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19. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

C’est ainsi que vous satisfaites aux engagements de la foi que vous m’avez donnée publiquement ? […] Son rire clair, joyeux, puissant, sonne dans ces deux vers : Oui, ma foi, là-dessus, Une sotte en sait plus que le plus habile homme ! […] Quiconque a lu le Port-Royal de Sainte-Beuve, feuilleté les œuvres du grand Arnauld, ou simplement médité certaines épîtres de Pascal, où le souci de la foi, la préoccupation du salut, le mépris des bassesses humaines sont exaltés avec une passion incroyable, ne pourra s’empêcher de tressaillir en écoutant les conseils que Orgon reçoit de Tartuffe : Il m’enseigne à n’avoir d’affection pour rien. […] Gorgibus menace sa fille et sa nièce : « Ou vous serez mariées toutes deux avant qu’il soit peu, ou, ma foi, vous serez religieuses ; j’en fais un bon serment. » Toutes les jeunes filles que l’on prétend contraindre à renoncer à leur amour : la fille d’Harpagon, celle de Philaminte, celle de Monsieur Jourdain, ne manquent pas de s’écrier comme la jeune veuve : « Un cloître est l’époux qu’il me faut. » La pensée est la même, si les expressions ne sont point semblables. […] Et c’est cette foi merveilleuse en l’action, subsistant en dépit de toutes les misères physiques et morales attachées à notre nature, en dehors de tout espoir, de toute crainte d’un caractère métaphysique — et cela dans le même temps où le christianisme janséniste abêtissait Pascal.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Ma foi, vous avez tué... […] Sur votre foi & sur votre conscience, cet homme-là vous paroît-il capable d’être usurier ? […] je n’en sais ma foi rien. […] Ma foi, je ne vois point ici de corneille. […] S’il n’est pas dans la nature que Theuropide puisse ajouter foi à un mensonge aussi grossier, il est tout aussi peu naturel que Géronte puisse en être la dupe.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Par ma foi, voilà un vilain petit homme.... […] Ma foi, ce dernier trait lui seul est impayable.

22. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Nous avons foi, nous Français, dans l’un et dans l’autre de ces principes, et armés de ce double instrument de critique, nous ouvrons le premier théâtre comique venu, le théâtre d’Alfred de Musset, je suppose, et nous raisonnons ainsi : un poète comique peut paraître derrière ses personnages de deux manières : soit en faisant une allusion complaisante à lui-même, à sa vie, à son caractère, à ses goûts, soit en déployant avec coquetterie les grâces de son imagination et de son esprit. […] Vous faites comme notre amoureux de tout à l’heure, qui, s’il adore une femme aux yeux d’un bleu tendre et aux cheveux d’un blond cendré, s’écrie avec l’accent de l’enthousiasme et de la foi : « Voilà le fond d’une vraie beauté ! 

23. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Noël pense que, dans ce rôle de Célimène, Molière a voulu tracer le portrait de cette jeune Armande Béjart qui, pour récompense de ses bienfaits, trahit la foi qu’il avait mise en elle et fit le malheur de sa vie. […] Je crois que de madame il est ma foi jaloux. […] Certes, monsieur Tartuffe, à bien prendre la chose, N’est pas un homme, non, qui se mouche du pied… … non ; vous serez, ma foi, tartuffiée.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Elle donne force à la loi, à la foi, au roi, à cet autre mot qui est l’abrégé de toutes nos pensées, le mot moi ; enfin elle donne sa force à la voix. […] Remarquez au reste, comme preuve de la force ajoutée par la diphtongue oi aux mots foi, roi, foi, qu’elle exige une plus forte émission de la voix que lé, ré, fé, qu’elle oblige à desserrer les dents et les lèvres pour s’ouvrir un passage plus libre et comme pour donner aux paroles plus de solennité. […] Le roi sauva le Valois, quoique le François, né Gaulois, fût sacrifié à Francès italien, La loi échappa aussi, parce qu’à la cour on n’en parlait pas ; la foi fut sauvée, parce qu’elle était un mot de ralliement dans ces temps de guerre intestine. […] Le cas qu’il faisait de Chapelain ne l’avait pas empêché de le sacrifier à la risée générale : Qu’on vante en lui la foi, l’honneur, la probité, Qu’on prise sa candeur et sa civilité.

25. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

L’Académie française a mis au concours cette question : « De la nécessité de concilier dans l’histoire critique des lettres le sentiment perfectionné du goût et les principes de la tradition avec les recherches érudites dites et l’intelligence historique du génie divers des peuples » ; et, bien que les concurrents aient évidemment peu de foi dans cette nécessité, puis que, d’année en année, le prix ne se décerne point, nous ne pouvons-nous empêcher d’admirer avec joie la foi de l’Académie elle-même dans cette nécessité non douteuse ; car, voyez !

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Croyez-moi, Ne laissez pas duper vos yeux à trop de foi. […] Ce sont eux qu’ils ont pris pour témoins de leur foi.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

En dispersant ce bien à tous les malheureux, Par ma foi, ce sera peu de chose pour eux ; Ils n’auront pas chacun une obole, peut-être ; Et c’est cent mille francs jettés par la fenêtre. […] Ma foi, je suis ravi que nous logions ensemble. […] Sa hauteur Avoit, ma foi, besoin d’un pareil précepteur ; Et si cet homme-là ne le rend pas traitable, Il faut que son orgueil soit un mal incurable. […] Ma foi, j’aurois joué ce petit Monsieur l’Auteur, qui se mêle d’écrire contre des gens qui ne songent pas à lui.

28. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [67, p. 103-104] »

[67, p. 103-104] Dans la scène VI de l’acte II du Bourgeois gentilhomme, on trouve le trait suivant : « Par ma foi il y a plus de cinquante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien. » Madame de Sévigné250 dit à peu-près la même chose dans ses lettres : lettre cinq, tome 6.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

  Ma foi, si je n’étois au fait, Je croirois voir en vous un amant véritable. […] Par ma foi, vous faisiez une laide figure.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Boileau trouvait fort bon que l’on vantât dans Chapelain, l’honneur, la foi, la probité. […] C’est pourtant sur cet anachronisme de Voltaire que se sont établis les principaux détracteurs de l’hôtel Rambouillet ; c’est sur la foi du poète, inexact chronologiste, que les biographies et les commentaires se sont à qui mieux épuisés en mépris sur l’hôtel Rambouillet.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

On veut le forcer à donner la main au Docteur ; il contrefait sa voix, & dit qu’il a promis sa foi. […] Mais mon honneur me dit que d’une telle offense Il faut absolument que je prenne vengeance : Ma foi, laissons le dire autant qu’il lui plaira ; Au diantre qui pourtant rien du tout en fera.

32. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

« Des faiblesses de ta foi », p. 975 de la pléiade.

33. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Ma foi, puisque vous me connaissez si bien, je vais vous dire la vérité de la chose ; mon maître étant mort, je me trouvai fort embarrassé de ma personne, parce que je me trouvais fort gueux, et que je n’avais gagné à son service que la méthode de faire des vers (cosi cosi). […] C’est pourquoi presque tout Paris a souhaité de voir ce qu’une femme pourrait dire, à qui il arriverait la même chose qu’à Sganarelle, et si elle aurait autant sujet de se plaindre quand son mari lui manque de foi, que lui quand elle lui est infidèle. C’est ce qui m’a fait faire cette pièce, qui servira de regard au Cocu imaginaire : puisque dans l’une on verra les plaintes d’un homme qui croit que sa femme lui manque de foi, et dans l’autre celle d’une femme qui croit avoir un mari infidèle. […] Les comédiens de Paris, Bien loin d’être contre eux marris, D’entreprendre sur leur pratique, D’un souper ample et magnifique, Ou chacun parut ébaudi, Les régalèrent mercredi*… De l’excellent jus de la treille, On y vida mainte bouteille, On y but des mieux les santés, Des grands princes, et majestés, Et des ministres chasse-guerres, On y cassa plus de cent verres ; Illec, on mangea, ce dit-on, Bien des lapins et du mouton, Avec quantité de volaille ; Et plusieurs, comme rats en paille, Sans être du métier pourtant, Y trinquèrent ma foi d’autant, Exerçant des mieux la mâchoire : Et je collige de l’histoire Que les comédiens d’ici, Ne sont pas gens cosi, cosi ; Mais gens où courtoisie abonde, Et qui savent fort bien leur monde.

34. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [43, p. 73-77] »

Ma foi, Molière, je vous suis obligé ; car cette affaire-là m’embarrassait, elle avait sa difficulté.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

J’aurois tort si, sans vous, je disposois de moi ; Mais vous-même à ses vœux engageâtes ma foi. […] Mais, ma foi, le métier est trop maltraité aujourd’hui ; & j’ai renoncé à toutes choses, depuis certain chagrin d’une affaire qui m’arriva. […] Ma foi, voilà un fort bon conseil : allez, allez, Monsieur, ne dois-je pas être trop content s’il ne m’arrive aucun mal pour votre beau mariage, sans que vous m’engagiez encore à m’aller faire pendre pour lui ?

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Pour plus de sureté d’une éternelle flamme, Souffrez que devant lui je vous donne ma foi, Qu’il en soit le garant. […] Dans l’Etourdi de Moliere, lorsque Trufaldin surprend Mascarille avec Célie, ils ont recours à la même ruse ; mais Mascarille est un valet, & non un homme du bon ton ; mais Célie est une esclave égyptienne, qu’on peut croire instruite, comme toutes ses pareilles, dans l’art de la magie ; mais enfin l’action de l’Étourdi se passe dans ces temps reculés où l’on ajoutoit foi aux magiciens.

37. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Le mariage fut donc convenu et l’on échangea sa foi et sa parole. […] Isabelle reproche au capitaine son manque de foi et trouve moyen de contenter son ressentiment.

38. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Ils sont enfin passés et ne reviendront plus Ces temps où, du pouvoir un instant revêtus, Les délateurs, sur nous lançant leur blasphème, Avec tant de succès proféraient ce blasphème : Qui méprise Cotin n’estime point son Roi ; Et n’a, selon Cotin, ni Dieu ni ni foi, ni loi. […] Loin de moi l’intention de révoquer en doute la sincérité des principes de tolérance proclamés par le Gouvernement ; mais que l’on se rappelle les clameurs que la réimpression des œuvres de Voltaire et de Rousseau a excitées il y a quelques mois ; les outrages prodigués aux deux plus beaux génies du dix-huitième siècle, à ces immortels apôtres de la raison et dé l’humanité, et l’on jugera s’il y aurait aujourd’hui de la prudence à publier pour la première fois l’Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations, ou la profession de foi du Vicaire savoyard.

39. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Certes, il est dans le vrai, dans sa querelle avec Philinte, lorsqu’il déclare qu’il ne peut souffrir qu’on traite du môme air l’honnête homme et le fat ; et qu’il demande quel avantage on a … qu’un homme vous caresse, Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, Et vous fasse de vous un éloge éclatant Lorsqu’au premier faquin il court en faire autant ? […] Ajustez, pour couvrir un manquement de foi, Ce que je m’en vais lire… CÉLIMÈNE Il ne me plaît pas, moi. […] traîtresse, mon faible est étrange pour vous ; Vous me trompez sans doute avec des mots si doux, Mais il n’importe, il faut suivre ma destinée A votre foi mon âme est tout abandonnée ; Je veux voir jusqu’au bout quel sera votre cœur Et si de me trahir il aura la noirceur. […] Admirable profession de foi et qui dans son emportement égoïste couronne de la façon la plus comique, cette scène qui d’ailleurs, je crois l’avoir assez indiqué, ne s’écarte pas un moment de la plus franche comédie ! […] Si cette page vous paraît si digne de foi, pourquoi rejetez-vous les autres ?

40. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Horace donc lui raconte comment Agnès est venue aussi voir s’il était mort ; et quelle joie elle a fait éclater, à voir qu’il n’en était rien ; et que, ne voulant plus retourner chez soi, elle s’est commise à la foi du jeune homme, ne sachant quels périls elle court, par la faute de celui qui l’a tenue ignorante ; et qu’en attendant qu’Horace, qui la veut épouser honnêtement, ait préparé son père à ce mariage, il faut trouver asile chez quelque ami ; et que cet ami, ce sera Arnolphe, à qui Horace va remettre la petite, s’il y consent… S’il y consent ! […] Au beau temps du romantisme, elle passa article de foi. […] Véritablement il n’a pas de pudeur, et, comme tous les libertins finissants, cet être sans morale et sans foi tâche à tourner à son profit la foi et la morale ; et il apprend le catéchisme à Agnès, comme Louis XV aux petites filles du Parc aux Cerfs ; mais un catéchisme à l’usage des maris, où le Tout-Puissant, avec sa grande barbe, est constitué le gardien et le vengeur de l’honneur conjugal, et celui qui fait bouillir en enfer les femmes mal vivantes. […] Elle a eu foi dans Arnolphe : « J’ai fait ce que vous m’avez dit », lui dit-elle ; et c’est vrai. […] Elle ne sait pas combien il souffre, et quand il essaie de le lui faire comprendre, c’est si extravagamment, c’est en forçant si grossièrement la note, qu’elle a beau l’écouter de la meilleure foi du monde… elle ne le croit pas ; et elle le lui dit : Horace avec deux mots ferait cent fois plus que lui ; parce qu’Horace serait naïf, parce qu’il laisserait comme elle aller son cœur tout nu, parce qu’elle croirait Horace !

41. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Molière, pour fermer la bouche à ses ennemis qui l’accusaient d’être un esprit fort, un impie, un athée, reconnut qu’il devait faire une profession de foi solennelle de ses principes religieux ; il voulut fermer la bouche à ses calomniateurs, et se préparer à la lutte terrible qu’il était sur le point de soutenir. […] Voici de quelle manière le dévot calomniateur essaie de le prouver : Tartuffe ici nous en fait foi. […] Ce serait trahir visiblement la cause du ciel dans une occasion où sa gloire est ouvertement attaquée, où la foi est exposée aux insultes d’un bouffon qui fait commerce de ses mystères et en profane la sainteté, qui foudroie et renverse tous les fondements de la religion à la face du Louvre, dans la maison d’un prince chrétien, à la vue de tant de sages magistrats et si zélés pour les intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons pasteurs que l’on fait passer pour des Tartuffes ! […] Quant à L’Hypocrite de l’Arétin, voici de quelle manière en parle Ginguené dans son excellente Histoire littéraire d’Italie : on jugera par cette rapide analyse de la foi que mérite l’assertion de M. […] Aussi, quand Elmire lui adresse cette question : On tient que mon mari veut dégager sa foi Et vous donner sa fille.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

J’ai conservé mon amour pour vous tant que vous m’avez conservé la foi que vous m’aviez promise ; à présent que vous manquez à votre parole, il m’est permis d’épouser qui bon me semble. […] Mon cher Flaminio, trop ingrat Flaminio, donnez-moi la mort pour me punir des torts que vous me supposez, ou rendez-moi votre amour en récompense de la foi que je vous ai conservée. […] Je mets tout sur le compte de quelques fausses apparences auxquelles vous avez ajouté foi trop légérement.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Ma foi, Monsieur, ceux qui empruntent sont bien malheureux, & il faut essuyer d’étranges choses lorsqu’on est réduit à passer, comme vous, par les mains des fesse-Mathieu. . . . . . . . . […] Qu’on ne s’en fie pas à mon jugement si l’on veut ; mais qu’on ajoute foi à celui de M. […] C’est être libertin que d’avoir de bons yeux ; Et qui n’adore pas de vaines simagrées, N’a ni respect ni foi pour les choses sacrées. […] Ces gens qui, par une ame à l’intérêt soumise, Font de dévotion métier & marchandise, Et veulent acheter crédit & dignités A prix de faux clins d’yeux & d’élans affectés : Ces gens, dis-je, qu’on voit, d’une ardeur non commune, Par le chemin du Ciel courir à la fortune ; Qui, brûlant & priant, demandent chaque jour, Et prêchent la retraite au milieu de la Cour ; Qui savent ajuster leur zele avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d’artifices, Et, pour perdre quelqu’un, couvrent insolemment De l’intérêt du Ciel leur fier ressentiment ; D’autant plus dangereux dans leur âpre colere, Qu’ils prennent contre nous des armes qu’on révere, Et que leur passion, dont on leur sait bon gré, Veut nous assassiner avec un fer sacré, &c.

44. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

On peut, d’ailleurs, opposer à cette saillie d’un personnage imaginaire ce que dit Molière lui-même, dans la préface du Tartuffe : « La médecine est un art profitable, et chacun la révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons. »Le seul rôle de Béralde prouve, mais prouve invinciblement que Molière, à l’époque du moins où il écrivit Le Malade imaginaire, n’avait aucune foi à la médecine, Béralde, l’homme raisonnable de la pièce, comme Cléante l’est dans Le Tartuffe ; Béralde, par la bouche de qui Molière attaque la manie d’Argan, comme il combat celle d’Orgon par l’organe de ce même Cléante, Béralde dit, comme l’athée don Juan, et en outrant même le mépris de ses expressions : « La médecine est une des plus grandes folies qui soient parmi les hommes ; et, à regarder les choses en philosophe, je ne vois point de plus plaisante momerie, je ne vois rien de plus ridicule qu’un homme qui veut se mêler d’en guérir un autre. »Ajoutons que la longue et vive argumentation de Béralde contre la médecine ne va point directement au sujet ; que l’important pour lui est de prouver à Argan, son frère, non pas qu’il aurait tort de se confier à la médecine, s’il était malade, mais qu’il fait mal de s’y livrer, puisqu’il se porte bien. Il est aisé de voir que cette diatribe contre ceux qui prétendent guérir, espèce de hors-d’œuvre dans une comédie où il s’agit d’un homme qui a recours à leur art sans aucun motif, n’est autre chose que la profession de foi ou plutôt d’incrédulité de Molière lui-même, à qui sa pièce en a fourni le prétexte plutôt qu’elle ne lui en a donné le sujet. […] Le peuple a en elles une foi implicite ; l’esprit fort les brave jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour y avoir recours ; l’homme sage s’y soumet avec confiance, parce que leurs préceptes ne lui coûtent point à suivre et que leurs arrêts le trouveront toujours résigné. […] Vous aurez beau vanter le roi dans vos ouvrages, Et de ce nom sacré sanctifier vos pages ; Qui méprise Cotin, n’estime point son roi, Et n’a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi. […] Ma foi !

45. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Son Histoire de Louis XIII respire le plus tranquille mépris pour la foi catholique. […] Molière était alors vraiment très-occupé : il travaillait au Tartuffe, pour le plus grand progrès de la foi et des mœurs. […] En dehors de la foi, tout divise. […] Mais en acquérant la prépondérance intellectuelle, administrative et politique, la bourgeoisie devait perdre sa foi et ses mœurs, et préparer elle-même sa perte. […] Ce sont les chrétiens que tous les ennemis de l’Église supportent, qui laissent tout dire contre la loi de Dieu, tout faire contre la foi des peuples.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

J’oyois un de ces jours la Messe à deux genoux, Faisant mainte oraison, l’œil au Ciel, les mains jointes, Le cœur ouvert aux pleurs & tout percé de pointes Qu’un dévot repentir élançoit dedans moi, Tremblant des peurs d’enfer, & tout brûlant de foi : Quand un jeune frisé, relevé de moustache, De galoche, de botte & d’un ample panache, Me vint prendre, & me dit, pensant dire un bon mot : Pour un poete du temps vous êtes trop dévot ! […] Il est vrai, sur ma foi, Lui dis-je, souriant.

47. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Quand don Juan fait sa belle tirade contre le mariage et le faux honneur d’être fidèle, quand il demande à Sganarelle, ébloui par son éloquence sophistique, ce qu’il a à dire là-dessus, le timide bon sens de Sganarelle répond : « Ma foi, j’ai à dire… Je ne sais que dire : car vous tournez les choses d’une manière qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas… Je suis tant soit peu scandalisé de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites, et vous jouer ainsi d’un mystère sacré502… » Et quand Sganarelle n’est pas bridé par la crainte, il ne se gêne pas pour appeler cet épouseur à toutes mains « le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un turc, un hérétique, qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou503 ; qui passe cette vie en véritable bête brute ; un pourceau d’Épicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons504. » Qui ne rit encore, en repensant au refrain terrible qui met en fuite le pauvre Pourceaugnac : La polygamie est un cas, Est un cas pendable505 ? […] Il doit « s’abandonner à la foi de sa femme565, » « Car toujours leur honneur veut se garder lui-même566, Et renfermer sa femme est un mauvais parti567. » XIX.

48. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Aujourd’hui, en présence de cet épisode replacé dans son cadre, on ne peut plus guère, il faut le dire, ajouter foi à cette vieille histoire. […] Je n’ai qu’assez peu de foi dans cette anecdote, qui me paraît, comme beaucoup d’autres, être le résultat d’un quiproquo15.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Il présente Léonor au premier en qualité d’épouse, & l’oblige à lui promettre sa foi. […] Par ma foi, voilà une effrontée carogne ! […] Si j’ai tiré ce rendez-vous de toi, C’est seulement pour éprouver ta foi ; Et ne t’attends de m’induire à luxure. […] Mais, foi de Dieu, ce bras te châtiera, Et Monseigneur puis après le saura.

50. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Sganarelle, imbu du même désir, a aussi la simplicité d’ajouter foi à cette conversion. […] Il importait d’autant plus de signaler cet enseignement, qu’il ne paraît pas avoir été soupçonné ; les citations suivantes, d’origine récente, en feront foi. […] Ce gentilhomme, très flatté dans son amour-propre par les politesses que lui fait Éraste, ajoute foi à toutes les paroles agréables, mais fausses, que lui dit ce jeune homme, et même à l’impudent mensonge que celui-ci lui débite, en lui affirmant qu’il l’a connu lui et toute sa famille, il y a six ans, à Limoges. […] Devenu amoureux, il ajoute foi aux absurdités que Dorine invente pour flatter son amour suranné, et il finit par croire que la vieillesse a plus de droits pour inspirer de l’amour que la jeunesse. […] Ma foi, ma chère sœur, vision toute claire.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Alors mon homme, aidé du simple sens commun, pourroit lui répondre, je pense : « Puisque la satisfaction du cœur a deux façons de s’exprimer, gardez votre joie pleureuse pour les pieces que je viens voir avec l’intention d’y pleurer ; mais lorsque, sur la foi de votre affiche, je vous donne de l’argent pour rire, régalez-moi, je vous prie, d’un plaisir qui soit gai, & qui ne ressemble pas si fort au chagrin ». […] Je crois, ma foi, qu’elle n’a point menti ; & voici une vivante qui ressemble à ma sœur.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Qu’ils me renvoient mon fils, parceque j’en ai affaire ; qu’au reste, ils doivent excuser la jeunesse, qui est sujette à beaucoup de fautes ; & que s’il lui arrive une autre fois de se laisser prendre, je leur promets, foi de Docteur, de ne leur en plus obtundre la faculté auditive. […] Ils se moqueront, par ma foi, de vous. […] Que pour Eroxene il destine ma foi ? […] Ma foi, je m’en entretenois aussi moi tout seul ; & même, à force d’y penser, je crois avoir trouvé un remede.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Je vous remets la foi que vous m’aviez donnée.

54. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Il nie l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme en termes qui, pour n’être pas explicites, n’en sont ni moins clairs ni moins décisifs, et il fait une allusion blasphématoire de la dernière évidence au dogme le plus mystérieux et le plus important de la foi chrétienne. […] On peut, sans être coupable de cette odieuse imposture, affecter une foi plus ardente et une conduite plus régulière qu’on ne l’a réellement : c’est moins feindre un sentiment qu’en outrer les apparences, et soi-même alors on est dupe le premier de sa propre exagération ; mais celui qui cache une âme perverse et des mœurs infâmes sous les dehors d’une piété profonde, et qui allègue l’intérêt du ciel pour commettre et justifier tous les crimes, celui-là est un véritable hypocrite, et cet hypocrite est nécessairement un athée.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Je pense, ma foi, que vous êtes fou de les interrompre : ne voyez-vous pas bien que tout cela est de leur personnage ? […] Ma foi, je vous enchaînerai.

56. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Il a bien pu parler en l’air, comme tant d’autres, de l’enfer, à son valet ; se moquer des croyances vulgaires en les assimilant aux superstitions, et mettre en avant son bel article de foi que deux et deux sont quatre 70 ; mais voilà un argument qui renverse tout cela : un homme qui « aime mieux mourir de faim que de commettre un péché71. » Il y aura lieu de revenir sur don Juan considéré comme esprit fort72. […] C’est l’esprit qui règne dans la scène de l’Etourdi 113 où Lélie se veut tuer, tient le fer prêt, sans que Mascarille dise autre chose que : « Tuez-vous donc vite. » À quoi Lélie, rappelé à la raison par le sens froid de son valet, répond fort comiquement : Tu voudrois bien, ma foi, pour avoir mes habits, Que je fisse le sot, et que je me tuasse114.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

foi de moi, il n’en ira pas ainsi.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Votre façon d’écrire est fort jolie ; Mais gardez-vous de faire de folie, Ou je saurai, ma foi, vous châtier        Comme un galant.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Consultons les personnes les plus dignes de foi sur cet article, l’Editeur des œuvres de Moliere, & M. de Voltaire, qui a fait des réflexions sur toutes les comédies de ce grand homme.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Ma foi, quand, tout exprès pour me rôtir d’amour, L’ouvrier qui vous fit vous auroit faite au tour, Qu’il auroit compassé, pour me rendre tout vôtre, Chaque connexité d’un membre avecque l’autre, Vous ne me plairiez pas davantage : & déja J’enrage d’être au point dont mon pere enragea ; Car on tient que deux jours après son mariage Il s’en mordit les doigts.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Harpin est un brutal de Financier, qui, sur la foi de son coffre-fort, croit que les femmes sont obligées de lui être fidelles, & prend brusquement congé de la Comtesse, en lui reprochant grossiérement ses bienfaits.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

L’école des mœurs doit être non seulement assez décente pour ne pas corrompre le cœur & l’esprit ; elle doit l’être jusqu’au point de ne blesser ni les yeux ni les oreilles, je ne dis pas d’une jeune personne qu’une mere croit pouvoir mener au spectacle sur la foi de l’honnêteté publique, j’ajoute de tout homme qui pense. […] Ma foi j’aurois joué ce petit Monsieur l’Auteur qui se mêle d’écrire contre des gens qui ne songent pas à lui.

63. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Ces gens qui par une âme à l’intérêt soumise Font de dévotion métier et marchandise, Et veulent acheter crédit et dignités Au prix de faux clins d’yeux et d’élans affectés ; Qui savent ajuster leur zèle avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d’artifices, Et, pour perdre quelqu’un, couvrent insolemment Des intérêts du ciel leur fier ressentiment : D’autant plus dangereux dans leur âpre colère, Qu’ils prennent contre nous des armes qu’on révère, Et que leur passion, dont on leur sait bon gré, Veut nous assassiner avec un fer sacré. […] Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles, Qu’on croit avoir pour soi les vents et les étoiles, Il est bien malaisé de régler ses désirs ; Le plus sage s’endort sur la foi des zéphyrs.

64. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ferme dans sa foi religieuse complote, il maintient la neutralité la plus absolue, et rendant à tous les Dieux un honneur égal, il éprouve pour l’action qui se passe sous ses yeux une sorte d’horreur. […] Cependant, il conserve jusqu’à la fin la foi la plus naïve et la plus sérieuse en sa mission239, et lorsqu’un ecclésiastique ose en sa présence douter et médire des chevaliers errants, le visage enflammé de colère et tremblant des pieds à la tête, don Quichotte lui répond ainsi : « Est-ce, par hasard, une vaine occupation, est-ce un temps mal employé que celui que l’on consacre à courir le monde, non point pour en chercher les douceurs, mais bien les épines ? […] Hegel admire don Quichotte pour la foi naïve et sérieuse qu’il garde en lui-même et en sa mission jusqu’à la fin. […] Ce n’est pas sur ce qu’il y a de vraiment moral dans la vie du peuple athénien, sur là traie philosophie, la vraie foi aux Dieux, l’art solide, qu’Aristophane se montre comique, mais sur les excès de la démocratie, qui ont fait disparaître l’ancienne croyance et les anciennes mœurs, sur la sophistique, le genre larmoyant et les lamentations de lu tragédie, sur le verbiage léger, l’amour de la dispute, etc., cette réalité en contraster avec ce que devraient être l’État, la religion et l’art .

65. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Ma foi, je suis toujours pour ce que j’en ai dit. […] Sans doute si le public ajoute foi à une fausseté, la vérité n’aura pas de gloire. […] Et planter dans mon âme une constante foi Des charmantes bontés que vous avez pour moi. […] Lubin Par ma foi. c’est une jeune fille qui vaut de l’argent ; et je l’aime de tout mon cœur. […] Ma foi, je ne sais pas.

66. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il imagine de se faire passer pour hôtelier, et d’attirer dans sa maison le capitaine, en le flattant et en feignant d’ajouter foi à ses fanfaronnades.

67. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Tout cela ne vient pas des individus, mais bien de la profession elle même, et c’est de là que naît le comique, c’est là ce qui fait rire même de l’idée de la mort, à chaque instant brutalement répétée ; car autrement, un homme qui de lui-même se jouerait de la vie d’un autre serait odieux, tandis que le médecin, entêté de ses règles, « vous expédiera de la meilleure foi du ‌ monde6. » Mais, en conservant cette même idée, ne faisons que changer de robe; nous voici en Cour d’assises : cet avocat qui est là plaide pour sauver un accusé de la mort ; l’intérêt est le même, c’est de même aussi l’exercice d’une profession, seulement ici le sourire ne saurait trouver place.

68. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Il n’a pas laissé de mémoires ; il n’a pas laissé de correspondance ; on n’a de lui que quelques préfaces, des dédicaces plutôt, qui ne contiennent rien de personnel, où l’on ne trouverait pas la plus petite profession de foi, soit philosophique, soit littéraire, et qui sont d’une réserve, d’une modestie extraordinaire, surtout si on les compare aux préfaces de notre temps. […] Et quand nous nous mettons quelque chose à la tête, Que l’homme le plus fin ne soit pas une bête Toutes ces gardes-là sont visions de fous ; Le plus sûr est, ma foi, de se fier en nous : Qui nous gêne se met en un péril extrême.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Par ma foi, il me déclaira Mainte fois, & bien largement, Le temps qu’on voit présentement : Moult de fois m’en est souvenu : Et puis lors il estoit tenu L’un des bons... […] C’est que vous êtes, ma foi, le plus habile homme de tout ce pays...

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Ma foi, c’est une chose terrible que d’être perdu dans l’obscurité. […] Ma foi, je commence à avoir peur que nous ne rencontrions ce soir quelque mauvaise aventure.

71. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

ma foi, si se rompt (Cicéron), si se casse, ou si se brise, je ne m’en mets guère en peine ; mais tu m’écouteras, ou je te vais casser ton museau doctoral. […] Molière s’est toujours montré le défenseur des femmes, même les plus rusées ; aussi veut-il tout d’abord qu’elles ne soient ni enfermées ni contraintes ; il préfère s’en remettre à leur foi, quelque dangereuse que puisse être la liberté pour elles. […] Nous allons toucher encore une matière délicate il s’agit de la source éternelle et classique du ridicule, c’est-à-dire des maris qui sont ou qui se croient trompés dans leur foi conjugale. […] Ma foi, si cette femme parle avec sincérité, c’est le modèle des femmes. […] Ma foi, à commencer de compter par moi-même, la plupart des jeunes gens d’aujourd’hui sont de ridicules personnages. » Qui ne s’est pas dit cela plusieurs fois ?

72. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Les prêtres, soutane retroussée, les femmes, cheveux épars, ils allaient « ramassant sur le chemin des immondices dont ils se gâtaient le visage, et les plus zélés s’en repurent; » ils jetaient dans l’eau leur argent, bagues, linge, jupes de rechange, et se roulaient dans les bourbiers; — un prêtre, à la tête du cortège, deux pierres à la main, dont il faisait feu continuellement, hurlait comme une bacchante : « Nous sommes les fous de Jésus-Christ. » « Ils criaient aussi que quiconque voulait se sauver, » devait, avec eux, « fuir en Amérique, porter au Canada le trésor de la foi, perdue en France par la faction des Jansénistes. » Les mêmes scènes se passèrent à Séez. […] On s’ouvrit à plusieurs projets nouveaux : celui de faire ensevelir chrétiennement les corps des suppliciés, « après que les chirurgiens en ont fait l’analomie, » — celui d’une Banque catholique. — Même on resta aussi belliqueux contre tous les ennemis de la foi qu’aux jours de Louis XIII : on empêcha des Huguenots d’entrer dans les Compagnies de commerce; on fit brûler un visionnaire, Simon Morin (14 mars 1663); on contribua grandement, en 1661, à la suppression de « la méchante comédie de Tartufe, » où les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement avaient plus d’une raison, comme on le verra tout à l’heure, de s’estimer pris à partie; on travailla encore en 1660 à « procurer » contre les blasphémateurs « une forte déclaration du Roi. » Nulle part on ne « laissa périr l’œuvre de Dieu, » et d’après la correspondance de Paris avec Marseille14, comme d’après la relation de Voyer d’Argenson, les séances de la Compagnie furent toujours « pleines d’affaires. » Toutefois, à partir de 1661, les assemblées plénières, jusque-là hebdomadaires, se font rares. […] Gazier : Modèle de foi et de patience dans toutes les traverses de la vie et dans les grandes persécutions, ou Vie de la mère Marie des Anges [Suireau], p. 585-618.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

On sera peut-être bien aise de voir les vers que la femme de l’Auteur, comédienne aussi, lui adressa après la premiere représentation de la piece : Encore que je sois ta femme, Et que tu me doives ta foi, Je ne te donne point de blâme D’avoir fait cet enfant sans moi.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Mais, ma foi, le secours a servi, & les deux ont fait fuir les trois.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Ma foi, ma chere sœur, vision toute claire.

76. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Pour moi, j’aimerais mieux ce haillon loin que près. » Le 4 septembre, elle raconte à sa fille cette anecdote : « Un homme de la cour disait l’autre jour à madame de Ludres : Madame, vous êtes, ma foi, plus belle que jamais. — Tout de bon, dit-elle ; j’en suis bien aise, c’est un ridicule de moins. « J’ai trouvé cela plaisant. » Le 6 septembre, elle écrivait de Vichy : « Madame disait l’autre jour à madame de Ludres, en badinant avec un compas : Il faut que je crève ces yeux-là, qui font tant de mal. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé.

77. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Pour éviter les répétitions, car nous avons déjà parlé de cette pièce*, il suffira de rappeler en passant le coup de théâtre par lequel Isabelle, feignant d’embrasser son tuteur, se sert de ce moyen pour donner à son amant sa main à baiser, et lui engager sa foi. […] Mais il ne faut pas que je die, Le reste de la comédie, Car bientôt Paris la verra, On n’ira pas, on y courra, Et chacun prêtant les oreilles, À tant de charmantes merveilles, Y prendra plaisir à gogo, Et rira tout son saoul ; ergo, Pour ne faire aux acteurs outrage, Je n’en dirai pas davantage, Sinon qu’au gré des curieux, Un ballet entendu des mieuxa… Qui par intervalle succède, Sert à la pièce d’intermède, Lequel ballet fut composé, Par Beauchamp danseur fort prisé, Et dansé de la belle sorte, Par les messieurs de son escorte ; Et même où le sieur d’Olivet, (Digne d’avoir quelque brevet,) Et fameux en cette contrée, A fait mainte agréable entrée : Après la danse, et le récit, Ou des mieux chacun réussit, Après ce plaisir de théâtre, Dont la Cour fut presque idolâtre, Et qui lui sembla durer peu, Tout le monde courut au feu, C’est-à-dire au feu d’artifice, Élevé sur maint édifice, Et qui sur l’onde, et dans les airs, Donna mille plaisirs divers ; Sans mentir toutes les fusées, Soit directes, ou soit croisées, Fixent d’admirables effets, Et tout ce que j’en vis jamais, (Et j’ai vu cent feux ce me semble) Quand ils seraient tous joints ensemble, Pour entrer en comparaison, Ne pourraient pas avec raison, Égaler celui dont je parle ; Et certes sans faire le Charles, Le flatteur, l’exagérateur, Foi d’homme de bien, et d’auteur, Tous ceux qui comme moi le virent, Même, ou pareille chose dirent. […]       À propos de ce noble enfant1… Pour quoi de zélé je me pique, Sur ma foi sa troupe comique, (Qui ne sont pourtant que ragots) Avec leurs surprenants échos2, Leurs danses et leurs mélodies, Pastorales, et comédies Se font, (foi d’écrivain loyal) Admirer au Palais-Royal, Où le plus petit de la troupe3, Et guère plus haut qu’une coupe, Dansant, récitant, annonçant, Est si rare, et si ravissant, Qu’on le pourrait entre autre chose, Nommer le petit Bellerose. […] Il ajoute que pour donner plus sûrement à ses remèdes le moyen d’opérer, il a fait accroire à Lucinde qu’il n’était pas un médecin, mais un jeune homme amoureux d’elle, qui sous cet habit venait la demander en mariage ; et que Lucinde ayant ajouté foi à ce discours, la joie avait déjà paru sur son visage ; mais que dans ces commencements, il était important de la confirmer dans son idée, afin d’assurer tout à fait sa guérison.

78. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Et, à la fin des fins, ma foi !

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Mais gardons nous d’ajouter foi à ses paroles quand il veut exclure de la scene les intriguants à livrée : tout le monde n’est pas en état d’employer des intriguants à talons rouges.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. Des Pieces intriguées par des noms. » pp. 204-215

C’est trop avoir d’égards pour son manque de foi.

81. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

FRIPESAUCES Ma foi !

82. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

La satire, il est vrai, sortait de la bouche de dom Juan, qui ne croit à rien de ce qu’il faut croire, ne respecte rien de ce qu’il faut respecter ; et, bien que son incrédulité, criminelle et absurde sur quelques points, pût être innocente et raisonnable sur d’autres, les médecins et le public hésitèrent peut-être d’abord à penser que l’auteur eût fait, d’un si odieux personnage, l’interprète de ses vrais sentiments, même en une matière qui n’intéresse ni la foi, ni la morale ; mais L’Amour médecin, qui suivit de près Le Festin de Pierre, vint dissiper le doute, et prouver que Molière n’était pas moins impie en médecine que dom Juan. […] Voilà de ces faits honorables que l’histoire littéraire peut adopter sur la foi de la tradition, sans les soumettre à une critique trop sévère.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Au contraire, mignonne, C’est me faire mieux voir ton amour & ta foi ; Et mon cœur avec joie accepte cet emploi.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Francaleu lui remet sa foi, déclare qu’il est sa belle amante, s’avoue pour l’auteur des vers qui, sous le masque femelle, ont agacé tant de lecteurs & fait un si grand nombre d’enthousiastes.

85. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Sur la foi de deux auteurs célèbres, La Bruyère et Fénelon, et surtout en prenant pour point de comparaison l’état actuel de la langue, on pense généralement que Molière l’a fort peu respectée, et l’on attribue à la négligence ou à la précipitation tout ce qu’on remarque de vicieux dans ses ouvrages. […] Ma foi, mon cher patron, je vous le dis encore, Vous ne serez jamais qu’une pauvre pécore. […] C’est une vérité commune, dont un proverbe fait foi, qu’un père avare trouve la punition de son vice dans le vice opposé de ses enfants. […] Cette rareté seule est tout le fondement de leur foi : ils ne peuvent douter de ce qu’ils lisent dans un volume dont il existe peu d’exemplaires ; et, plus le contenu en est absurde ou scandaleux, plus il obtient leur confiance. […] Ma foi, dit-il à Molière, je vous suis obligé ; car cette affaire-là m’embarrassait : elle avait sa difficulté.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Vous niez hautement la chose, & me donnez parole de n’avoir aucune pensée de m’offenser ; & cependant le même jour vous prenez la hardiesse de venir chez moi me rendre visite, de me dire que vous m’aimez, & de me faire cent sots contes, pour me persuader de répondre à vos extravagances, comme si j’étois femme à violer la foi que j’ai donnée à un mari, & m’éloigner jamais de la vertu que mes parents m’ont enseignée !

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Ma foi, dit Fontenelle, vous avez raison ; & si je ne suis plus votre amant, je veux du moins rester votre ami.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

Si vous n’en croyez pas ses léthargies, croyez-en Lisette ; elle est digne de foi.

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