Ils te traiteront comme ils voudront ; mais pour moi je ne veux jamais te voir. […] On ne traite pas de cette maniere les femmes de ma qualité, & si vous aviez eu l’impudence de l’entreprendre de votre vie, je vous aurois dévisagé. […] Cet honnête homme, qui devroit baiser la terre où je marche, & se faire honneur d’une alliance comme la nôtre, me traite de la maniere du monde la plus indigne. […] Un homme que nous avons tiré de la poussiere & de la bassesse de sa condition, un petit marchand de pommes cuites, traitera comme une misérable, une femme de votre qualité ! […] C’est encore là qu’il a pris le dédain offensant avec lequel Angélique regarde & traite un mari qu’elle croit son inférieur.
voilà pour traiter toute une ville ! […] voilà de quoi traiter toute une ville entiere ! […] La réponse de Valere, qui prend le parti d’Harpagon, & qui dit à Maître Jacques qu’on n’invite pas les gens pour les assassiner à force de mangeaille ; que rien n’est plus préjudiciable à l’homme que de manger avec excès ; que pour se bien montrer ami des gens que l’on invite, il faut les traiter avec frugalité ; & que, suivant le dire d’un Ancien, il faut manger pour vivre, & non pas vivre pour manger : tout cela cesse d’être comique, si Maître Jacques y a donné lieu, & si l’on ne voit pas que c’est la flatterie, & non le bon sens, qui le fait dire à Valere 28. […] Prétendez-vous me traiter comme un sot ?
On pourroit absolument traiter un caractere, & bannir de la piece toute espece d’intrigue amoureuse : mais pourquoi se priver volontairement du ressort le plus propre à mettre tous les autres en mouvement, à les lier avec facilité, à les faire ressortir avec plus d’avantage, & à les mettre sur-tout à la portée de tout le monde, puisque l’amour est de tous les états. […] Quelque forme qu’il prenne, il n’avancera rien ; Je le verrai toujours, à l’examiner bien, Comme un tyran caché, qui, sous un faux hommage, Me prépare le joug du plus dur esclavage ; A qui l’hymen rendra sa premiere hauteur, Et qui me traitera comme il traite sa sœur. […] Il voulut d’abord suivre la carriere de Melpomene ; mais sa tragédie d’Admete & d’Alceste ayant été mal reçue, il se tourna vers Thalie, qui le traita plus favorablement.
de Tralage qui parle) que Moliere, qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de théâtre & autres, le même sieur Angelo dit à Moliere qu’il avoit vu représenter en Italie, à Naples, une piece intitulée le Misanthrope, & que l’on devroit traiter ce sujet. […] Parfait auroient pu dire encore qu’il suffit d’avoir la moindre connoissance des théâtres de nos voisins & de leurs différents genres, pour voir que la piece françoise, traitée & conduite comme elle est, ne peut ressembler en rien à une comédie italienne.
Nous venons de voir dans les derniers Chapitres quelles sont les qualités d’un caractere, quels sont ses défauts, ce qui le rend plus ou moins propre à la scene, & plus ou moins facile à traiter : ne nous laissons donc pas éblouir par des titres pompeux, & avant que de mettre un caractere au théâtre, sachons voir d’un coup d’œil le parti que nous pourrons en tirer. […] Dans le premier sens, l’Ami de Cour présenteroit le même sujet que l’Important de Cour, beaucoup plus encore que le Petit Seigneur : dans le dernier sens, l’Ami de Cour offre un caractere plus grand, plus magnifique à traiter. […] Il peut fournir autant de comique que de moral : il a le mérite d’être à la portée de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de toutes les nations ; cependant je ne craindrai point de dire que ce sujet est extrêmement difficile à traiter : premiérement, parceque le Défiant est un caractere qu’on peut lier à une infinité d’autres ; un jaloux est défiant ; une mere qui veut conserver l’honneur & la réputation de sa fille est défiante ; un philosophe qui connoît les hommes est défiant ; un méchant est défiant, parcequ’il redoute dans les autres les méchancetés qu’il est capable de faire, &c. […] J’entends la plupart de mes Lecteurs s’écrier « que ce que je dis pour persuader que le Défiant est très difficile à traiter, prouve tout le contraire, puisqu’on peut l’associer à une infinité de caracteres qui le rendront plus théâtral en redoublant ses forces ». […] Si j’exhorte les Auteurs à connoître toutes les pieces de nos différents comiques avant que de traiter un sujet, c’est que j’ai éprouvé les dangers & les désagréments qu’on risque à ne pas le faire.
Le Meûnier court au bruit du coup de fusil, saisit le Roi au collet, le prend pour le braconnier qui a tiré, le traite de coquin, de menteur, lui demande son nom. […] En vérité, nous n’avons que très peu de chose ; mais nous vous l’abandonnons volontiers, si vous consentez seulement à nous traiter avec douceur. […] Peggy se montre, fait voir au Roi les lettres que Milord lui a écrites pour la séduire, & la promesse de mariage qu’il lui a faite : Milord traite tout cela de petite affaire de galanterie. […] je craindrois d’épouser ce jeune Seigneur, cela ne feroit que lui donner le droit de me traiter encore plus mal, & qu’augmenter ma misere. […] Le Meûnier Michaud accourt, prend le Roi pour un Braconnier, l’arrête, le traite de coquin, de menteur : Henri cache son cordon bleu, répond à toutes les questions du paysan, avec cette bonhommie qui lui gagna tous les cœurs ; se dit un petit Officier de la suite du Roi, lui demande une retraite pour la nuit.
Molière, pressé par le temps, non seulement ne put écrire en vers que le premier acte de sa pièce et la moitié de la première scène du second acte, mais encore fut forcé d’ébaucher ou de tronquer, dans une prose souvent négligée, des situations qui demandaient à être traitées délicatement ou approfondies. […] Molière, condamné à traiter un sujet noble, n’eut garde d’en exclure le seul personnage comique que lui offrît son original ; et, sans s’embarrasser s’il commettait une espèce d’anachronisme, il fit du gracioso espagnol un de ces fous en titre d’office, qu’autrefois les princes de notre Europe entretenaient pour leur amusement. […] Dom Juan, accoutumé à traiter de chimères tout ce qui contrarie sa raison et ses sens, méprise d’abord, comme une illusion d’optique, une déception de sa vue, la merveille d’une statue mouvante. […] On voit que ce titre si impropre de Festin de Pierre, ne devait pas être reproché à Molière : il était consacré par plusieurs ouvrages, et devenu tout à fait populaire, quand il traita le sujet à son tour.