Quand un Auteur s’est une fois déterminé pour un sujet, qu’il a fait choix de ses personnages, il doit faire passer la scene dans un lieu où ces mêmes personnages puissent agir sans blesser leur état, leur rang, leur fortune. […] Les Auteurs qui mettent dans une rue, des scenes qui ne conviennent aux personnages d’aucun état & d’aucun rang, ont encore plus de tort. […] Avez-vous intérêt à rassembler plusieurs personnes de différents états ? […] Il est certain que dans les villes du second ordre, où il y a moins de morgue, moins de faste, tous les états sont plus rapprochés.
État de la dépense faite pour la comédie-ballet intitulée Le Bourgeois gentilhomme, dansée à Chambord au mois d’octobre dernier, et pour la répétition faite à Saint-Germain au mois de novembre suivant64, auquel état est jointe la dépense de quelques comédies représentées à Versailles pendant ledit mois de novembre 1670. […] 1578 2 Pour toutes les serrures à fermer les loges… 70 » À Sauvage, pour la menuiserie faite à Saint-Germain… 266 8 À Ducreux, pour fourniture de 80 aunes de toile pour boucher les fenêtres des musiciens, comédiens, etc., et autres frais… 180 3 À Paysan, pour la poudre, pommade, y compris ses peines, celles de ses garçons, et les frais de leur voyage à Chambord… 210 » Pour toutes les voitures généralement quelconques… 9008 » Pour trois bannes qui ont servi à couvrir les charrettes où étaient les habits… 50 8 Pour tous les Suisses qui ont servi, tant à Chambord qu’à Saint-Germain, à garder les portes du théâtre… 153 » Au sieur de Lulli, pour ses copistes, leur entretien et nourriture, la somme de… 800 » Pour les ports, rapports et entretiens d’instruments… 196 » Pour les dessins et peines du sieur Gissez… 483 » Pour les peines d’avertisseurs, huissiers et autres gens nécessaires… 300 » Aux concierges de Chambord et de Saint-Germain, à raison de 100 liv. chacun… 200 » Pour tous les menus frais imprévus, suivant le mémoire ci-attaché… 403 » Somme totale du contenu au présent état… 49404 18 Nous, Louis-Marie d’Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, certifions avoir ordonné la dépense contenue au présent état, et l’avoir arrêtée pour Sa Majesté à la somme de quarante-neuf mille quatre cent quatre livres dix-huit sous. […] On peut constater, d’après les états des dépenses de la cour, que, pendant qu’elle séjournait à Saint-Germain, à Fontainebleau, il y avait comédie plusieurs fois la semaine, et que les Italiens à cette époque alternaient à peu près régulièrement, sur le théâtre de ces résidences royales, avec les troupes françaises ou avec la troupe française, quand il n’y en eut plus qu’une à partir du mois d’octobre 1680.
Sans doute il y a plus loin de tirer du non-être par état, et de porter après ces ténébreux enfants au degré de puissance qu’on voit ici par leurs établissements et a l’état et rang entier des princes du sang, avec la même habileté de succéder à la couronne ; sans doute il y plus loin du néant à cette grandeur, que de cette grandeur à la couronne. […] Sa mère continua à l’élever dans le culte qu’elle professa, elle lui donna d’ailleurs la meilleure éducation qu’elle put dans l’état de pauvreté auquel elle était réduite. […] « Quoique j’aie éprouvé de la pauvreté et passé par des états bien différents de ceux où vous me voyez, j’étais contente et bienheureuse, j’étais libre.
Ce qui caractérise encore plus le comique Italien, est ce mêlange de mœurs nationales, que la communication & la jalousie mutuelle des petits états d’Italie a fait imaginer à leurs poëtes. […] Un état où chaque citoyen se fait gloire de penser avec indépendance, a dû fournir un grand nombre d’originaux à peindre. […] Les comédies appellées praetextatae, où le sujet & les personnages étoient pris dans l’état de la noblesse, & de ceux qui portoient les togae-praetextae. […] (G) * Si l’on considere le but de nos spectacles, & les talens nécessaires dans celui qui sait y faire un rôle avec succès, l’état de comédien prendra nécessairement dans tout bon esprit, le degré de considération qui lui est dû. […] Il instruit tout le monde, ne fâche personne ; peint non seulement les moeurs du siecle, mais celles de tous les états & de toutes les conditions.
Il passa quatorze années dans la maison2 paternelle, où l’on ne songea qu’à lui donner une éducation conforme à son état. […] Quelques-uns d’entre eux prirent parti avec Moliere & le suivirent en Languedoc, où il offrit ses services à monsieur le prince de Conti, qui tenoit à Béziers les états de la province. […] pastorale héroïque en vers, dont il n’avoit composé que les deux premiers actes ; elle fut représentée en cet état à saint Germain. […] On reconnut dans monsieur Jourdain un ridicule commun à tous les hommes dans tous les états ; c’est la vanité de vouloir paroître plus qu’ils ne sont. […] Il fut compris dans l’état des gens de lettres qui eurent part aux libéralités du Roi en 1663, par les soins de m.
Car enfin rassemblons, puisqu’il faut avec toi Descendre à des détails si peu dignes de moi, Rassemblons en un point de précision sure L’état de ma fortune & présente & future. […] Je vais, dans le discours, Leur donner à penser que mon pere est toujours Dans cet état brillant, superbe & magnifique, Qui soutint si long-temps notre noblesse antique, Et leur persuader que par rapport au bien Qui fait tout leur orgueil, je ne leur cede en rien. […] Le temps Les a fait oublier : d’ailleurs notre province, Où mon pere autrefois tenoit l’état de Prince, Est si loin de Paris, qu’à coup sûr ces gens-ci De nos adversités n’ont rien su jusqu’ici, Si ta discrétion... […] Sur l’état de mes biens on t’interrogera.
En quel état l’amour ? […] En quel état vos feux ? […] En quel état vos feux ?
Né en 1620 d’une famille attachée au service domestique du Roi, l’état de ses parents lui assurait une fortune aisée. […] Les différents états de la société, leurs préjugés, leurs prétentions, leur admiration exclusive pour eux-mêmes, leur mépris mutuel et inexorable, sont des puérilités réservées aux Peuples modernes. Les Grecs et les Romains n’étant point emprisonnés pour leur vie dans la sphère d’un seul état de la société, ne cherchaient point à accréditer des préjugés en faveur d’une condition qu’ils pouvaient quitter le lendemain, ni à jeter sur les autres un ridicule qui les exposait à jouer un jour le rôle de ces maris, honteux de leurs anciens traits satiriques contre un joug qu’ils viennent de subir. […] Naïveté d’un effet toujours sûr au Théâtre, mais que le Poète ne rencontre que dans les états subalternes, et jamais dans la bonne compagnie, où chacun laisse deviner tous ses ridicules avant que de convenir d’un seul. […] Après une déroute aussi complète des ridicules qu’on la vit au temps de Molière, peut-être avaient-ils besoin d’une longue paix pour se mettre en état de reparaître.
« Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. »Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable. […] Je remarque ces circonstances pour que le lecteur ait une idée juste de l’état de la maison de Rambouillet depuis plusieurs années, Lorsque Molière mit ses Précieuses au théâtre de la capitale. […] « Madame d’Albret, dit-elle, eut le secret de s’attacher madame Scarron, que le maréchal avait connue chez son mari. » La maréchale d’Albret était une excellente personne de peu d’esprit, très dévote ; mais sa bonté jointe aux dignités du maréchal, à sa passion pour le bel esprit, au grand état de sa maison, y attirait la meilleure compagnie.
Puis il leur demanda s’ils avaient toujours été dans ce misérable état si voisin de l’anéantissement, et ce qu’ils faisaient dans un globe qui paraissait appartenir à des baleines 147. […] Rabelais, Swift, Sterne appartenaient à l’état ecclésiastique. […] L’état ecclésiastique a fourni les plus grands comiques.
J’en appelle à tous les âges, à tous les états : la chanson n’est-elle pas la source des plus douces jouissances ? […] La révolution le jeta dans un état voisin de l’indigence. […] Tel était, Messieurs, l’état de la société à la fin du dix-septième siècle.
Dans le mois d’avril, madame Scarron, sous le nom de marquise de Suger, conduisit, comme son fils, le duc du Maine à Anvers, près d’un empirique qui devait rétablir la jambe de cet enfant dans l’état naturel. […] Dans sa lettre à Gobelin, elle dit : « Il se passe ici des choses terribles entre madame de Montespan et moi, le roi en fut hier témoin ; et ces procédés, joints aux maladies de ses enfants, me mettent dans un état que je ne peux soutenir. » Dans la seconde, à madame de Saint-Géran, se lisent ces mots : « Tout ce que je souhaiterais serrait de voir à madame de Montespan un cœur fait comme le vôtre. […] « Ce mariage », dit-elle dans une lettre du 14 juillet, à Gobelin, « ne s’achèvera pas… J’ai assez de déplaisirs et d’embarras dans une condition singulière et enviée de tout le monde, sans en aller chercher dans un état qui fait le malheur des trois quarts du genre humain.
Enfin, sans rien demander de positif, elle lui fil voir les horreurs de son état, et la confiance qu’elle avait en sa bonté, et mit à tout cela un air qui ne peut venir que de Dieu. […] Je vous avoue que j’ai bien de la peine à demeurer dans un état où j’aurai tous les jours de pareilles aventures. […] « Mais je ne vois rien qui nous défende de songer à notre repos et à nous tirer d’un état qui nous trouble à tout moment.
Dans son état actuel, elle n’a qu’un seul acte, dont toutes les scènes se suivent jusqu’au divertissement, donné par le vicomte. […] Les personnages de la première sont devenus, avec un peu plus d’élévation dans l’état et dans le langage, les personnages de la seconde ; et ceux-ci agissent exactement comme ceux-là. […] Cette différence de conduite et de sentiments, dans une situation presque semblable, provient tout naturellement de la différence des états, des esprits et des caractères. […] Bonnefoi est l’instrument nécessaire de Béline ; et il n’est un notaire que parce qu’un homme de cet état est le seul propre à seconder efficacement les projets de cette femme cupide. […] La faiblesse physique, l’irritabilité nerveuse, la prédominance de l’imagination, et quelques autres conditions particulières à ce sexe, sont cause que beaucoup de femmes vivent dans un état mitoyen entre la santé et la maladie, et que, du moins, elles sont fort souvent dans un état de souffrance.
Une toux qu’il avait négligée, lui avait causé une fluxion sur la poitrine, avec un crachement de sang, dont il était resté incommodé ; de sorte qu’il fut obligé de se mettre au lait pour se raccommoder, et pour être en état de continuer son travail. […] Je ne puis m’empêcher de rapporter celui qu’il dit à l’occasion d’une Épigramme qu’il avait faite contre Mr le M. de … c’était une espèce de fat constitué en dignité : on sait que la fatuité est de tous les états. […] Depuis que le Roi a eu la bonté de donner un Canonicat au fils de son Médecin, il fait des merveilles ; et il tiendra Monsieur longtemps en état de divertir Sa Majesté. […] ― Mon pauvre Molière, répondit Chapelle, tous ces ennemis seront mes amis dès que je voudrai les estimer, parce que je suis d’humeur, et en état de ne les point craindre. […] lui dit ce Grand Prince, qui avait toujours honoré Molière de son estime, que celui dont tu me présentes l’Épitaphe, n’est-il en état de faire la tienne.
Le roi vit l’état des pensions, il trouva 2 000 liv. pour madame Scarron. […] Une lettre que madame Scarron écrit à son frère, de Tournay, le 16 juin 1673 (elle était alors en chemin avec le duc du Maine pour aller consulter un empirique hollandais sur l’état de cet enfant), montre qu’à cette époque elle était brouillée avec madame de Montespan.
Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche. » Pour ne rien dissimuler, j’avertis ici mon Lecteur, que si l’on en croit d’autres Ecrivains, Moliere n’eut pas la force d’assister à la representation jusques à la fin ; il falut l’emporter chez lui avant que toute la piece eût été jouée. […] La Moliere outragée de ses reproches, pleura, s’évanouït, & obligea son mari qui avoit un grand foible pour elle, à se repentir de l’avoir mise en cet état. […] Pour moi, lui dit-il, je vous avouë que si j’estois assez malheureux pour me trouver en pareil état, & que je fusse fortement persuadé que la personne que j’aimerois accordât des faveurs à d’autres, j’aurois tant de mepris pour elle, qu’il me gueriroit infailliblement de ma passion : encore avez vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’étoit une maitresse, & la vengeance qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause vôtre épouse, puis que vous n’avez qu’à la faire enfermer ; ce sera même un moyen assûré de vous mettre l’esprit en repos.
La nature peut faire une fois par hasard un tel prodige ; mais ici le prodige passe à l’état de loi. […] Apprenez enfin qu’un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse ; que je regarde bien moins au nom qu’on signe, qu’aux actions qu’on fait, et que je ferois plus d’état du fils d’un crocheteur, qui seroit honnête homme, que du fils d’un monarque, qui vivroit comme vous713. » Devant cette cour infatuée de noblesse, devant ces grands seigneurs qui ne voulaient pas qu’il mangeât à la même table qu’eux, il fait parler un honnête homme justement fier de ses ancêtres roturiers, et aimant mieux perdre sa maîtresse que se déshonorer par un titre usurpé. […] Partout, mais particulièrement dans le Misanthrope 739, le tort des marquis, c’est d’être oisifs, c’est de n’employer qu’à des bagatelles toutes les ressources que leur fournit l’état où ils sont nés. […] Que, pour être imprimés et reliés en veau, Les voilà dans l’état d’importantes personnes.
Baron avait la plus haute idée de son état : il disait qu’un comédien était un homme nourri dans le giron des rois. […] Étant commandés pour aller aux états, ils me menèrent avec eux à Pézenas, où je ne saurais dire combien de grâces je reçus ensuite de toute la maison. […] lui dit ce prince, que celui dont tu me présentes l’épitaphe n’est-il en état de faire la tienne ! […] Cet homme se nommait Provençal : mais il changea de nom en changeant d’état, et son nom nouveau ne nous est pas parvenu. […] Cela l’engagea à lui dire : Mon pauvre monsieur Molière, vous voilà dans un pitoyable état.
Outragée de ses reproches elle pleura, s’évanouit & obligea son mari qui avoit un grand foible pour elle à se repentir de l’avoir mise en cet état. […] Il est vrai que nous avons joüé la Comedie ensemble, dit Moliere, & c’est un fort honnête homme ; je suis fâché que ses petites affaires soient en si mauvais état. […] On se contente, dit-il, de leur donner une drogue, que l’on nomme du Pouss, pour leur faire perdre l’esprit, afin qu’ils soient hors d’état de former un parti. […] Depuis que le Roi a eu la bonté de donner un Canonicat au fils de son Medecin, il fait des merveilles ; & il tiendra Monsieur long-temps en état de divertir Sa Majesté. […] Mon pauvre Moliere, répondit Chapelle, tous ces ennemis seront mes amis dès que je voudrai les estimer, parce que je suis d’humeur & en état de ne les point craindre.
Dès cette époque, il fut engagé au service du prince et appelé annuellement pour la tenue des états. […] Les états n’ont pas dû attendre à la dernière heure pour leur déclaration. […] Mais peut-être est-ce tirer de l’acte des états une conclusion qu’il ne comporte point. […] Ses protestations sur son droit, sur son état, tout fut inutile. […] Vis-à-vis de la foi rigide et de la piété intolérante, il se trouvait en état d’hostilité inévitable.
Une autre auroit paru effroyable en l’état où elle étoit ; car elle n’avoit pour habillement qu’une méchante petite jupe, avec des brassieres de nuit, qui étoient de simple futaine ; & sa coeffure étoit une cornette jaune, retroussée au haut de sa tête, qui laissoit tomber en désordre ses cheveux sur ses épaules : & cependant, faite comme cela, elle brilloit de mille attraits ; & ce n’étoit qu’agréments & que charmes que toute sa personne. […] Si tu l’avois vue, Scapin, en l’état que je dis, tu l’aurois trouvée admirable. […] Enfin il en est du dialogue comme de la diction, à laquelle il tient si bien, qu’on les a souvent confondus : il doit prendre, comme elle, le caractere des interlocuteurs, de leur état, de leur situation, de leurs passions, de leurs intérêts.
On pourroit absolument traiter un caractere, & bannir de la piece toute espece d’intrigue amoureuse : mais pourquoi se priver volontairement du ressort le plus propre à mettre tous les autres en mouvement, à les lier avec facilité, à les faire ressortir avec plus d’avantage, & à les mettre sur-tout à la portée de tout le monde, puisque l’amour est de tous les états. […] Ma colere à présent est en état d’agir : Dessus ses grands chevaux est monté mon courage, Et si je le rencontre, on verra du carnage. […] L’amour est toujours le même : les amants de tous les pays, de tous les âges, de tous les états, aimeront toujours avec dessein de posséder l’objet de leur tendresse.
Il se retire à Milan auprès de Mario, qui lui découvre l’état de son cœur, & lui apprend qu’il souffre en ce moment tous les maux que l’absence d’un objet adoré & l’attente d’un bonheur prochain peuvent faire éprouver à un amant passionné : il n’attend que le retour de cette personne chérie, que le Docteur son pere a demandée & obtenue : elle arrive enfin, & Mario la présente à Lélio. […] Dans les Fourberies de Scapin, Octave n’est-il pas devenu épris « des charmes d’une jeune fille, belle, touchante, qu’il a vue dans l’état le plus affreux au fond d’une vilaine maison & dans une petite rue ? […] Une autre auroit paru effroyable en l’état où elle étoit, car elle n’avoit pour habillement qu’une méchante petite jupe, avec des brassieres de nuit qui étoient de simple futaine, & sa coeffure étoit une cornette jaune retroussée au haut de sa tête, qui laissoit tomber en désordre ses cheveux sur ses épaules : & cependant, faite comme cela, elle brilloit de mille attraits ; ce n’étoit qu’agréments & que charmes que toute sa personne, &c. » Nous ne rapporterons pas la scene, parceque, dans le premier volume de cet Ouvrage, Chapitre XI du Dialogue, nous l’avons mise à côté de la deuxieme du premier acte du Phormion de Térence dont elle est imitée.
Enfin, et c’était là le point le plus sensible, cet état de domesticité qu’elle accepterait dans la maison de madame de Montespan, la placerait au-dessous des regards du roi, de ces regards qu’elle avait trouvés si doux, et qu’elle se sentait autorisée à rappeler sur elle, par l’aveu secret de ce prince pour l’éducation de ses enfants naturels. […] Tous les biographes81 s’accordent, avec raison, à dire, d’après la correspondance de madame de Maintenon, que, « parvenue aux grandeurs, elle se trouva si importunée des respects que son nouvel état inspirait au directeur, qu’elle crut devoir donner sa confiance à un autre ». […] Madame de Maintenon, dans son 3e entretien, répondant à une amie qui la plaignait de ne pouvoir consulter personne à la cour dans les occasions délicates, répondit : « J’ai un fort honnête homme, de très bon esprit, qui me décide de gros en gros ce que je puis faire en sûreté de conscience et ce que je dois éviter pour ne point passer les bornes de mon état.
Moliere est un des hommes ausquels la France a le plus d’obligation, pour avoir travaillé à en bannir le mauvais goût, & à corriger le ridicule & les défauts des hommes dans chaque état. […] Mais qui peut ignorer les raisons que Moliere a euës de donner dans quelques-unes de ses Pieces quelques Scenes burlesques & d’un Comique un peu trop boufon : il falloit faire subsister une troupe de Comédiens, & attirer le Peuple & l’homme qui ne cherche qu’à rire : les personnes d’érudition & d’un discernement juste & délicat sont en petit nombre, & ne sont pas souvent les mieux traitez de la fortune, & par conséquent hors d’état de faire vivre les Comédiens en allant souvent aux Spectacles occuper les premieres places. […] lui dit ce grand Prince, que celui dont tu me presente l’Epitaphe, n’est-il en état de faire la tienne !
Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche2 ». […] La Moliere, outragée de ses reproches, pleura, s’évanouït, & obligea son mari, qui avoit un grand foible pour elle, à se repentir de l’avoir mise en cet état. […] Pour moi, lui dit-il, je vous avouë que si j’estois assez malheureux pour me trouver en pareil état, & que je fusse fortement persuadé que la personne que j’aimerois accordât des faveurs à d’autres, j’aurois tant de mépris pour elle, qu’il me gueriroit infailliblement de ma passion : encore avez vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’étoit une maitresse ; & la vengeance, qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause vôtre épouse, puis que vous n’avez qu’à la faire enfermer : ce sera même un moyen assûré de vous mettre l’esprit en repos. […] Moliere étant mort en ce tems-là, il eut quatre Comédiens de sa troupe qui prirent dans celle de l’Hôtel de Bourgogne, & comme ceux qui restoient ne furent pas en état de continuer, il plut au Roi de réduire en un seul corps la troupe du Marais37, & la troupe du Palais Roial.
Où sera donc né le Petit Seigneur, si ce n’est dans cet état intermédiaire entre le roturier & l’homme de qualité, qui lui permet de se faufiler dans le monde ? […] On peut, me dira-t-on, rabaisser ce sujet au niveau de tout le monde & de tous les états, par les accessoires, par les personnages subalternes. […] Il peut fournir autant de comique que de moral : il a le mérite d’être à la portée de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de toutes les nations ; cependant je ne craindrai point de dire que ce sujet est extrêmement difficile à traiter : premiérement, parceque le Défiant est un caractere qu’on peut lier à une infinité d’autres ; un jaloux est défiant ; une mere qui veut conserver l’honneur & la réputation de sa fille est défiante ; un philosophe qui connoît les hommes est défiant ; un méchant est défiant, parcequ’il redoute dans les autres les méchancetés qu’il est capable de faire, &c. […] A cet hymen si je donnois les mains, Abandonné dans ma vieillesse, Réduit à cet état dont j’ai cent fois frémi, Je vivrois seul, & mourrois de tristesse, De perdre en même temps ma fille & mon ami...
Notice historique et littéraire sur L’Étourdi L’Étourdi fut joué d’abord à Lyon en 1653, ensuite à Béziers, pendant la tenue des états de Languedoc, enfin à Paris, le 3 décembre 1659, sur le théâtre du Petit-Bourbon. […] Notice historique et littéraire sur Le Dépit amoureux On présume que Molière composa Le Dépit amoureux, ainsi que L’Étourdi, pendant les troubles de la Fronde, et l’on assure que cette pièce fut jouée, pour la première fois, en 1654, à Béziers, lorsque le prince de Conti y tenait les états de Languedoc.
Il le tend en même temps, vise, & me perce le cœur ; ensuite il se met à sauter en riant de toute sa force, & en me disant : Mon hôte, réjouis-toi avec moi, mon arc est en bon état, mais ton cœur est bien malade. […] Jamais on n’a été dans un état plus violent ; Tantale ne souffre pas tant que je souffris ; mes yeux, mon imagination s’accordoient pour me tourmenter & rendre mon supplice cruel.
On dit que la petite reprendra son train ordinaire chez Madame. » Une autre lettre du 15 juin nous apprend que Jo a été à la messe du roi à la suite de Madame : « Le roi l’a regardée sous cape ; mais on (le roi) est insensible à son état et à sa tristesse. »Le lendemain, madame de Sévigné dit que « la dureté ne s’est point démentie ». […] Et les deux femmes, ayant toujours quelque raison de s’accuser l’une l’autre de ce qu’il y avait de fâcheux dans leur situation, étaient continuellement en guerre ouverte l’une contre l’autre, ou dans un état de défiance qui n’était pas la paix.
lui dit ce prince, que celui dont tu me présentes l’épitaphe, n’est-il en état de faire la tienne !
Quant à Corneille, on lui découvrirait des choses -non moins surprenantes ; on lui révélerait par exemple que, bien des années avant Polyeucte, la mère Angélique de Port-Royal ayant, pour compléter son renoncement au monde, refusé un jour la porte de son couvent à son père qui la venait voir, c’est probablement à cette grande journée du guichet, à ce coup d’état de la grâce , que le poète a dû les plus belles scènes de Polyeucte ; qu’en conséquence lui, l’élève et l’ami des jésuites, se trouve avoir beaucoup d’obligations aux jansénistes, et qu’il peut figurer avantageusement dans une histoire de Port-Royal, où un parallèle entre Polyeucte et la mère Angélique, entre Pauline et M. […] Remarquons d’abord qu’il est parfaitement faux de dire, comme on le répète chaque jour, que, le premier, Louis XIV eut le mérite de dérober les gens de lettres à la protection humiliante des grands seigneurs, en leur donnant des pensions, qui les faisaient dépendre, non plus d’un particulier, mais de l’état incarné en sa personne. […] De ces deux listes, on en fit une seule, devenue l’état des pensions de 1663, si souvent cité comme une véritable curiosité. […] Il avait obtenu en 1654 la survivance de la charge de secrétaire d’état au département de la guerre qu’occupait encore son père Letellier.
Des manuscrits originaux et exacts nous ont mis en état de donner cette histoire avec toutes ses circonstances. […] Jourdain un ridicule commun à tous les hommes dans tous les états ; c’est la vanité de vouloir paraître plus qu’ils ne sont. Ce ridicule n’eût pas été sensible dans un rang trop bas ; pour faire effet sur la scène comique, il fallait que sur le choix du personnage, il y eut assez de distance entre l’état dont il veut sortir et celui auquel il aspire, pour que le seul contraste des manières propres à ces deux états peignît sensiblement, dans un seul point et dans un même sujet, l’excès du ridicule général qu’on voulait corriger. […] Jourdain ; il reçoit de tout ce qui l’environne une nouvelle espèce de ridicule qui rejaillit sur lui, et de lui sur tous les états de la vie. […] « Vous n’étiez point encore en état de lire, lorsque le premier volume du Mercure galant fut imprimé : cela me fait croire que vous n’avez point de connaissance d’un fait que l’on y trouve.
[54232, p. 88] 1742, Bolaeana, p. 150 Despréaux* n’approuvait pas le jargon que Molière mettait dans la bouche de ses paysans et de quelques autres de ses personnages. « Vous ne voyez pas, disait-il, que Plaute*, ni ses confrères, aient estropié la langue en faisant parler des villageois ; ils leur font tenir des discours proportionnés à leur état, sans qu’il en coûte rien à la pureté du langage.
Son dessein, en faisant ce vol, est de mettre son patron en état d’acheter Célie. […] Grichard, Médecin par état, grondeur par humeur, veut épouser Clarice.
Moliere, chez qui j’ai puisé cette réflexion, a très bien vu les nuances différentes que chaque vice ou chaque ridicule a, selon l’état du personnage. […] Mais que dois-je résoudre en cet état funeste ?
Vous voyez, Messieurs, en quel état est cette affaire. […] Dans la premiere, les Médecins, au lieu de consulter sur l’état de la malade, racontent les courses que leurs mules ont faites. […] « Vous verrez un homme du tiers état, riche de deux enfants & de force quarts d’écus.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 408 Lorsque Molière se préparait à donner son George Dandin, un des ses amis lui fit entendre qu’il y avait dans le monde un Dandin qui pourrait se reconnaître dans la pièce, et qui était en état, par sa famille, non seulement de le décrier, mais encore de le desservir dans le monde.
Un mémoire qu’il rédigea sur l’état de la ville attira sur lui l’attention de Colbert qui le choisit comme précepteur de son fils aîné, le marquis de Seignelay.
La plus petite action représentée au théâtre, doit, non seulement être vraisemblable, mais la vraisemblance doit encore être observée dans toutes les circonstances qui composent cette action, comme sont le temps, le lieu, les personnages, leur rang, leur âge, leur état, leurs desseins, les moyens qu’ils mettent en usage, les raisons qu’ils ont pour agir, &c. […] Sinon, faites état de m’arracher le jour, Plutôt que de m’ôter l’objet de mon amour.
Il alloit la violer lorsque Cloris arrive aux cris de la Bergere ; il fond sur le Satyre, le blesse, & le met en fuite : il approche ensuite en tremblant de Mylas, la contemple dans cet état, lui dit les choses les plus tendres, & brise les liens qui l’attachoient. […] Toujours philosophe & en possession de toute sa raison, il réfléchissoit sur son état comme il l’auroit fait sur celui d’un autre : on eût dit qu’il observoit un phénomene : voilà, dit-il, étant près de sa fin, la premiere mort que je vois.
Du destin qui t’attend, il faut remplir l’éclat ; Il faut prendre une femme, il faut prendre un état : C’est là le seul parti qu’il te convient de suivre. […] Léandre, non content de prouver qu’on doit se marier & prendre un état, s’emporte contre le valet de son ami qui est d’un autre avis & qui vante les charmes de la douce paresse.
Maintenant, il est nécessaire de revenir sur la société des femmes d’élite, durant les dix années que nous venons de parcourir, d’en reconnaître l’état et de voir ses progrès. […] Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer.
C’est le sujet qu’un Auteur a choisi, qui doit déterminer l’état, la fortune, l’âge, le rang, le nom des principaux personnages. […] Qu’on enleve à Ariste sa robe, son état ; qu’on en fasse un bon gentilhomme, comme il en est, qui se font un plaisir de mettre fin aux différends de leurs vassaux, & qu’on traite le même sujet, la plus grande portion du comique & du moral de la piece sera enlevée : les détails même ne pourront avoir rien d’aussi saillant ; & Ariste deviendra bien moins intéressant. Nous verrons dans un autre chapitre que les poëtes comiques doivent peindre seulement les vices du cœur, ou ceux de l’esprit, parceque ce sont les seuls dont les hommes soient répréhensibles, & dont ils puissent se corriger ; par conséquent Regnard, toujours plaisant, mais presque jamais moral, ne devoit pas jouer la distraction, ou du moins devoit-il donner à Léandre un état qui, en rendant ses méprises plus dangereuses, fît sentir combien la distraction est contraire à certaines professions, & combien il est imprudent de remettre ses intérêts entre les mains des personnes qui ont ce défaut. […] Le hasard leur a donné ces noms ; transportez-les sur la scene, ils paroîtront imaginés avec effort pour faire la critique de ces deux états.
La soubrette du Tartufe a bien autant d’esprit ; elle s’exprime avec bien plus de force & d’énergie ; elle dit naturellement de belles choses, sans que son ton jure jamais avec son état & son éducation. […] On dira à cela que, dans une maison entichée de la manie des vers, tout le monde y doit prendre un ton poétique ; d’accord : mais chacun sur un ton conforme à son état & aux connoissances qu’il peut avoir naturellement. […] Moliere, me dira-t-on, votre oracle, votre héros, a bien employé le ton, le jargon, & jusqu’aux mots favoris de tous les états, de toutes les passions, de tous les vices, de tous les ridicules qu’il a joués, témoin son Chasseur des Fâcheux, dans la bouche duquel il met tous les mots consacrés à la chasse.
On ne pourroit pas mieux combattre les monologues si l’on n’avoit souvent remarqué qu’un homme vivement affecté d’un bonheur ou d’un malheur qui vient de lui arriver, se plaint où se félicite tout haut, qu’il fait des réflexions sur son état présent & à venir, tout le temps où, à force de sentir vivement, il est hors de lui-même. […] Mais quel est l’état où la guerre l’a mis ?
Fût-ce Nostradamus, auroit-il pu comprendre Que des maux si fâcheux dussent jamais la prendre Dans le meilleur état qu’elle eût jamais été ? […] La Hollande reproche à deux Bourguemestres qu’elle est réduite à cet état déplorable par leurs conseils.
Je vous le garantis défunt dans le temps que je dis ; & je n’aurai pas longuement à demander pour moi au Ciel l’heureux état de veuve. […] Le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, qui leur étoit destiné, ne se trouvant pas en état, ils jouerent alternativement avec l’Opéra sur celui du Palais Royal.
L’état du manuscrit semble indiquer que, sa conférence faite, J. […] L’impiété, en 1665, n’existait nulle part (pas plus que la dévotion outrée) comme mal social, comme vice social, comme état général, ou répandu, des esprits. […] Non ; Regnard a pris la sœur et le frère à l’état normal ; l’un et l’autre ont bon cœur ; mais le droit d’aînesse a tué entre eux l’amitié fraternelle. […] Dans toutes les conditions, dans tous les états de la vie, nous pouvons tous, perpétuellement et continuellement, en faire notre profit. […] ——— Jadis, en France, on ne voyait pas seulement trois états.
Une Reine illustre par toutes les graces de son sexe, & toutes les qualités qui caractérisent les plus grands Rois, fit former il y a quelques années à Paris une troupe de comédiens dignes de paroître à sa cour ; mais elle y attira en même temps une personne capable d’élaguer toutes les indécences dont nos comiques fourmillent, & de les mettre en état de paroître devant de jeunes Princesses encore plus respectables par leurs vertus que par leur rang. […] Les médecins disent, quand on est ivre, Que de sa femme on se doit abstenir ; Et que, dans cet état il ne peut provenir Que des enfants pesants, & qui ne sauroient vivre. […] Mais qu’elle ne confonde pas avec lui tous ceux de son état ; au contraire, il est de la décence, de l’honnêteté, qu’elle marque sensiblement la différence qu’il y a de lui à ses confreres : qu’elle fasse tomber tous ses traits sur lui ; mais qu’elle prodigue en même temps au reste du Corps les éloges qui lui sont dus.
Ce qui fait le sujet des pièces que l’on nomme en France de haut comique, ce n’est pas la vie mais c’est la société, cette lutte continuelle de vanités différentes qui ne peuvent jamais arriver à un état de paix. […] Après avoir fait quelques remarques sur des genres accessoires tels que l’opéra, l’opéra-comique et le vaudeville, je terminerai cette leçon en jetant un coup d’œil sur l’état actuel de la scène française. […] Quant à l’état actuel de l’art du théâtre en France, tout se borne, à quelques exceptions près, à des efforts pour introduire sur la scène une liberté dramatique dont l’idée est due aux étrangers, et l’on renonce chaque jour davantage à l’espérance de voir paraître dans les deux genres qu’on a reconnus pour réguliers, quelque chose de vraiment neuf et qui surpasse ce qui l’a précédé. […] Cet homme, plein de talent, s’efforce de renverser toutes les barrières de l’art ; il est animé d’un zèle si passionné que rien ne le décourage, quoique chacune de ses nouvelles tentatives mette presque toujours le parterre dans un véritable état de guerre6. […] C’est une comédie historique où le mendiant et le roi parlent chacun le langage de son état.
Chacun se trouva en état de comparer l’original avec sa traduction et de reconnaître que jamais inférieur à ses modèles, ce grand poète les a souvent surpassé, et que ce qu’il a ajouté est encore supérieur. […] Cette dernière lui était alors inutile, par sa trop grande jeunesse, mais ses deux garçons furent en état de seconder ses intentions. […] Cette femme n’ayant aucune ressource, et connaissant l’humeur bienfaisante de Molière, alla le prier de lui prêter son théâtre pour trois jours seulement, afin que le petit gain qu’elle espérait de faire dans ces trois représentations lui servît à remettre sa troupe en état. […] « [*]Il fut compris dans l’état des gens de lettres qui eurent part aux libéralités du roi en 1663 par les soins de M. […] Ce fut à cette foire Saint-Germain que Raisin fit paraître une épinette à trois claviers, parce que sa fille se trouva en état de jouer, ainsi que ses deux garçons ; voici de quelle manière ce jeu s’exécutait, suivant le récit de Grimarest.
Victorieux depuis qu’il régnait, n’ayant assiégé aucune place qu’il n’eut prise, supérieur en tout genre à ses ennemis réunis, la terreur « de l’Europe pendant six années de suite, enfin son arbitre et son pacificateur, ajoutant à ses états la Franche-Comté, Dunkerque et la moitié de la Flandre ; et ce qu’il devait compter pour le plus grand de ses avantages, roi d’une nation alors heureuse et alors le modèle des autres nations. » Les armées qui avaient conquis les pays dont sa longanimité rendait la plus grande partie par la paix de Nimègue, étaient florissantes, pleines de gloire et de confiance. […] Si le roi avait eu un enfant avec madame de Maintenon, et que les prêtres lui eussent fait un scrupule de laisser cet enfant sans état et sa mère dans le déshonneur, on pourrait dire que la religion a décidé le roi à épouser sa concubine, surtout s’il avait été dégoûté d’elle par la possession. Mais ce n’était point là l’état des choses : le roi était amoureux, et madame de Maintenon résistait ; elle opposait la religion.
je vous soutiens que, dans tous les états, On ne peut de mon art assez faire de cas ; Qu’un enfant de famille, & qu’on veut bien instruire, Devroit savoir jouer avant que savoir lire. […] Nos affaires sont en mauvais état.
Je comparerois volontiers cette espece de prestige que l’une & l’autre exercent sur nous, à l’artifice des lunettes d’approche qui efface la distance des objets, & qui met en état d’en recevoir une impression si vive & si distincte, que, comme c’est par cette distinction & cette vivacité que je juge de leur proximité, je crois voir la lune au bout du télescope au travers duquel je l’apperçois : il ne fait que la placer à la portée de mes yeux ; &, après cela, c’est la lune elle-même que j’observe, c’est sa lumiere qui agit sur moi, & quelquefois si fortement, que j’en suis ébloui.
Molière et sa troupe étaient dans cette ville, comme comédiens de M. le prince de Conti, qui y présidait les états de Provence. […] Mais la représentation de cet ouvrage à Béziers en 1654, durant la tenue des états de Provence, est indubitable. […] Elles ne font point corps, elles ne font point agrégation ; mais elles sont une société libre, ou, comme le dit Somaise, un état libre dont le gouvernement n’est pas monarchique . […] Molière, intéressé comme poète et comme comédien à plaire aux gens de cour et aux gens du monde, avait pu se laisser aller à leur aversion pour les mœurs opposées aux leurs : cette facilité était l’esprit de son état.
Livré à toutes les séductions de la puissance et de l’amour, il se plaisait à orner le trône des lauriers de la victoire et des palmes du génie ; un grand talent flattait son orgueil, tous les succès étaient des fleurons de sa couronne ; il semblait qu’ils fussent les siens ; et, se faisant une auréole de toutes les renommées, déjà il disait : L’état, c’est moi. […] La critique d’un travers, quel qu’il soit, est toujours une personnalité contre quelqu’un d’important dans l’état, ou, ce qu’il y a de pire, contre quelqu’un qui veut se donner de l’importance. […] Le long règne de Mazarin avait été celui de la fausseté et de la débauche ; une cour dissolue, une noblesse intrigante, un clergé sans mœurs, une bourgeoisie sans lumières, un peuple fanatique, tel était l’état de la société. […] Une comédie, quelque admirable qu’elle soit, un chef-d’œuvre peuvent-ils être mis en balance avec ce qu’on ne manque pas de représenter au souverain comme la tranquillité et peut-être le salut de l’état. […] Ainsi, d’après une antique tradition, les grands dîners qui ont aujourd’hui une si haute influence dans les affaires de l’état, seraient des dîners de tartuffes.
Si l’on demande aux faits positifs des preuves de cet état moral, on n’a que l’embarras du choix : son goût pour Lucrèce qu’il traduit, sa longue amitié avec Chapelle, ses relations avec le sceptique La Mothe le Vayer et l’incrédule des Barreaux. […] Bien qu’elle soit du ressort des aliénistes, l’hypocondrie, disent-ils eux-mêmes, se concilie très bien avec l’intégrité des facultés intellectuelles ; il n’y a avec elle ni lésion cérébrale ni dissociation des idées ; elle consiste simplement dans un état d’anxiété douloureuse, provoquée par une maladie réelle ou imaginaire, et qui tourmente cruellement ses victimes, sans les frapper au siège même de l’intelligence. […] Ces états divers de la maladie, Molière semble bien les avoir tous parcourus. […] Je viens, pour un simple lettré, de « toucher une étrange matière. » Les aliénistes reconnaissent eux-mêmes, et nous prouvent à l’occasion, qu’il est souvent malaisé de constater sur un vivant certains états d’esprit ; à plus forte raison est-il dangereux à un profane, sans autres moyens d’information que des rapprochemens littéraires et un pamphlet, de mener à bien pareille enquête sur un homme mort depuis plus de deux siècles. […] Mais de pareils états d’esprit ne donnent point la véritable pensée d’un homme.
C’est un avis que je donne en passant aux petits-maîtres de tous états. […] Moi-même ; personne n’est plus en état qué moi dé vous dire à quoi jé suis propre, & cé qué jé vaux. […] Et la bassesse de l’état que j’ambitionnois.
Je n’aurai pas deux cents écus de tout cela, & cependant il faut bien me résoudre à consentir à ce qu’il veut ; car il est en état de me faire tout accepter, & il me tient, le scélérat ! […] Lorsque les Anciens vouloient inspirer à leurs enfants l’horreur que tout honnête homme doit avoir pour l’ivresse, ils ne leur offroient pas pour exemple un buveur d’eau ; ils leur faisoient voir au contraire un esclave ivre ; & l’état affreux de ce misérable produisoit ordinairement l’effet qu’on s’étoit promis : de même, parmi nous, une personne sensée veut-elle exhorter son fils à être ferme sur ses pieds, à prendre une contenance noble & assurée, elle ne lui donnera pas pour modele un chef-d’œuvre de l’art & de Pigale, en lui disant : voilà comme tous les hommes devroient être : elle le menera aux Tuileries, elle lui montrera du doigt quelques-uns de ces faquins qui prennent un air penché, qui affectent l’anéantissement pour faire les hommes à bonnes fortunes, & elle lui fera remarquer l’air de pitié avec lequel tout le monde les regarde. […] Nous avons prouvé dans le Chapitre de l’état des personnages, que cette piece n’étoit pas morale ; & nous avons dit pourquoi. […] Les mauvais acteurs enrageroient, les bons y gagneroient ; & le public, moins corrompu, seroit en état de rendre aux uns & aux autres la justice qu’ils méritent.
Il suffira pour acquérir la preuve du contraire de se représenter l’œuvre du poète rayonnante encore de jeunesse et d’éclat à l’heure où nous sommes, tandis que la musique de son collaborateur est passée à l’état archéologique.
Voilà l’état général des choses. […] Il fallait dire qu’il est assez dangereux de montrer un fils méprisant son père, pour un défaut énorme, d’un mépris qu’un autre pourra appliquer à son père pour le même défaut à l’état bénin ou à l’état naissant. […] Faites état de moi, Monsieur, comme du plus chaud de vos amis. […] Hors d’état d’être juges elles-mêmes, elles doivent recevoir la décision des pères et des maris comme celle de l’Église. […] Que peut désirer un mari de moyen état ?
Mais enfin se ressouvenant de l’état d’où il était déchu, il fit pénitence et rentra dans ses premiers chemins. […] Je suis dans un âge où je ne me trouve plus guère en état de prêcher. […] La ville était et est restée toujours, tant que dura cet état de la société, très favorable au jansénisme. […] Est-ce que ces vrais chrétiens ne se rencontrent pas dans tous les états et jusqu’à la cour ? […] Cependant, voici le désordre : on a du zèle, et quelquefois le zèle le plus violent et le plus amer pour certaines conditions, et l’on en manque pour d’autres états plus relevés.
Ils ont suivi Moliere contemplateur au milieu du grand monde & dans tous les états ; ils ont percé jusques dans son cabinet ; ils l’ont vu manier ses pinceaux & broyer ses couleurs. […] Voilà ce qui constitue le grand comédien ; voilà ce qui le distingue de la foule de ces acteurs qui réduisent à un état purement méchanique, un art qui peut être sublime, & qui le rabaissent au talent du singe & du perroquet4.
Célimène donc est veuve, et cet état explique sa coquetterie. […] Accoutumez-la à l’application, au travail domestique, aux détails du ménage, afin qu’elle soit en état d’élever des enfants avec autorité et prudence dans la crainte de Dieu. » Ailleurs il développe sa pensée dans un passage que je rapporterai tout entier parce qu’il prête une force singulière aux observations que j’ai présentées plus haut : « Si une fille doit vivre à la campagne, de bonne heure tournez son esprit aux occupations qu’elle y doit avoir, et ne lui laissez point goûter les amusements de la ville… Si elle est d’une condition médiocre de la ville, ne lui faites point voir des gens de la cour : ce commerce ne servirait qu’à lui faire prendre un air ridicule et disproportionné… Formez son esprit pour les choses qu’elle doit faire toute sa vie ; apprenez-lui l’économie d’une maison bourgeoise, les soins qu’il faut avoir pour les revenus de la campagne, pour les rentes et pour les maisons qui sont les revenus de la ville… et enfin le détail des autres occupations d’affaires ou de commerce dans lequel vous prévoyez qu’elle devra entrer, quand elle sera mariée. » Ces occupations, c’est le vrai rôle et la dignité de la femme ; car, selon le même Fénelon « il faut un génie bien plus élevé et plus étendu pour s’instruire de tous les arts qui ont rapport à l’économie… que pour jouer, discourir sur des modes, et s’exercer à de petites gentillesses de conversation. » C’est aussi son vrai bonheur, et je ne vois pas sans regret que beaucoup de femmes soient devenues par leur faute, comme des étrangères dans leur famille, ignorantes des affaires du mari, qu’elles ne connaissent souvent que par leur ruine, une sorte d’objet de luxe qu’il entretient à grands frais, et qu’il montre, mais auquel il ne tient que par vanité. […] Les romans leurrent dangereusement les imaginations inexpérimentées, lorsqu’ils représentent le mariage comme l’état qui réalise tout ce que l’amour a rêvé. C’est un état où le sérieux des devoirs à remplir est tempéré par de douces jouissances ; mais le plaisir ni même le bonheur ne sont ici le principal, ce n’est que l’assaisonnement.
On étudiait assez vite aux premiers jours du grand siècle ; quatre ou cinq ans suffisaient à ces études qui, pour ainsi dire, étaient dans l’air, et sitôt que le jeune Poquelin fut en état de lire Aristophane, et Térence, et Plaute, et les maîtres, il rêva que lui aussi il était né pour être un instituteur de nations. […] À la fin, quand pendant trois grands mois, L’Étourdi eut charmé les habitants de Lyon, on voit, cette fois, Molière et sa troupe, se diriger sur Pézenas, où se trouvaient les états du Languedoc. […] Le prince de Conti, après avoir ferraillé contre le Mazarin, subi la prison, et porté la guerre civile en Guyenne, avait fini par épouser la propre nièce du Mazarin, et maintenant il présidait les états du Languedoc.
Les comédiens, obligés par leur état à suivre le goût du public, comparaient les pièces de Molière avec les comédies qu’ils avaient sous les yeux, et dont ils voyaient le succès, qui est pour eux un mérite réel, et ils les trouvaient, ces pièces de Molière, d’un genre si nouveau, et d’un caractère si singulier, qu’il leur était presque impossible d’en porter un jugement favorable. […] « On y représenta L’Étourdi, pièce en cinq actes, qui enleva presque tous les spectateurs au théâtre d’une autre troupe de comédiens établis dans cette ville ; quelques-uns d’entre eux prirent parti avec Molière, et le suivirent en Languedoca, où il offrit ses services à M. le prince de Conti, qui tenait à Béziers les états de la province. […] « [*]Molière n’avait composé que les deux premiers actes de cette Pastorale héroïque ; elle fut représentée en cet état à Saint-Germain. […] « [*]Molière se préparait à donner son George Dandin, mais un de ses amis lui fit entendre qu’il y avait dans le monde un Dandin, qui pourrait se reconnaître dans sa pièce, et qui était en état par sa famille, non seulement de la décrier, mais encore de le desservir dans le monde. […] Combien d’ornements et de traits d’une nouvelle invention n’a-t-il pas fallu que Molière ait inséré dans son ouvrage pour le mettre en état d’être applaudi comme il l’a été ?
Le cas était prévu, et le conseil de famille dont la veuve Béjart indiqua les membres avait été, par elle et par Madeleine, composé de façon qu’aucun de ces membres ne fût en état d’éclairer le lieutenant civil sur ces habiles combinaisons. […] Dans le premier, c’est la fausse mère, Marie Hervé, qui est censée doter la future ; mais tout le monde est d’accord qu’elle était hors d’état de faire une telle libéralité. […] Letellier et qui souleva bien des doutes quand elle fut mise en vente, tant à cause de l’exceptionnel état de conservation des pièces qui la composaient qu’eu égard à certaines invraisemblances qu’on crut y découvrir. […] En l’état des choses, je ne pouvais considérer et déclarer comme un autographe indiscutable de Molière la quittance de Montpellier. […] Avant de nous révéler le mot de l’énigme cachée sous le Misanthrope, il juge a propos d’étudier l’état de la société, des idées et des mœurs à l’époque où cette grande œuvre fut conçue.
La critique moderne s’est attachée à dissiper cette illusion qui pourrait être décourageante, à rétablir l’état des obligations plus ou moins considérables que les grands hommes ont contractées envers leurs devanciers inconnus.
Son état me fait pitié.
C’est aller bien loin, ce me semble ; mais, sans admettre que notre cher auteur ait eu le funeste courage de jeter en pâture à la malignité publique les incidents les plus douloureux de sa vie intime, je croirai volontiers, avec notre spirituel compatriote, que Molière, comme la plupart des grands écrivains, a bien souvent écrit sous la dictée de son cœur malade, et que l’état de son âme a dû se refléter plus d’une fois dans ses œuvres, d’une manière plus, ou moins directe, et sans qu’il en eût peut-être conscience. […] Agnès se plaint à Arnolphe lui-même de l’état d’ignorance où il l’a retenue ; et quand il lui demande : N’est-ce rien que les soins d’élever votre enfance ?