nos avares ressembloient intérieurement à Harpagon, ils lui étoient tout-à-fait opposés par l’extérieur, puisqu’ils cachoient leur avarice sous un faux air de magnificence, qui, contrastant toujours avec leur passion, pouvoit les rendre très plaisants, sur-tout si un Auteur avoit l’adresse de les mettre dans une situation où ils fussent contraints à faire beaucoup de dépense pour ne pas démentir leur masque ».
Le Médecin ordonne aux faux apothicaire de lui tâter le pouls, & d’aller ensuite se promener avec elle, pour lui faire prendre un grain de fuite purgative. […] Il est aisé de voir que Moliere a pris de l’Auteur Italien la feinte maladie de l’héroïne, le déguisement de l’amoureux, les impertinences que Sganarelle dit en parlant à tort & à travers d’Hippocrate & des matieres de la malade, d’une façon moins grossiere pourtant qu’Arlequin & Crispin : il lui doit aussi le lazzi de tendre la main derriere le dos pour recevoir de l’argent, & l’enlevement de la fausse malade ; mais la vengeance de la femme, & l’idée si singuliere de faire un Médecin à grands coups de bâton, sont puisées dans une histoire connue en Russie vingt ans avant que Moliere fît un Médecin malgré lui.
Du jour où il a pris possession de lui-même, il a commencé cette croisade contre le faux, en se moquant du faux bel esprit des précieuses ; il a raillé la fausse science des médecins, la fausse logique des philosophes, la fausse érudition des savants, les affectations des femmes savantes, les prétentions des bourgeois jouant à la noblesse ; prenez toutes ses pièces, vous y verrez presque toujours malmenées et criblées de traits plaisants toutes les formes de l’hypocrisie. […] je m’inscris en faux contre vos paroles. […] Rien de plus plaisant que la façon dont il joue son rôle de faux Arménien. […] C’est un homme qui souffre horriblement de la situation fausse où il s’est mis. […] Il a peint, sous ce nom, le faux bel esprit intrigant et maniéré.
C’est après toutes ces horreurs que commence une scene plaisante, amenée par le faux nom qu’Ulysse s’est donné : en voici une partie. […] Il est des pieces dans lesquelles les acteurs, à l’aide d’un nom changé, jouent un personnage qui n’est pas le leur : mais il n’est pas question dans cet article de cette espece de comédie, parceque c’est du personnage qu’ils jouent, & non du faux nom, que naissent les situations & les plaisanteries : ces pieces doivent se ranger dans la classe de celles qu’un déguisement intrigue ; il étoit essentiel de faire en passant cette remarque.
Il est toujours bien temps d’embrasser ce parti, Lorsque de la beauté l’éclat est amorti ; Vous n’en êtes point-là ; non, croyez-en Molière, Reprenez votre humeur, vous pourrez longtemps plaire Et par le naturel et par la vérité ; Laissez là ce maintien, ce langage affecté ; Laissez ce style faux dont le bon sens murmure, Car ce n’est pas ainsi que parle la nature. […] Mais j’entends ce bon ton… là… ce ton d’aujourd’hui, Qui n’aime que le faux, du moins je le soupçonne : L’ennui, c’est… Marivaux ou Dorat en personne ; M’y voilà !
Or, au milieu de tant de perfection intellectuelle et de génie en toutes choses, régnait, au sujet de la femme, je ne sais quel faux goût, qui fut cause que ni le sublime Corneille ni même le tendre Racine ne firent tout à fait ce qu’on pouvait attendre d’eux : c’est seulement dans l’excès de la passion dramatique que Pauline, Hermione et Phèdre trouvèrent ces accents poignants et simples qui sont des cris de génie. […] À Molière la gloire d’avoir, malgré le siècle, vu et peint la femme telle qu’elle est ; d’avoir ôté de son immortelle parure de grâce tout ce qu’on y joignait alors de faux et d’emprunté ; d’avoir dit et montré ce qu’elle doit être pour accomplir son rôle humble et sublime parmi nous. […] Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux ; Là, tous les vers sont bons pourvu qu’ils soient nouveaux.
En effet, si le faux bel esprit ne fut pas anéanti du coup que lui avait porté Molière, du moins il cessa de dominer, de triompher, d’insulter publiquement à la raison et au bon goût, enfin, de former un parti puissant devant lequel celui du véritable esprit osait à peine se montrer. […] En ce moment, un faux rapport lui persuade que Rodrigue est son frère. […] Nous avons vu que Molière, depuis Les Précieuses ridicules, premier essai, parmi nous, de la véritable comédie de mœurs, avait encore deux fois cédé à la force de l’exemple ; dans Le Cocu imaginaire, en appliquant à une intrigue peu naturelle les couleurs de la comédie bouffonne que Scarron avait mise en vogue ; dans Dom Garcie de Navarre, en revenant au système d’imitation qu’il semblait avoir abandonné, et en s’essayant, contre le gré de son génie, dans le faux genre de la tragi-comédie. […] Molière, justement impatienté, lui fit dire par Boileau, leur ami commun, qu’il eût à démentir un peu plus sérieusement cette opinion fausse et ridicule, s’il ne voulait que Molière lui-même entreprît de la détruire, en montrant cette misérable scène de Caritidès, où il n’y avait pas un seul trait de bonne plaisanterie7.
« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M.
Reprenez-le, reprenez-le sur vos épaules ; pour le mensonge qu’il a commis, pour les faux serments qu’il a faits, nous le forcerons à compter jusqu’à soixante. […] Il faut remarquer qu’elle est dans la comédie italienne ce qu’elle était déjà dans nos fabliaux, c’est-à-dire fausse dévote et béguine.
Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique. […] Fausses clefs, ajoute l’auteur, aussi inutiles au lecteur qu’injurieuses aux personnes dont les noms sont déchiffrés, et à l’écrivain.
Les faux soldats, hommes que l’on engageait pour un jour afin de les faire figurer dans une revue et de combler les vides de la compagnie, s’appelaient passe-volants. Le Sganarelle du Médecin volant, comme plus tard celui du Médecin malgré lui, est un figurant, un faux docteur, un médecin improvisé pour la circonstance ; de là son nom de Médecin volant. […] D’abord cela est faux et je crois que l’on n’a jamais vu, sauf dans les contes à dormir debout que Frosine débite à Harpagon, une jeune fille amoureuse d’un homme de soixante ans. […] Beaucoup de mots sont devenus proverbes : « Serrer ma haire avec ma discipline. » — « O ciel, pardonnez-lui comme je lui pardonne. » — « Il est de faux dévots comme il est de faux braves. » — « Le pauvre homme ! […] Ne soyez pas affecté, vous seriez ridicule ; ne soyez pas avare, vous seriez ridicule ; ne soyez pas dévot, vous seriez ridicule ; n’aspirez pas à sortir de votre classe, vous seriez ridicule ; ne soyez pas faux, vous seriez ridicule, mais ne soyez pas franc non plus ; il y a autant de ridicule à être franc qu’à être faux.
Il n’en avait pas fait un vrai dévot, preuve de plus que Tartuffe n’en était pas un faux : mais simplement un honnête homme, l’honnête homme qu’était Molière, un esprit philosophe et libre, opposant aux excès qui jettent l’homme hors de la raison l’autorité du bon sens, ami de nature et qui ne dédaignait point la raillerie. Molière retoucha son Cléante ; il le fit plus grave, lui retira la raillerie, lui donna l’indignation ; il lui mit dans la bouche la fameuse tirade, inspirée par Condé et dont celui-ci a fait peut-être le vers : Il est de faux dévots ainsi que de faux braves ; et sans le faire un vrai dévot lui-même (Molière ne s’y résigna pas), il lui fit faire leur éloge en même temps que la satire des grimaciers. […] Le faux dénouement, toutefois, garde encore une allure comique. […] Et par excessifs, j’entends les dévots, non pas les faux, les vrais aussi. […] Et c’est pourquoi, dans ce pays de France où depuis Faux semblant et Renard, jusqu’à Macette et jusqu’à Basile, les caricatures du mauvais dévot ont abondé toujours et toujours réussi ; c’est pourquoi Molière ayant tracé la plus amusante et la plus vraie est devenu si populaire.
L’applaudissement du prince, récompense aussi juste que flateuse pour Moliere, les allusions vrayes ou fausses qui pouvoient avoir quelque chose de mystérieux, les agrémens de la musique & de la danse ; & plus encore l’espéce d’yvresse que produisent le mouvement & l’enchaînent des plaisirs, contribuérent au succès de la princesse d’Elide. […] Les faux dévots profitérent de cette défense, pour soulever Paris & la cour contre la piéce & contre l’auteur. […] Dès qu’elle eut été connuë, les vrays dévots furent désabusés, les hypocrites confondus, & le poëte justifié ; on trouva dans le caractére & dans les discours du vertueux Cléante, des armes pour combattre les raisonnemens faux & spécieux de l’hypocrisie. […] Il a voulu y peindre le ridicule du faux bel-esprit & de l’érudition pédantesque. […] On n’a point inséré dans ces mémoires les traditions populaires, toujours incertaines, & souvent fausses, ni les faits étrangers ou peu intéressans, que l’auteur de la vie de Moliere a rassemblés.
Je ne reconnais plus là un menteur, mais un reste du faux brave, du fier-à-bras de la farce, de ce matamore de L’Illusion, qui met le Grand Turc en fuite, et force le soleil de s’arrêter. […] Pour le faux dévot, on n’en rit pas un moment ; Molière en a peur, il en a horreur du moins. […] Le faux dévot a toute la perversité des autres hommes, plus la sienne. […] Les sociétés où le juste crédit qu’on accorde à la foi sincère peut donner à de malhonnêtes gens l’idée de s’accréditer par la fausse piété, savent à quels signes on les reconnaît ; et Tartufe n’est pas seulement un chef-d’œuvre d’art, c’est, particulièrement dans notre pays, une garantie et une sauvegarde. […] Il n’y a rien de plus finement observé que ses colères contre sa fille Armande, le bel esprit, sur le dos de laquelle il battrait volontiers sa femme, s’il n’était si bon homme ; sa résolution de résister à Philaminte, quand elle est loin ; son attitude décidée, en la voyant paraître ; sa première charge, pleine de vigueur ; le secours qu’il tire d’abord de son bon sens, et cette révolte involontaire d’un esprit droit contre un esprit faux ; puis, à mesure que Philaminte élève la voix, sa fermeté tombant, son caractère retirant peu à peu ce que son bon sens a avancé, et le mari cédant avec la persuasion qu’il ne fait que transiger.
1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 203 On a longtemps ignoré où Molière avait puisé le nom de Tartuffe, qui a fait un synonyme de plus dans notre langue, aux mots hypocrite, faux dévot, etc.
Si l’Auteur se détermine à peindre le soupçonneux, il n’aura que des soupçons à mettre en action : s’il choisit je jaloux, il pourra mettre non seulement sur la scene tous les transports dont la jalousie est capable ; mais il pourra y placer encore toutes les craintes, toutes les fausses alarmes qui naissent dans la tête d’un soupçonneux, parcequ’un jaloux est toujours soupçonneux, & qu’un soupçonneux peut n’être pas jaloux. […] Après avoir parlé des caracteres qu’on compose dans la fausse idée de doubler leur force, il seroit à propos, je crois, de dire quelque chose sur ceux qu’on décompose en les resserrant, & en se resserrant soi-même, dans des bornes plus étroites que celles qu’ils présentent d’abord : tel est le caractere du Philosophe marié.
Juan, dans laquelle Molière avait peint, avec trop d’énergie peut-être, la scélératesse raisonnée de son héros, éleva les clameurs des hypocrites et des faux dévots.
Beaucoup de gens étant désireux de la noblesse pour ses avantages honorifiques ou pécuniaires, il s’établit des fabricateurs de faux titres, qui anoblissaient à vil prix ; et plusieurs, fraudant la fraude elle-même, se donnèrent, sans bourse délier, des qualifications, des armoiries, et même des parchemins, plutôt que de les acheter à ceux qui les vendaient en contrebande. […] Plus d’une fois, le gouvernement de Louis XIV fit faire la recherche des faux nobles et des faux généalogistes. […] Je laisse de côté cette question, que Rousseau n’a pas proposée sérieusement ; mais dont la réponse, qui ne peut être douteuse, doit servir de fondement à sa fausse argumentation.
Molière et Boileau ont servi la morale en séparant, dans les ouvrages de l’esprit, le bon or du faux 186, et en frappant sans pitié les Scudéri, les Colin, les Quinault187, et tous ceux qui se mêlent d’écrire sans en être capables. […] C’est puéril et faux : Molière n’a pas plus nié la médecine que la religion ou la vertu : il a distingué la vraie de la fausse.
Il est faux que Molière ait fait prendre aux acteurs des masques représentant les traits des médecins du Roi ; il cherche à se réconcilier avec la Faculté. […] Ce fut le 18 novembre 1659 que Molière livra cette attaque au faux goût. […] Malgré le soin que Molière avait eu d’attendre, le monarque lui fit faux bond les premières semaines. […] Molière, au risque de s’exposer à de justes récriminations, fit ressortir ses gestes apprêtés, sa déclamation fausse et ses cris forcenés dans la tragédie. […] Le dénouement du Misanthrope prouve qu’Alceste se berçait d’un faux espoir : les efforts de Molière ne furent pas moins malheureux.
Que de rendre un faux témoignage ? […] Pouvois-je plus faire pour toi Que de rendre un faux témoignage ?