Ecoute, ma petite femme, tu ne dois pas parler si rudement à ton mari ; cela a l’air trop commun. […] S’il se présente d’autres personnes qui veuillent me parler, tu leur diras qu’elles doivent prendre garde à ne point parler latin, parceque, pour certaines raisons, j’ai juré de ne point écouter cette langue. […] Ecoutez, vous, vendeuses d’huîtres !
Ecoutez, en effet : (2) PRIMUS doctor. […] que l’on écoute le professeur de philosophie lui-même ; qu’on l’écoute… une heure ou deux, et l’on saura… une foule de choses ; l’on saura… « que l’R se prononce en portant le bout de la langue jusqu’au haut du palais ; de sorte qu’étant frôlée par l’air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours au même endroit, faisant une manière de tremblement : R, RA (13). »— Que si l’on hésite encore à s’écrier avec M. […] Après cela, il n’est pas étonnant que Molière soit ferré sur les principes, et parle si respectueusement de ceux qui les suivent les yeux fermés. « Sur toute chose (dit un père de son fils), ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre, ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang, et autres opinions de même farine (20). » Voilà qui est clair. Quant à ceux qui oseraient écouter une raison, et pousseraient la folie jusqu’au point de ne pas jurer par les anciens, un édit royal de 1624 les condamne au bannissement perpétuel. […] Voici que sa raillerie devient de plus en plus mordante, et Gassendi, qui ne veut pas admettre la circulation du sang, est mis à côté des Diafoirus, père et fils, et de tous ceux qui refusent « d’écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes du siècle, touchant la circulation du sang, et autres opinions de même farine (43). » Est-ce assez fort ?
Je commençai par l’écouter avec impatience ; je finis par l’entendre avec dégoût ; je pris même la liberté d’avouer à mes parents que cet homme-là m’ennuyoit à l’excès : on me répondit que j’étois une sotte, & qu’un mari étoit fait pour cela. […] L’ame combattue (j’en rougis encore) entre la crainte & le desir, je m’avance à pas tremblants vers le cabinet de toilette, pour voir enfin si mes alarmes étoient fondées : je n’y vois personne, je le crois parti ce perfide Chevalier ; mais heureusement j’entends parler à demi-voix dans la chambre voisine ; j’approche, j’écoute : c’étoit Luzel lui-même avec la plus jeune de mes femmes. […] ) Voyons votre placet, Monsieur, nous vous écoutons. […] Jé commence, écoutez : Jé suis faiseur dé petits vers Et de bourgeoises comédies ; Compositeur dé pétits airs, Dé parade & dé parodies ; Rieur & bouffon excellent, Le singe d’une compagnie. […] Ecoutons-le pourtant.
Ecoutons présentement l’Editeur des œuvres de Moliere. […] « Cette piece ne fut jouée qu’à la Cour, & ne pouvoit guere réussir que par le mérite du divertissement & par celui de l’à-propos. » Ecoutons l’Editeur de Moliere : « Le Roi donna l’idée du sujet des Amants magnifiques.
Sa vie personnelle intervient malgré lui, souvent même à son insu, dans le travail de son imagination ; il veut rire, il veut égayer ceux qui l’écoutent, et l’amertume se laisse deviner dans ses plus joyeuses railleries. […] Pour écouter Mercure et Sosie, Alcmène et Jupiter, on n’est pas obligé d’oublier ou de répudier toutes les notions dont se compose la vie de l’intelligence : c’est pour l’auditoire et pour le poète un immense avantage.
Quand Molière traduisit à sa barre ce fameux hôtel de Rambouillet qui avait exercé, dans le langage et dans les mœurs de cette nation, son autorité souveraine, l’hôtel de Rambouillet était encore en sa toute-puissance, et les délicats des deux sexes, honorés à la ville, écoutés à la cour, étaient restés les rois de la mode. […] Il fut très applaudi, très écouté ; mais le jeune roi, ramenant l’aimable reine et la paix dans Paris enchanté, interrompit la représentation de Sganarelle. […] Sa Majesté daigna sourire, mais le cardinal de Mazarin écoutait ces gaietés et ces jeunes amours avec tant de tristesse et d’ennui, que ces jeunes femmes et ces jeunes gens, l’écarlate de la cour, oublièrent d’applaudir par respect pour la mort. […] Écoutez Sganarelle et sa belle ironie, à propos des modes de l’an de grâce 1661 : Ne voudriez-vous point, dis-je, sur ces matières, De vos jeunes muguets m’inspirer les manières ? […] Elle-même elle avait déclaré, un jour d’été, sous les ombrages de Saint-Cloud, ses préférences pour le jeune roi… le roi, dans le lointain, l’écoutait !
Et c’est ainsi que nos femmes d’esprit ont perdu toute influence et tout empire ; on ne les aime pas, elles font peur ; on ne les écoute pas, elles ennuient ou elles fatiguent ; elles hurlent, elles déclament, elles se lamentent, elles prophétisent, elles soupirent des odes ; elles ne savent plus ni sourire, ni écouter, ni répondre, elles ne causent plus. […] me voilà, vous ne direz pas que je me suis trop parée, vous ne direz pas que j’ai fait trop d’efforts, et cependant regardez-moi, écoutez-moi ! […] On l’écoutait bouche béante, on la regardait, à la brûler, et tous ces regards, semblaient dire à leur tour : — C’est impossible, cette femme ne joue pas pour la dernière fois ! […] Il y a, dans les livres de Quintilien, un interlocuteur nommé Apollodore, qui disait : « Persuader, c’est s’emparer de l’esprit de celui qui vous écoute, et le conduire en triomphe au but que l’on se propose. » En triomphe ! […] En ce moment elle m’apparaît comme cette loi suprême dont il est parlé dans un dialogue de Cicéron ; écoutez !
Oui, ces beautés superficielles qui, n’allant au spectacle que pour y voir ou y être vues, sont bien aises d’y trouver une scene détachée qu’elles puissent écouter comme une ariette, sans être obligées de suivre la marche d’une piece ; ou ces nymphes qui, blasées sur l’amour par l’amour même, feignent cependant d’en avoir toute la vivacité, toute la délicatesse, & pensent le prouver en s’extasiant au seul mot de tendresse, en sautillant dans leur loge quand un acteur qui connoît leur foible, sautille sur les planches, & fait semblant d’appeller l’ame sur ses levres toutes les fois qu’il a besoin de respirer. […] Nous sommes déja au troisieme acte de l’Imposteur, lorsque Tartufe dit des douceurs à Elmire ; mais nous savons que Damis écoute, & nous sommes charmés de voir un scélérat fournir des armes contre lui à chaque mot qu’il prononce. […] Ecoutons-les.
Oui, malgré vous je sens que ma fureur vous flatte ; Ce qui me désespere est un charme pour vous ; J’écoute mon respect, il retient mon courroux. […] Céliante entreprend la conquête du Marquis pour se venger de Damon qui écoute ; & le Marquis veut faire celle de Céliante pour piquer Mélite. […] Je n’écoute plus rien, tant je suis en colere !
Dans la scene que Moliere a imitée de Plaute, il introduit Hippolyte, qui, sans paroître, écoute ce que dit Mascarille. […] Antiphon, qui écoute sans être vu, croit que Géta parle tout de bon. […] Dorante écoute : il est furieux : il accable Finette de reproches.
Il n’y a pas de mal à cela, mon bon-homme ; j’écoute tout le monde en quelque lieu que ce soit. […] Ecoutez, bon-homme ; il faut s’accommoder au temps : les dépenses sont grandes. […] Ecoutez : je me connois un peu en vraie valeur ; &, pour peu que je tâte un homme, & que je lui serre le bouton, je vois bientôt ce qu’il a dans le ventre.
Elle est embarrassée d’incises et d’inversions… Écoutez-la au théâtre, tout change. […] Écoutez la suite. […] Mais, au moins, l’écoutait-on jadis du mieux que l’on pouvait, car elle est assommante. […] — Lui-même ; écoutez ! […] Elle l’écoute ; elle force les autres à l’écouter et à le comprendre.
Autrefois Célimène, malgré sa coquetterie, n’avait rien de mignard ; elle avouait franchement ses défauts, et relevait avec une vivacité presque hautaine les reprochée qu’elle savait bien mériter : aujourd’hui elle s’écoute parler, et parle tantôt comme une femme qui rêve tantôt comme une femme qui se pâme. […] Lettrés ou illettrés, les spectateurs assemblés pour écouter Tartuffe ou l’École des femmes comprennent la pensée de Molière sans avoir besoin de commentaires. […] Si l’on veut s’en convaincre, on n’a qu’à écouter les conversations du foyer le jour d’une première représentation. […] Si les spectateurs en effet ne consultaient qu’eux-mêmes, n’écoutaient que leurs sentiments intimes, ils n’hésiteraient pas à dire que les comédiens font fausse route ; mais habitués à croire que le Théâtre-Français possède la vraie tradition, ils n’osent se prononcer.
Non, j’écoute, j’admire, & je me tais. […] Le Glorieux entre sur la scene, d’un air fier, la tête haute ; c’est très bien : écoutons-le. […] On vient dire au héros qu’un étranger veut lui parler ; il répond qu’il n’a pas le temps de l’écouter.
C’en est trop ; écoutez : si je me mets moi-même en liberté, je vous attraperai à mon tour, & vous aurez beau dire, comme tantôt, j’appellerai, j’appellerai, vous me paierez tout ceci. […] Je fus surpris, sans être déconcerté, lorsque, le même jour que j’arrivai, il survint chez la brune une compagnie de laquelle étoit la blonde : je soutins parfaitement bien son abord ; quand je la pus trouver seule, je lui dis : Je vous défends tous soupçons : écoutez mes raisons.
A l’acte IV, scène 1, Mascarille fait la leçon à Lélie avant de l’introduire chez Trufaldin, et Lélie ne l’écoute point : autant en faisait Flavia, endoctrinée par Chrisoforo dans l’Emilia de Luigi Groto. […] Bernardin, se contente d’écrire1 : « L’enlèvement par les corsaires ne semblait pas comme aujourd’hui une intrigue démodée, empruntée à la comédie antique ; en se servant de ce procédé commode pour dénouer le Parasite et l’Avare, Tristan et Molière employaient un moyen dramatique qui était encore de leur temps fondé sur la réalité des choses ; écoutons plutôt Mascarille dans l’Étourdi (IV, 1) : C’est qu’en fait d’aventure il est très ordinaire De voir gens pris sur mer par quelque Turc corsaire, Puis être à leur famille à point nommé rendus, Après quinze ou vingt ans qu’on les a crus perdus ; Pour moi, j’ai déjà vu cent contes de la sorte.
Et disons avec Alcmene : Amphitrion, en vérité, Vous vous moquez, de tenir ce langage ; Et j’aurois peur qu’on ne vous crût pas sage, Si de quelqu’un vous étiez écouté. […] Ecoute, observe ici l’ordre que je desire, Et réponds mot pour mot à ce que je vais dire : Quel est premiérement ce Sosie inconnu Qui t’a tout raconté ce qui t’est avenu ? […] Non, sans emportement je te veux écouter ; Je l’ai promis. […] Suis-moi, je t’impose silence ; C’est trop me fatiguer l’esprit : Et je suis un vrai fou d’avoir la patience D’écouter, d’un valet, les sottises qu’il dit.
Celle-ci ne daigna pas seulement l’écouter, et son appartement fut loué à un autre.
George Dandin est certain que sa femme le trompe, il veut s’en plaindre à son beau-pere & à sa belle-mere, qui, loin de l’écouter, veulent l’obliger à leur parler, son bonnet à la main ; le querellent, parcequ’il les appelle mon beau-pere & ma belle-mere ; exigent qu’il nomme l’un, Monsieur tout court, & l’autre, Madame. […] Agnès, pour m’écouter, laissez là votre ouvrage ; Levez un peu la tête, & tournez le visage.
écouter impudemment l’amour d’un damoiseau, & y promettre en même temps de la correspondance ! […] Ecoutons-le.
On écouta cela gravement, posément, et on se promit bien de s’en servir aux premières tracasseries de la Sorbonne. […] Évidemment, le public était préoccupé de la comédie, et il écoutait sans trop de plaisir les colères éloquentes d’Hermione ! […] Est-ce que vraiment tu es venu là pour écouter Racine ou Corneille, avec ce recueillement intime que le chef-d’œuvre fait éprouver aux âmes bien nées ? […] et penses-tu qu’elle ira se servir de ses oreilles amoureuses à t’écouter ? […] On l’aime, on l’écoute, on l’entoure ; il dit à chacun toutes ses vérités, tant qu’il veut et comme il veut !
La Princesse écoute à part. […] Je regrette encore beaucoup cette fête qui oblige le Prince à faire des déclarations amoureuses à la Princesse, qui force sur-tout la Princesse à les écouter, à répondre favorablement. […] Les chasseurs arrivent, & ne voulant plus écouter son amant, elle part pour la chasse, mais avec le trait dans le fond du cœur.
Écoutons-le. […] Il ne les écouta point, et représenta son personnage avec beaucoup de difficulté. […] Écoutons Bazin. […] Suivons-le, écoutons sa pensée. […] Écoutons la suite.
Malgré les avis de Daphné, Mylas persiste à ne vouloir pas écouter les vœux de Cloris, qui est passionnément amoureux d’elle, & à ne se livrer qu’aux plaisirs de la chasse. […] Fortunian a même l’avantage de conserver par-là les jours à sa maîtresse, qui, soupçonnée d’avoir écouté l’Amour, alloit être immolée à Diane.
Ecoutons Lisette parler à Dorante de sa maîtresse. […] il a écouté aux portes. […] Cela est vrai : Tartufe parle, je l’écoute, j’entends : J’aurai toujours pour vous, ô suave merveille !
Tartufe parle ; écoutons. […] Il va nous alarmer encore ; écoutons-le. […] C’est un parleur étrange, & qui trouve toujours L’art de ne vous rien dire avec de grands discours : Dans les propos qu’il tient on ne voit jamais goutte ; Et ce n’est que du bruit que tout ce qu’on écoute.
Louis Riccoboni va parler encore, écoutons-le. […] Mais il va conclure, écoutons sa conclusion.
Irritée, elle enjoint à Pedrolino de la suivre et rentre sans vouloir écouter Oratio. […] Silvia, obligée d’écouter les confidences du capitaine Spavente qui l’entretient de ses nouvelles amours, faisait naturellement entendre les mêmes plaintes que la Lélia des Ingannati : « Pauvre et misérable fille, tu viens d’ouïr de tes propres oreilles, et de la bouche même de cet ingrat, l’amour qu’il te porte.
« Rosalba écoute les propos galants du séducteur, qui finit par lui dire : “Si je ne vous donne pas la main d’un époux, je veux être tué par un homme… un homme qui soit de pierre, n’est-ce pas, Arlequin ?” […] Voyant que son maître l’écoute avec assez d’attention, il s’enhardit, et poursuit en ces termes : « — Je me souviens d’avoir lu dans Homère, en son Traité pour empêcher que les grenouilles ne s’enrhument, que, dans Athènes, un père de famille ayant fait l’acquisition d’un cochon de lait, gentil, d’une agréable physionomie, de mœurs douces, dans sa taille bien pris, conçut tant d’amitié pour le petit cochon, qu’au lieu de le mettre en broche, il donna les plus grands soins à son éducation, et le nourrit avec des biscuits et du macaroni.
Molière alla son chemin, écouta peu les critiques, continua d’étudier Plaute et Térence, et de lire dans son cœur. […] à peine l’écoutait-elle ! […] L’amitié, par les conseils les plus sages, a beau le détourner de ce mariage, il n’écoute que sa fantaisie. […] Molière, qui l’avait écouté avec calme, lui demanda s’il avait jamais été amoureux. […] La pièce fut écoutée en silence, sans éclats, sans applaudissements.
Mais, écoute : il me faut une description de Londres. […] Levez-vous, & écoutez-moi. […] La belle l’écouta, Et Gasparin à Gulphar les prêta, Ce fut le bon, puis aux champs s’en alla, Ne soupçonnant aucunement sa femme.
Elle est encore la seule chose littéraire qui nous occupe et qui nous frappe, la seule qu’on écoute, la seule qu’on discute au milieu de nos bourdonnements politiques. […] Il y a tout, et c’est pour cela qu’on écoute. […] Il est dans un état violent, il parle de Ninive et du feu du Ciel… Ne vous formalisez pas, ce n’est que don Quichotte... mais, écoutez !
Il m’a écoutée avec attention. […] Je lui ai représenté en toute douceur qu’elle écoutait trop ses ressentiments. […] Elle me flatte, me confie tous ses desseins, me consulte et m’écoute. »Sa douceur venait du sentiment de son déclin.
Écoutez ce même Pancrace proposer à Sganarelle de lui enseigner « si la substance et l’accident sont termes synonymes ou équivoques à l’égard de l’être ; si la logique est un art ou une science, si elle a pour objet les trois opérations ou la troisième seulement ; s’il y a dix catégories ou s’il n’y en a qu’une; si la conclusion est de l’essence du syllogisme ; si l’essence du bien est mise dans l’appétibilité ou dans la convenance ; si le bien se réciproque avec la fin, si la fin nous peut émouvoir par son être réel ou par son être intentionnel. » Le maître de philosophie du Bourgeois gentillhomme ne se montre pas moins habile que Pancrace dans les divisions et les subdivisions de la logique scolastique. […] « C’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle, touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. » Voilà les traits comiques lancés contre le péripatétisme scolastique, voyons maintenant ceux qu’il lance contre Descartes et son école.
Les acteurs peuvent donc jouer et circuler dans toutes les rues, se cacher, épier, écouter ou surprendre très naturellement des secrets et des mystères qui sont parfois impossibles à mettre en scène sur nos théâtres modernes. » Tel est en effet l’aspect général du théâtre figuré dans les comédies imprimées avec vignettes au seizième siècle, aspect non pas uniforme, cependant. […] Ayant fini, il prend la parole, et attirant toute l’attention de Burattino qui l’écoute la bouche béante, il lui fait un discours en trois points sur l’indélicatesse des voleurs et sur les châtiments rigoureux qui les attendent.
On ne te trouve plus, chez nous, que dans les drames ; L’égoïsme, insensible à la voix du malheur, Aux pleurs de la pitié ferme toujours son cœur ; Et la philosophie et sa douce influence N’ont pu, de son exil, tirer la bienfaisance : Le cri de l’infortune est à peine écouté ; L’homme d’esprit sourit au mot d’humanité ; Le mérite caché languit dans la misère, Et l’intrigant, hélas ! […] je le sens, je n’ai que ton courage ; Mais si du feu divin qui t’échut en partage Quelque étincelle un jour électrisait mes vers, Sous mes coups redoublés immolant nos travers, Je n’écouterais plus que la haine du vice ; Et la sottise, en tout sa fidèle complice, Par sa grotesque allure égayant mes portraits, Viendrait à ses dépens divertir les Français.
Lekain n’écouta point Voltaire et s’en trouva bien, et le public aussi.
Le Marquis ne s’applique plus uniquement à soutenir la dignité d’un personnage du bel air ; il n’a plus de rubans et de canons à étaler aux yeux du public ; il ne hausse plus les épaules chaque fois que le parterre rit ; il se donne la peine d’écouter. Il écoute L’École des Femmes, mais il bâille ; car il n’y trouve toujours point de turlupinades. […] Il y a par le monde des gens d’esprit et de savoir qui ne sentent pas comme elle, et qui lui disent gravement du fond de leur bibliothèque : Instruisez-nous, Madame ; nous n’aimons pas Molière ; mais, si vous nous expliquez pourquoi vous l’aimez, et si vos raisons nous semblent bonnes, vous nous convertirez sans doute ; nous vous écoutons ; parlez. […] Mais elle sait aussi que plus ses idées seront nombreuses, variées, justes et frappantes, plus elle aura d’action à la longue sur l’intelligence des hommes savants qui l’écoutent et la contredisent. […] Schlegel la contredit, seulement pour n’en pas perdre l’habitude ; Jean-Paul l’écoute, et oublie l’une après l’autre toutes ses métaphores ; Hegel, sans le savoir, s’instruit à son école.
Une tradition bien connue rapporte qu’à Pézenas il s’en allait, les jours de marché, s’installer dans la boutique d’un barbier, et que, assis dans un grand fauteuil, il écoutait, il regardait, tandis que bourgeois et manants, gentilshommes campagnards et beaux de petite ville bavardaient autour de lui. […] Depuis qu’une exacte critique a examiné de près les allusions contenues dans le début des Amours de Psyché 4, on regrette de ne pouvoir plus reconnaître Molière parmi les quatre amis qui s’en vont écouter, dans les jardins de Versailles, la lecture du poème nouveau ; mais rien ne s’oppose à ce que l’on applique toujours aux réunions tenues chez Boileau ce que dit La Fontaine de « l’espèce de société » qui unissait les promeneurs de Versailles. […] Écoutez ce bout de conversation entre Filippopoli et sa directrice : « Tu es un comique, lui dit celle-ci, tu es même plus comique que tu ne le crois, mon garçon ; je ne sais pas pourquoi tu as la rage de vouloir jouer la tragédie. — Je sais ce que je peux faire, répond l’autre ; j’ai la larme ! […] Aussi, écoutez ses ennemis : « Si vous voulez jouer Élomire, disait l’auteur de Zélinde, il faudroit dépeindre un homme qui eût dans son habillement quelque chose d’Arlequin, de Scaramouche, du docteur et de Trivelin, que Scaramouche lui vint redemander ses démarches, sa barbe et ses grimaces, et que les autres lui vinssent en même temps demander ce qu’il prend d’eux dans son jeu et dans ses habits. » Lacroix trouve le moyen d’enchérir : « Le bourgeois se lassoit de ne voir que les postures et les grimaces des Trivelins et de ne pas entendre ce qu’ils disent ; Molière est venu et les a copiés, Dieu sait comment ! […] Lorsqu’il s’adresse à eux, dans l’Impromptu de Versailles, écoutez de quel style il leur parle : « Je crois que je deviendrai fou avec tous ces gens-là !
Écoute, mon cher Molière, tu as de l’esprit ; vois si nous avons tort : fatigués des peines de ce monde-ci, nous avons résolu de passer en l’autre : la rivière nous a paru le plus court chemin pour nous y rendre, ces marauds187 nous l’ont fermé.
Un de ses malades lui lisait une tragédie, et la tragédie, écoutée en riant, devenait un vaudeville ! […] Saura-t-elle écouter, d’une façon assez railleuse, le poésies de M. […] Écoutez ! c’est l’envie qui parle, c’est la Haine, c’est la Débauche… Écoutez ! […] Suivez Don Juan, écoutez-le, et vous allez prendre en mépris tout ce qui est la passion, tout ce qui est l’amour.
Il porte plainte chez un Sénateur ; mais celui-ci, trop occupé d’une fête qu’il veut donner, n’a pas le temps de l’écouter.
Moliere l’écouta avec beaucoup d’attention : quinze jours après, le sieur Angelo fut surpris de voir dans l’affiche de la Troupe de Moliere la comédie du Misanthrope annoncée & promise ; & trois semaines, ou tout au plus tard un mois après, on représenta cette piece.
J’étois sur le théâtre en humeur d’écouter La piece qu’à plusieurs j’avois ouï vanter : Les acteurs commençoient, chacun prêtoit silence ; Lorsque d’un air bruyant & plein d’extravagance, Un homme à grands canons est entré brusquement, En criant, holà, ho, un siege promptement. […] Chacun le maudissoit ; & moi, pour l’arrêter, Je serois, ai-je dit, bien aise d’écouter.
Madame, lui demande Ménalque, qui l’avoit apparemment écoutée avec attention, n’aviez-vous que celui-là ? […] Vous le prendriez souvent pour tout ce qu’il n’est pas ; pour un stupide, car il n’écoute point & il parle encore moins ; pour un fou, car outre qu’il parle tout seul, il est sujet à de certaines grimaces, & à des mouvements de tête involontaires ; pour un homme fier & incivil, car vous le saluez, & il passe sans vous regarder, ou il vous regarde sans vous rendre le salut ; pour un inconsidéré, car il parle d’une banqueroute au milieu d’une famille où il y a cette tache ; d’exécution & d’échafaud devant un homme dont le pere y a monté ; de roture devant les roturiers qui sont riches, & qui se donnent pour nobles. […] C’est ce que j’ai à vous dire ; donnez-vous la peine d’écouter. […] Vous avez raison, Monsieur : mais, encore une fois, je vous prie de m’écouter.
Ce grand homm’ dont les écrits Charm’ la France entière, N’ méprisait pas les avis De sa cuisinière : On sait comm’ il l’écoutait, Et puisqu’il la consultait, On peut êt’ fièr’ quand on est Servant’ de Molière.
Celui-ci l’écoute, le saisit au collet, & veut le tuer. […] Don Juan paroît : il est fâché de rencontrer son pere & d’être obligé d’écouter ses ennuyeuses remontrances. […] Dona Anna feint de se retirer, & revient sur ses pas pour écouter.
Pepin se présenta, demanda ma main, & fut écouté ; vous savez tous les titres qu’il avoit pour l’obtenir.
ne savez-vous pas, lui répondit le grand poète, que ma place est toujours dans le monde, non parmi les causeurs, mais parmi ceux qui écoutent ? […] Il parle et s’agite, moi j’écoute et je contemple. […] C’est par l’allusion qu’elle se fait jour ; mais, pour quiconque alors savait écouter et voir, rien n’était plus transparent et plus palpable. […] Comme, pour une fois, leur sottise peut instruire, écoutons-la parler. […] Écoutons ses personnages : ZELINDE.
eh bien, puisque, sans m’écouter, Vos sentiments brutaux veulent se contenter, Puisque, pour vous réduire à des ardeurs fidèles, Il faut des nœuds de chair, des chaînes corporelles, Si ma mère le veut, je résous mon esprit À consentir pour vous à ce dont il s’agit. […] Et l’agaçante Dorine, cette fille suivante, que Mme Pernelle trouve Un peu trop forte en gueule et fort impertinente, et se mêlant surtout de dire son avis ; mais qui, malgré tout, est une fille d’esprit, de cœur et de sens, appréciée et écoutée de ses maîtres ; assez bien de sa personne, d’ailleurs, pour que ses appas émeuvent Tartuffe, et lui attirent de sa part cette admonestation, plus indécente mille fois que la prétendue indécence dont il affecte de se scandaliser : … Couvrez ce sein que je ne saurais voir !
Si mes avis vous paroissent suspects ou peu dignes d’être suivis, écoutez du moins ceux que vous donnent deux excellents Critiques, & le génie le plus étonnant de notre siecle : « Le comique, ennemi des soupirs & des pleurs, N’admet point dans ses vers de tragiques douleurs. » Boileau, Art poét. […] Ecoutons-la parler, & nous rirons en voyant ce qui la choque dans l’arrêt.
Admettons une seconde troupe ; la premiere ne regardera plus comme une chose de peu de conséquence qu’un ouvrage soit refusé ou reçu : les petites haines, les raisons particulieres ne l’emporteront plus sur l’intérêt général devenu très pressant : on écoutera attentivement, & l’on réfléchira avant de rejetter un poëme qui peut attirer la foule à un autre théâtre. […] Je voudrois pour huit jours seulement être à portée de me faire écouter par les Comédiens, je leur prouverois qu’on peut doubler leur fortune en rétablissant la gloire du théâtre françois.
Écoutons Arlequin sous la robe du notaire La Ressource, dans Le Banqueroutier, autre comédie du conseiller Fatouville. […] quand ils se mettent comme cela à la raison, on entre en pourparlers ; on écoute, on négocie ; et enfin, après un bon contrat bien et dûment homologué, vous revenez sur l’eau avec sept ou huit cent mille livres d’argent comptant, et tous vos meilleurs effets divertis.
Molière était du voyage ; il écouta et il écrivit. […] Et vous dont l’esprit de faction proscrit ou dénature les ouvrages, vous qu’on repousse du sanctuaire des lettres au nom des intérêts du trône, écrivains qui êtes chaque jour en butte à la haine des libellistes ou à la colère des hypocrites de royalisme et de religion, écoutez ce qu’ils publiaient contre le grand poète auquel la postérité décerne d’unanimes couronnes. […] Écoutez leurs fastueuses protestations, ils se donnent comme les soutiens les plus fermes des pouvoirs de la terre ; mais, dès qu’ils ne trouvent pas leurs passions sur le trône, ils l’environnent de soupçons et de haines ; ils cherchent un appui dans les personnes royales qui l’entourent. […] Molière, qui écoutait et qui profitait partout, conçut, suivant cette version, le nom de son imposteur d’après le mot de tartufoli. […] Palissot a dit avec raison que Le Tartuffe n’avait de modèle dans aucune langue et dans aucun théâtre : on citera quelques anecdotes, quelques traits épars dans les moralistes ou dans les satiriques dont Molière s’est emparé ; mais ils lui appartenaient, et quand il a dit : « Je prends mon bien où je le trouve » il a exprimé une pensée très juste ; il a parfaitement défini les droits de l’auteur comique : s’il a conçu un sujet, s’il veut tracer un caractère, il le compose de tous les traits isolés qui s’y rattachent, soit dans le monde, soit dans les livres : il interroge Théophraste, Plutarque, La Bruyère, Lucien, de même qu’il écoute le courtisan, l’avare et l’hypocrite qu’il veut faire parler : il n’oublie rien de ce qu’il lit, rien de ce qu’il entend ; il inscrit sur ses tablettes les mots qui échappent à l’amour-propre, et jusqu’aux saillies qui éclatent dans la conversation : il fait de la sorte son profit des ridicules et de l’esprit des autres ; je dirais presque, si je ne craignais que la comparaison ne fut un peu précieuse, qu’il butine au milieu du monde comme l’abeille au milieu des fleurs.
Il n’y eut guère que les bourgeois et les pauvres qui se rendirent à la Comédie-Française pour écouter Tartuffe et la pièce nouvelle. […] Quel plaisir parfait on éprouve à écouter cette langue impérissable et jeune ! […] Lorsque Poquelin le père se fâchait de voir son fils courir écouter les bouffons, le grand-père souriait et se disait qu’après tout le métier de comédien avait ses charmes. […] Molière, lui, allait et venait, courait la ville, écoutait, étudiait, et, avant de monter sur l’Illustre Théâtre, s’amusait aux lazzis de Scaramouche et s’instruisait aux leçons de Gassendi. […] Écoutez : Chez le grand Scaramouche il va soir et matin.
Jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang, et d’autres opinions de même farine… »Là-dessus, Thomas Diafoirus tire de sa poche, pour l’offrir à Angélique, la grande thèse qu’il vient de soutenir contre les circulateurs. […] Elvire n’écoute les galanteries de Tartuffe que par nécessité, et non sans gêne et sans impatience. […] Écoutons Chrysale : Si je n’approuve pas ces amis des galants, Je ne suis pas aussi pour ces gens turbulents Dont l’imprudent chagrin, qui tempête et qui gronde, Attire au bruit qu’il fait les yeux de tout le monde.
Ecoutons-le raconter lui-même son incroyable histoire.
Ecoutez-moi, Monsieur, ou je meurs à vos pieds.
À la cour on n’a ni le droit ni le moyen de se faire écouter, de se faire étudier, de se faire admirer.
D’ailleurs, écouter une tragédie, fût-ce La Fille de Roland, il est convenu, depuis 1870, chez les classes dirigeantes, que c’est contribuer au relèvement de la patrie autant qu’on peut le faire sous un régime républicain : on s’accommoderait aussi volontiers, pour cet office, de Cinna, voire de Sertorius, ou de Mithridate. Écouter une comédie d’une bonne époque, c’est se mêler presque à l’entretien de personnages bien nés, comme il s’en trouvait jadis pour parler naturellement le français, et cela n’a pas mauvaise façon.
L’Abbé d’Aubignac veut que les Auteurs prennent l’action à son dernier point : écoutons-le parler.
monsieur le docteur, écoutez-moi de grâce ! […] ma foi, si se rompt (Cicéron), si se casse, ou si se brise, je ne m’en mets guère en peine ; mais tu m’écouteras, ou je te vais casser ton museau doctoral. […] Cet honnête homme est bien sûr d’être écouté, quand il fera son récit. […] Ecoutez ce qu’elle raconte à Lisette, après avoir vu ce fils avec le petit comte dont elle ambitionne les hommages. […] M. de la Protasè Ecoutez, écoutez ceci.
Il faut que ce qui remplit l’intervalle qui est entre l’exposition & la catastrophe, soit en mouvement & non en récit, puisque nous l’appellons action, puisque les personnages de cette action se nomment acteurs & non pas orateurs, puisque ceux qui sont présents s’appellent spectateurs & non pas auditeurs, puisqu’enfin le lieu qui sert aux représentations est connu sous le nom de théâtre & non pas d’auditoire, c’est-à-dire un lieu ou l’on regarde ce qui s’y fait, & non pas où l’on écoute ce qui s’y dit.
Si Regnard, moins adroit, avoit employé trois intrigants, dont l’un eût imaginé de faire le neveu, l’autre la niece, un autre le testament, leurs efforts réunis auroient produit le même effet : cependant le public moins content n’auroit peut-être pas écouté la piece.
Louis XIV, roi à l’âge de 5 ans, sous la régence d’Anne d’Autriche sa mère, assistée du cardinal de Mazarin, avait passé l’intervalle de 1643 à 1648, époque de sa minorité, à écouter chaque jour le récit des victoires que le prince de Condé, âgé seulement de 22 ans, remportait sur les ennemis de la France.
je vous prie, Euclion, faites-moi le plaisir de m’écouter un peu tranquillement : j’ai à vous entretenir d’une affaire qui concerne également vos intérêts & les miens. […] Mais laissons les bœufs à la charrue : recevez ma proposition ; écoutez-moi favorablement, & ne me refusez point pour votre gendre. […] Ecoutons.
Non, je ne vous écoute point, si vous n’êtes point assis. […] Ecoutez ; je vous dis un secret qui, je crois, Vous plaira dans la suite autant & plus qu’à moi : Je vais me marier tout-à-fait ; & mon pere Avec mes créanciers doit me tirer d’affaire.
Lorsque les maîtres ont parlé, il est bon d’écouter. […] La bonté est le fond de son caractère, comme le bon sens est la règle de son esprit ; il aime le vrai, c’est-à-dire la mesure, et il essaye d’y ramener ceux qui l’écoutent en leur présentant sous un aspect plaisant ce qui s’en écarte.
L’éducation de son esprit, comme celle de Shakespeare, a consisté à regarder, à observer et à écouter les hommes. […] Celle où Sganarelle écoute et entend sans être vu les propos de Dorimène à Lycaste et apprend avec une parfaite précision le sort qui lui est réservé dans son ménage par son honnête fiancée, prête à un jeu de scène aussi divertissant que possible. […] Amorphe n’écoute pas ses discours généraux ; il est trop absorbé et trop distrait par d’autres pensées. […] N’a-t-il pas ces adulateurs à outrance, ces flatteurs insipides, qui n assaisonnent d’aucun sel les louanges qu’ils donnent, et dont toutes les flatteries ont une douceur fade qui fait mal au cœur à ceux qui les écoutent ? […] Ecoutez-moi : « Te le dirai-je, Araspe… ».
J’ai parcouru précipitamment, sans écouter ma curiosité, la galerie si intéressante qui joint ce temple à celui de Thalie. […] La Justice n’était pas une chose abstraite, réglée d’une manière immuable et fixe par des articles de codes : assise sous le ciel bleu, à l’ombre des chênes, et tenant un sceptre à la main, elle écoutait les plaintes, pacifiait les différends, ou bien, changeant son sceptre en épée, elle se chargeait elle-même du redressement des torts et de l’exécution de la vengeance. […] …… Jusqu’ici, assis aux pieds du divin Hegel, mon maître, j’ai écouté docilement ses leçons, reproduisant sa pensée avec fidélité, sans me permettre d’intervenir moi-même dans cette modeste exposition, autrement que par la plus timide paraphrase. […] Ceux qui l’avaient écouté éprouvèrent une nouvelle compassion en voyant qu’un homme d’une si saine intelligence, et qui discourait si bien sur tous les sujets, eût perdu l’esprit sans ressource à propos de sa maudite et fatale chevalerie.