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20. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

On indique une répétition : un Acteur est fâché de n’avoir pas de tirades à débiter ; l’autre desire une imprécation, un songe : celui-ci exige tel changement ; celui-là est d’avis que la piece trop languissante a besoin d’être réduite en un acte. […] Mais nous avons tout lieu d’espérer que la derniere de ces révolutions s’opérera bientôt : à la Cour, Jupiter, Hébé, les Graces veulent rire à la comédie, & pleurer à la tragédie : à la Ville les drames ont désormais besoin de s’étayer de la musique & de toutes les contorsions d’une pantomime ridicule. […] Le théâtre italien, tel qu’il est monté présentement, ne peut faire que la réputation des Musiciens ; les Poëtes y sont totalement sacrifiés : aussi aura-t-il bientôt besoin d’une nouvelle révolution. […] L’Auteur ne fait tirer que le nombre dont il a besoin, & n’a par ce moyen aucuns faux frais à faire.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Par exemple, dans la Métromanie, les personnages sont à la fin du quatrieme acte à la campagne ; ils ont besoin d’aller à Paris voir jouer une comédie, & de revenir nous en rendre compte à la campagne. […] Eh bien, est-il vraisemblable qu’un machiniste puisse en un clin d’œil, & d’un coup de sifflet, transporter les acteurs d’un bout du Royaume à l’autre, ou, ce qui est encore pis, que par la vertu de ce même sifflet, il transporte à la bienséance des acteurs, les différentes villes ou provinces dont ils ont besoin ? […] Par exemple, dans Isabelle & Gertrude, l’Auteur avoit besoin de faire passer son action pendant la nuit, tantôt dans un jardin obscur, tantôt dans une piece éclairée.

22. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Le mal devient alors pour ces monstres de l’ordre moral un besoin du cœur, de même que le bien à accomplir est également un besoin pour les personnes supérieurement douées du côté des sentiments. […] En lisant cette remontrance si noble et si pathétique, on éprouve le besoin de s’incliner devant le génie de Molière, aussi apte à rendre le plus beau côté de l’humanité que son côté le plus hideux. […] L’amour, basé sur un sentiment et sur un besoin physique institués en faveur de la propagation de l’espèce, aspire, comme tout ce qui est instinctif et besoin, à une satisfaction. […] Celui qui est dans l’opulence et qui n’a pas besoin d’avoir recours au vol pour satisfaire ses passions, apparaît sous un des personnages dont Molière a exposé le type dans Don Juan. […] Il n’est pas besoin de répéter après Molière lui-même que dans Tartuffe il a voulu stigmatiser le vice qui se revêt du manteau de la religion, tout en professant le plus grand respect pour tout ce qui touche au vrai sentiment religieux.

23. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Plus d’une fois, pris au dépourvu par les besoins de son théâtre, il a dû se résigner à ne pas se contenter pour plaire au public, et renoncer à l’instruire pour l’égayer. […] Turcaret n’a pas besoin d’être loué.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Le vulgaire des courtisans comprend les hommes dénués de mérite et pétris de vanité, qui, tourmentés du besoin d’importance à défaut de considérai ion, sollicitent, et se contentent de recevoir à genoux quelques reflets de la puissance suprême. […] Ils peuvent être considérés comme les notables les plus éminents d’une république souveraine et puissante, dont les rois ont besoin ; la république des lettres, Voltaire fut courtisan de Frédéric, mais Frédéric le fut de Voltaire.

25. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Ajoutez ici un grand fait qui mérite d’être observé, c’est qu’à la fin du xvie  siècle et au commencement du xviie , un besoin général de communications sociales plus intimes et puis variées se faisait sentir dans les classes aisées de la capitale. […] Je me figure et c’est peut-être une illusion ridicule, que jamais on n’eut autant besoin de se parler en France ni ailleurs, qu’à cette époque. […] C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour.

26. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Molière n’a plus besoin de nos apologies; il demandait seulement, non pas pour lui, mais pour nous, que sa vie fut connue. […] Et puis il avait ses quatorze ans, et il s’y mêlait ce vague besoin de connaître. […] Qu’était-il besoin d’eux dans cette comédie de la Fronde où l’on avait pour bouffons les plus grands personnages ? […] L’âme veuve de cette grande œuvre, il eût eu besoin de trouver dans son domestique quelques consolations; mais, hélas ! […] On peut ajouter à cette somme, continua-t-il, cet habit de théâtre dont je crois que je n’aurai plus besoin.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Sa hauteur Avoit, ma foi, besoin d’un pareil précepteur ; Et si cet homme-là ne le rend pas traitable, Il faut que son orgueil soit un mal incurable. […] Transportons-nous dans une salle de jeu ; plusieurs tables y sont dressées : nous n’avons pas besoin de regarder de bien près pour décider quelle est celle où l’on risque une plus grosse somme ; l’intérêt, l’attention des spectateurs, nous en instruisent assez. […] J’ai besoin de conseils ; j’ai besoin de graces, & le tout de votre part. […] Vous avez encore moins besoin de tout cela que je n’ai d’envie de vous être bonne à quelque chose.

28. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

À présent il a besoin de la ville : il a besoin de ce Paris qui va devenir le Paris de Louis XIV ; il a besoin de cette cour qui est toute la France, pour cent ans au moins. […] Elle le méprise si fort, qu’au besoin elle lui présenterait, comme son amant, M.  […] Or Adraste est en fonds de bonnes ruses ; pour aller à son but Adraste n’a pas besoin, comme le comte Almaviva, que son valet lui prépare toutes les voies. […] comme tout cela aurait besoin d’être joué avec beaucoup de goût, de retenue, de modestie, et de politesse. […] Il n’a plus besoin de fortune à présent, pour être considéré.

29. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Étourdissante, disons-nous : Molière avait en effet grand besoin de s’étourdir. […] Aujourd’hui encore, le poète a besoin, nnon seulement des critiques, mais de la collaboration de la multitude. […] Il n’est pas besoin de faire remarquer qu’il a pour lui la vérité poétique. […] Elle a de l’esprit, et, au besoin, du plus piquant; mais elle n’en a qu’à propos, et elle ne cherche pas à en montrer. […] Elles ont besoin de tout le mordant de l’imprévu et de toutes les licences de l’ironie.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Mais ce n’était pas assez pour cette âme avide d’instruction et pressée du besoin de s’agrandir. […] À la mort de Scarron, sa veuve se trouva dans le besoin. […] C’est à ce prix qu’était la considération pour elle, cette considération qui, dans le monde, devait lui tenir lieu de la fortune si nécessaire pour en concilier un peu aux gens sans mérite, cette considération qui sans doute ne met pas absolument au-dessus du besoin, mais du moins aide puissamment à en sortir, en fait toujours sortir sans déshonneur, parce qu’elle intéresse l’honneur même d’un grand nombre de nobles amis à préserver de tout avilissement l’objet de leur affection et de leur estime.

31. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Pantalon, qui a justement besoin de faire réparer une serrure, arrête au passage Cintio qui est fort embarrassé, d’autant que Mezzetin le poursuit de ses quolibets. […] Il éprouva aussi ce vif besoin de réhabiliter sa profession que ressentaient particulièrement en France les comédiens italiens.

32. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Molière recourait tout naturellement aux Italiens, à ces artistes turbulents, lorsqu’il avait besoin d’ac- célérer le mouvement d’une pièce ; c’est ainsi que, dans cette comédie de L’Avare, peinture d’un vice qui se soutient difficilement au théâtre, il mit à contribution cinq ou six canevas de la commedia dell’arte. […] La fameuse scène de la galère, que Molière emprunta à Cyrano de Bergerac, se trouve dessinée déjà dans un des canevas de Flaminio Scala : dans ce canevas intitulé Il Capitano, Pedrolino, afin d’arracher à Pantalon l’argent dont Oratio, fils de Pantalon, a un besoin pressant, vient lui raconter que ce fils est tombé entre les mains des bandits et mis à la rançon de cent écus.

33. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Est-ce que j’ai besoin de vous dire tout ce qu’il y a de vain et de puéril dans de pareilles imaginations ? […] C’est le temps seulement, ce sont les progrès de la raison et du scepticisme, ce sont les besoins et les mensonges de la polémique qui ont fait de Tartuffe la satire définitive de l’Eglise et de la religion. […] Il a besoin d’un confident. […] Notre honneur est, monsieur, bien sujet à faiblesse, S’il faut qu’on ait besoin qu’on le garde sans cesse.

34. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

De tous les besoins de l’homme, je me suis laissé dire que le plus impérieux est le besoin d’enseigner. […] Il vivait en un siècle où l’on n’avait pas besoin de toucher à l’arche pour émoustiller les appétits engourdis. […] Je trouve que c’est une bonne fortune inestimable de reposer son esprit et sa raison sur l’oreiller d’une œuvre toujours raisonnable, toujours spirituelle, dont l’auteur n’a besoin, pour gagner les plus grandes batailles qui aient peut-être été jamais livrées au théâtre, ni du paradoxe glissant, ni delà prédication inquiétante.

35. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Dès cette époque, la troupe n’était pas seulement à l’abri du besoin  : elle était riche. […] Mais le besoin de mentir, même poussé au degré suprême, ne modifie pas tout l’être. […] Qu’est-il besoin d’observation  ? […] En effet, ce sont vices qui opèrent dans le sens de l’instinct, conformément à la nature ; ce sont vices qui s’avouent et au besoin dont on se pare. […] On voit la conséquence, et je n’ai pas besoin de la déduire longuement.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Béverley veut dire à sa femme qu’il a besoin de ses diamants, il ne sait comment s’y déterminer. […] Henriette, trouvant sa belle-sœur toujours plus affligée, tâche en vain de la consoler : Madame Béverley lui dit qu’elle a besoin d’un peu de repos, & la laisse avec Leuson. […] Leuson annonce à Béverley que James & Stukéli ont eu dispute en partageant ses dépouilles, que le premier a poignardé l’autre, qu’il est arrêté, que tout lui sera rendu : Béverley en est charmé, à cause de sa femme & de Tomi : il n’a plus besoin de rien ; il a violé les loix du ciel & de la nature.

37. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Peut-être que la moitié dont j’aurais besoin pour me parfaire n’est plus en ce monde depuis longtemps ; peut-être n’y est-elle pas encore. […] Tant d’amants importunent Alceste ; il voudrait qu’elle les éloignât, Car un cœur bien épris veut qu’on soit tout à lui ; mais elle a plus besoin encore du commerce des galants que de l’amour d’Alceste ; elle minaude et refuse de s’expliquer. […] Elle se peint enfin dans ce vers admirable que beaucoup, je dis des plus considérables, auraient besoin de méditer et de pratiquer : Moi, je suis pour les gens qui disent leur pensée37. […] Elle n’éprouve nulle répugnance pour les choses du ménage, et je ne serais pas surpris qu’au besoin elle épluchât les herbes avec Martine. […] Je m’étonne, pour moi, que les maris mettent tant d’amour-propre à n’être pas menés par leurs femmes ; ceux qui sont menés avaient besoin de l’être ; et, d’ailleurs, y a-t-il une condition plus douce que de se laisser conduire, quand on se sait bien conduit ?

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Le plus sûr cependant est de m’aller cacher : S’il a besoin de moi, qu’il vienne me chercher. […] Le plus sûr cependant est de m’aller cacher : S’il a besoin de moi, qu’il vienne me chercher.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Sganarelle le présente à Géronte, en lui disant que sa fille en a besoin. […] Nous aurons besoin de la citer ailleurs ; faisons voir présentement que Boursault a copié jusqu’aux défauts du canevas italien.

40. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées. […] ne démêle-t-on pas un besoin secret d’encouragement, dans cette tendresse suppliante, dont Henri IV, son père, et Louis XIV, son fils, furent si éloignés, dans le sentiment de leur force et de leur gloire ?

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi. […] Nous n’avons pas besoin ici de Procureur ; tout s’y juge militairement. […] Je les renverrai en France ; il y a là des Académies de musique qui ont grand besoin d’être recrutées.

42. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Mais qu’est-il besoin d’aller chercher dans l’œuvre ignoré d’un auteur inconnu le germe d’une pièce dont Molière trou-voit le sujet dans les mœurs de son temps et le comique dans son génie ? […] Je ne parle pas de la différence du mérite : celle-là est énorme ; mais la gloire de Molière n’a pas besoin qu’on lui offre en sacrifice l’obscur Donneau, qui du moins, par l’admiration dont il se montre pénétré pour ce grand homme, fait regretter qu’il n’ait pas été plus digne de l’imiter. […] Si j’avais besoin de prouver à quel excès de ridicule un critique peut se laisser entraîner par la manie de trouver des imitations, je citerais l’opinion de Riccoboni relativement aux Fâcheux. […] Molière, qui n’avait eu besoin de personne pour imaginer la fable légère qui sert de cadre aux différents portraits qu’il voulait faire passer sous les yeux des spectateurs, craignit du moins que sa pièce ne fût pas achevée à temps, s’il n’avait recours à quelqu’un pour l’aider dans le travail de la versification.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

  Il ne sera pas besoin d’une grande éloquence pour prouver qu’il est bien plus comique d’entendre un pere exhorter l’époux secret de sa fille à lui continuer ses leçons, que de voir un maître de maison prier son commis de montrer la politesse à un domestique. […] Après avoir perdu une si grosse somme en or, quel besoin ai-je de vivre ? […] Je vais ici près pour emprunter à Congrion une poële à frire dont j’ai besoin pour ce coq-là : si tu l’entends, tu le plumeras de près, & il sera plus ras qu’un de ces jeunes Lydiens à qui l’on arrache le poil, afin qu’ils soient plus jolis dans leurs jeux. […] C’est dans cette imitation primitive qu’un poëte a besoin de plus de goût & de plus d’art, puisque c’est à elle qu’on doit tous les défauts & toutes les beautés des imitations particulieres qu’elle fait naître. […] Dites, quels sont vos besoins ?

44. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

La vie domestique ou sociale, qui forme le cercle où se meut la comédie, est naturellement sédentaire : le poète n’a pas besoin de faire voyager notre imagination. […] C’est un danger qui menace nécessairement l’auteur comique dont les ouvrages ne reposent pas de quelque manière sur une base poétique, mais sont uniquement fondés sur cette froide imitation de la vie réelle, qui ne peut jamais satisfaire les besoins de l’imagination. […] Et d’abord le musicien y est plus à son aise, parce qu’il n’a pas besoin de sortir du ton ni du genre national. […] Sans doute tous les bons auteurs dramatiques pensent au jeu muet en écrivant ; mais si l’acteur a besoin qu’on lui donne des instructions à cet égard, il est à craindre qu’il n’ait pas même le talent de les suivre avec sagacité. […] La vogue dont jouissent ces tragédies est due, sans doute avant tout, à ce qu’elles ouvrent à l’incomparable Talma, un champ plus vaste pour déployer son talent, mais cette vogue est toutefois un symptôme remarquable du dégoût que l’on a pour les vieilles routes battues, et du besoin que l’on éprouve d’être remué plus profondément.

45. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Est-il besoin alors de se montrer bien scrupuleux sur le choix des moyens propres à lier ou dénouer une intrigue ? […] Est-il bien sûr de n’être vulnérable par aucun endroit, et de n’avoir pas besoin, pour quelque faiblesse, de cette indulgence dont il se montre si dépourvu envers autrui ? […] La soif des richesses, la convoitise des biens d’autrui, voilà leur passion véritable : elle domine chez eux tous les autres sentiments, et, si vifs qu’ils soient, elle saurait bien au besoin les leur faire maîtriser. […] Elmire, malgré la légitimité de ces motifs, sent néanmoins ce qu’une telle démarche a de peu bienséant pour une femme d’honneur; aussi voit-on, par ses discours, combien sa délicatesse y répugne, et combien aussi elle a besoin de s’en justifier. […] Qu’est-il besoin pour lui du soin que vous prenez ?

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Le besoin de vengeance pour la cour et pour lui-même, et de précaution contre des malveillances au moins incommodes, se montrent fort à découvert dans des scènes où paraissent les deux savants et surtout dans celle où Clitandre, homme de la cour, les traite avec le plus insultant mépris. […] Molière, poète-courtisan, fut même au besoin poète-politique.

47. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

La comédie est bien plus près de la peinture que la tragédie ; ce sont deux arts où il est besoin d’yeux ; l’homme se manifeste au peintre par les couleurs et par la forme, au poète comique par les mœurs. […] Molière avait besoin, pour son dénouement, d’amener sans invraisemblance tous les personnages chez Valère. […] Une fois averti des puissants effets de la nature bien observée, Molière n’eut plus besoin de la comédie d’intrigue : il se passa des personnages artificiels. […] On ne songerait pas à les noter, si Molière n’eût pas fait mieux encore, et s’il ne nous eût montré enfin la comédie épurée de tous ces moyens d’effet, et le cœur de l’homme, dans la seule diversité de ses mouvements, suffisant à tous les besoins de surprise, d’émotion, de rire, que nous apportons au théâtre. […] Les gens d’un goût délicat voulaient qu’il n’eût plus besoin ni d’un trait hasardé, ni d’une grimace, ni d’un coup de brosse, ni d’aucun embellissement emprunté à la mode, et fragile comme elle.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Il faut qu’elle soit frappante à tel point que le spectateur n’ait pas besoin de commentaire ni de rêver pour la sentir. […] Je n’aurois pas besoin d’aller loin pour trouver des exemples. […] J’ai besoin d’argent, & il faut que je consente à tout. […] C’étoit là que Moliere l’attendoit pour pulvériser en même temps l’ouvrage & ses admirateurs par la bouche d’Alceste, qui ne se pique pas d’écrire, mais qui n’a besoin que du simple bon-sens & d’un bon goût naturel, pour dire : Franchement, il est bon à mettre au cabinet : Vous vous êtes réglé sur de méchants modeles, Et vos expressions ne sont point naturelles. […] Jamais nous n’en eûmes un besoin plus pressant79.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Pour être bien bonnes, il faut qu’elles arrivent dans un moment de crise, & que le personnage qui paroît subitement cause le plus grand embarras par sa présence seule, & sans avoir besoin de parler. […] Je trouve une grande différence entre l’une & l’autre : la derniere produit une révolution subite, la premiere ne fait que l’annoncer, & le public a besoin de voir la scene entiere pour savoir si la révolution sera heureuse ou malheureuse.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Le genre larmoyant est sur-tout dans ce cas-là : je n’ai pas eu besoin de faire de grandes recherches pour trouver la plupart de ses prétendus chefs-d’œuvre dans les fatras dont nos Ancêtres ou les étrangers rougissent ; mais je serai discret. […] Brunelle, un de ses camarades de college, se trouvant à Rouen dans le besoin, lui écrit : vous avez mille écus, envoyez-les-moi.

51. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

II est des hommes de génie qui ont besoin d’être encouragés par un cercle bienveillant : nés aimans, ils veulent être aimés ; l’opinion des autres leur importe toujours; la médiocrité orgueilleuse se suffît bien plus largement à elle-même que le génie modeste. […] Dans tout cœur d’homme, grand et noble, il y a du mécontentement du présent, un penchant irrésistible vers l’avenir, un besoin constant d’innovations.

52. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Chaque homme, d’après le sens de Molière et celui de la nature, a besoin d’une femme qui joigne sa destinée à la sienne, et avec laquelle il puisse tranquillement passer sa vie; leur bonheur dépend du choix qu’ils font. […] Il a emprunté au théâtre ancien la place publique; il jalonne de chaque côté les maisons des gens dont il a besoin : lui faut-il un commissaire ? […] Il avait besoin d’exercer sa verve sur ces airs de cour qu’il lui fallait supporter : la fatuité des hommes, nous l’avons déjà fait remarquer, et la coquetterie des femmes lui étaient à charge, et il secouait le fardeau dès qu’il le pouvait. […] Il a besoin, dans une pièce qu’il fait, d’un caractère de nigaud, de fat, d’imbécile ; je veux lui donner ta connaissance, baron, cela lui fera plaisir, sur ma parole : il a peine à trouver de nouveaux caractères. […] pour cela ce n’est pas sa faute, il n’a pas le temps ; nous sommes toujours à table : et puis, pour les bagatelles qu’il fait, dit-il, il n’a besoin que du livre du monde : il y sait lire, il le connaît, il pille là-dedans comme tous les diables.

53. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Ici, la conscience de Molière était souveraine et n’avait pas besoin de la permission de Bourdaloue. […] Nous avons voulu, en nous plaçant à notre point de vue, discuter la question du Tartuffe comme une question de casuistique morale, et nous croyons, à ce point de vue même, avoir établi le droit strict de Molière ; mais quant à lui, il n’avait pas besoin de tant raisonner. […] Le drame, surtout notre drame classique avec sa loi d’unité, ne permet pas toujours de suivre par degrés le développement d’une action et d’une passion : ici il faut accorder quelque chose à la fiction ; mais ce n’est que la forme et non le fond qui a besoin de cette justification. […] En réalité, la méchanceté n’est pas tant dans les actions que dans l’âme : or Molière a eu soin de nous peindre une âme scélérate sans avoir besoin d’y joindre des actions. […] Tel est l’Alceste idéal qui se cache au fond de l’Alceste réel, mais qui avait besoin d’une épreuve pour se dégager.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Au fond de cette cour paroît cette maison Qu’Armide eût pu choisir pour l’heureuse prison Où fussent en repos son Renaud & ses armes, Sans qu’elle eût eu besoin du pouvoir de ses charmes. […] Mais les raisonnements sont tout-à-fait frivoles Où l’on a plus besoin d’effets que de paroles. […] je comprends : mais je n’ai pas besoin de me transporter à Paris pour goûter la beautés du Misanthrope, du Tartufe : la connoissance du cœur humain me suffit.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Dans le premier exemple, Valere a besoin de s’insinuer dans l’esprit de Sganarelle avant de lui faire la proposition d’aller chez lui ; d’un autre côté Sganarelle ne devinant pas où veut en venir le godelureau, la scene qu’ils ont ensemble doit tenir en suspens les spectateurs beaucoup plus long temps que celle d’Orgon & de Tartufe. […] Lorsqu’un personnage qui a du pouvoir sur un autre lui ordonne de se retirer, celui qui sort n’a pas besoin de nous dire pourquoi il quitte la scene. […] Qui est plus criminel, à votre avis, ou celui qui achete un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n’a que faire ?

56. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Le mouvement était donné à l’esprit social ; la conversation était devenue le besoin général ; il fallait à tout prix le satisfaire ; ce besoin remontait à des causes plus anciennes et plus puissantes que l’hôtel de Rambouillet, qui, lui-même, leur dut son origine et ses progrès, et il ne fit qu’en favoriser le développement et l’éclat.

57. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

C’est celui qui, n’ayant pas connu l’indigence, n’a pas été contraint à cette parcimonie qui dégénère aisément en lésine ; qui, ayant toujours possédé plus d’or qu’il ne lui en fallait, est incessamment dévoré du désir d’en posséder davantage, et n’en possède jamais assez ; qui, au lieu d’en jouir, l’entasse et l’enfouit ; qui emploie les moyens les plus bas, les plus honteux pour en amasser, en amasser encore, et qui craindrait d’en détourner la moindre partie pour satisfaire aux besoins des siens et à ses propres besoins. […] et enfin, quel besoin Molière avait-il de Plaute, pour former le projet d’attaquer un travers de mœurs que la cour et la ville offraient incessamment à ses regards ? […] C’est une leçon que le monde leur donne quelquefois, et qu’ils n’ont pas besoin de venir chercher au théâtre où elle ne leur profiterait guère : cette leçon, d’ailleurs, ne serait pas une répréhension suffisante d’un désordre qui viole les lois divines et humaines ; et la Muse de la comédie n’a pas caractère pour prêcher en matière aussi grave sur le ton qui conviendrait. […] Toutefois, si sa gloire en pouvait tirer quelque lustre, si plutôt elle n’avait besoin de s’en excuser, je dirais qu’il fit mieux que personne dans un genre où il est impossible de faire bien.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Sganarelle n’a plus besoin de consulter ni amis, ni Docteurs, ni Bohémiennes. […] J’avois besoin, dit-il, de souliers.

59. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Pour faire son éloge, il suffit de raconter sa vie : la vérité n’a pas besoin cette fois ni de voiles, ni d’ornements ; et le panégyriste le plus éloquent sera le narrateur le plus fidèle. […] On voit que l’auteur n’a pas besoin d’attendre l’inspiration : il fait des chansons comme la Fontaine fait des fables, sans recherche, sans effort, presque sans y penser.

60. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Boileau surtout avait besoin que Montausier joignît son suffrage à ceux qu’il obtenait de la cour.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Il n’est pas besoin, Monsieur, & je n’ai qu’un mot à vous dire. […] Nous aurions grand besoin d’un peu d’argent comptant. […] La Comtesse se persuade que tout le monde l’aime ; mais elle a quelque sujet de le croire, puisque le Marquis lui fait sa cour publiquement, & que le Joueur lui a fait sans doute quelque déclaration dans le besoin urgent ; il dit lui-même, en ce cas je pourrois rabattre sur la veuve la Comtesse sa sœur : & cette différence seule la rend bien moins comique que Bélise, à qui Clitandre est obligé de dire, je veux être pendu si je vous aime, sans qu’elle soit détrompée.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Arlequin ne devine pas que la Princesse veut le faire asseoir à côté d’elle : il est surpris qu’elle ait besoin de deux sieges, il lui dit de prendre garde au proverbe26. […] La femme d’Arlequin a besoin de deux chaises, puisqu’elle en destine une à son époux. […] cela a-t-il encore besoin d’éclaircissement ? […] Tous ces petits enfants, dont vous serez le pere, Auront besoin de vous, cela donne à rêver : Et pour eux & pour nous il faut vous conserver.

63. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Acteur par vocation dès l’adolescence, bientôt directeur responsable d’une troupe ambulante, improvisateur de farces, de pièces appropriées au besoin du moment ; puis, une fois établi à Paris, obligé de défendre son théâtre contre la jalousie de l’hôtel de Bourgogne ; sa vie privée contre la calomnie, venimeuse, acharnée ; ses idées contre des attaques véhémentes ; chargé de divertir le plus autoritaire des souverains et non le moins exigeant, Molière suffit à tout, à force d’énergie, lutta jusqu’au bout, quoique malade et rongé de soucis, mourut enfin à son poste en jouant le rôle d’Argan sur cette scène qu’il avait tant aimée. […] Orgon n’était pas un méchant homme, il a besoin de tout le stoïcisme chrétien que Tartuffe lui a enseigné pour ne point se laisser attendrir par les prières d’une fille qui le conjure de ne pas la sacrifier : Allons, ferme mon cœur ; point de faiblesse humaine ! […] Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention. […] Le premier, celui sur lequel il revient sans cesse, est d’être simples : Monsieur Purgon a beau s’affubler d’une longue robe noire et parler latin, il n’en tue pas moins ses malades ; Monsieur Lysidas invoque Aristote et fait d’exécrables pièces ; le philosophe Pancrace est un âne avec toute son érudition ; Marphurius, qui feint de douter si le monde extérieur existe ou non, a besoin de quelques coups de bâton pour se souvenir qu’il existe des juges ; Trissotin, qui mêle en ses vers les calembours aux soupirs, est insupportable. — Molière dit à Arsinoé qu’elfe s’y prend un peu tard pour devenir prude ; à Dorante, ami de Monsieur Jourdain, qu’en dépit de ses belles manières et de son titre, il est un escroc ; à Don Juan, fils insolent, révolté contre toute idée de devoir individuel ou social, égoïste et méchant, au seigneur qui s’abaisse à user de son prestige pour intimider et congédier un créancier, au séducteur de Dona Elvire, repenti tardivement et s’en remettant hypocritement au ciel du soin de réparer ses fautes : « Apprenez que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous » ; Clitandre, amant d’Angélique et plein de mépris pour le roturier Georges Dandin : « Vous avez une étrange façon de mentir et de vous parjurer, pour un gentilhomme ! 

64. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Il n’est pas besoin de connaître à fond l’histoire des idées au dix-septième siècle, pour savoir que nous sommes ici en présence d’une révolution qui semble avoir brisé en deux la pensée humaine. […] Seigneur docteur, j’aurais besoin de votre conseil sur une petite affaire dont il s’agit, et je sais venu ici pour cela. […] Car si l’on peut lui reprocher de n’avoir pas même toujours su se maintenir à cette modeste hauteur, et d’être tombé plus bas encore dans telle ou telle scène justement blâmée, — hâtons-nous de le reconnaître, il a voulu, disons mieux, il a dû parfois s’élever plus haut et faire entendre quelques-uns de ces aveux qui suffiront toujours pour lui gagner les sympathies des esprits les plus sévères. — On dirait en effet à certains moments que, fatigué de se traîner toujours dans cette atmosphère plus ou moins énervante de nos instincts et de nos passions, il a senti lui aussi le besoin de prendre son vol vers ces cimes sublimes de la conscience et du devoir, où l’air est toujours pur, et la lumière d’en haut toujours rayonnante. […] Il a senti l’impérieux besoin de laisser déborder tous les sentiments que la cruelle expérience avait amassés dans son âme.

65. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

« [*]Molière se trouva, par rapport à la comédie, dans la même situation où était Corneille par rapport à la tragédie ; mais avec cette différence que Corneille, pour réformer la tragédie, n’eut à combattre que les dispositions présentes de l’esprit, ou qu’à les ramener au grand et vraisemblable : et pour y réussir il n’eut besoin que de la première de ses bonnes tragédies, qui dessilla les yeux, et servit du moins à faire distinguer le bon d’avec le médiocre et le mauvais. […] J’avoue que Timocrate est fort adroit et fort heureux dans sa conduite, et qu’il faut l’être beaucoup pour trouver toujours au besoin des occasions si justes et si favorables de passer comme lui d’un parti à l’autre, selon les divers intérêts qui l’y obligent ; mais il ne fait rien qui soit impossible, et tout ce qui peut arriver sans violenter beaucoup l’ordre commun de la nature doit être réputé vraisemblable, etc. […] Molière, pour faire éclater les plaintes de la femme, mais ils n’auraient pas eu tous deux les mêmes sujets de faire éclater leur jalousie, il y aurait eu du plus ou du moins ; c’est pourquoi il a fallu, afin que le divertissement fût plus agréable, qu’ils raisonnassent tous deux sur les mêmes incidents ; tellement que j’ai été contraint de me servir du même sujet : c’est ce qui fait que vous n’y trouverez rien de changé, sinon que tous les hommes de l’un sont changés en femmes dans l’autre : je pourrais ici vous parler du mot Cocue, dont je me suis servi : mais je crois qu’il n’en est pas besoin, d’autant que nous sommes dans un temps où chacun parle à sa mode. » [*]Chappuzeau dans son Théâtre français, livre III, pages 213 et 214, parle d’une troupe de comédiens espagnols qui arriva à Paris en 1660. […] Ils chantent et dansent ballets, Tantôt graves, tantôt follets ; Leurs femmes ne sont pas fort belles, Mais paraissent spirituelles ; Leurs sarabandes, et leurs pas Ont de la grâce, et des appas, Comme nouveaux ils divertissent, Et leurs castagnettes ravissent ; Enfin je puisse être cocu, Si je leur plaignis mon écu, Et je crois que tout honnête homme, Leur doit porter pareille somme, Pour subvenir à leur besoin, Puisqu’ils sont venus de si loin, Avecque comédie et danse, Donner du plaisir à la France.

66. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Quoi qu’il en soit, si Lesage, trouvant tout développé dans la société de son temps le personnage qui n’était, pour ainsi dire, qu’en germe dans la comédie de Molière, n’a pas eu besoin que M.  […] Cotin étant désigné dans la pièce par son nom et par ses propres écrits, est-il besoin d’ajouter qu’il y est fait une allusion évidente au malheur qu’il avait d’être incessamment en butte au courroux satirique de Boileau ? […] Ils ont besoin de la confiance publique, et ils s’appliquent à la mériter : la probité même est pour eux la source de la richesse. […] Exposées à l’indifférence ou au mépris de ceux qui croient n’avoir pas besoin de leurs conseils nu de leurs secours, elles sont invoquées par eux avec ardeur dans le moment du danger, pour être dédaignées de nouveau, quand le danger n’existe plus. […] Dufresny n’avait pas besoin de s’approcher ainsi de Molière, et de lutter, pour ainsi dire, corps à corps avec lui, pour nous faire apercevoir de combien l’homme de génie surpassait en hauteur et en force l’homme d’esprit, qui s’ignorait assez pour se croire au moins son égal.

67. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

J’ai aussi, ajoûta-t’il, un habit de Theâtre, dont je crois que je n’aurai plus de besoin, qu’on le lui donne ; le pauvre homme y trouvera de la ressource pour sa profession. […] En voici une, où il eut encore besoin de Moliere. […] Il est honteux au parterre de ce temps-là d’avoir eu besoin de cet Auteur pour les appercevoir. […] Je travaille presentement sur un caractere, où j’ai besoin de telles Scénes, faites-les, vous m’obligerez, & je me ferai honneur d’avoüer un secours comme le vôtre. […] Si vous étiez dans le besoin, je pourrois vous rendre mes services, mais je ne vous le cele point, je vous serois plûtôt un obstacle.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

L’arrivée des deux peres déconcerte les amants & Sylvestre ; le seul Scapin se moque de l’orage, s’engage à le braver, & promet encore de procurer aux deux jeunes gens une somme dont ils ont besoin. […] L’un & l’autre n’ont à tromper que les oreilles : Henri a besoin de persuader, il doit faire illusion aux oreilles & aux yeux. […] Un fourbe a besoin d’argent pour servir les amours de son maître, il imagine de s’en faire donner par le pere même de son jeune patron. […] Mais, pour vous dire franchement la chose comme elle est, j’avois besoin d’une femme qui m’apportât quelque argent pour payer mes dettes ; & encore aujourd’hui, si Démiphon veut me donner autant que celle que j’ai fiancée doit m’apporter, il n’y a point de femme que j’aime mieux que celle dont vous voulez vous défaire. […] Troisièmement, il a besoin d’une petite esclave pour sa femme, il lui faut quelques meubles pour le ménage, de l’argent pour les frais de noce ; tout cela montera encore à dix mines.

69. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Elle a besoin d’eux comme d’une décoration enviée par plus d’une rivale qui ne demande qu’à les accaparer. […] Est-il besoin d’ajouter que la victoire de Molière fut légitime comme une conquête de la raison, et que l’art cesserait d’exister s’il ne récusait pas l’ombrageuse autorité du sacerdoce ? […] Bref, Cléante est l’Ariste d’une comédie, qui, plus que toute autre, avait besoin de ce palliatif. […] Toute intelligence n’a-t-elle pas le droit de jouir d’elle-même, et de s’ouvrira ces clartés dont tout être moral a besoin pour accomplir sa destinée ? […] Voilà le travers, dont le poète avait besoin pour tourner au comique l’austérité de son sujet.

70. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Faire rencontrer ainsi Horace et Arnolphe à point nommé, trois fois de suite, c’est trop montrer le besoin qu’on en a pour les confidences qui font aller la pièce, comme aussi le besoin d’un dénouement se fait trop sentir par l’arrivée des deux vieillards, l’un père d’Horace, et l’autre père d’Agnès, qui ne viennent au cinquième acte que pour faire un mariage. […] Emprunter à la morale une des plus grandes leçons qu’elle puisse donner aux hommes, leur démontrer cette vérité qu’avaient méconnue les plus fameux philosophes anciens, que la sagesse et la vertu1 même ont besoin d’une mesure, sans laquelle elles deviennent inutiles, ou même nuisibles; rendre cette leçon comique sans compromettre le respect dû à l’homme honnête et vertueux, c’était là sans doute le triomphe d’un poète-philosophe, et la comédie ancienne et moderne n’offrait aucun exemple d’une si haute conception. […] Molière se conduisit en homme habile : il sentit que le Misanthrope n’avait besoin que d’être entendu ; et, puisque cette pièce ne pouvait par elle-même attirer le public, il trouva le moyen de l’y faire revenir en le servant selon son goût. […] Donc Molière, non seulement n’est point inexcusable, mais il n’a pas même besoin d’excuse, et ne mérite que des éloges pour avoir donné une leçon très-importante, non pas, comme tant d’autres poètes, aux vicieux, aux sots, à la multitude, mais à la vertu, à la sagesse , en leur apprenant dans quelles justes bornes elles doivent se renfermer, quels excès elles doivent éviter pour être utiles, et à celui qui les possède, et à tout le reste des hommes. […] Molière, qui croyait que la comédie pouvait attaquer les vices les plus odieux pourvu qu’ils eussent un côté comique, n’eut besoin que d’une seule idée pour venir à bout du Tartufe.

71. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

., » répond-il, et tout de suite il lui développe cette précieuse doctrine de la direction d’intention : Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention784 . […] La grâce est encore affirmée dans cette parole : « On n’a pas besoin de lumière quand on est conduit par le ciel. » Le Festin de Pierre, act. […] Enfin, après une réfutation minutieuse des vingt-six arguments par lesquels l’épicurisme essaie de prouver que l’âme est mortelle, réfutation qui n’occupe pas moins de vingt-sept colonnes in-folio, Gassendi ajoute que son but n’est pas d’apporter à la foi, qui n’en a pas besoin, le secours des lumières de la raison, mais de montrer à ceux qui ferment les yeux pour ne point voir cette lumière, et qui attribuent une haute sagesse aux adversaires de l’immortalité, qu’ils se jettent non-seulement en dehors de la foi, mais aussi en dehors de la saine raison.

72. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Mais qu’est-il besoin de discuter l’art de Molière et de justifier ses procédés par le témoignage d’autorités littéraires ? […] Ce penchant, auquel nul écrivain n’échappe, devient un besoin impérieux, irrésistible, quand le cœur a été secoué par ces cruelles émotions qui laissent une trace profonde dans la vie. Dans le malheur, l’âme a besoin de s’épancher, et « l’ardeur de ses soucis domestiques a dû porter involontairement Molière à créer des scènes et des situations où il pût les répandre pour s’en soulager...

73. (1900) Molière pp. -283

Mais il s’est taillé un domaine dans lequel personne n’est au-dessus ni à côté de lui ; qu’aurait-il eu besoin d’être jaloux ? […] Avant tout, il est dominé par le besoin d’observer, par la nécessité de rendre ses observations telles qu’elles sont, dans leur extrême justesse. […] Or l’exactitude et la justesse sont la passion, l’instinct, le besoin de Molière : il est juste et exact avant tout, surtout dans le langage qu’il prête aux personnages qu’il crée. […] Étudiez-la de près, et vous verrez qu’avec ses formes douces, sa politesse extrême, elle n’est pas elle-même moins livrée à tous les instincts de la nature brute qu’Angélique et que Dorimène ; qu’elle n’est pas d’un cœur moins dépravé par l’égoïsme et la coquetterie, par la soif du plaisir et par le besoin tout féminin de se contenter, d’agir à sa guise ; je dis besoin, bien entendu, chez les femmes que ni l’éducation, ni les bonnes maximes, ni l’exemple n’ont élevées, cultivées, formées. […] Il n’est pas besoin non plus, à partir de ce mariage, de chercher où Molière puise cette cruelle science de la jalousie et de la passion qui s’abusent elles-mêmes en cherchant à faire croire qu’elles peuvent se vaincre, mais qui ne le peuvent ni ne le veulent.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Mais je n’ai pas besoin de capituler, & je vais faire un raisonnement bien convaincant ; du moins je le pense. […] Ceux de cette derniere espece ont besoin de beaucoup plus d’adresse que tous ceux dont j’ai parlé jusqu’ici, parceque les yeux & les oreilles peuvent plus aisément déceler les acteurs qui les font.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Non ; vos besoins sont encore plus grands que les miens. […] mais après tout, ce peu d’argent fournira-t-il à nos besoins ?

76. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

insensible au branle de ta roue, Le mérite naissant, loin du monde caché, Fier d’être utile un jour, à l’étude attaché, Mûrit dans le travail et sa jeune éloquence, Et son besoin de gloire, et son indépendance : Protégé par lui seul il se doit ses progrès, Et sans remords, au moins, jouit de ses succès. […] Ne doit-on pas s’étonner que de ces tribunes tutélaires il ne se soit pas élevé une seule voix en faveur de l’indépendance légale de l’art dramatique ; de cet art vraiment national, qui a tant d’influence sur l’opinion et sur les mœurs ; qui plus que tout autre a besoin de liberté, etauquel on n’a pas même daigné accorder le bienfait d’une loi d’exception, qui pût au moins lui laisser entrevoir dans l’avenir un temps plus heureux.

77. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

Si vous étiez dans le besoin, je pourrais vous rendre mes services, mais je ne vous le cache point ; je vous serais plutôt un obstacle ».

78. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

À ceux qui ont besoin de trouver des taches au soleil, elle accorde sans peine que la reconnaissance finale est maladroitement expliquée, que les longs discours de Chrysalde sont inutiles, ennuyeux, et non seulement cela, mais qu’ils offensent trop le sens moral pour ne pas choquer le goût. […] Uranie leur dira-t-elle : Vous êtes des aveugles qui me priez de vous montrer le soleil ; allez-vous faire ouvrir les yeux, et vous n’aurez pas besoin que je vous le montre ? […] Alors, plein de confiance en toi et n’ayant plus besoin de guide, regarde en ton âme, tu y découvriras la beauté. […] Par une subtilité pleine de candeur, qui était bien dans la nature de son génie, Corneille avait besoin de trouver dans les anciens des exemples et des règles pour faire autrement que les anciens, et il voulait leur rester soumis en leur désobéissant ; voici comment il justifie l’une de ses pièces d’être sans modèle dans l’antiquité : « L’amour de la nouveauté était l’humeur des Grecs dès le temps d’Eschyle, et, si je ne me trompe, c’était aussi celle des Romains,               Nec minimum meruere decus, vestigia græca               Ausi deserere. […] Par cela même que le jugement de goût ne peut être déterminé par des concepts et des préceptes, le goût est précisément de toutes les facultés et de tous les talents celui qui a le plus besoin d’apprendre par des exemples ce qui, dans le progrès de la culture, a obtenu le plus long assentiment, s’il ne veut pas redevenir bientôt inculte et retomber dans grossièreté de ses premiers essais.

79. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Pendant ce temps-là Molière fit le dessein des Frères Ennemis ; mais le jeune homme n’avait point encore paru : et lorsque Molière en eut besoin, il ne savait où le prendre : il dit à ses Comédiens de le lui déterrer à quelque prix que ce fût. […] J’ai aussi, ajouta-t-il, un habit de Théâtre, dont je crois que je n’aurai plus de besoin ; qu’on le lui donne ; le pauvre homme y trouvera de la ressource pour sa profession. […] En voici une, où il eut encore besoin de Molière. […] Je travaille présentement sur un caractère, où j’ai besoin de telles scènes, faites-les, vous m’obligerez, et je me ferai honneur d’avouer un secours comme le vôtre. […] Si vous étiez dans le besoin, je pourrais vous rendre mes services, mais je ne vous le cèle point, je vous serais plutôt un obstacle.

80. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Certes, tout ce couplet se comprend de lui-même, et, pour en saisir l’esprit, pas n’est besoin de pénétrer dans la vie intime de celui qui l’a écrit. […] C’est au mépris des droits de cet enfant, orphelin de père, que Molière aurait souffert qu’on enrichit sa femme et sa fille, qui n’avaient nullement besoin de ce supplément d’opulence ! Il ne l’aurait pas indemnisé de quelque façon et, au besoin, sur sa propre fortune ! […] J’y consens pourtant ; il y a en effet du janséniste dans Alceste, bien que (j’éprouve le besoin de le redire) ce soit plutôt le janséniste qui est misanthrope que le misanthrope qui est janséniste. […] J’ai besoin de solitude et d’isolement ; les grandeurs m’ennuient, le sentiment est desséché.

81. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

L’action de la chaire a toujours été et est encore aujourd’hui en France trop forte et trop publique pour que J’aie besoin d’en retracer même une légère esquisse. […] Cependant tout le monde était occupé de ce que l’on venait d’entendre ; on avait besoin d’en parler, besoin surtout de savoir ce qu’en pensait le maître. […] Tout sot que soit Orgon, dès que Tartuffe paraît, le spectateur a besoin d’être gagné d’avance au dessein du poète pour accepter la vraisemblance d’un pareil aveuglement. […] Néanmoins personne ne se trompe au sentiment qui les anime, et l’on sait fort bien les trouver lorsque l’on a besoin d’eux. […] La vertu est toujours la même et notre siècle en a le même besoin que les siècles précédents.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Avez-vous besoin d’assembler plusieurs personnes de différentes familles dans une même maison ? […] Est-il besoin, pour remplir votre sujet, que plusieurs personnes paroissent & disparoissent avec rapidité ?

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Je trouve ensuite fort comique que l’Etourdi Italien, après avoir continuellement gâté ses affaires par sa présence, prenne la fuite quand on a besoin de lui. […] Nous aurons soin d’en rappeller les principaux traits à mesure que nous en aurons besoin.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

L’amour, dans le besoin, me rendra du courage. […] Dans les Philosophes, Cidalise dit en paroissant : L’amour, dans le besoin, me rendra du courage.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Non, il n’est pas besoin de grandes réflexions quand la chose est évidente. […] A quel besoin nommer tous ces démons ? […] Et moi je vous dis, moi, que je n’ai pas besoin De terme plus choisi, d’auteur ni de témoin, Et qu’il suffit ici de mon seul témoignage.

86. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Il y a dans le texte italien de ce divertissement de nombreuses fautes d’orthographe venant de l’impression musicale, (il y en a bien d’autres dans les partitions des opéras de Lully) ; mais nous n’avons pas besoin d’insister pour faire sentir les différences notables qui existent entre l’intermède tel qu’il est copié ci-dessus et celui que donnent les œuvres de Molière. — Il y a surtout un renversement complet dans l’ordre des deux scènes des avocats et des apothicaires — Pourceaugnac s’exprime tout le temps en Italien ; — il chante un air sentimental. […] En avait-il besoin pour remplir un temps donné de spectacle ? […] Puis, si Lully avait seul remanié Pourceaugnac en 1675, il eût simplement écrit un air pour relier les deux intermèdes dont il renversait l’ordre, et on ne trouverait pas, dans le Divertissement de Chambord (Ballard, 1670; voir Brunet), et dans le Carnaval, les indications de scènes, les arguments en français que Lully n’aurait eu aucun besoin de conserver ou de compléter, arguments dont le style, nous le répétons, semble bien de Molière et a le plus grand rapport avec les arguments de Georges Dandin, du Sicilien, et du Mariage forcé, écrits pour les fêtes de Versailles.

87. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Ce sont, dit-on, les poètes qui ont le plus besoin d’un puissant patronage, ce sont les Auguste qui font les Virgile, et voilà qu’à Corneille, à La Fontaine, à Molière, à Racine, succède, sous l’influence du nouvel Auguste, qui ? […] C’est que, bien qu’on en puisse dire, la pensée, a besoin, pour développer toute sa puissance, d’être soutenue par les préoccupations politiques ou religieuses, d’être animée par la passion. […] D’ailleurs, depuis le XVIIIe siècle, les lettres sont émancipées et n’ont plus besoin de protection ; les écrivains le savent : loin de méconnaître la puissance de la pensée, ils seraient plutôt tentés de l’exagérer.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Son Tartufe est une galerie superbe où l’on en voit de toute espece, de sérieux, de plaisants, de touchants ; il n’est besoin ni de les rapporter, ni de les indiquer.

89. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré, et par ses traits les plus vifs, pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable.

90. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Serait-ce qu’elles ont besoin du charme de l’éloquence, et que, dépouillées de leur expression oratoire, elles perdent leur intérêt ? […] Scribe, si vous lisez les bonnes lettres naïves qu’il écrivit alors à sa femme et à ses enfants, vous n’aurez pas besoin, pour comprendre la théorie hegelienne de la comédie, de remonter à la création du monde. […] Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention. […] Jamais il n’y en eut un qui eût plus besoin de sacrifier aux Grâces. […] Il y a dans son caractère deux traits dont la connaissance achève de répandre sur la nature spéciale de son génie comique tout le jour dont notre intelligence a besoin.

91. (1910) Rousseau contre Molière

Auriez-vous besoin d’un ministre ? […] Le public a besoin de ce personnage-là pour le guider et pour le laisser sur une impression nette. […] L’homme dit ce qu’il sait, la femme dit ce qui plaît ; l’un pour parler a besoin de connaissances ; l’autre, de goût ; l’un doit avoir pour objet principal les choses utiles, l’autre, les agréables. […] Car je suis réduit à le chercher parce qu’on ne m’en donne pas des exemples, et les petits esprits ont besoin d’exemples, comme disait Diderot. […] En effet, ce sont des vices qui opèrent dans le sens de l’instinct conformément à la nature ; ce sont vices qui s’avouent et, au besoin, dont on se pare.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

On y sait comme vont lune, étoile polaire, Vénus, saturne & mars, dont je n’ai point affaire ; Et dans ce vain savoir, qu’on va chercher si loin, On ne sait comme va mon pot dont j’ai besoin.

93. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Je me trompe en accusant ici la prévention ; non : c’est simplement le besoin d’écrire qui fait adopter sans examen et sans conviction un texte de déclamations reçues et en fait exagérer l’expression, pour ne pas reproduire les mêmes idées précisément sous les mêmes paroles.

94. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Les bienséances, dans une monarchie, sont une barrière de plus autour du pouvoir, et le besoin, l’amour du pouvoir étaient le fond du caractère de Louis, Sa conduite habituelle offensait la morale, mais il n’avait pas l’intention de l’affronter.

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