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188. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Le temps était venu où Richelieu, réunissant à la dignité de cardinal les fonctions de connétable, de grand-amiral et de premier ministre, se rendît terrible aux grands. […] Entre 1630 et 1635, viennent Rotrou, Scarron, Benserade, Saint-Évremond, Charleval, Ménage, plus jeunes de quelques années que les précédents.

189. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Eraste est encore dans le trouble le plus grand en croyant sa maîtresse infidelle, quand Marinette vient lui donner, de sa part, un rendez-vous pour le soir même. […] Ascagne est enchantée de la promesse de Valere, quand sa joie est troublée par l’arrivée de Lucile, qui, outrée des mauvais procédés d’Eraste, vient s’en plaindre à Ascagne, qu’elle croit toujours son frere, & lui apprend qu’elle veut désormais chérir Valere. […] Albert fait venir Métaphraste, précepteur d’Ascagne, pour lui demander quel est l’ennui secret de son éleve ; le pédant le désole en lui crachant sans cesse du latin, & en l’interrompant continuellement, sans lui donner le temps de dire deux mots de suite.

190. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Gresset, vient se plaindre de la Critique qui trouve dans son intrigue un double intérêt. […] Un Gentilhomme de province qui passoit sa vie à tourmenter ses vassaux, un ambitieux, une capricieuse, un fastueux, un faux politique viennent tour à tour parler à la Vérité, qui leur donne des conseils excellents : nous nous contenterons de rapporter les fables qu’elle débite à l’ambitieux qui veut quitter ses terres pour aller à la Cour, & à la capricieuse qui ne cesse de tourmenter son amant, & qui craint cependant de le perdre. […] Damon, vieux libertin, vient consulter le Chevalier sur des emplettes.

191. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

En parlant d’une savante, l’auteur dit : D’où vient qu’elle a l’œil trouble et le teint si terni ? […] Madame de Sévigné trouvait quelque chose d’ignoble dans le principe auquel elle attribuait une grande partie du talent de Racine, « Il ne travaille pas, disait-elle, pour les siècles à venir, mais pour la Champmeslé. […] Cette fable, lui dit-il,          Vient à vos pieds s’offrir Par zèle et par reconnaissance. […] Il importait la vérité historique de montrer, non que Molière, La Fontaine, Boileau et Racine affectionnaient mesdames de Sévigné, de La Fayette, de Maintenon et leur société, mais qu’ils en étaient venus au point de la respecter et de la craindre.

192. (1884) Tartuffe pp. 2-78

On a dit qu’il permit Tartuffe (février 1669) parce que la paix venait d’être rétablie dans l’Église. […] I) est venu par le coche en assez piteux équipage ; l’habit rapiécé, les souliers troués, marchant sur la chrétienneté, comme on dit populairement. […] Orgon : Ce que je viens d’entendre, ô ciel ! […] Et alors Elmire se résout au combat. — Faites-le-moi venir ! […] Voilà où en veut venir Molière ; attendu que le sujet de sa pièce, c’est Tartuffe dans la maison, au foyer, dans la famille.

193. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

La satire, il est vrai, sortait de la bouche de dom Juan, qui ne croit à rien de ce qu’il faut croire, ne respecte rien de ce qu’il faut respecter ; et, bien que son incrédulité, criminelle et absurde sur quelques points, pût être innocente et raisonnable sur d’autres, les médecins et le public hésitèrent peut-être d’abord à penser que l’auteur eût fait, d’un si odieux personnage, l’interprète de ses vrais sentiments, même en une matière qui n’intéresse ni la foi, ni la morale ; mais L’Amour médecin, qui suivit de près Le Festin de Pierre, vint dissiper le doute, et prouver que Molière n’était pas moins impie en médecine que dom Juan. […] Filerin vient gourmander ses confrères, qui, au lieu de s’entendre aux dépens des malades, se querellent au détriment de leurs intérêts, et, par leurs dissensions imprudentes, découvrent au peuple la forfanterie de leur art ? […] Un de ces tracassiers qui font métier d’exploiter les inimitiés d’autrui au profit de leur malignité, si ce n’est pour un intérêt plus vil encore, vint dire à Racine, le lendemain de la première représentation du Misanthrope, que la pièce était tombée, et que rien n’était plus froid. […] Benserade composa le Ballet des Muses, cadre ingénieux et vaste, où venaient se placer naturellement les merveilles de tous les arts. […] On peut croire du moins qu’il s’en fût servi avec un peu plus d’adresse que Guérin fils, qui entasse dans un acte la double reconnaissance de Myrtil et de Mélicerte, l’abdication de l’usurpateur, et le mariage des deux amants, et qui fait venir Amasis des bords du Nil sur ceux du Pénée, quand il lui aurait été si facile de renfermer dans la Grèce tout son sujet avec tous les personnages.

194. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Quant à Corneille, on lui découvrirait des choses -non moins surprenantes ; on lui révélerait par exemple que, bien des années avant Polyeucte, la mère Angélique de Port-Royal ayant, pour compléter son renoncement au monde, refusé un jour la porte de son couvent à son père qui la venait voir, c’est probablement à cette grande journée du guichet, à ce coup d’état de la grâce , que le poète a dû les plus belles scènes de Polyeucte ; qu’en conséquence lui, l’élève et l’ami des jésuites, se trouve avoir beaucoup d’obligations aux jansénistes, et qu’il peut figurer avantageusement dans une histoire de Port-Royal, où un parallèle entre Polyeucte et la mère Angélique, entre Pauline et M. […] et n’y trouve-t-on pas un accent plus franc, plus libre, plus original que dans ses chefs-d’œuvre officiels, dans ses oraisons funèbres, où l’étiquette du genre vient gêner son indépendance et imposer à cet esprit si fier et si honnête des altérations assez étranges de la vérité historique, quelquefois même (chose surprenante chez un génie si simple) un langage artificiel, des formules convenues ? […] Or, quand il fut présenté pour la première fois à Louis XIV, en 1669, il avait déjà écrit ses satires littéraires, et ce qui est notable, c’est que, au sortir de cet entretien qui lui valut les premières faveurs qu’il reçut du roi, une pension de deux mille livres, — sa première réflexion, dit Brossette, fut un sentiment douloureux sur la perte de sa liberté, qu’il regardait comme une suite inévitable des bienfaits dont il venait d’être honoré. […] La société y a gagné peut-être, ce n’est pas ici le lieu de discuter ce point ; mais, quand la pensée se calme, elle est bien près de s’endormir : elle ne se réveillera en effet que dans le siècle suivant, quand des passions nouvelles viendront la ranimer, et qu’à une époque stationnaire succédera une époque vivante et agitée, celle de Montesquieu, de Voltaire et de Rousseau. […] L’inspiration ne se prête pas comme l’homme lui-même, aux spéculations de librairie ; elle est capricieuse et ne vient qu’à son heure ; elle ne répond plus à l’appel de l’écrivain acharné à sa besogne lucrative.

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