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99. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

L’éloquence de la chaire va s’élever à la plus grande hauteur, devenir la partie éminente de la littérature ; la satire, la comédie se tairont ou baisseront le ton devant elle.

100. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Interrogé par Louis XIV sur l’homme le plus étonnant de l’époque, il nommait Molière ; et, mettant dans ses éloges la même franchise que dans ses satires, il louait Molière devant les tartuffes comme il louait Pascal devant les jésuites. […] Ce petit trait de satire enflammait encore plus le courroux de madame Pernelle ; et Cléante, continuant comme s’il ne s’en fût pas aperçu, opposait à l’éloge d’une bigote que venait de faire la vieille les portraits de plusieurs personnes vraiment pieuses ; il en citait tour à tour six ou sept qu’il montrait comme réunissant tous les caractères d’une vertu solide.

101. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Pour ceux-là, certes, ce serait une duperie assez grande de leur prodiguer les grâces du style ; et le tribun qui attaque, et le rhéteur qui s’abandonne à sa violence éloquente, et l’esprit calme en ses raisonnements irrésistibles, et l’ironie aux pieds légers, et la colère en ses déclamations furibondes, et la satire à l’accent aigu, et le pamphlet, — ce capharnaüm de toutes les bonnes et de toutes les mauvaises puissances de la parole ; et la phrase élégante, incisive, indiquant d’un trait la malice ingénieuse, accorte, avenante ; ou bien, d’un trait vif et acéré, immolant sans pitié la renommée honteuse de ce bandit, la gloire usurpée de ce voleur autant de grâces, autant de violences, autant de tonnerres et d’éclairs qui échappent à la vue obtuse, à l’oreille fermée, à l’esprit bouché, à la tête inintelligente, au lecteur ébloui de ces vives et soudaines lumières pour lesquelles il n’est pas fait. […] Mais avez-vous lu, ami lecteur, cette charmante satire d’Aristophane, Plutus ? […] que l’Argent est le sujet des satires et des injures de ceux qui n’en n’ont guère, et même de ceux qui en ont beaucoup, témoin Sénèque ; au contraire, on le calomnie et on l’insulte, ce pauvre Argent, depuis les derniers jours de l’âge d’or.

102. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

La pièce est d’un bout à l’autre, à peu près dans le style des satires de Despréaux, et c’est de toutes les pièces de Molière la plus fortement écrite. […] Enfin, on prendrait la liberté de dire que Le Misanthrope est une satire plus sage et plus fine que celles d’Horace et de Boileau, et pour le moins aussi bien écrite, mais il y a des comédies plus intéressantes ; et que Le Tartuffe, par exemple, réunit les beautés du style du Misanthrope, avec un intérêt plus marqué. […] « [*]Pendant qu’on supprimait cet ouvrage (la comédie de Tartuffe), qui était l’éloge de la vertu et la satire de la seule hypocrisie, on permit qu’on jouât sur le théâtre italien Scaramouche ermite, pièce très froide, si elle n’eût été licencieuse, dans laquelle un ermite, vêtu en moine, monte la nuit par une échelle à la fenêtre d’une femme mariée, et y reparaît de temps en temps en disant : Questo per mortificar la carne.

103. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Puis, nous avons cherché à dessiner l’attitude qu’il avait prise pendant sa vie, en face de cette « seule chose nécessaire. » Plein de respect pour elle, nous l’avons vu lui prêter, intentionnellement, l’appui de sa satire, sans que nous ayons cru devoir le ranger pour cela au nombre de ses plus fervents disciples.

104. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Si l’alliance d’un riche paysan et d’un gentillâtre campagnard n’est pas la satire directe de certaines unions ridiculement fameuses qui scandalisaient ou égayaient Paris et Saint-Germain, elle est du moins une espèce d’apologue dont il est facile de tirer la moralité et de faire l’application5.

105. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

» Et cette longue lutte que Molière soutint contre la médecine et les médecins de son temps, ces satires qui ne furent pas toujours a son honneur, espère-t-on en pénétrer l’esprit, en saisir la justesse et l’excuse si l’on n’est familier avec les systèmes et les procédés des empiriques de son époque, avec. tous les ridicules qu’ils fournissaient à sa verve comique, si l’on ignore enfin sa liaison avec trois célèbres médecins, qui durent l’aider de leurs renseignements, Liénard, Bernier et Mauvillain ? […] Cette vigoureuse satire de l’hypocrisie, le Tartuffe, semble, dit l’auteur, avoir été commandée au poète, ou pour le moins avoir été acceptée avec empressement et comme une déclaration de guerre aux partisans de la nouvelle doctrine, traitée alors, dans le monde officiel et dans l’Église de « dévotion », et par suite d’hypocrisie.

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