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5. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [43, p. 73-77] »

Molière, lui dit Chapelle*, puisque vous voilà, jugez si j’ai tort : ce coquin de Godemer s’est lancé dans mon carrosse, comme si c’était à un valet de figurer avec moi. […] Vous avez tort, dit-il à Godemer, de perdre le respect envers votre maître, qui peut vous faire aller comme il voudra ; il ne faut pas abuser de sa bonté.

6. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

J’ai grand tort en effet. […] D’avoir raison ; et Molière a-t-il eu tort de faire une pièce très-gaie, où il se moque très spirituellement de ceux qui avaient cru se moquer de lui ? […] J’ai tort ou j’ai raison. […] Le fils a-t-il tort de n’y mettre pas plus d’importance que son père n’en met lui-même? […] laissez-le parler : vous l’accusez a tort, Et vous ferez bien mieux de croire son rapport.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Riccoboni a raison de mettre les Fâcheux de Moliere au-dessus de toutes les pieces à scenes détachées ; mais il a tort de dire que Moliere a eu seul la hardiesse d’en faire en trois actes. […] Eraste revient sur la scene pour savoir si la Montagne a vu Orphise ; il se félicite d’être délivré des fâcheux : mais c’est à tort, un joueur mal-heureux lui détaille tous les coups qu’il a essuyés dans une partie. […] A la suite d’un de ces repas tumultueux où chaque convive se croit obligé de faire preuve d’esprit, où l’on pense comme Scarron que La digestion est meilleure Lorsqu’on dispute un bon quart-d’heure, j’ai entendu critiquer précisément ce que nous venons d’admirer : « Puisque Moliere, disoit-on, a fait rouler son action, son intrigue, son dénouement sur l’amour, il a tort de n’avoir pas filé dans chaque acte une ou deux scenes qui caractérisassent cette passion ». […] A tort vous m’accusez d’être trop tôt venue, Et vous avez de quoi vous passer de ma vue.

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Il est aisé de voir que Moliere a pris de l’Auteur Italien la feinte maladie de l’héroïne, le déguisement de l’amoureux, les impertinences que Sganarelle dit en parlant à tort & à travers d’Hippocrate & des matieres de la malade, d’une façon moins grossiere pourtant qu’Arlequin & Crispin : il lui doit aussi le lazzi de tendre la main derriere le dos pour recevoir de l’argent, & l’enlevement de la fausse malade ; mais la vengeance de la femme, & l’idée si singuliere de faire un Médecin à grands coups de bâton, sont puisées dans une histoire connue en Russie vingt ans avant que Moliere fît un Médecin malgré lui. […] Mais si de Visé a tort d’avoir fait un mauvais dénouement, Moliere a bien plus grand tort de s’en être servi.

9. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

La coquetterie de Célimène, l’hypocrisie d’Arsinoé, la paresse vaniteuse des deux marquis, l’insouciance équivoque de Philinte, la fatuité d’Oronte, y sont exposés sous leur vrai jour, et le ridicule dans lequel tombe Alceste, par son exagération quelque peu personnelle, ne fait nul tort à l’estime réservée à sa loyauté et à sa franchise vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des autres. […] Mais il a tort, quand, au lieu d’accepter qu’on garde au moins le silence sur les défauts des autres qu’on n’est pas chargé de corriger, il veut qu’on aille déclarer à chacun le mal qu’on pense de lui136. Il a raison de s’indigner contre la vénalité de la justice ; mais il a tort et il devient ridicule, quand il en vient à vouloir perdre sa cause pour la beauté du fait 137. Il a raison de refuser l’amitié banale d’Oronte ; il a raison de trouver détestable le méchant goût du siècle en littérature ; mais il a tort d’aller dire au nez d’un auteur que ses vers sont bons à mettre au cabinet, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits138. […] Enfin, surtout, il a tort, et ses travers, jusqu’ici excusables, nobles, héroïques même143, deviennent une faute véritable quand, pour tous les ridicules, tous les vices qu’il voit autour de lui, il conçoit contre l’humanité cette haine violente qu’il ne cesse d’exprimer depuis la première scène jusqu’à la dernière : Tous les hommes me sont à tel point odieux Que je serois fâché d’être sage à leurs yeux.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

L’Abbé d’Aubignac peut avoir raison de vouloir resserrer la durée d’une action ; mais il a tort de ne pas permettre que les actions comiques se passent durant la nuit : notre théâtre perdroit une infinité de fort bonnes pieces. […] Aristote a tort, s’il ne permet pas de réunir des faits qui, quoiqu’arrivés à un homme dans l’espace de vingt ans, peuvent paroître lui être arrivés dans vingt-quatre heures. […] Riccoboni 53 a raison de dire que les fables où regne l’unité d’action sont sans contredit les plus naturelles & les plus convenables ; mais il a tort quand il ajoute que parceque de grands génies, comme Moliere & Guarini, ont fait des fables d’action double, on doive les imiter, & citer leurs ouvrages comme des modeles qu’on peut suivre.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Mon cher Flaminio, trop ingrat Flaminio, donnez-moi la mort pour me punir des torts que vous me supposez, ou rendez-moi votre amour en récompense de la foi que je vous ai conservée. […] Je ne dis pas cela pour vous rendre attendrie ; J’aurois tort d’en former encore quelque envie. […] On a grand tort De vouloir que l’esprit s’éteigne par la mort. […] Célio, furieux, veut avant que de punir Arlequin, le faire convenir de ses torts. […] Arlequin lui répond naïvement qu’il a tort de lui faire ce reproche, puisqu’il a instruit du sujet de son voyage un crocheteur, le cabaretier, les servantes, les palefreniers, & que même en entrant dans la ville il s’en est entretenu avec son cheval, de façon à être entendu de tous les passants.

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