Aristophane l’a réalisé, et il faut bien convenir que deux petites pièces telles que Le Songe d’une nuit d’été et Comme il vous plaira, de Shakespeare, sont deux chefs-d’œuvre, et deux chefs-d’œuvre essentiellement différents du Tartuffe et du Misanthrope. […] Ces différents systèmes sont fort curieux ; mais ils ne sont pas compris dans le plan de notre étude. […] Ce sont moins des écoles que trois différents esprits de la critique, et, pour ainsi dire, trois moments par lesquels doit passer successivement la pensée de tout homme qui, dans ce siècle où chaque chose est mise en question, examine la question de la critique littéraire : 1º le moment dogmatique (l’esprit humain affirme d’abord) ; 2º le moment critique (c’est vraiment la crise de l’intelligence ; nous ne croyons plus : resterons-nous sceptiques ?)
Ce Gorgibus du Cocu imaginaire est dessiné absolument sur le même modèle que celui des Précieuses ridicules ; c’est, pour dire vrai, le même personnage dans deux situations différentes, et, ce qui le rend digne d’observation dans les deux pièces, c’est qu’il montre quelque chose de ce bon sens naturel, de cette raison populaire que nous verrons développée avec plus de force, mais non avec plus de vérité, dans l’admirable rôle du Chrysale des Femmes savantes. […] La pièce de Cicognini, intitulée Le Gelosie fortunate del principe Rodrigo, fut imprimée, suivant l’usage d’Italie, dans les différentes villes où elle fut représentée : la première édition connue est de Pérouse, 1654, et ce fut sept ans après que Molière donna Dom Garcie. […] Il y a, dans les Adelphes, deux vieillards de différente humeur, qui donnent chacun une éducation différente aux enfants qu’ils élèvent ; il y a de même, dans L’École des maris, deux tuteurs, dont l’un est sévère et l’autre indulgent : voilà toute la ressemblance. […] Dans l’examen de cette dernière pièce, je ferai remarquer la ressemblance des deux-ouvrages, dont le but dramatique est absolument le même, quoique avec des moyens différents, et dont le but moral, sans être tout à fait pareil, a du moins beaucoup d’analogie. […] Molière, qui n’avait eu besoin de personne pour imaginer la fable légère qui sert de cadre aux différents portraits qu’il voulait faire passer sous les yeux des spectateurs, craignit du moins que sa pièce ne fût pas achevée à temps, s’il n’avait recours à quelqu’un pour l’aider dans le travail de la versification.
On aurait pourtant mieux fait de ne pas traiter l’unité de lieu avec une rigueur si scrupuleuse, et de permettre aux personnages de passer d’une chambre dans une autre, ou même dans différentes maisons de la même ville. […] Molière n’en a emprunté que quelques scènes et quelques traits, et le plan général de sa pièce est entièrement différent. […] Elles sont propres à faire briller un acteur qui a du talent pour imiter les habitudes individuelles, et qui reparait plusieurs fois sous le nom de différents personnages, en changeant promptement du ton et de costume. […] Ce qui fait le sujet des pièces que l’on nomme en France de haut comique, ce n’est pas la vie mais c’est la société, cette lutte continuelle de vanités différentes qui ne peuvent jamais arriver à un état de paix. […] L’essentiel n’est pas, selon lui, la peinture des caractères et des situations, mais celle des différentes classes de la société et des relations de famille, afin que cette peinture puisse servir de modèle aux spectateurs qui sont placés dans les mêmes classes, ou qui entretiennent les mêmes relations.
Il représente l’avare sous différentes faces ; Harpagon ne veut paroître ni avare ni riche, quoiqu’il soit l’un & l’autre. […] Suivant cette idée générale, Moliere réunit à la hâte dans différens intermédes, tout ce que le théatre48 lui pût fournir de divertissemens propres à flater le goût de la cour. […] L’auteur, qui, par de solides réfléxions, & par sa propre expérience, avoit appris à distinguer ce qui convenoit aux différens théatres pour lesquels il travailloit, ne crut pas devoir hazarder cette comédie sur le théatre de Paris. […] Ce progrès ne se fait jamais mieux sentir, que par le paralléle des idées semblables, qu’un même auteur a exprimées en différens tems. […] Quelle étenduë & quelles ressources dans l’esprit ne faut-il pas avoir, pour varier avec art les mêmes fonds, & pour les reproduire sous d’autres points de vûë, avec des couleurs différentes & toujours agréables ?
Les vers du Tartufe, du Misanthrope, des Femmes Savantes, sont bien différents de ceux du Cocu imaginaire. La prose, dans le Médecin malgré lui, dans l’Avare & dans la Princesse d’Elide, a un ton différent & conforme à chacun de ces trois sujets. […] Nos premiers Poëtes, bien différents des Anglois, cherchoient des difficultés pour se ménager le plaisir de les vaincre, en faisant des vers à rime couronnée : je n’en citerai qu’un exemple pris dans la tragédie du Mauvais Riche.
Elle est composée d’après cinq ouvrages différents. […] Comparaison rapide de l’Ecole des Maris avec ces différents ouvrages. […] Ariste est chargé de Léonor ; Sganarelle d’Isabelle, qu’ils élevent conformément à leur différent caractere. […] Moliere, s’emparant de ce qu’il y a de bon dans ces différents Auteurs, fait donner par Isabelle une boîte d’or ; ce qui est un présent très honnête, bien précieux, sur-tout par le billet qu’il renferme, puisque ce billet est, pour ainsi dire, l’ame de la piece.
De ces thyrses les suivants de Bacchus frappent sur les cribles des bacchantes, et font différentes postures pendant que les bergers et les bergères dansent plus sérieusement. […] Les différentes troupes de comédiens de Paris ne furent pas des derniers à signaler leur joie, et Robinet en rend le compte suivant. […] Il représente l’avare sous différentes faces ; Harpagon ne veut paraître ni avare ni riche, quoiqu’il soit l’un et l’autre. […] Riccoboni fait un examen de cette comédie, où il rapporte différents endroits de pièces italiennes, dont Molière s’est servi pour composer la sienne. […] Ces différentes pièces ne présentent que de fades louanges, ou de mauvaises plaisanteries.
. — Distinction entre différents genres de naïveté. […] La qualification de naïf, que Corneille donne au style de ses interlocuteurs, style fort différent de celui des personnages de Molière, qui est aussi estimé naïf, m’a paru rendre nécessaires quelques observations sur la naïveté.
L’Auteur l’étoit bien moins, lorsqu’il fit parler ainsi son la Montagne, & sur-tout lorsqu’il imagina d’employer cinq à six intrigants de différents états, de différents sexes, pour filer une intrigue qui se dénoue très mal.
Les seuls François, toujours inconstants pour tout, ont saisi avec avidité, & approuvé successivement, les différentes dictions qu’il a plu à chaque Auteur d’employer. […] La diction de cette tirade, quoique digne de la tragédie, & bien différente de la premiere, est cependant aussi naturelle. […] Pourquoi leurs différents genres sont-ils tous traités du même style ? […] Piron a semé du ridicule sur le ton poétique de Francaleu, quelle nuance différente ne devoit-il pas mettre entre celui de M. de l’Empirée & celui de Lisette !
Une position toute différente me prescrivait une marche toute contraire. […] Sous des noms différents, quelquefois sous le même nom, le même personnage, ayant la même humeur et le même langage, participait à des intrigues différentes. […] Il existe, en littérature, une sorte de droit public, qui détermine et gradue les différentes espèces d’imitations. […] M. de Modène avait des idées toutes différentes. […] Ces différents domiciles sont constatés par des actes dont M.
Cette piece, composée d’après tant d’ouvrages différents, parut pour la premiere fois à Paris, sur le théâtre du Palais Royal, le 2 Mai 1671. […] Dans la piece de Moliere, Scapin voudroit n’être pas responsable des coups de bâton qu’il donne à Géronte, il contrefait la voix de différentes personnes en le frappant. […] Elle est filée, elle est une espece de petite comédie, & les voix différentes que prend l’acteur peuvent ajouter au plaisant, mais n’en font pas le principal mérite. […] Indépendamment de l’intrigue qui embellit cette scene, les différentes mines, les différents maintiens que l’acteur est obligé d’y prendre pour peindre les divers personnages qu’il représente, la mettent bien au-dessus de la scene de Moliere, & de l’italienne. […] Il est contraint par conséquent à s’ingénier davantage, à se replier en cent façons différentes ; & nous devons, je gage, à cette nécessité, à cet effort d’imagination où l’Auteur s’est vu réduit, cette fameuse sortie que Scapin fait contre les procès & les gens de Justice, pour empêcher Argante de plaider, & pour le déterminer à compter l’argent dont son fils a besoin48.
Suivant cette idée générale, Molière réunit à la hâte dans différents intermèdes tout ce que le théâtre lui put fournir de divertissements propres à flatter le goût de la Coura. […] Le sens droit de Madame Jourdain, la complaisance intéressée de Dorante, la gaieté ingénue de Nicole, le bon esprit de Lucile, la noble franchise de Cléonte, la subtilité féconde de Covielle, et la burlesque vanité des différents maîtres d’arts et de sciences, jettent encore un nouveau jour sur le caractère de M. […] On entre dans le parterre par deux portes différentes, à droite et à gauche. […] « [*]Le Roi s’étant proposé de donner un divertissement à Madame, à son arrivée à la Cour, choisit les plus beaux endroits des ballets qui avaient été représentés devant lui depuis quelques années, et ordonna à Molière de composer une comédie qui enchaînât tous ces morceaux différents de musique et de danse. […] « Des notions aussi confuses que superficielles sur les sciences, des termes d’art jetés sans choix, une affectation mal placée de pureté grammaticale, composent, quoiqu’avec des nuances différentes, le fond du caractère de Philaminte, d’Armande et de Bélise.
Le Roi, voulant donner à sa belle-sœur une idée éblouissante des pompes et des plaisirs de sa cour, choisit lui-même les plus beaux endroits des divertissements qui avaient été représentés devant lui depuis plusieurs années, et ordonna à Molière de faire une comédie qui enchaînât tous ces différents morceaux de musique et de danse. […] Séparés du monde entier, les habitants d’une petite ville n’étaient pas même réunis entre eux ; nul commerce, nul mélange entre les différentes classes de la société. […] Quand on voit, dans Tartuffe ou dans Le Misanthrope, une foule de personnages, ayant tous des physionomies différentes, qui sont toutes également vraies et frappantes, on admire et l’on ne s’étonne pas. […] La différente constitution des deux pièces le voulait ainsi. […] Toutes deux devraient être, quoiqu’à des degrés fort différents, l’objet de la vénération et de la reconnaissance universelles ; mais les fautes et les divisions de leurs ministres n’ont que trop réussi à les discréditer l’une et l’autre dans l’esprit des peuples.
En regard de la nomenclature des personnages de chaque pièce, on a placé le nom des acteurs de la troupe de Molière qui ont rempli, ou, pour employer une expression reçue au théâtre, qui ont créé les différents rôles. […] La tâche de l’éditeur des Œuvres de Molière a été rendue très difficile par l’incorrection presque incroyable des différentes éditions de ce grand poète. […] Ariste, Chrysale, Philinte, Cléante, sont philosophes sans parler sur le même ton ; leur sagesse a un accent différent. […] Depuis sa retraite du théâtre, mademoiselle Beauval fut appelée à plusieurs fêtes que la duchesse du Maine donna à Sceaux ; et elle joua dans différentes pièces qui y furent représentées. […] Item, maints différents Amours, Affublés de sombres atours, Qui pour le pas semblaient se battre.
L’impromptu donne lieu à la variété du jeu, en sorte qu’en revoyant plusieurs fois le même canevas, on peut revoir chaque fois une pièce différente. […] Cette lutte nous figure assez bien les différents procédés de la comédie régulière et de la comédie de l’art. […] De ce livre imprimé du temps de Henri IV, j’ai pris le dessin de l’habit d’Arlequin. » Ce costume, comme on le voit, est bien différent de celui qu’Arlequin adopta par la suite : il porte ici une jaquette ouverte par devant et attachée par de mauvais rubans ; un pantalon étroit, collant, couvert de morceaux d’étoffes placés au hasard, et sans doute de diverses couleurs.
« La plupart des avocats du temps sont joués dans Les Plaideurs ; et les différents tons sur lesquels l’intimé déclame sont autant de copies des différents tons des avocats. » Anecdotes dramatiques, Paris, Duchesnes, 1775, t.
Notice historique et littéraire sur Le Tartuffe Le Tartuffe n’est pas seulement un chef-d’œuvre, le chef-d’œuvre peut-être de la scène comique : ce fut aussi un événement mémorable qui agita et divisa l’opinion ; où prirent parti les différentes puissances qui dominent la société ; où l’activité persévérante et courageuse d’un homme eut à lutter, pendant plusieurs années, contre des obstacles, que lui opposaient la magistrature et le sacerdoce ; où le monarque le plus absolu fut longtemps indécis entre les plaintes d’un poète et les alarmes de la religion, entre les penchants de son esprit et les scrupules de sa conscience, et dont enfin l’issue, favorable au théâtre, a eu sur la morale publique une influence qu’on peut qualifier diversement, mais que tout le monde est forcé de reconnaître. […] Dans le même temps, Molière en faisait des lectures en différents endroits, comme l’atteste ce vers de la troisième satire de Boileau, publiée en 1665 : Molière avec Tartuffe y doit jouer son rôle. […] La situation des deux maris diffère entièrement : celle des femmes se ressemble par la colère qui leur est commune, quoique ayant des causes différentes. […] Considéré sous deux points de vue si différents, un tel sujet devait être fort différemment traité dans plusieurs de ses parties. […] J’ai cru pouvoir me dispenser du soin aussi pénible qu’inutile de les revêtir d’une forme différente.
Les Auteurs qui en ont parlé ne sont pas d’accord sur les dates de ces trois différentes représentations. […] Eraste & Orphise brûlent des mêmes feux ; mais Damis, tuteur de l’amante, s’oppose à leur amour : elle donne un rendez-vous à son amant dans une promenade : il brûle d’être exact à l’heure ; des fâcheux l’arrêtent sur différents prétextes. […] Ensuite paroissent un cul-de-jatte qui prétend être un grand danseur ; des sauteurs, des chanteurs, des joueurs de gobelets, des faiseurs d’équilibres, &c. selon les différents talents des acteurs qui se trouvent dans la troupe.
de la Bruyere a senti qu’en accumulant tant de traits de distraction sur Ménalque, il ne faisoit pas un portrait naturel ; aussi a-t-il dit lui-même : « C’est moins un caractere particulier qu’un recueil de faits de distraction : ils ne sauroient être en trop grand nombre s’ils sont agréables ; car les goûts étant différents, on a à choisir ». […] Un ramassis de distractions plaisantes peut amuser dans un ouvrage où il suffit de coudre les différents traits l’un à la suite de l’autre sans fixer la durée du temps qui les vit naître ; mais dans une comédie où ils doivent tous arriver dans l’espace de vingt-quatre heures, où ils doivent tenir l’un à l’autre, s’enchaîner naturellement & produire des effets toujours plus comiques & plus naturels, le cas est bien différent. Comment Regnard a-t-il donc pu imaginer d’établir l’intrigue d’une piece sur un caractere qui, tout différent des autres & de ce qu’il faut pour la comédie, devient invraisemblable à mesure qu’il accumule ses traits ? […] Tout cela est pris de Plaute, mais de deux pieces différentes. […] Regnard étant un des Auteurs que nous devons connoître le mieux après Moliere, il faut tâcher aussi de le faire voir par tous les côtés, mais en différents temps & sous diverses formes, pour promener le Lecteur sur des objets variés, sans l’éloigner cependant du but principal.
J’ai même entendu soutenir par un grand nombre de beaux esprits, « que ce caractere pourroit se remettre avec éclat sur la scene, parceque nos avares sont tout-à-fait différents de ceux du siecle passé ». […] Comment a fait Moliere, me dira-t-on, quand de l’Avare de Plaute & de plusieurs autres ébauchés dans dix pieces différentes, il a composé le sien ?
Une piece italienne, jouée à l’in-promptu par les Comédiens Italiens sous le titre d’Arlichino Medico volante, Arlequin Médecin volant, sembla si plaisante à nos Auteurs François, que plusieurs s’empresserent de la traduire, pour la donner sur différents théâtres. […] Nous verrons par ordre les différentes sources dans lesquelles il a puisé.
Je considère les 800 précieuses ou alcovistes, dont Somaise a donné le nom et la demeure en 1661, comme 800 personnes académiques qui se partageaient en différentes sociétés mixtes de galanterie décente et de langage soigné. […] La langue, ai-je dit, était à peu près fixée ; mais les tons, les styles, les différentes formes du langage, ne l’étaient pas : ce fut l’ouvrage de la société polie.
La morale est une règle précise qui s’impose au nom d’une autorité supérieure et s’enseigne par des leçons spéciales, non une théorie variable et facile qu’on puisse insinuer aux hommes sous différentes formes plus ou moins agréables, comme ces médicaments amers que l’on cache dans des gâteaux. […] C’est en cela que le génie est créateur, quand il compose pour plaire quelque figure idéale, conforme à l’humanité, mais différente d’elle pourtant. […] S’il y a (et on le recherchera22), dans la comédie de Molière, une autre sanction morale que le ridicule ou le miracle, c’est une sanction cachée, comme la morale elle-même, et par là bien différente de celle que doit proposer un vrai moraliste.
1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 209 Ce même mot fut tourné d’une manière un peu différente, mais non moins satirique, par des comédiens de province.
Nous naissons tous avec le goût de l’imitation, puisque, dès l’instant où nous commençons à connoître l’usage de nos doigts, le carton, le papier, la cire, le pain même, prennent entre nos mains mille formes différentes, & que nous imitons de notre mieux une poule, un chien, un chat. […] Nous n’avons qu’à nous rappeller les morceaux de ses romans d’après lesquels Moliere a fait la reconnoissance de Pourceaugnac & d’Eraste, la brouillerie & le raccommodement de Mariane & de Valere dans l’Imposteur ; le trait d’hypocrisie employé par Tartufe pour se blanchir de l’accusation de Damis : ces différentes scenes ne sont-elles pas en entier dans les Hypocrites, & Ne pas croire ce qu’on voit ? […] Les différentes réflexions que nous avons faites sur les imitations bonnes & mauvaises de Moliere nous ont donné lieu de détailler insensiblement la plus grande partie des qualités réunies qui constituent une bonne imitation. […] Nous rendrons cette différence sensible en faisant passer sous nos yeux les différentes imitations des plus fameux Comiques depuis Moliere jusqu’à nous.
Les lazzis, les scenes, les situations, le caractere principal, rien n’est de l’invention de Moliere ; tout en est pris dans plusieurs pieces différentes, qui n’ont aucun rapport entre elles, & tout s’enchaîne cependant si bien dans la comédie dont il est question, que tout paroît avoir été imaginé pour elle. […] Nous ne rapporterons pas ici les différents traits cités par la Fleche & Strobile, parcequ’ils nous serviront dans la suite à comparer les deux Avares. […] Scapin fait croire à Pantalon que la jeune beauté dont il est épris le paie du plus tendre retour : elle est, lui dit-il, bien différente des autres femmes, puisqu’elle fait un cas singulier de la vieillesse, & qu’elle méprise les jeunes gens. […] Il y a une mauvaise piece de Chappuzeau, qui a paru sous différents titres : elle a d’abord été intitulée l’Avare dupé, ou l’Homme de paille, & ensuite la Dame d’intrigue, ou le Riche vilain. […] Il est clair que Moliere ne peut avoir employé les idées particulieres des différents Auteurs dont nous venons de parler, sans avoir emprunté auparavant d’eux des idées plus générales, c’est-à-dire, celles qui amenoient les scenes & les situations qu’il a transportées sur son théâtre.
Les hommes d’un génie rare sont des négociants associés & dispersés dans des climats différents, qui augmentent mutuellement leur fortune, en faisant passer de l’un à l’autre les richesses du pays qu’ils habitent. […] On ajoute que, lorsqu’on veut vérifier cette prétendue anecdote, on nomme vingt personnes différentes : je le crois bien.
Mais comment aurais-je donné ces sortes de clefs, presque toutes différentes entre elles ? […] Aurais-je donné celles qui se fabriquent à Romorentin, à Mortagne et à Belesme, dont les différentes applications sont à la baillive, au président de l’élection, au prévôt de la maréchaussée, et au prévôt de la collégiale ?
M. de Vivonne était fertile en bons mots, et l’on pourrait faire un recueil assez considérable de ceux qui lui sont échappés en mille occasions différentes.
Pour le tirer de sa distraction, Despréaux* et Racine qui étaient naturellement portés à la raillerie, se mirent à l’agacer par différents traits plus vifs et plus piquants les uns que les autres ; mais La Fontaine ne s’en déconcerta point.
Mon assujettissement aux dates des faits, aux âges des personnes, à la nomenclature des ouvrages ; ma division en périodes, qui fait revenir souvent les mêmes noms sans autre motif que d’en présenter une revue à différentes époques, tout cela est très fastidieux ; et cependant comme mon but était de prouver que les notions généralement reçues confondaient des personnes, des choses sans relation, uniquement parce qu’on n’avait pas démêlé les temps de leur existence, j’ai voulu rendre aux amateurs d’histoire le service de remettre les choses en leur temps et les personnes à leur place.
Mais Chapelle, avec beaucoup d’esprit & d’agrément, ne se doutoit point de l’Art du Théatre ; il ne connoissoit ni la texture d’un Drame, ni la filiation des scènes, ni les différentes nuances des caracteres.
Le fameux Garrik, cet Auteur, cet Acteur Anglois, si cher à Thalie, à Melpomene, & sur-tout à l’honnêteté, sait si bien composer à son gré l’expression de son visage, qu’il a fait ébaucher son portrait sous deux figures différentes, & par le même Peintre, sans en être reconnu : cette singularité, quoique vraie, seroit bien difficile à mettre, avec vraisemblance, sous les yeux du spectateur. […] Si Regnard n’a pas eu cette idée, est-il vraisemblable qu’un homme se laisse impunément accuser d’avoir signé une promesse de mariage, qu’on lui montre sa prétendue signature, & que, la voyant tout-à-fait différente de la sienne, il ne le prouve pas.
Je dis plus, je me suis imaginé que son Ouvrage n’est qu’un ramassis des différents sentiments que l’on a répandus sur mon travail ; si tout était parti de son génie, il y aurait peut-être plus d’ordre, et moins de contradiction dans sa Critique. […] Les Princes se font un plaisir de parler français ; leurs Ministres, Envoyés dans de différentes Cours ont leur correspondance en français ; c’est une langue universelle. […] Tout cela forme de différents langages que mon Censeur n’a point encore étudiés, et il a pris pour égarement ce qui lui a paru nouveau. […] Je lui en passe une très constante : Je lui avoue de bonne foi que la défense du Misanthrope est peut-être le meilleur Ouvrage de celui qui l’a faite ; mais le bon a ses mesures différentes, suivant les personnes qui en jugent, et selon les rapports que l’on en fait.
Lorsque je traiterai des différents genres de la comédie, je parlerai en passant de la comédie larmoyante, & c’est là qu’il sera, je crois, à propos de dévoiler l’art & les ressorts dont Moliere s’est servi pour ramener au comique les situations qui devenoient trop déchirantes. […] Je viens, je crois, de faire voir clairement l’une de ces propositions ; j’avois prouvé la seconde dans deux ou trois articles différents.
Si elles étoient distribuées dans deux actes différents, le défaut frapperoit moins. […] Je suis d’un avis tout à fait différent ; ce qui lui paroît un défaut me semble au contraire une beauté.
On les a si bien tournées & retournées en cent façons différentes, qu’il ne nous reste rien de piquant à dire là-dessus. […] Crois-moi, Milord, j’ai parcouru le monde : Je ne connois sur la machine ronde Rien que deux peuples différents : Savoir, les hommes bons & les hommes méchants.
L’homme a beau varier ses compositions, l’écrivain a beau s’exercer dans les genres les plus différents, tout ce qui sort de sa plume porte le cachet de son talent naturel. […] Nous l’avons vue choisir ses personnages parmi les individus de conditions différentes, qui tendaient sans cesse à se confondre ; ne peut-elle pas aujourd’hui se diriger vers le but opposé, et les hommes forcés de reprendre leur rang sont-ils moins dignes de ses pinceaux, que les hommes tourmentés du désir de quitter leur place ?
Maintenant si, nous plaçant devant la fontaine, nous la considérons dans son ensemble, l’œil est aussitôt blessé par l’irrégularité des lignes des façades latérales, qui coupent obliquement, et sous un angle différent, les ligues de la façade principale. […] D’ailleurs si, comme il en est question, la ville de Paris vient à acheter plus tard la maison qui est derrière l’édifice, si elle se décide à l’abattre pour dégager la fontaine, comme cela devrait être, il faudra donc faire disparaître les deux côtés du monument parce qu’alors ils ne se relieront plus à rien ; il y avait pourtant un moyen de parer à cette éventualité, et d’éviter l’irrégularité si déplaisante de ces lignes, de ces angles différents.
Si les petites choses qui enthousiasment si fort nos élégants beaux esprits, suffisoient pour fournir les matériaux nécessaires à une piece, je conseillerois à nos Auteurs de prendre bien vîte un de ces Messieurs pour héros : mais comme leur caractere est accessoire & tient à mille autres, qu’il n’offre que des superficies de quelque côté qu’on le tourne, qu’il seroit minutieux sur la scene, qu’il n’intéresseroit qu’un très petit nombre de spectateurs, qu’il a été traité en détail dans plusieurs pieces différentes, je n’exhorterai personne à les prendre pour modele.
J’ai tant de différents emplois, Du couchant jusqu’aux lieux où l’aurore étincelle, Que ce n’est pas chose nouvelle De me rencontrer quelquefois. […] Ma foi, me trouvant las, pour ne pouvoir fournir Aux différents emplois où Jupiter m’engage, Je me suis doucement assis sur ce nuage, Pour vous attendre venir. […] Est-il possible qu’un homme d’esprit ait pu se déterminer à répéter, à retourner dans quatre pieces différentes, un dénouement pris chez un autre Auteur ?
Cette théorie, fort simple et tout à fait naturelle, explique complètement la folie et la raison partielles pouvant exister simultanément chez le même individu sur des objets différents. […] Loin de n’intéresser aucune science, ainsi qu’on l’a toujours pensé, le criminel, à l’étude duquel Molière vient de nous initier, appartient donc à deux sciences différentes, à la psychologie et à la médecine. […] Molière a su rendre avec beaucoup de naturel ces différents effets, tous également vrais, des passions ; aucun d’eux ne lui a échappé. […] Par ce qui précède, nous voyons la facilité avec laquelle, sous l’influence des passions, l’homme est traversé par des états psychiques parfaitement déterminés et fort différents, tous si bien appréciés par Molière. […] Suivant les sentiments qui l’animent, il y a certains actes qu’il ne pourra jamais accomplir, mais que d’autres hommes animés d’instincts différents accompliront avec une facilité extrême et sans la moindre répugnance.
Il y a dans les Adelphes deux vieillards de différentes humeurs, qui donnent chacun une éducation différente aux enfants qu’ils élèvent ; il y a de même dans L’École des maris deux tuteurs, dont l’un est sévère, et l’autre indulgent ; voilà toute la ressemblance. […] Un valet de cette fille, dans le dessein de la débarrasser des poursuites du vieillard, et mettre son honneur en sûreté, imagine de faire venir successivement plusieurs personnages qui, sur différents prétextes, entretiennent Pantalon, et lui font manquer le rendez-vous qu’il avait obligé la jeune personne de lui accorder : c’est de cette farce si peu vraisemblable que Molière a tiré l’idée et le motif de l’action de sa comédie des Fâcheux. […] « Il n’y avait donc qu’un seul parti à prendre en traitant un pareil sujet, je veux dire, le parti qu’a pris Molière, guidé par son génie : il a traité l’intrigue avec précision et en des moments différents ; il a resserré l’action, il en a rapproché les parties, pour lui donner plus de feu et la terminer d’une manière qui satisfît également et les acteurs, et les spectateurs. […] Il certain que les préliminaires de la fête, le cérémonial, répété par trois personnages différents, de nommer et reconnaître une couleur, et la danse qui doit succéder, forment des longueurs qui fatiguent l’attention du spectateur et suspendent l’intérêt ; et c’est sans doute par cette raison que Molière, ou ne fit aucun usage de tout le reste du second acte, ou qu’il l’aurait tourné autrement s’il s’en était servi, comme on le verra par les détails que je vais ajouter. […] L’esprit de raison s’est introduit dans toutes les sciences, et la politesse dans toutes les conditions. » « [*]Parmi les défauts, ou ridicules, que Molière entreprit de combattre, la médecine fut un des objets auquel il s’attacha davantage, mais il la traita bien différemment, selon les différents temps.
Eh bien, est-ce que cette peinture d’Arnolphe et d’Horace, de deux personnages si différents, ne vous a pas déjà avertis ? […] Il y en a une autre pourtant, toute différente, très nouvelle, un peu embarrassante pour ses partisans, qui voudraient bien les concilier toutes deux, accepter quelque chose de la nôtre, nous imposer quelque chose de la leur ; il n’y a pas moyen, il faut absolument choisir. […] Il y a dans la vie d’un auteur dramatique, dans cette vie si périlleuse et si douloureuse, un plaisir qu’il n’est que trop souvent à même de connaître : c’est lorsqu’un de ses ouvrages est attaqué, discuté, controversé, et que devant toutes ces interprétations si différentes il peut répondre en souriant : non, ce n’est pas ça ; vous n’y êtes pas du tout ; je pensais à autre chose.
Cela n’est-il pas merveilleux que me voilà ici et que j’aie quelque chose dans la tête qui pense cent choses différentes en un moment, et fait de mon corps tout ce qu’elle veut ? […] Voilà la charité chrétienne, bien différente de cette philanthropie ou de cette humanité au nom de laquelle don Juan fait l’aumône d’une pièce d’or, mais qui est entachée d’un vice irrémédiable, l’orgueil756. […] Pour moi, je ne tiens plus à vous par aucun attachement du monde ; je suis revenue, grâces au ciel, de toutes mes folles pensées ; ma retraite est résolue, et je ne demande qu’assez de vie pour pouvoir expier la faute que j’ai faite, et mériter, par une austère pénitence, le pardon de l’aveuglement où m’ont plongée les transports d’une passion condamnable759. » Enfin, la souveraine justice de Dieu, « condamnant à des supplices éternels760 » ceux qui trouvent « que le ciel n’est pas si exact qu’on pense761, et qu’il faut qu’il parle un peu plus clairement, s’il veut qu’on l’entende762 ; »cette souveraine justice frappant « d’un épouvantable coup763 » les pécheurs qui ne profitent pas « de la miséricorde du ciel764 » et les « esprits forts qui ne veulent rien croire765 ; » cette justice, dis-je, est affirmée par la brève autorité de cette parole : « L’endurcissement au péché traîne une mort funeste ; et les grâces du ciel que l’on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre766. » Ces textes sont formels : ils ne sont point des traductions, et il suffit de les comparer sommairement aux modèles espagnols, pour voir qu’ils sont écrits dans un esprit sérieux tout différent de l’esprit superstitieux qui domine chez Tirso de Molina767.
Il n’est pas, comme Racine, comme Corneille même, inaccessible à des mentalités différentes de la nôtre et hors de nos frontières pas plus que chez nous, trois siècles n’ont pu le vieillir. […] Prenons comme exemple celui qu’il a traité dans Le Festin de Pierre : la pièce espagnole, d’où le sujet est originaire, examinait une question religieuse qui, pour différents motifs, semble avoir été capitale pour l’Espagne dans les premières années du xviie siècle : celle de savoir si le repentir in extremis suffit pour sauver le pécheur et si la foi qui n’agit qu’à l’heure dernière peut racheter une vie de crimes et d’erreurs.
Secondement, il s’est ménagé le comique que produisent la morgue, la bassesse, & la dispute des différents maîtres.
Nous rendrons cette différence sensible en faisant passer sous nos yeux les différentes imitations des plus fameux Comiques depuis Moliere jusqu’à nous.
quelle vérité dans l’expression, toujours différente, de la colère de Mascarille !
Avez-vous besoin d’assembler plusieurs personnes de différentes familles dans une même maison ? […] Avez-vous intérêt à rassembler plusieurs personnes de différents états ?
D’après ce que je viens de dire, l’on va me croire le partisan, l’enthousiaste, le défenseur le plus zélé de nos pieces modernes, de ces comédies dans lesquelles deux amants se disent fadement, à chaque scene, sur cent tons différents, qu’ils s’aiment, qu’ils s’adorent, qu’ils brûlent, qu’ils meurent d’amour. […] Un poëte aura beau mettre son esprit à la torture, il fera bien imaginer à ses amoureux différents moyens pour parvenir à leur but ; mais il n’auront jamais, à moins qu’ils ne sortent de la nature, qu’une seule maniere pour se dire qu’ils s’aiment, toujours agréable au spectateur la premiere fois, ennuyeuse la seconde, détestable la troisieme.
Marton peint à Damis leurs différentes manies, lui conseille de les flatter toutes l’une après l’autre : il sort. […] Lélio joue ces quatre rôles différents.
On confessera que c’est un peu différent. […] Il les violées toutes, comme nous le verrons plus loin, parce qu’il voulait faire, non une pièce, mais un portrait, le portrait du grand seigneur méchant homme dans différentes circonstances, dans différents mondes et même à différents âges de sa vie. […] C’est Don Juan à différents âges. […] Car Alceste et Philinte sont le même personnage à deux différents âges. […] C’est le contraire ou quelque chose de différent qui pourrait surprendre.
Parceque tout cela tient au sujet, & que les différentes nuances y répondent.
Précis sur différentes pièces de Molière. […] Ce que j’ai dit n’en est que le développement; mais la conséquence que j’en tire est fort différents de celle de Rousseau, qui ajoute tout de suite : « En cette occasion, la force de la vertu l’emporte sur l’art du poète. » Un homme qui aurait été d’accord avec lui-même, et qui n’aurait pas eu un paradoxe à soutenir, aurait dit : Rien ne fait mieux voir à la fois et la force de la vertu, et celle du talent de Molière, puis qu’en faisant rire des défauts réels, il fait toujours respecter la vertu,et ne permet pas que le ridicule aille jusqu’à elle. […] Jourdain, sous le nom du courtisan Dorante; la galanterie niaise du bourgeois, et le sang-froid cruel de l’homme de cour qui l’immole à la risée de Dorimène, tout en lui empruntant sa maison, sa table et sa bourse; la brouillerie des deux jeunes amants et de leurs valets, sujet traité si souvent par Molière, et avec une perfection toujours la même et toujours différente : tous ces morceaux sont du grand peintre de l’homme, et nullement du farceur populaire. […] Il blâme la distinction, un peu longue, il est vrai, et même un peu subtile, de l’amant et de l’époux, dans les scènes d’Alcmène et de Jupiter : c’est un défaut qui n’est pas dans Plaute ; mais ce défaut tient à beaucoup de différents mérites que Plaute n’a pas non plus. […] En établissant la mésintelligence d’un mauvais ménage entre Sosie et Cléanthis, il donne un résultat tout différent à l’aventure du maître et du valet, et double ainsi la situation principale en la variant.
déclarant qu’il ne sait à qui donner la préférence des Français ou des Anglais, mais déclarant heureux celui qui sait sentir leurs différents mérites370 ? […] Il place Sophocle en Grèce, à côté de Phidias et de Platon ; Corneille sous Richelieu et Mazarin, à côté des héros et des fanfarons de la Fronde ; Racine, à la cour de Louis XIV, à côté de Boileau et de madame de La Fayette ; et il se réjouit en voyant tant de personnes, tant de mœurs, tant de physionomies différentes, de la diversité de la littérature. […] Ces critiques confondent deux choses fort différentes : la nature et le vocabulaire d’une langue. […] J’aime encore mieux le comparer à un musicien : de même que l’auteur d’un opéra-comique répète sur différents tons avec des instruments divers un motif favori, Molière reproduit ses mélodies en style sérieux, en style bouffon, jusqu’à ce que l’esprit pleinement satisfait les possède tout entières dans leurs plus petits détails. […] À l’époque de la guerre de Troie, les formes de la pensée et toute la manière de vivre étaient bien différentes de celles que nous retrouvons dans l’Iliade.
Parfait auroient pu dire encore qu’il suffit d’avoir la moindre connoissance des théâtres de nos voisins & de leurs différents genres, pour voir que la piece françoise, traitée & conduite comme elle est, ne peut ressembler en rien à une comédie italienne.
L’imitation ne peut être bien conséquente, dans un drame fait à la hâte pour amener, dans différents intermedes, des divertissements qui pussent en même temps satisfaire les Courtisans & la magnificence du Roi.
On la divise en ancienne, moyenne, & nouvelle, moins par ses âges que par les différentes modifications qu’on y observa successivement dans la peinture des mœurs. […] ) La comédie des anciens prit différens noms, relativement à différentes circonstances dont nous allons faire mention. […] La fin du regne de Charles V. ayant vû naître le chant royal, genre de poésie de même construction que la ballade, & qui se faisoit en l’honneur de Dieu ou de la Vierge, il se forma des sociétés qui, sous Charles VI. en composerent des pieces distribuées en actes, en scenes, & en autant de différens personnages qu’il étoit nécessaire pour la représentation. […] Térence a un genre tout différent de Plaute : sa comédie n’est que le tableau de la vie bourgeoise ; tableau où les objets sont choisis avec goût, disposés avec art, peints avec grace & avec élégance.
En revanche, les portraits écrits ne manquent pas, et ils se complètent les uns par les autres, car ils sont de mains et d’intentions bien différentes. […] Mais, si tous deux « se mettent parfaitement bien, ils ne pensent plus à leur parure dès qu’ils sont en scène. » Le croirait-on, Armande n’y est coquette que dans la mesure où son rôle l’exige : « Si Mlle Molière retouche quelquefois à ses cheveux, si elle raccommode ses nœuds ou ses pierreries, ces petites façons cachent une satire judicieuse et naturelle ; elle entre par là dans le ridicule des femmes qu’elle veut jouer. » Enfin, elle n’est jamais semblable à elle-même ; elle change à volonté le caractère de sa voix ; « elle prend autant de divers tons qu’elle a de rôles différens. » III Mais elle excelle surtout dans les ingénues et les grandes coquettes du théâtre de son mari. […] Coquette et féline avec Alceste, d’une médisance légère avec les petits marquis, d’une ironie terrible avec Arsinoé, à chaque acte, à chaque scène, elle se montre sous un aspect différent. […] vous êtes une bête. — C’est une chose étrange, réplique Armande sans s’émouvoir, c’est une chose étrange qu’une petite cérémonie soit capable de nous ôter toutes nos belles qualités, et qu’un mari et un galant vous regardent la même personne avec des yeux si différens ! […] Unie trop jeune à un mari trop âgé et d’une sensibilité très vive, elle le fit beaucoup souffrir par une humeur très différente de la sienne ; mais elle dut souffrir autant que lui.
Dominique, le confirmèrent dans son opinion, et nous voyons la forme qu’ils donnèrent au caractère d’Arlequin, qui est bien différente de l’ancienne… Depuis lors, le caractère d’Arlequin est devenu l’effort de l’art et de l’esprit du théâtre. […] Les pièces de différentes couleurs ont été distribuées en triangles ou en losanges symétriques.
Cette société et la cour étaient deux mondes différents, où les personnes même qui les fréquentaient ne se ressemblaient plus à elles-mêmes, dès qu’elles passaient de l’une à l’autre.
Pareils à certains animaux qu’une conformation équivoque semble faire participer de deux espèces différentes, qui s’accordent à les repousser, ils étaient également méconnus par les nobles et par les roturiers : les uns n’en voulaient pas encore, les autres n’en voulaient plus. […] Tandis que le ridicule et le vice sont amplement représentés dans cette comédie par un sot entouré de fripons et de flatteurs, la raison et la droiture y sont figurées par deux personnages de physionomie différente, Cléonte et madame Jourdain. […] Puisque j’ai commencé à examiner comparativement les différents étages de la société, j’en prendrai occasion de faire remarquer ici que Molière, presque toujours, donne aux enfants des expressions plus élégantes, des idées plus raffinées, et même des sentiments plus élevés qu’à leurs parents.
Bien différents étaient ceux que rédigeaient les notaires et les officiers de judicature, surtout quand l’âge des parties était un élément de leur validité ; autrement les intérêts des tiers auraient souvent été compromis. […] Livet, malgré son excellent esprit, a tiré de ces pièces des conclusions fort différentes de celle qui s’en dégage à mon avis. […] Toute différente est la vérité. […] Le corps de l’écriture, les habitudes de main qu’il décèle, ne sont pas moins différents. […] Les signatures connues de Molière différent de celle de la quittance, et, d’ailleurs, la forme des lettres de ces signatures ressemble trop à celle de beaucoup d’écritures du XVIIe siècle pour que j’en puisse déduire une écriture certaine.
Nous pouvons ramasser ces différentes idées & nous en enrichir.
Dans ces différentes suppositions, l’hôtel de Rambouillet n’aurait eu que le tort de développer et de répandre l’esprit dont il aurait été infecté par des influences étrangères.
Je n’y manquerai pas lorsque je parlerai des différents genres de la comédie. […] » Un Savant qui entendroit mon étranger, auroit pitié de son ignorance, & lui expliqueroit en beaux termes ce que c’est que la joie, & quels sont les différents effets qu’elle peut produire : il lui démontreroit, après plusieurs doctes distinctions, qu’elle s’exprime également par les ris & par les larmes ; mais que les ris étant devenus roturiers, une joie larmoyante a, sans contredit, un air bien plus distingué.
Il n’y a nul doute que cette Indienne, nommée Yarico, ne fût une personne de distinction, puisqu’elle se paroit tous les jours de nouveaux colliers des plus beaux coquillages, ou de grains de verre, & qu’elle lui apportoit quantité de riches dépouilles de ses autres amants : c’est-à-dire que la caverne de notre jeune Anglois étoit garnie de toutes sortes de peaux marquetées & des plus belles plumes de différentes couleurs qu’il y eût dans le pays. […] Il se rendit à Venise après différentes courses.
Ou bien le Tartufe, Cinna, Phedre, le Joueur, Rhadamiste, le Glorieux, Mahomet, la Métromanie, tous ces ouvrages immortels, tous ces monuments éternels du génie françois, quoique joués par différentes troupes, ne composent-ils pas bien plus essentiellement le vrai théâtre de la nation, même lorsqu’ils sont représentés dans les pays les plus lointains ? […] Enfin, s’il est vrai qu’un Empire soit plus ou moins illustre à mesure qu’il produit plus ou moins d’hommes de génie, d’hommes immortels, pourquoi ne pas admettre le seul moyen qui peut nous rapprocher de ce temps fameux où les Corneille, les Moliere, les Racine, s’immortalisoient chacun sur un théâtre différent ?
Je me suis donc renfermé dans les faits qui ont donné occasion aux principales actions de sa vie, et qui m’ont aidé à faire connaître son caractère, et les différentes situations où il s’est trouvé. […] Différentes circonstances, dont on a fait le rapprochement, lui font donner quatre-vingt-deux ans. […] Item, mains différents amours, Affublés de sombres atours, Qui pour le pas semblaient se battre. […] On y trouve le titre de différentes petites pièces dont il est possible que Molière soit l’auteur. […] On ne saurait donner trop de louanges à Molière d’avoir su réunir ces deux manières différentes aussi parfaitement et avec tant de succès qu’il l’a fait.
Il y a dans les Adelphes deux vieillards de différente humeur, qui donnent chacun une éducation différente aux enfants qu’ils élèvent ; il y a de même dans l’École des maris deux tuteurs, dont l’un est sévère, et l’autre indulgent : voilà toute la ressemblance. […] Ils étaient fort différents de ceux d’aujourd’hui ; ils allaient presque toujours en robe et en rabat, et consultaient en latin. […] On voit par là combien l’habitude a de puissance sur les hommes, et comme elle forme les différents goûts des nations.
Si un homme offre plusieurs aspects aux différentes époques de sa vie et, pour ainsi dire, ne se ressemble pas à lui-même, selon qu’il est jeune ou vieux, heureux ou malheureux, tranquille dans son intérieur, ou façonné pour un rôle public, cela est surtout vrai de Molière, qui fut tant de choses, successivement ou à la fois, et dont la carrière diffère tant vers la fin de ce qu’elle fut au commencement. […] Mais je crois qu’ici, comme ailleurs, il faut tenir compte des époques différentes de sa vie. […] On a tort, car les idées de l’acteur anglais sont assez différentes. Shakspeare recommande, lui aussi, le naturel, mais, à ce conseil, il en joint beaucoup d’autres qui l’expliquent et le complètent ; de plus, il ne parle pas de la tragédie, mais du drame, ce qui est assez différent. […] Est-ce à dire que l’on puisse imaginer le Misanthrope d’après une conception différente ?
Molière commença par mettre au théâtre les passions qui avaient déjà été traitées ; mais il les donna en divers temps, et sous des formes différentes, afin que ce même public, comparant ce qu’il avait vu à ce qu’on lui présentait, en distinguât mieux la manière, et sentît la préférence qu’il devait donner au nouveau système sur l’ancien. » Ce ne fut ni sans peines ni sans essuyer un nombre infini de critiques que Molière parvint à faire goûter la bonne comédie. […] L’auteur de cette préface, après avoir parlé des premiers succès de Molière dans différentes provinces, continue ainsi son discours : « En 1658, ses amis lui conseillèrent de s’approcher de Paris, en faisant venir sa troupe dans une ville voisine. […] Ces deux pièces ont été accompagnées de la Stratonice 2, dont le style est tout différent : l’auteur de cette pièce ne s’attachant qu’à faire des vers tendres, où il réussit fort bien… Je ne puis m’empêcher de vous dire que le théâtre a perdu l’illustre abbé de Boisrobert, qui par générosité s’est retiré de lui-même, de peur que ses pièces n’étouffassent celles des fameux auteurs qui se sont mis au théâtre depuis peu.