Bien que Thomas vécût dans un monde à part, dans un monde presque idéal, il ne pouvait ignorer à ce point la société commune. […] On le transporta chez lui ; et, peu d’heures après, il avait cessé de vivre. […] La faiblesse physique, l’irritabilité nerveuse, la prédominance de l’imagination, et quelques autres conditions particulières à ce sexe, sont cause que beaucoup de femmes vivent dans un état mitoyen entre la santé et la maladie, et que, du moins, elles sont fort souvent dans un état de souffrance. […] Ce couple si divin par les tables mendie, Et, pour vivre, aux Côteaux (***) donne la comédie.
Quiconque voit bien l’Homme, et d’un esprit profond De tant de cœurs cachés a pénétré le fond ; Qui sait bien ce que c’est qu’un Prodigue, un Avare, Un honnête Homme, un Fat, un Jaloux, un Bizarre, Sur une scène heureuse il peut les étaler, Et les faire à nos yeux vivre, agir, et parler.
Ils se trouvaient ensemble dans les résidences royales, participaient souvent aux mêmes fêtes, aux mêmes spectacles ; ils assistaient à de communs repas : « Molière, dit Palaprat, vivait dans une étroite familiarité avec les Italiens, parce qu’ils étaient bons acteurs et fort honnêtes gens. » On s’explique parfaitement l’influence qu’un de ces théâtres eut sur l’autre.
Cependant ce ne fut pas sans se faire une fort grande violence, que Moliere resolut de vivre avec elle dans cette indifference ; & si la raison lui faisoit regarder sa femme comme une personne, que sa conduite rendoit indigne des caresses d’un honnête homme, sa tendresse lui faisoit envisager la peine qu’il auroit de la voir sans se servir des privileges que donne le mariage. […] Il fait ensuite l’Histoire de son mariage ; & après quelques réflexions il ajoûte14 : Je me suis donc determiné à vivre avec elle comme si elle n’étoit pas ma femme.
Tant qu’il vécut, on vit dans sa personne un exemple frappant de la bizarrerie de nos usages : on vit un Citoyen vertueux, réformateur de sa Patrie, désavoué par sa Patrie, et privé des droits de Citoyen ; l’honneur véritable séparé de tous les honneurs de convention ; le génie dans l’avilissement, et l’infamie associée à la gloire : mélange inexplicable, à qui ne connaîtrait point nos contradictions, à qui ne saurait point que le Théâtre respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, ressuscité dans les États du Souverain Pontifea, redevable de la première Tragédie à un Archevêqueb, de la première Comédie à un Cardinalc, protégé en France par deux Cardinauxd, y fut à la fois anathématisé dans les Chaires, autorisé par un Privilège du Roi, et proscrit dans les Tribunaux. […] Verrait-il, sans porter la main sur ses crayons, l’abus que nous avons fait de la société et de la philosophie, le mélange ridicule des conditions, cette jeunesse qui a perdu toute morale à quinze ans, toute sensibilité à vingt, cette habitude malheureuse de vivre ensemble sans avoir besoin de s’estimer ; la difficulté de se déshonorer, et quand on y est enfin parvenu, la facilité de recouvrer son honneur et de rentrer dans cette Île autrefois escarpée et sans bords ?
Il vivait en un siècle où l’on n’avait pas besoin de toucher à l’arche pour émoustiller les appétits engourdis. […] Alors, elle cessera d’être pour nous ce fantôme qui glisse hors du réel, dans un rayon incertain; elle sera ce qu’était la fille d’Eschyle aux jours de sa jeunesse; elle aura notre sang plein ses veines, elle vivra la vie même de la patrie !
Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre : On les voit, pour tous soins, se mêler de bien vivre. […] I : À tous les sots caquets n’ayons donc nul égard : Efforçons-nous de vivre avec toute innocence, Et laissons aux causeurs une pleine licence.