Mais, comparativement aux autres pièces de la même époque, L’Étourdi était un chef-d’œuvre ; et, s’il occupe aujourd’hui un rang inférieur parmi tant de beaux ouvrages dont notre scène est enrichie, c’est à Molière lui-même qu’il le faut attribuer ; c’est Molière qui, en créant la véritable comédie de caractère et de mœurs, et, en la portant à sa perfection, a, pour ainsi dire, repoussé à une grande distance les chefs-d’œuvre mêmes de la comédie d’intrigue, et assuré par là une supériorité incontestable à notre théâtre sur celui de toutes les autres nations.
On voit bien que ce trait ne regarde ni les excellents articles de cet ouvrage, ni les véritables Philosophes qui s’y sont immortalisés.
« Madame Scarron, continue madame de Caylus, en fut touchée comme une mère tendre, et beaucoup plus que la véritable.
Au lieu de courir chez sa Maîtresse avec les transports d’un Amant, il fait appeler le Tailleur du Prince, et lui filoute un habit galonné ; il escroque à son Banquier un sac d’argent, à un Juif une bague, etc ; et toute l’intrigue roule sur le chagrin que tous ces gens-là causent au véritable Amphitrion pour les dettes contractées par le Dieu ». […] 1801, Moliérana, 58, p. 95-96 Tome I, p. 285-286 Cette petite Pièce [La Critique de l’École des femmes] est le premier ouvrage de ce genre qu’on connaisse au Théâtre ; c’est un Dialogue plutôt qu’une véritable Comédie. […] Despréaux disait de ce Chapelle*, qu’il avait certainement beaucoup de feu, et bien du goût, tant pour écrire que pour juger ; mais qu’à son Voyage près, qu’il estimait une Pièce excellente, rien de Chapelle* n’avait frappé les véritables connaisseurs, toutes ses autres petites Pièces de Poésies étant informes et négligées, et tombant souvent dans le bas ; témoin ses vers sur l’Éclipse, où il finit par ce quolibet, Gare le Pot au noir : et fait venir, comme par machine, Juste-Lispe, afin de trouver une rime à Éclipse. […] Tome III, p. 467 Somaise*, (Antoine Bodeau de) vivait du temps de Molière, dont il se déclara l’ennemi ; il l’attaqua dans toutes ses Préfaces, et fit contre lui les Véritables précieuses, le Procès des précieuses ; il mit en Vers les Précieuses ridicules. […] Il était entré à l’Académie française le 8 février 1710 malgré les manœuvres déloyales de son adversaire Jean-Baptiste Rousseau ; mais il n’avait connu la véritable notoriété que par une mauvaise traduction de l’Iliade en vers français qu’il fit précéder d’un discours où il s’attachait à faire le procès des Anciens, s’attirant ainsi la colère de MmeDacier.
Les Italiens ont une piece dont le héros est le véritable Tartufe d’Italie. […] Sans doute, & votre cœur N’a jamais eu pour moi de véritable ardeur.
Le véritable Sosie, presque convaincu à grands coups de bâton de la vérité de ce qu’on lui dit, veut s’en assurer en faisant à l’autre des questions auxquelles lui seul peut répondre. […] Au moment même le véritable Sosie arrive avec le pilote.
Il y a même des pièces d’une grande réputation dont l’action et le mouvement, quoiqu’elles soient en cinq actes, suffiraient à peine pour soutenir un acte seul : c’est moins une action véritable qu’une apparence d’action ; ou plutôt, c’est un simple assemblage d’autant de scènes qu’il en faut pour donner à une pièce la durée ordinaire des représentations : c’est un remplissage de dialogues semés de bons mots, de traits satiriques, qui séduisent le spectateur par leur brillant et l’empêchent de remarquer le vide et le défaut d’action. […] Le monde n’était point alors désabusé de l’astrologie judiciaire, on y croyait d’autant plus qu’on connaissait moins la véritable astronomie. […] Les deux pièces, divisées en sept actes, sans qu’on en connaisse la véritable distribution, y étaient accompagnées d’intermèdes tirés de plusieurs divertissements qui avaient déjà été représentés devant le roi. » Nous croyons devoir finir cet article par un fait qui regarde le Martial, marchand gantier, dont parle la Comtesse d’Escarbagnas ; mais pour épargner au lecteur la peine de chercher ce passage dans la pièce, nous allons le rapporter ici.