On voit là manifestement le but sérieux de l’ouvrage, et le panégyrique du roi n’est autre chose qu’une humble dédicace, par laquelle Molière implore la protection du monarque contre la vengeance des faux dévots. […] Ses pièces sérieuses en vers offrent toujours des traces d’effort, on y sent quelque chose de contraint dans le plan et dans l’exécution. […] Il sacrifiera l’enjouement et l’inspiration, la vraie gaité de la poésie, au sérieux composé d’une imitation prosaïque de la vie, et à des applications d’utilité journalière, décorées du titre de morale pour commander le respect. […] Ce fut à cette occasion que Molière et Quinault composèrent, de concert avec le musicien Lulli, l’un des divertissements, l’autre des drames sérieux. […] À mon avis l’opéra sérieux ne peut renoncer à l’attrait du merveilleux sans tomber dans une monotonie assoupissante.
Tout n’offrait pas pourtant un sérieux aspect. […] Tu vécus sérieux, toi qui nous fais tant rire. […] Habiles à parler et la prose et les vers, Quoique sœurs, elles ont des visages divers : L’une a l’air plus pensif sans être sérieuse ; Égayant les salons de son humeur rieuse, Sur les amis de cour, le fat et le pédant Elle aime à décocher le sarcasme mordant, Attache un misanthrope au char d’une coquette.
Diderot dit, dans ses réflexions sur la Poésie dramatique, page 11 : « Que quelqu’un se propose de mettre sur la scene la condition de Juge ; qu’il intrigue son sujet d’une maniere aussi intéressante qu’il le comporte & que je le conçois ; que l’homme y soit forcé par les fonctions de son état, ou de manquer à la dignité & à la sainteté de son ministere, & de se déshonorer aux yeux des autres & des siens, ou de s’immoler lui-même dans ses passions, ses goûts, sa fortune, sa naissance, sa femme, ses enfants ; & l’on prononcera après, si l’on veut, que le Drame honnête & sérieux est sans chaleur, sans couleur & sans force ». Je ne discuterai point s’il ne vaut pas mieux faire de l’honnête gai que de l’honnête sérieux : je le pourrois d’autant plus aisément, & sans crainte de passer pour un téméraire, que M. […] Diderot ne semble-t-il pas avouer par-là qu’un homme moins gai qu’un autre peut donner la préférence au genre sérieux, par la seule raison qu’il est sérieux lui-même, & qu’il n’a pas cette gaieté nécessaire dans l’imagination & l’esprit pour faire une comédie.
Moliere a encore connu tout le prix du sérieux déplacé, & s’en est servi en grand maître, témoin la scene dans laquelle Arnolphe annonce à Agnès qu’il va l’épouser. […] Parcequ’Arnolphe y parle avec un sérieux déplacé qui le rend ridicule, & qui, nous rappellant sans cesse la différence qu’il y a de sa déclaration à celle que font en pareil cas tous les hommes, ne peut qu’exciter chez nous l’envie de nous moquer de lui. […] Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux, Son devoir aussi-tôt est de baisser les yeux, Et de n’oser jamais le regarder en face Que quand d’un doux regard il lui veut faire grace.
Plus l’ombre, cette fois, de noblesse ou même de sérieux ; il s’incline dans une posture contournée, il rit largement, il grimace. […] Il n’est donc pas jusqu’à la société parlementaire, toute sérieuse et guindée, qui ne cède au désir d’attirer l’homme à la mode. […] Il en fait le ressort et le sujet de deux pièces entières : l’une sérieuse, Don Garcie de Navarre, l’autre grotesque, Sganarelle. […] Prit-il leur avis au sérieux, s’en moqua-t-il ? […] Si le lecteur la trouvait acceptable, il pourrait l’appliquer à d’autres pièces de Molière, où l’élément sérieux est moins envahissant, mais où il prend sa place, assez contraire parfois à la nature même de la comédie.
L’un d’eux dira : Le singe est le contraire de l’homme ; en effet, l’homme est l’être le plus sérieux de la création. […] Le singe n’est pas le contraire de l’homme ; car l’homme n’est pas toujours sérieux ; il lui arrive de faire des grimaces, et, soit dit sans vous offenser, de dire des choses ridicules. […] Je vais montrer avec quelle logique ils sont partis, l’un de l’idée du sérieux, un autre de l’idée du sublime, pour déterminer, en vertu du principe de contradiction, l’idée du comique. […] Plusieurs critiques, sans être allemands, trouvent même qu’il est un peu sérieux, et que le personnage qui le rend nécessaire est bien odieux pour être comique. […] Voyez : elle loue Molière pour son sérieux, et Aristophane pour sa gaieté.
Ils firent de sérieux efforts pour le ramener; mais tout fut inutile. […] Pour séduire Molière, il se mit à lui réciter avec beaucoup d’art plusieurs morceaux sérieux et comiques. […] Il avait pris le mariage au sérieux, et il aimait Mlle Molière. […] Aristophane a des parties sérieuses aussi bien que Molière. […] Le comique peut être gai, et pourtant il n’enfante pas la joie; il peut être sérieux, et pourtant le sérieux poussé à un certain degré le rend impossible.