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63. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

En cela il se montre créateur; ce talent n’appartient qu’aux grands poètes. […] Molière, nous le disons à sa louange, a le talent de tirer de grands effets de ces contrastes intérieurs. […] En fait de style, ce que le génie rencontre par hasard vaut presque toujours mieux que ce que cherche le talent. […] Ils auraient déployé un rare talent dans un genre faux, parce que la simplicité en était déjà dépassée. […] Le génie et le talent ont toujours un privilège d’exception, un droit de faveur qu’il convient de réserver.

64. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier.

65. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

En fait il n’était pas sans talent, et ses premières pièces, Pyrame et Thisbé (1674) et Tamerlan ou la Mort de Bajazet (1675), ont bien réussi ― le succès de celle-ci aurait même été étouffé par Racine.

66. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

Les beautés des portraits qu’il a faits sont si naturelles, qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossieres ; & le talent qu’il avoit de plaisanter étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Il est impossible à un Auteur, dans une scene purement amoureuse, je m’explique, de produire rien de piquant, à moins qu’il ne trouve des ressources dans le libertinage de son esprit, ressources qui décelent toujours la corruption du cœur, le déréglement de l’imagination, & peu de talent. […] Boissy avoit le talent d’intéresser ses spectateurs en saisissant habilement la folie du jour, en aiguisant sa critique par les traits du vaudeville ; mais aussi la plupart de ses pieces ont-elles disparu avec l’anecdote qui les avoit fait naître.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

D’après cela, supposons que nous voulions mettre un homme de finance sur notre théâtre : si nous ne le présentons que par le bon côté, c’est-à-dire faisant, comme plusieurs de nos Financiers, tout le bien possible, protégeant réellement les talents, soulageant les misérables de leurs terres, nous ne peindrons que l’honnête homme riche ; nous aurons l’air de solliciter un emploi, ou un couvert à une bonne table, & nous ne ferons pas une comédie. […] Diderot, juste, impartial comme tous les grands hommes, dit encore dans sa Poétique, page 31 : « Que j’aie un plan à former : sans que je m’en apperçoive, je chercherai des situations qui quadreront à mon talent & à mon caractere.

69. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Madame de Neuillan l’amena à Paris et la confia aux ursulines de la rue Saint-Jacques, à qui elle croyait plus le talent de convertir qu’à celles de Niort. […] Donnez à un soldat du talent, du courage, l’amour de la gloire, et une occasion : voilà un maréchal de France.

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