Monsieur Bobinet représente au naturel cette classe d’êtres malheureux, que la misère oblige à vendre du latin aux enfants de famille ; que leurs élèves détestent, tourmentent, s’ils n’en ont fait leurs complaisants et leurs esclaves ; que les parents traitent comme les moins utiles de leurs valets, et qui, pour se maintenir dans cet agréable poste, font bassement la cour à tous les habitants de la maison, sans oublier le petit chien, le singe ou le perroquet. […] Dans une âme faible ou perverse, au contraire, ils dégénèrent en un lâche ou coupable égoïsme ; ils vont jusqu’à donner naissance à des vices et à des crimes : le moins fâcheux de leurs effets est de conduire un homme à la triste manie de se croire malade, quand il ne l’est pas, et de se traiter pour des maux dont il est exempt. […] Boileau répond : Vous les verrez bientôt, féconds en impostures, Amasser contre vous des volumes d’injures, Traiter, en vos écrits, chaque vers d’attentat, Et d’un mot innocent faire un crime d’État.
Molière le traita cavalièrement sur le sujet de sa lettre, en lui donnant de bonnes raisons pour souhaiter qu’il ne se fût point avisé de défendre sa pièce. […] Molière avait lu son Misanthrope à toute la Cour, avant que de le faire représenter, chacun lui en disait son sentiment ; mais il ne suivait que le sien ordinairement, parce qu’il aurait été souvent obligé de refondre ses pièces, s’il avait suivi tous les avis qu’on lui donnait : Et d’ailleurs il arrivait quelquefois que ces avis étaient intéressés : Molière ne traitait point de caractères, il ne plaçait aucun trait, qu’il n’eût des vues fixes. […] La pièce fut trouvée excellente ; et lorsqu’elle fut jouée, personne ne la faisait mieux valoir que celui dont je viens de parler, et qui pourtant aurait pu s’en fâcher, une partie des Scènes que Molière avait traitées dans sa pièce, étant arrivées à cette personne. […] Ainsi ce n’est pas toujours le mérite d’une pièce qui la fait réussir ; un Acteur que l’on aime à voir, une situation, une scène heureusement traitée, un travestissement, des pensées piquantes, peuvent entraîner au spectacle, sans que la pièce soit bonne. […] Peut-être aussi qu’une autre n’aurait pas voulu de l’attachement de Molière ; il traitait l’engagement avec négligence, et ses assiduités n’étaient pas trop fatigantes pour une femme ; en huit jours une petite conversation, c’en était assez pour lui, sans qu’il se mît en peine d’être aimé, excepté de sa femme, dont il aurait acheté la tendresse pour toute chose au monde.
Ma foi, Monsieur, je montrerai tout ce que je sais faire ; & je vous traiterai du mieux qu’il me sera possible.
« Le grand nombre de farces que nous avons dans ce genre ne permet pas de penser qu’il soit bien difficile à traiter.
L’une imagine de se venger en écrivant une lettre tendre à Mondor, c’est le nom du fat : elle engage son amie à le traiter de même.
Arlequin l’étranger les traite tous de fous, ne comprend rien à ce qu’on veut lui dire, & s’enferme dans le cabaret.
Telle est la réponse de Porus à Alexandre Comment faut-il que je vous traite ? […] En un mot, y aurait-il eu du bon sens à prendre deux pécores, bourgeoises, provinciales, presque canailles, qui ont si peu d’usage du monde qu’elles traitent, en hommes de distinction, des laquais travestis, mais affublés de manières propres à leur condition, pour donner une leçon de discernement à les femmes contre lesquelles le grief de Molière aurait été d’avoir un esprit trop raffiné et une délicatesse trop pointilleuse ?