On sait que Boileau l’avait attaqué dans ses premières satires, dont il a depuis retranché son nom. […] Ce sont des épîtres et des satires remplies d’imitations des anciens, et surtout d’Horace et de Juvénal: la versification en est souvent négligée, prosaïque, incorrecte ; il y a même des fautes de mesure et de fausses rimes, qui font voir que l’auteur, devenu poète par instinct, n’avait guère étudié la théorie de l’art des vers ; mais parmi tous ces défauts il y a des vers heureux et des morceaux faciles et agréables. […] Il y a des négligences dans ces vers ; mais c’est bien le ton et la manière qui convient à l’épître et à la satire. […] Regnard, avant cette dédicace, s’était brouillé avec le satirique, et avait répondu assez mal à sa satire contre les femmes par une satire contre les maris.
Boileau, Satire II, à Molière, v. 77. […] Boileau, Satire X, v. 158. […] Boileau, Satire X, v. 169. […] Boileau, Satire X, v. 533. — On alliait très-bien la débauche avec le quiétisme précieux : Tout ce que le corps fait ne se compte pour rien ; Ce corps n’est qu’une aveugle et sensible matière, Qu’un amas agité de boue et de poussière, Dont tous les mouvements, que la cupidité Produit sans la raison et sans la volonté, Sont actes sans aveu, sans malice, sans blâme, Et ne peuvent salir la pureté de l’âme, Qui, jouissant an ciel de solides plaisirs, Laisse vivre le corps an gré de ses désirs.
Enfin, il est impossible d’approuver, même en les acceptant comme typés de satire, des personnes comme la jeune Dorimène du Mariage forcé 413, la Femme de Sganarelle dans le Cocu imaginaire 414, la Martine et la Jacqueline du Médecin malgré lui 415, la Cléanthis d’Amphitryon 416, l’Angélique du Mari confondu 417, qui avait paru déjà dans la Jalousie du Barbouillé 418. […] Satire X, v. 626. […] Boileau, Satire X, V. 525. - Voir encore, sur Célimène et Arsinoé, D.
Despréaux ne lui donne pas moins de louange dans sa deuxiéme Satire qu’il lui adresse, où il commence par ces Vers. […] Despréaux dans ses Remarques sur sa Satire deuxiéme adressée à Moliere, dit qu’il avoit traduit dans sa jeunesse Lucrece en Vers françoisa ; c’est ce que Grimarest nous apprend aussi, & qu’il auroit achevé cet ouvrage, sans un malheur qui lui arriva Un de ses domestiques, à qui il avoit ordonné de mettre sa perruque sous le papier, prit un cahier de sa traduction pour faire des papillotes : Moliere qui étoit facile à s’indigner, fut si piqué de la destinée de ce cahier, que dans sa colere il jetta sur le champ le reste au feu. […] On peut voir la note sur le premier Vers de la seconde Satire de Despréaux à Moliere, où il est parlé de cette traduction de Lucrece.
Dans le même temps, Molière en faisait des lectures en différents endroits, comme l’atteste ce vers de la troisième satire de Boileau, publiée en 1665 : Molière avec Tartuffe y doit jouer son rôle. […] C’est ce qu’il croit gagner en faisant de ses entretiens et de ses discours autant de satires de l’hypocrisie et de la fausse dévotion. […] Madame de Sévigné, qui était présente, lui décerne cette louange où l’on trouvera peut-être que la satire domine : « Ce n’était point Tartuffe, ce n’était point un pantalon, c’était un prélat de conséquence. » Un autre jour, elle écrivait à sa fille : « Il a fallu aller dîner chez M. d’Autun. […] Un seul écrit atteste le dépit dont les ennemis de Molière durent être animés dans cette circonstance si glorieuse pour lui ; c’est une ignoble satire en forme dramatique, intitulée Critique du Tartuffe. […] Dans tous ces petits détails d’histoire littéraire, Voltaire est, en général, d’une grande inexactitude ; et ici même il en donne la preuve, en qualifiant de prologue de La Critique du Tartuffe, une simple épître en vers adressée à l’auteur de cette satire ; l’épître, sans être bonne, est moins méprisable que la Critique ; et l’on serait tenté d’y reconnaître la main qui rima le fameux sonnet contre la Phèdre de Racine.
Boileau fait allusion à cet empressement, dans ce vers de la troisième satire où il fait la description d’un mauvais repas.
Sa vraie supériorité est dans la satire littéraire ; dans la satire morale, il est déclamateur : c’est Juvénal et Horace qui lui fournissent son indignation. […] Or, quand il fut présenté pour la première fois à Louis XIV, en 1669, il avait déjà écrit ses satires littéraires, et ce qui est notable, c’est que, au sortir de cet entretien qui lui valut les premières faveurs qu’il reçut du roi, une pension de deux mille livres, — sa première réflexion, dit Brossette, fut un sentiment douloureux sur la perte de sa liberté, qu’il regardait comme une suite inévitable des bienfaits dont il venait d’être honoré. […] Boileau ne reçut une pension qu’après la publication de ses satires ; l’ancien pensionnaire de Fouquet, La Fontaine, n’en reçut jamais.