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22. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Mais pour un homme tel que Molière, la Comédie existait dans des ouvrages d’un autre genre. […] Ce genre de Comique où l’on admet des intrigues de valets, des personnages d’un ridicule outré, lui donnait des ressources dont l’Auteur du Misanthrope avait dû se priver. […] Quel parti ne tire-t-il pas de ce genre pour peindre la nature avec plus d’énergie ! […] La trempe vigoureuse de son génie le mit sans effort au-dessus de deux genres, qui depuis ont occupé la Scène. L’un est le Comique attendrissant, trop admiré, trop décrié, genre inférieur qui n’est pas sans beauté ; mais qui, se proposant de tracer des modèles de perfection, manque souvent de vraisemblance, et est peut-être sorti des bornes de l’Art en voulant les reculer.

23. (1802) Études sur Molière pp. -355

Il est, sur le genre de cette pièce, une réflexion à faire ; elle est en même temps dans le genre mixte et dans le genre épisodique. […] Le genre. […] Il n’en est presque pas qui ne donnent de très bons conseils à ceux de leurs camarades qui ne jouent pas leur genre. […] Mais sachons gré à l’auteur d’avoir fait, avec des ressorts usés, une pièce qui indique un nouveau genre, le genre gracieux. […] Le rôle de Scapin tient aussi à plusieurs genres.

24. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde. […] » Est-il donc impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de disparaître derrière ses personnages, se tiendrait cache sous leur masque, prompt à intervenir à tout moment dans leurs paroles et dans leurs gestes par un feu roulant d’allusions malignes, d’épigrammes lancées contre ses adversaires, de conseils sagement fous donnés à un public ami ? […] Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ? Non, un tel genre de comédie n’est point inconcevable ; il est possible, puisqu’il existe.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Nous avons dans ce genre mille comédies qui sont plus sérieuses, plus philosophiques, que nombre de pieces bien intriguées. […] « Le grand nombre de farces que nous avons dans ce genre ne permet pas de penser qu’il soit bien difficile à traiter. […] Riccoboni ne connoissoit donc pas le théâtre de Boursault : s’il avoit pris la peine de le parcourir, il y auroit vu le Mercure galant 6 ou la comédie sans titre, en cinq actes en vers, dans laquelle la plupart des acteurs viennent uniquement pour faire parler d’eux dans le Journal du mois ; il y eût trouvé les Fables d’Esope, comédie en cinq actes en vers, dans laquelle les divers personnages qu’on y voit sont amenés par la curiosité de consulter Esope, qui les renvoie en leur récitant une fable analogue à leurs demandes ; il y auroit vu encore Esope à la Cour, comédie en cinq actes en vers dans le genre des Fables d’Esope, avec cette différence que le héros de la premiere donne ses audiences à la Ville, & l’autre à la Cour. […] Malgré le succès qu’ont eu dans leur nouveauté les pieces de Boursault, malgré toute notre admiration pour l’art que Moliere a mis dans les Fâcheux, je ne conseillerois point à un Auteur de se borner à des pieces dans le genre de celles que nous venons d’analyser, & de les étendre sur-tout au-delà d’un acte. […] Il confond les pieces de ce genre dans la classe des pieces dont nous venons de parler ; elles se ressemblent en effet par bien des côtés : il est cependant entre elles quelques différences qu’il est bon de faire remarquer.

26. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

« Ce n’était pas assez de lui avoir fait dire qu’il voulait rompre en visière à tout le genre humain, si l’on ne lui donnait lieu de le faire. […] « Comme ses ouvrages ne sont pas tous du même genre, il ne faut pas, pour en juger sainement, partir des mêmes principes. […] Il se fit justice et se renferma dans un genre où ces défauts étaient plus supportables. […] On prétendit alors que ce genre de versification était plus propre à la comédie que les rimes plates, en ce qu’il y a plus de liberté et plus de variété. […] Les rivaux de Molière juraient en même temps, sur la connaissance qu’ils avaient du théâtre, que ce nouveau genre de comédie ne valait rien.

27. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Le fonds en devoit être une dissertation, & n’admettoit par conséquent ni intrigue ni dénouement ; mais Moliere ne s’écarte jamais de l’objet que doit avoir un auteur comique, quelque genre qu’il mette sur la scéne. […] Le succès qu’il eut alors, n’a fait aucun tort au médecin malgré lui ; on distingua les genres, & la petite piéce se voit encore avec plaisir. […] Le peu qui nous en reste, suffit pour nous faire admirer la fécondité & l’étenduë du génie de Moliére, qui sçavoit se plier en tant de maniéres, & se prêter à tous les genres. […] Comme ses ouvrages ne sont pas tous du même genre, il ne faut pas, pour en juger sainement, partir des mêmes principes. […] Il se fit justice, & se renferma dans un genre où ces défauts étoient plus supportables.

28. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il importe ici de ne pas lui prêter une absurdité qu’il n’a jamais sérieusement professée, bien qu’il ait eu le tort de s’en donner parfois l’apparence, et, comme on dit, le genre. […] elle hésite, et déclare que toutes les deux sont également belles, comiques, admirables, chacune dans son genre. Chacune dans son genre ! […] Uranie ne tardera pas à reconnaître, pour la justification du genre humain, qu’un souffle de moralité inspire ce poème qui ruine la morale, et que cet athée faisant honneur aux plus nobles sentiments de la nature humaine, atteste sa divine origine. […] — C’est que la rhétorique me semble une profession du même genre que la cuisine.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

Vous, que la nature a doué d’un génie souple, adroit, capable de se replier en cent façons différentes, d’un esprit assez preste pour bouleverser les affaires les mieux établies en apparence, & pour les renouer quand elles paroissent désespérées, dédaignez les clabauderies des ennemis de ce genre. La peine inutile que les uns prennent pour arranger cinq à six scenes sans suite & sans dénouement, l’estime, la vénération que les autres ont pour ces ouvrages décousus, prouvent assez que l’envie fait parler les premiers, & que leurs admirateurs ne connoissent ni les difficultés ni le mérite du genre qu’ils méprisent.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Un récit fait le dénouement de l’Etourdi ; mais il est plaisant, mais il est fait par le personnage qui a amusé pendant toute la piece, mais il est arrangé de façon qu’il suffit pour dénouer l’intrigue compliquée de cinq actes, & pour décider le sort de tous les personnages ; & ce dénouement seroit parfait dans son genre, si l’Auteur n’employoit deux scenes à nous répéter très inutilement ce que la narration de Mascarille nous a très bien appris. […] On reconnoît le mérite d’un dénouement, dans quelque genre qu’il soit, à la surprise qu’il cause. […] Il nous resteroit encore à décider dans quelle occasion les maîtres ou les valets peuvent faire le dénouement ; mais comme cela dépend du Genre de la piece, nous raisonnerons là-dessus dans le volume suivant que nous destinons tout entier aux divers Genres de la Comédie.

31. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Il est dangereux en tout genre d’être trop au-dessus de ses juges; et nous avons vu que Racine s’en aperçut dans Britannicus. […] C’est Molière (dans la proportion que comporte la différence absolue des deux genres). […] Garde de Navarre, espèce de tragicomédie, mauvais genre qui était fort à la mode, et qu’il eut la faiblesse d’essayer, parce que ses ennemis lui avaient reproché de ne pas savoir travailler dans le genre sérieux. […] Molière, qui avait un talent trop vrai pour réussir dans un genre faux, apprit depuis à ses détracteurs, quand il fit le Misanthrope, le Tartufe et les Femmes savantes, que les comédies de caractère et de mœurs étaient le vrai genre sérieux; mais il ne leur apprit pas à y réussir comme lui. […] Mais ne pourrait-on pas excuser aussi jusqu’à un certain point ce genre de pièces, du moins tel que Molière l’a traité?

32. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Le grand d’Aussy, jésuite qui publia d’après les manuscrits, en 1780, un fragment du Jeu de Saint-Nicolas, dénomme aussi cette pièce « une production très longue, encore plus ennuyeuse et d’un genre absurde. […] A défaut de cette intéressante relique locale, prenons pour type du genre le mystère qui fut joué à Metz, en 1437, année célèbre, vous le savez, par la rentrée de Charles VII à Paris et l’expulsion définitive de l’étranger. […] Celle qui est donnée comme le modèle du genre, et que les frères Parfait n’osent (tant elle est belle) attribuer à P, Gringore, m’a paru un chef-d’œuvre fort ennuyeux. […] Il faut nous reporter à une date plus ancienne, à une œuvre contemporaine de Louis XI, pour trouver dans le genre comique, une pièce qui mérite, je ne dirai pas d’être comparée, mais d’être égalée aux meilleures scènes de Molière. […] Le théâtre, plus qu’aucun autre genre littéraire fut envahi par la manie latinisante ou grécisante.

33. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Le genre lyrique est pour l’art romantique le type fondamental. […] Car il n’y a que ces deux moments principaux de l’action qui puissent, dans la division de la poésie dramatique, s’opposer l’un à l’autre comme genres différents. […] Molière, en particulier, dans celles de ses fines comédies, qui ne sont nullement du genre purement plaisant, est dans ce cas. […] Par compensation, la supériorité dans ce genre se révèle surtout par la finesse et l’habileté à dessiner les caractères, ou à développer une intrigue bien imaginée. […] Richard III appartient à ce genre.

34. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Il lui conseilla de s’appliquer à tout autre genre. […] Des genres, tu n’aimes que le masculin : à l’égard des conjugaisons, de la syntaxe, et de la quantité, tu n’aimes que, etc. […] Quelques Auteurs joignirent aux talents que ce genre exige, celui de semer leurs Pièces de vers heureux. Voici comme ce genre s’introduisit. […] Innovateur ironique, il lança des genres hybrides : tragédie burlesque, opéra farce, préfigurant la « revue ».

35. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Lorsqu’il revient à Paris, la jeunesse est passée et une nouvelle existence commence, étonnamment laborieuse, chargée de soucis, tourmentée par les attaques de tout genre, l’ambition, les chagrins intimes. […] L’auteur de la Comtesse Romani s’est amusé à incarner, dans un type très vrai, Filippopoli, ce genre d’aberration, capable de fausser le meilleur talent. […] Conjecture d’autant plus vraisemblable, que le Misanthrope est, en plusieurs endroits, une reprise de Don Garcie de Navarre, tentative avortée dans un genre à demi tragique. […] Si Molière fut mauvais acteur tragique, il excellait dans le comique, et tous les genres de comique, le plus élevé comme le plus bas. […] Chaque profession, la plus humble comme la plus noble, la moins classée comme la plus régulière, a son genre de point d’honneur.

36. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Le style est bas, sans doute ; mais il convient au genre des pièces et à la condition des personnages. […] Molière ne fît donc que se conformer au goût du public et à l’usage établi, en composant ces espèces d’atellanes où, sans s’écarter de la trivialité obligée du genre, il mit du moins une bouffonnerie plus ingénieuse que celle des farces tant vantées alors de Guillot-Gorju de Gauthier-Garguille.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

« Nous n’avons parmi les ouvrages des Anciens que deux modeles en ce genre, l’Amphitrion & les Ménechmes. […] Je dirai seulement que je ne connois point de comédie françoise d’intrigue, dont les incidents ne soient pas prévus par les personnages, & qu’excepté Amphitrion, c’est le seul genre que Moliere n’ait point traité. Les Espagnols ont un assez grand nombre d’intrigues de la premiere espece : telle est, entre autres, l’intrigue d’une piece de Calderon, qui a pour titre, La Maison à deux portes, & que l’on peut regarder comme un modele en ce genre ». […] Quant à la comédie des Ménechmes, elle est, quoi qu’en dise Riccoboni, plus dans le genre dont il s’agit ici que l’Amphitrion.

38. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

L’amour d’Harpagon pour Mariane est donc un autre genre d’épreuve où est mis son amour pour l’or ; mais c’est encore ce dernier qui triomphe, et c’est là sans doute sa plus belle victoire. […] La mission du poète comique consiste à combattre les vices et les ridicules, et plus souvent ; les ridicules que les vices, par la raison que ceux-ci ont quelque chose d’odieux et de révoltant qui répugné à une condition essentielle du genre, celle d’amuser et de faire rire les honnêtes gens. […] De l’emploi des mêmes acteurs, résulte nécessairement une action du même genre. […] Quelque étranger à nos mœurs que soit le fond de la comédie de Pourceaugnac, quelque conventionnel et factice qu’en soit le genre, il était impossible que Molière n’y plaçât pas quelques-unes de ces scènes éminemment vraies, où se montre l’homme tel que la nature ou la société l’a fait. […] Toutefois, si sa gloire en pouvait tirer quelque lustre, si plutôt elle n’avait besoin de s’en excuser, je dirais qu’il fit mieux que personne dans un genre où il est impossible de faire bien.

39. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Un esprit observateur ne tarda pas à connaître la différence de ces deux genres, il en traça la ligne de démarcation. […] Je ne parlerai donc ici que de deux genres de comédies. […] Je prouverai qu’il n’en existe qu’un petit nombre qui puissent réunir toutes les conditions imposées à ce genre de comédie. […] Il s’agit de créer le plan, écueil où tant de fois le genre est venu se briser, et que Molière, si parfait dans tout le reste, n’a pas franchi toujours heureusement. […] Je passe ici sous silence quelques caractères d’un genre mixte qui ont fourni la matière d’une petite pièce en un acte, comme l’Impertinent, le Bavard, l’Indiscret.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Mon dessein est, dans ce Chapitre, de mettre sous les yeux du lecteur des exemples de tous les genres de titres que les comiques ont employés jusqu’ici, & de remarquer avec lui ce que quelques-uns peuvent avoir de dangereux, & ce qui rend quelques autres toujours défectueux, afin que les jeunes Auteurs s’arrangent en conséquence. Je crois voir d’ici plus d’un critique sourire malignement, & dire que j’aurai bientôt cité tous les différents genres de titres, puisqu’il n’en est que trois, celui qui promet un caractere, celui qui dénote une intrigue, & celui qui annonce un personnage intéressant. […] Moliere n’a aucun titre dans ce genre.

41. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Ménandre a fondé en Grèce un genre de comédie plus régulier et plus complet que celui d’Aristophane. […] C’est un genre faux, agréablement touché par un homme de génie271.

42. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

En tout, l’homme, avant de s’élever aux espèces et aux genres, a dû ne connaître que des individus. […] Sous Charles II, prince imbu usages, des opinions et des goûts de la France, les deux genres furent séparés, et la comédie de mœurs se montra sur la scène anglaise. […] Son Étourdi est demeuré le chef-d’œuvre de la comédie d’intrigue ; et le reste de son théâtre témoigne de sa supériorité dans tous les autres genres, ou plutôt dans ce genre composé de tous, qui réunit leurs divers mérites, la vivacité de l’intrigue, la vérité des caractères et l’exactitude des mœurs. […] Nul genre d’action, nulle classe d’hommes n’échappait à ses regards ou ne lui en paraissait indigne. […] On conçoit qu’il se plût à ce genre d’exercice, car il y réussissait fort.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Les pieces de ce genre sur-tout ont beaucoup d’ennemis, & leur nombre accroît chaque jour. Un Poëte charmant vient encore de se déchaîner contre ce genre, dans une préface qui précede un drame28. […] Nous avons dit en passant que les Anciens avoient le défaut de ne pas faire dénouer leurs pieces d’intrigue par l’intriguant même ; nous ne pouvons nous déguiser que nos pieces dans ce genre ont le même vice.

44. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Personne n’a reçu de la nature plus de talent que Moliere pour jouer tout le genre humain, pour trouver du ridicule dans les choses les plus serieuses, & pour l’exposer avec finesse & naïveté aux yeux du Public. […]    L’homme ennemi du genre humain,    Le Campagnard, qui tout admire,    N’ont pas lû tes Ecrits en vain ; Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. […] Despréaux n’ignoroit pas toutes les raisons que je viens de dire : mais en qualité de Censeur rigide, il vouloit toûjours qu’on ne cherchât à plaire qu’aux personnes d’érudition & du goût le plus délicat : cependant de tous les Poëtes modernes Moliere étoit celui qu’il estimoit & admiroit le plus ; & qu’il trouvoit plus parfait en son genre, que Corneille & Racine dans le leur. […] Moliere a composé aussi quelques autres ouvrages en Vers, qui marquent bien qu’il étoit capable de traiter d’autre genre de Poësie que celui de la Comédie.

45. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Les mots de ce genre, vagues et d’une portée douteuse, sont précieux en un temps où les généralités ambitieuses sont à la mode et où chacun, plus ou moins, aime à planer dans les espaces. […] Je ne sais s’il est vrai, comme l’affirmait un de ses contemporains, qu’avec lui on ne put parler que de vers, et des siens ; mais c’est une nature exclusivement littéraire, et qui ne dut subir que des influences du même genre : les satiriques romains, et chez nous Régnier et Molière, sont peut-être les seules influences qui aient déterminé la direction de son talent. […] La France agonise ; l’ennemi a envahi nos campagnes ; la famine, la misère les désolent ; les saisons y ajoutent leurs rigueurs, et c’est au milieu du lugubre hiver de 1709 que paraît Turcaret, le chef-d’œuvre du genre. […] Quant à Campanella, il est permis de croire que ses témérités de tout genre auraient effrayé ceux que la prudence de Descartes ne rassurait point. […] Il est vrai que les grands talens échapperont plus aisément que d’autres à des périls de ce genre ; par bonheur, les Mécènes ont presque toujours une prédilection marquée pour les écrivains abandonnés du public ; ils les consolent avec des pensions.

46. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

La Nation française, naturellement portée à ce genre d’esprit, s’y prêta, le goûta, et lui donna par son approbation le moyen de s’emparer en peu de temps de la scène. C’est ce même genre d’écrire qui a passé jusques à nous, mais qui révolte ceux qui ont su se préserver de la contagion. […] Dans la suite ce genre de comique prit encore une nouvelle face. […] Racine, qui fut le dernier ouvrage que cet illustre auteur donna au théâtre français, le genre tragique éprouva un changement encore plus marqué que le genre comique. […] Trissotin, qui, tout rempli de son savoir, et tout gonflé de la gloire qu’il croit avoir méritée, paraît si plein de confiance de lui-même qu’il voit tout le genre humain fort au-dessous de lui.

47. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Un auteur qui ne veut pas tomber à tous moments dans le genre officiel doit garder l’anonime. […] Votre séjour à Civ. peut vous apporter le même genre d’utilité. […] L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait. […] Si je meurs, regret d’avoir fait l’Amour], au lieu de travailler au genre Mocenigo. […] L’extrême de ce genre c’est la statue avec des personnages vivants telle que celle de l’Empereur par Canova.

48. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

C’est, en effet, celui qui convient le mieux au genre imbroglio qu’il a traité. […] De tous les écrivains de ce genre, il est le seul, depuis Molière, dont les ouvrages, en reproduisant les mœurs du temps, ont si fortement réagi sur elles. […] Mais il faut prendre la comédie partout où elle est, sans avoir égard à la dénomination des genres, ni se laisser arrêter par d’absurdes préjugés, et dès lors on la pouvait trouver dans les vaudevilles de M. […] Ces vers, à coup sûr, sont délicieux, pleins d’élégance et de poésie, mais ce genre de poésie est-il bien celui qui convient au théâtre ? […] Les tribulations de tous genres du pauvre M.

49. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Bazin a dit  : « Il y a de Louis XIV deux créations du même temps et du même genre  : Colbert et Molière ». […] Ne serait-ce pas en des expériences de ce genre qu’il faudrait chercher une des causes profondes de la misanthropie attribuée à Molière ? […] Le genre prend dès lors une dignité et une portée nouvelles, dépassant le fait particulier et le temps présent  : c’est la comédie de caractères. […] Ce genre de plaisanterie est peut-être gaulois, mais il est bas, et je ne mets rien au-dessous, que la plaisanterie scatologique. […] Non ; mais la vérité, c’est qu’à ses yeux, les prétentions des médecins ne sont pas moins ridicules, en leur genre, que celle des dévots.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Parfait auroient pu dire encore qu’il suffit d’avoir la moindre connoissance des théâtres de nos voisins & de leurs différents genres, pour voir que la piece françoise, traitée & conduite comme elle est, ne peut ressembler en rien à une comédie italienne. […] Je ne finirois pas si je voulois rapporter toutes les illusions de ce genre.

51. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

L’incontinence générale ne pouvait souffrir patiemment cette réserve de langage et de manières qui faisait ressortir son effronterie ; la décence gracieuse, du genre de celle de la marquise de Rambouillet, de Julie, des Sévigné, des La Fayette, importunait la cour, foyer de la dissolution générale, choquait les personnages importants de la capitale. […] Le grand Dictionnaire des Précieuses renferme environ 1 200 noms de beaux-esprits des deux sexes ; de ce nombre sont huit cents précieuses de tout genre, depuis les illustres jusqu’aux plus ridicules. […] Cet ouvrage est de Henri Étienne, le second des fameux imprimeurs de ce nom, savants auxquels la France doit les premières belles éditions de nos auteurs grecs et latins, et le Thésaurus, ouvrage auquel aucun autre du même genre ne peut se comparer. […] Mais cela ne regarde que quelques-unes des précieuses, car il y en a qui ne se mettent pas tant à tous les jours. » Mademoiselle de Montpensier les représente dans la société des gens du monde, comme « fort sottes et fort niaises quand elles y sont seules de leur genre, comme fort insolentes quand elles y sont plusieurs. […] Vint ensuite Almahide ou L’Esclave reine, en 1660 ; et ensuite… une infinité d’autres ouvrages du même genre.

52. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

Ce fut alors que Pocquelin, sentant son genre, résolut de s’y livrer tout entier, d’être à-la-fois comédien et auteur. […] Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité118 dans la voix et une espèce de hoquet qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] Ce fragment suffit pour faire admirer la fécondité et l’étendue du génie de Molière, qui savait se plier à tant de manières, et se prêter à tous les genres.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Les comédies de ce genre sont premiérement moins naturelles, moins vraisemblables que les pieces dans lesquelles on n’admet aucun être surnaturel ; en second lieu l’Auteur ne sauroit que très difficilement y ménager une intrigue : si à force d’art il y réussit, cette intrigue doit, de toute nécessité, être défectueuse, puisqu’elle ne peut jamais rouler sur le principal personnage. […] Comme M. de Boissi semble d’abord avoir voulu saisir tout ce que ce dernier genre a d’avantageux pour réunir l’utile à l’agréable, la morale la plus saine au comique le plus piquant & le plus varié, en critiquant alternativement les modes, les usages, l’esprit & le cœur ; comme, dis-je, l’Auteur semble n’avoir apperçu tous les ressorts de ce dernier genre que pour nous les indiquer & pour ne les employer que superficiellement ou avec gaucherie, sa piece aura pour nous le mérite d’un double exemple.

54. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Et, en effet, Messieurs, qui pouvait mieux que lui tracer les règles de ce genre vraiment français ? […] Mais il me semble entendre de graves censeurs se récrier sur la frivolité du genre. […] L’homme a beau varier ses compositions, l’écrivain a beau s’exercer dans les genres les plus différents, tout ce qui sort de sa plume porte le cachet de son talent naturel.

55. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Il y en a à Saint-Germain, mais ils n’ont pas encore paru. » Sans doute on travaillait à préparer l’esprit de la reine à les recevoir, et on ne voulait pas qu’ils parussent dans le monde avant cette espèce d’adoption d’un genre nouveau. […] « Je ne sais pas combien de temps je serai ici (à la cour) ; j’y suis venue avec des dispositions soumises qui durent encore ; et je suis résolue, puisque vous l’avez voulu, de me laisser conduire comme un enfant, de tâcher d’acquérir une profonde indifférence pour les lieux et pour les genres de vie auxquels on me destinera, de me détacher de tout ce qui trouble mon repos et de chercher Dieu dans tout ce que je ferai. […] « Ce mariage », dit-elle dans une lettre du 14 juillet, à Gobelin, « ne s’achèvera pas… J’ai assez de déplaisirs et d’embarras dans une condition singulière et enviée de tout le monde, sans en aller chercher dans un état qui fait le malheur des trois quarts du genre humain.

56. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Pendant que ce nouveau genre tragique s’avançait insensiblement vers le période brillant où M. Racine le porta peu de temps après, le genre comique n’était qu’amusant et gai ; et c’est dans ce goût qu’on vit paraître L’Amant indiscret, ou le Maître étourdi ; La Comédie sans comédie ; Le Geôlier de soi-même ; Le Pédant joué, et Le Campagnard. […] Cet ouvrage est rare et peu connu ; cependant il est plein d’anecdotes en tous genres et particulièrement de celles des théâtres. […] Quelque curieux que soient les articles dont nous venons de parler, le lecteur en trouvera dans ce volume beaucoup d’autres qui ne le sont pas moins en leur genre. […] Quinault, lorsque ce dernier travaillait dans le genre lyrique, qu’en des termes qui exprimaient plus la satire que la louange.

57. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il est présumable qu’il aura fait les vers qui la concernent peu après la critique que son irritable génie regardait comme une injure ; mais qu’il aura été détourné de les publier par la crainte de se mettre subitement en contradiction avec l’épître où il paraissait vouloir s’élever à un genre plus grave que celui de la satire ; qu’il aura mise dans son portefeuille, en attendant que le démon de la satire le reprît. […] Dans la même année, il écrivait à madame de La Sablière :                  « Les pensers amusants,                  « Les romans et le jeu, « Cent autres passions des sages condamnées « Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années. » Il finit par s’exhorter, il est vrai, sans grande espérance de succès, à embrasser un autre genre de vie : « Que me servent ces vers avec soin composés ? […] Il n’avait pas lu ce qu’elle dit de Mithridate : « C’est une pièce charmante, on y est dans une continuelle admiration ; on la voit trente fois, et on la trouve plus belle la trentième que la première. » Il n’avait pas lu enfin ce qu’elle dit d’Esther, ni remarqué ce sentiment profond des beautés nouvelles que Racine avait puisées dans l’histoire sainte, ni le pressentiment qu’elle conçut d’une pièce du même genre encore plus parfaite, pressentiment qui fut réalisé par Athalie. […] Racine a pourtant bien de l’esprit, il faut espérer. » Il est vrai, et cet aveu ne coûte point à faire, que madame de Sévigné se plaisait à l’élévation plus qu’à l’attendrissement, et qu’elle préférait le sublime au pathétique ; mais l’amour d’un genre n’était pas l’aversion de l’autre.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

. — Distinction entre différents genres de naïveté. […] Les naïvetés d’Agnès sont de ce dernier genre.

59. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Lucile est de ce genre, mais Lucile se sent encore de la mauvaise compagnie où le théâtre avait vécu jusqu’à elle. […] Ils se livraient même à des attaques d’un autre genre. […] Don Juan oublierait-il ce genre de séduction ? […] On trouve dans tous les pays des exemples de ces trois genres de comédie. […] Mais nous avons vu que Molière ne réussissait qu’à demi dans ce genre de pastorale héroïque, que le roi réclamait quelquefois.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

« Les fêtes que Louis XIV donna dans sa jeunesse méritent d’entrer dans l’histoire de ce Monarque, non seulement par ses magnificences singulieres, mais encore par le bonheur qu’il eut d’avoir des hommes célebres en tous genres, qui contribuerent en même temps à ses plaisirs, à la politesse, à la gloire de la Nation. […] Moliere voyant par sa propre expérience, ou persuadé par la justesse de son goût, que les pieces faites pour amener des danses, des chants, des machines, des décorations, & analogues à la façon de penser ou à la situation momentanée de quelques personnes, ne pouvoient avoir qu’un succès passager, n’a traité dans ce genre que celles dont son maître ou les circonstances lui indiquoient le sujet.

61. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

  Le directeur des Fedeli, Giovanni-Battista Andreini, fut un écrivain dramatique des plus féconds : il a laissé un grand nombre de pièces appartenant à tous les genres ; il y en a dix-huit cataloguées dans la Drammaturgia d’Allacci, et ce n’est qu’une faible partie de ses productions. […] Les Fêtes théâtrales, dans lesquelles tous les genres se confondaient, remplacèrent et la comédie et la pastorale, et l’opera musicale proprement dit, et même l’ancien mystère ou tragédie sacrée.

62. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Mais il y a des courtisans de plus d’un genre. […] Les courtisans de ce genre ont eux-mêmes leurs courtisans parmi les hommes du plus haut rang.

63. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Toutefois les comédies sont beaucoup plus nombreuses que les autres ; il y en a quarante, et des autres il n’y a que dix10, et encore ces dix dernières offrent un singulier mélange de tous les genres. […] Dans les pièces de ce genre, qui sentent un peu le carnaval, les personnages se livrent à une course folle les uns après les autres, et le dénouement a lieu au milieu d’un tumulte extravagant ; elles supposent une verve endiablée chez tous les acteurs. […] Parlant des comédiens antérieurs aux Gelosi, « ils n’hésitaient pas, dit-il, à pousser la vraisemblance jusqu’à faire comparaître sur la scène un homme nu, s’échappant d’un incendie nocturne, ou une femme dépouillée par des brigands, attachée à un arbre par quelques lambeaux d’étoffe, et à produire d’autres spectacles du même genre ou plus indignes encore d’être mis sous les regards de galants hommes 14  ».

64. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le rapprochement encore nouveau des esprits divisés pendant quarante années par les guerres civiles, semblait solliciter l’épanchement d’affections longtemps contenues ; le progrès des richesses que les discordes intestines n’avaient point empêché10, le progrès des lumières, les changements des esprits, des imaginations, des âmes tout entières, changements inséparables de toute révolution, donnaient une vive curiosité de se considérer sous de nouveaux aspects, inspiraient le pressentiment d’un nouveau genre de communications, de nouveaux points de contact, d’un développement inconnu de cet instinct social qui semble appartenir au Français plus qu’à toute autre nation. […] Dans l’Art poétique, il les cite tous deux comme dignes d’éloges dans deux genres différents : Malherbe d’un héros peut vanter les exploits ; Racan chanter Philis, les bergers et les bois. Il semble craindre à la suite d’avoir été injuste en bornant le talent du second au genre pastoral.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Pourquoi leurs différents genres sont-ils tous traités du même style ? […] La Nation Françoise, naturellement portée à ce genre d’esprit, s’y prêta d’abord par nécessité ; peu à peu elle le goûta, & lui donna enfin, par son approbation, le moyen de s’emparer en peu de temps de la scene. C’est le même genre d’écrire qui a passé parmi nous sous ce titre de style du bon ton & de la bonne compagnie : comme si un homme qui la voit, cette bonne compagnie, n’étoit pas obligé de parler naturellement, & s’il devoit ignorer la critique sanglante que Gresset a faite de ses comédies dans un seul vers. […] Un Roi, aussi grand par lui-même que par son rang, a dit dans ses ouvrages, qu’il aimeroit mieux se voir jouer dans une comédie bien faite & dans le bon genre, que d’assister seulement à l’une de nos pieces modernes.

66. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

La Critique de l’École des femmes est la première pièce de ce genre qui ait paru sur le théâtre. […] J’y ai joint des notes du même genre sur ceux des comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dont Molière tourne le jeu en ridicule dans cette comédie. […] Acteur et bretteur, Brécourt fut encore auteur de comédies du genre le plus bas et le plus trivial. […] Du Parc contribua beaucoup au succès général de l’entreprise, mais particulièrement à celui du Dépit amoureux, seconde comédie de Molière, dans laquelle il jouait sous son nom de théâtre, et qu’il faut lire pour connaître le caractère du genre adopté par du Parc ; caractère soutenu, mais moins développé dans Le Cocu imaginaire. […] Molière avait donné, dans Les Fâcheux, le premier modèle d’un genre de comédie, où la danse est liée à l’action, et où les entrées de ballet prennent place parmi les scènes de la pièce.

67. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Les trois premiers actes, en effet (mettant à part cette différence d’étendue, qui est le moindre des défauts), sont égaux, en leur genre, à tout ce que Molière a composé de plus parfait ; et, si les deux derniers sont une farce plus folle que plaisante, c’est que les ordres du Roi ne laissèrent pas au poète le temps de finir ainsi qu’il avait commencé, ou peut-être que la destination particulière du spectacle le contraignit de terminer par un de ces divertissements de danse et de musique, qu’il est si difficile de faire sortir naturellement d’une véritable action comique. […] Le Roi, qui voulait marquer cette saison des plaisirs et de la folie par un des plus magnifiques amusements qu’il eût encore donnés à sa cour, demanda à Molière une pièce dont le genre permît de mettre en jeu toutes les merveilles de la mécanique du temps, nouvellement rassemblées dans la salle de spectacle du palais des Tuileries. […] La plupart, et Fulgence le premier, y ont vu une image de l’union de l’âme et du corps, ou plutôt de l’empire des passions sur l’âme ; d’autres y ont aperçu la peinture de l’homme profane régénéré par son admission aux mystères ; des théosophes, sans s’inquiéter si une fiction du paganisme pouvait se prêter raisonnablement à une interprétation toute chrétienne, y ont reconnu le péché originel effacé par la rédemption ; enfin, un savant danois de nos jours y a découvert un mythe moral, faisant partie de ces mystères (sacra) auxquels les femmes seules étaient initiées, et destiné à être représenté devant elles, sous la forme d’un drame symbolique (symbolica et dramatica representatio), afin de leur rappeler les dangers qui assiègent la beauté, les devoirs que la femme mariée doit accomplir au milieu des difficultés et des épreuves de tout genre, et les récompenses qui sont réservées à celle dont la chasteté et la foi conjugale ne se seront point démenties. […] L’auteur de Cinna fit, à l’âge de soixante-cinq ans, cette déclaration de l’Amour à Psyché, qui passe encore pour être un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre. » Fontenelle convient, avec tout le monde, que jamais Corneille n’exprima avec autant de douceur les doux emportements de l’amour ; mais, ne laissant échapper aucune occasion de témoigner sa haine contre Racine, il prend le parti de ravaler un genre de sentiments que ce poète excellait à rendre, afin de le déprimer lui-même, et il prétend que, si Corneille réussit une fois dans ce genre qui n’était pas le sien, et qu’il dédaignait, c’est qu’ étant à l’ombre du nom d’autrui, il s’abandonna à un excès de tendresse dont il n’aurait pas voulu déshonorer son nom .

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

« Je puis donc avancer : « Que celui qui dit que le genre dans lequel j’ai écrit le Fils naturel est le même que le genre dans lequel Goldoni a écrit l’Ami vrai, dit un mensonge. […] Si quelqu’un se sent porté à ce genre de travail, je l’invite à choisir parmi celles qui restent, & à en composer un ouvrage qui puisse nous plaire.

69. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

D’autre part, même dans ce genre-là, — c’est le ballet que je veux dire, — genre allégorique, mythologique, pseudo-pastoral et carnavalesque, il avait mis le plus de vérité possible : il y avait introduit, autant que les conjonctures le permettaient, des personnages réels, humains, citadins, vêtus comme le spectateur. […] En 1671, trois ans après la paix d’Aix-la-Chapelle, Louis XIV, à son apogée, commande à l’auteur des Amans magnifiques, pour le carnaval, quelque nouvelle pompe du genre galant.

70. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Un amour d’un autre genre eût peut-être triomphé de ce triomphe ; Alceste en est furieux, et comme il n’ose pas s’en prendre à celle qui a parlé, il se venge sur ceux qui ont entendu. […] L’homme dur peut, jusqu’à un certain point, compenser cette faiblesse (la dureté est une faiblesse) par des qualités d’un autre genre qui lui concilient, sinon l’affection, du moins l’estime ; mais la femme sans cœur n’a rien. […] Célimène ne peut s’empêcher d’avoir pour Alceste le genre de respect dont elle est capable.

71. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Grace donc à cette heureuse pensée, conçue et menée à bonne fin par la Comédie-Française, nous avons pu voir, enfin, représenter avec tout l’éclat, tout le talent, toute la pompe même de décorations et de costumes qu’un spectacle aussi singulier exige, le pur et vrai Don Juan de Molière, ce drame en prose et pourtant si poétique, où la réalité s’unit au merveilleux, la fantaisie à l’observation, l’ironie sceptique à la crédulité légendaire ; drame sans modèle en France et resté sans, postérité comme le Cid, et dont les beautés irrégulières font clairement prévoir ce qu’aurait produit en ce genre la muse française, s’il avait pu lui convenir de puiser plus fréquemment aux sources romantiques. […] A la manière indépendante et hardie dont notre grand comique a pris possession de cette fable, à voir comme il domine et manie en maître ce nouveau genre de drame, on n’aperçoit pas la moindre trace, soit de dégoût, soit de contrainte. Au contraire, la critique attentive demeure émerveillée en voyant avec quelle sûreté de coup d’œil et quelle souplesse de génie Molière comprit et pratiqua tout d’abord les conditions d’un genre auquel il s’appliquait pour la première fois.

72. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Si vous persévérez dans un tel genre de vie, vous ferez retourner le temps en arrière et vous reviendrez bientôt à l’âge de dix ans. […] L’utilité est aussi quelque chose du même genre.

73. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Ce fut dans cette même année que Mlle Des Jardins, si connue dans le monde sous le nom de Mme de Villedieu, donna un essai de son talent pour le genre dramatique : l’article de cette demoiselle mérite d’être lu, par les singulières aventures qu’il renferme. […] Veut-on voir, dans ce dernier genre, jusqu’à quel point Le Misanthrope est dégradé sur le théâtre anglais ? […] La pièce anglaise est intéressante, et l’intrigue en est ingénieuse : elle est trop hardie, sans doute, pour nos mœurs ; c’est un capitaine de vaisseau plein de valeur, de franchise et de mépris pour le genre humain. […] Le fond en devait être une dissertation, et n’admettait par conséquent ni intrigue, ni dénouement ; mais Molière ne s’écarte jamais de l’objet que doit avoir un auteur comique, quelque genre qu’il mette sur la scène. […] Dans cette comédie le coup de théâtre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, et que je donnerais pour modèle en ce genre, n’était que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Molière.

74. (1900) Molière pp. -283

On y voit, non seulement l’entêtement dans la médecine, mais encore l’entêtement dans tous les genres et dans tout le domaine de l’esprit humain. […] Je sors du genre humain pour que ma pensée (ou du moins la pensée de Goethe) soit plus claire, plus facile à accepter. […] Eh bien, ce genre de conception du monde et de la société, Molière l’a eu et l’a rendu, parce qu’il l’avait sous les yeux. […] Je voudrais aujourd’hui étudier le genre d’influence et d’action sociale qu’il a exercé sur le développement de nos mœurs et de notre vie sociale. […] C’est par là qu’ils durent plus longtemps que les genres où ils ont excellé, et qu’ils méritent encore de nous intéresser, quand bien même nous ne comprenons plus les mœurs qu’ils nous peignent.

75. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Il faut convenir que personne n’a reçu de la Nature plus de talents que M. de Molière pour pouvoir jouer tout le genre humain, pour trouver le ridicule des choses les plus sérieuses, et pour l’exposer avec finesse et naïveté aux yeux du public. […] L’Homme ennemi du Genre humain, Le Campagnard qui tout admire N’ont pas lu tes Écrits en vain : Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire.

76. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Comparé par les plus grands écrivains de son temps aux modèles du genre qu’il traitait, il a joui de son vivant de la protection d’un roi, de l’amitié d’une noblesse avare même d’estime, et de la constante adoration du public. […] Ce genre si facile, si naturel aux Français ?

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Examinons bien leurs différents genres, & voyons à quoi ils peuvent être bons. […] Les François ne seroient pas présentement plus complaisants pour des prologues dans ce genre. […] On me repprochera peut-être de m’être étendu sur un genre de prologue qu’on n’imitera jamais sur notre scene.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Parmi les imitateurs que la nature forme, les uns s’adonnent aux imitations utiles, les autres aux imitations d’agrément : ceux-ci aux imitations où il ne faut que des yeux, des oreilles, ou des doigts ; ceux-là au genre d’imitation qui demande du génie. […] Une peinture, dans quelque genre qu’elle soit, est bien foible quand elle nous laisse le sang-froid de la juger par comparaison : il faut qu’elle nous transporte dans le temps & le lieu où l’action s’est passée : il faut que nous pensions la voir de nos yeux ; que nous partagions, par exemple, les malheurs d’Orgon & ceux de toute sa famille ; que nous craignions de voir échapper Tartufe aux châtiments qu’il mérite. […] Les uns ne savent que copier ses détails les plus minutieux ; les autres ne la voient qu’en grand, ou montée sur des échasses : ceux-ci ne savent peindre que ses caprices & les monstres qu’elle enfante ; ceux-là ne la saisissent dans aucune de ses parties, ou ne peignent que les plus opposées au genre qu’ils ont pris ; tels sont les peintres, qui donnent un beau teint à Mars & des traits mâles à Vénus ; les comédiens qui jouent le rôle d’Achille avec les minauderies d’un fat, ou les emportements d’un petit-maître ; & le rôle d’un amant aimable avec les contorsions d’un démoniaque ; les poëtes tragiques qui font rire, & les comiques qui font pleurer. […] C’est sans contredit dans l’art de la comédie, que l’imitation exacte de la nature est plus essentielle & plus difficile que dans tous les autres genres, puisque peu de chose peut rendre ses portraits ou trop chargés ou trop mesquins.

79. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Les deux genres échangeaient, du reste, leurs productions. […] Les vieillards, les valets prenaient les masques de Pantalon, de Brighelle ou d’Arlequin, et la pièce recommençait à chaque fois avec toutes les complications et toutes les cascades (cascate, le mot est dans La Supplica de Beltrame) que le genre comportait.

80. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Un travers de ce genre, qui ne peut exister que dans des conditions élevées, n’est d’aucune importance pour ces pères de famille que la médiocrité de fortune autorise à blâmer toute occupation qui distrait leur femme du soin de leur ménage : ajoutons qu’attaquer simplement les femmes savantes, c’eut été s’exposer à de dangereuses inimitiés. […] Aimé Martin tombe dans des fautes du même genre sur d’autres personnages de la même pièce.

81. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Notice historique et littéraire sur La Princesse d’Élide Molière avait pu se convaincre, par le peu de succès de Dom Garcie de Navarre, que le genre noble, sérieux et galant ne convenait point à son génie, et probablement il ne se fût pas décidé de lui-même à tenter une seconde épreuve. […] Le poète qui a fourni à Molière le sujet de La Princesse d’Élide, est Augustin Moreto, reconnu supérieur, dans le genre de la comédie, à Caldéron, son compatriote et son contemporain. […] La Princesse d’Élide, quoiqu’elle ne fût que la copie d’une pièce espagnole, a probablement servi, en France, de type et de modèle pour un genre de comédies, qui n’a pas laissé d’augmenter les richesses de notre théâtre.

82. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Au moment où ce grand homme parut, trois genres d’ouvrages dramatiques défrayaient le théâtre : la tragédie, imitée des anciens ; la tragi-comédie, imitée des Espagnols ; la farce, imitée de l’italien. […] Ces quatre pièces, quoique du même ordre que le Menteur, et dans le même genre, sont plus près de la comédie de caractère. […] Il y a un écrivain de génie dans L’Étourdi, le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules, Sganarelle ; il y a une comédie parfaite en son genre, il y a un théâtre. […] Mais il lui était donné d’être le plus grand par cette prodigieuse succession de trois genres de comédie et de trois théâtres, qui ont comme épuisé en vingt ans la matière de toute comédie durable10. […] La seconde source de son théâtre, c’est qu’il connut tout ce qui s’était écrit de comédies, dans tous les genres, avant lui et jusqu’à lui.

83. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Il faut de la jeunesse pour donner le fini à un ouvrage du genre de celui-ci.

84. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Alceste et Célimène Racine, Boileau, Labruyère, nous font connaître le siècle de Louis XIV, parce qu’ils écrivirent constamment sous l’influence, on pourrait dire sous la dictée de leur entourage ; pour Molière, il nous peint aussi son époque, mais c’est un autre genre d’étude qu’il faut faire avec lui. […] Ce n’est pas de la vertu chrétienne, modérée, passive ; c’est de la vertu d’application , de la vertu agissante, de la vertu française qui marche droit à l’obstacle, qui ne rêve pas, qui ne gémit pas, qui hait et qui attaque, c’est de la vertu révolutionnaire — Alceste est mal nommé le misantrope, il aime l’humanité, mais il abhorre les hommes vicieux ; il veut l’amélioration du genre humain ; mais il n’y songe pas pour les siècles futurs; il la veut immédiate.

85. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [59, p. 96-98] »

Pour répondre à l’inculpation, le satirique fit imprimer et placarder une affiche longue d’une aune241, où, tout en citant des morceaux de sa satire, il traitait les journalistes d’ignorants et de mauvais connaisseurs, et finissait par avouer avec une candeur d’âme tout-à-fait risible que son écrit était bon, et parfait en son genre.

86. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Sous le nom de Timon, Athènes connut un dissipateur fameux, qui, ruiné par ses profusions, se vengea de l’ingratitude dont il était victime par le plaisir de maudire le genre humain. […] Or, cette fois, le stimulant d’une question religieuse n’existant plus, les partisans de l’étiquette dramatique regardèrent comme une déchéance du genre ce qui n’était ici qu’une suprême convenance. […] À Bordeaux, il fit jouer une Thébaïde, du genre sérieux, qui échoua. […] La Critique est une comédie d’un genre tout neuf. […] C’était le temps où la comédie ne paraissait à l’hôtel de Rambouillet qu’un genre inférieur.

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

« Le Pastor Fido passe pour l’effort de l’esprit humain en ce genre ; & cependant, malgré tout l’intérêt qui est dans l’action de Silvio & de Dorinde, les spectateurs n’ont, dans le cours de la piece, le cœur & l’esprit occupés que de l’intérêt d’Amarillis & de Mirtillo. […] C’est lorsque Moliere fait des intrigues doubles dans ce genre, qu’il faut l’imiter.

88. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Félibien s’extasie sur ces dialogues « si tendres et si amoureux, » sur celte admirable musique de Lulli « où il n’y a rien qui n’exprime parfaitement toutes les passions. » En effet, c’est très-beau, et c’est peut-être ce que notre théâtre possède de meilleur et de plus antique dans ce genre. […] C’est un genre de corruption très-doux, d’autant plus dangereux qu’il s’insinue d’une manière tout insensible, et qu’il s’offre comme un divertissement très-délicat, très-innocent. […] Tout ce qui nourrit les passions est de ce genre… Qui sauroit reconnoître ce que c’est en l’homme qu’un certain fonds de joie sensuelle, et je ne sais quelle disposition inquiète et vague au plaisir des sens qui ne tend à rien et qui tend à tout, connoîtroit la source secrète des plus grands péchés… Le spectacle saisit les yeux : les tendres discours, les chants passionnés, pénètrent le cœur par les oreilles.

89. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Il imagine donc un Élisée où s’élèveraient des monuments consacrés aux bienfaiteurs du genre humain. […] Le but de Bernardin de Saint-Pierre, en créant cet Élisée, était donc de personnifier dans tout ce qu’il avait de grand, non plus un peuple, mais le genre humain. […] Les souscriptions de ce genre sont des symptômes certains d’intelligence : elles disent qu’une idée, ou qu’un sentiment vient de pénétrer dans la foule : elles sont grandes et puissantes, parce qu’elles proclament la reconnaissance d’un peuple. […] Contre le genre faux qui domine partout Du monarque d’abord il excite le goût.

90. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

La Comtesse d’Escarbagnas est donc une véritable comédie, du moins quant au genre, qui est peu relevé sans doute, mais qui est toujours naturel et vrai. […] C’est là principalement ce qui a trompé les critiques eux-mêmes, et leur a fait ranger parmi les farces une petite comédie qui n’appartient point à ce genre d’ouvrages. […] Il semblait ne diriger ses traits que contre leurs grossières et maladroites imitatrices, en faisant de celles-ci une espèce particulière qu’il avait appelée les précieuses ridicules, comme si cette qualification n’eût pas dû appartenir au genre entier. […] Débusquées, pour ainsi dire, du genre précieux, elles se retranchèrent dans le genre pédant. […] Ayant une poitrine susceptible de s’enflammer au moindre effort, et exerçant une profession qui pouvait chaque jour provoquer ce genre d’accident, Molière avait inutilement demandé à la médecine les moyens de concilier la pratique de son art avec la conservation de sa santé.

91. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Cette lettre, assez entortillée et obscure, fait allusion aux embarras de tout genre qu’éprouvait Molière au milieu des trois principales actrices de sa troupe ; Chapelle l’y compare à Jupiter tiraillé entre Junon, Minerve et Vénus durant la guerre de Troie. […] Ce premier rôle a si bien fait valoir Armande qu’elle en reçoit un autre du même genre dans l’Impromptu de Versailles, représenté le 14 octobre suivant : « Mlle Molière, satirique spirituelle, » ainsi l’appelle la distribution. […]  » La Princesse d’Élide, représentée au mois de mai suivant, est une pièce fade et mal venue, retour malheureux vers le genre noble auquel appartenait Don Garcie de Navarre ; elle ne dut qu’au divertissement dans lequel elle était intercalée de réussir pour un temps. […] N’est-ce pas le genre d’attraits que l’on voit à la Célimène idéale, celle qui n’est point telle ou telle actrice, mais le type créé par le poète ? […] Pouvait-elle, ainsi tourmentée, calomniée, surchargée d’embarras de tout genre, ne pas désirer un protecteur et un appui ?

92. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

C’est là qu’il fit représenter Le Dépit amoureux, ouvrage que quelques situations charmantes, et des scènes du premier ordre, assurent contre l’oubli : la brouille et la réconciliation des deux amants (incident qu’il a depuis reproduit dans deux de ses chefs-d’œuvre) ont servi de type à une multitude de scènes dans le même genre ; mais personne n’a trouvé ce naturel exquis, cette délicieuse naïveté, qui caractérisent le dialogue de Molière. […] Molière dans Amphitryon déploya un nouveau genre de talent : au naturel et à la chaleur ordinaire de son style, il joignit une certaine vivacité dans le tour, une finesse, une légèreté nouvelle dans la pensée. […] Brécourt n’avait qu’un faible talent pour le genre dramatique. On a de lui les pièces de théâtre suivantes, qui sont du genre le plus bas et le plus trivial. […] Parmi les rôles de ce dernier genre, on cite celui d’Agnès de L’École des Femmes, qu’elle rendait avec une telle supériorité, que quelques années avant sa retraite du théâtre, ses camarades l’ayant engagée à céder son rôle d’Agnès à mademoiselle du Croisy, et cette dernière s’étant présentée pour le jouer, tout le parterre demanda si hautement mademoiselle de Brie, qu’on fut forcé de l’aller chercher chez elle.

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