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134. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jours des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui, par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps 59. » L’autorité que je reconnais à Molière ne m’empêchera pas de dire qu’il y a peu de bonne foi à reprocher aux critiques d’avoir donné un sens criminel aux plus innocentes paroles et de s’offenser de l’ombre des choses.

135. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Il craint qu’Alcmene, accoutumée à être fêtée par un Dieu, ne puisse plus se contenter de la chere médiocre qu’un mortel peut lui faire : enfin il se console en disant que le grand Jupiter remédiera sans doute à cela comme à tout le reste. […] Mais qu’elle ne confonde pas avec lui tous ceux de son état ; au contraire, il est de la décence, de l’honnêteté, qu’elle marque sensiblement la différence qu’il y a de lui à ses confreres : qu’elle fasse tomber tous ses traits sur lui ; mais qu’elle prodigue en même temps au reste du Corps les éloges qui lui sont dus.

136. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

On se doute bien qu’il n’a pas jouté plus heureusement avec lui qu’avec Plaute : mais il nous reste à voir s’il vend cher la victoire. […]   Le reste de cet ouvrage ayant fait connoître insensiblement presque tous les endroits où Moliere s’étoit le plus rapproché du beau naturel, & ceux où Regnard s’en étoit éloigné, il eût été mal-adroit sans doute de les comparer encore à la nature dans ce chapitre.

137. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

« La nature veut toujours être nouvelle, c’est vrai ; mais elle reste toujours la même... […]   Dans l’auteur original (Maria de Zayas, Nouvelles, la Précaution inutile ; voir la traduction de Scarron dans ses Nouvelles tragi-comiques), l’Agnès, n’apprend d’un amant brutal que la pratique sensuelle du plaisir, et reste aussi sotte après qu’avant.

138. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

« Le même auteur, voyant Moliere au tombeau dépouillé de tous les ornemens extérieurs dont l’éclat avoit ébloüi les meilleurs yeux, durant qu’il paroissoit lui-même sur son théâtre, remarqua plus facilement ce qui avoit tant imposé au monde, c’est-à-dire ce caractère aisé et naturel, mais un peu trop populaire, trop bas, trop plaisant et trop bouffon‌ 23. » Au reste, quelque capable que fût Moliere, M- Baillet assure qu’il « ne savoit pas même son théâtre tout entier, et qu’il n’y a que l’amour du peuple qui ait pû le faire absoudre d’une infinité de fautes. […] Ce fut vers ce tems-là qu’il se maria40, selon M. de Grimarest41, et ce mariage répandit l’amertume sur tout le reste de sa vie ; les dégoûts qu’il eut de ce côté-là le portèrent à se renfermer dans son travail et dans ses amis. […] Au reste, je ne croyois pas que Moliere fût aussi connu et aussi chéri en Allemagne ; vous trouverez peut-être bien des minuties dans ces Lettres mais je ne vous promets pas autre chose. […] En 1681227, il se joignit avec le reste de la Troupe Royale au théâtre de Guenegaud.

139. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Il fallut un ordre de Louis XIV pour faire obtenir aux restes de Molière un coin de terre ; l’archevêque de Harlay, obligé de fléchir devant la volonté royale, autorisa son inhumation à Saint-Joseph, dans la rue Montmartre ; deux prêtres allèrent chercher son corps, et cent personnes accompagnèrent le convoi avec des flambeaux. […] C’est au milieu de tous ces outrages commis envers les restes d’un homme de bien et de génie, que sa veuve, prenant un moment des sentiments dignes d’un tel mari, s’écria avec amertume : Quoi ! […] »Ces parents saisirent ce conseil, plus par envie de se défaire de l’enfant, pour dissiper plus aisément le reste de son bien, que dans la vue de faire valoir le talent qu’il avait apporté en naissant. […] « D’être avec vous le reste de mes jours, lui répondit Baron, pour vous marquer ma vive reconnaissance de toutes les bontés que vous avez pour moi. — Hé bien, lui dit Molière, c’est une chose faite ; le roi vient de m’accorder un ordre pour vous ôter de la troupe où vous êtes. » Molière, qui s’était levé dès quatre heures du matin, avait été à Saint-Germain supplier sa majesté de lui accorder cette grâce ; et l’ordre avait été expédié sur-le-champ.

140. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

La Vérité morale reste inébranlable et intacte à côté des débris de tout ce qui s’enfle pour singer ou parodier sa puissance éternelle. […] De peur d’être entraîné dans la ruine de sa propre activité, il n’a garde de s’intéresser à ce qu’il fait ; son âme affranchie ne s’y absorbe point : il reste indépendant, voulant rester debout. […] Si, en effet, l’apparence, une fausse image de ce qui est substantiel et vrai, ou ce qui est mauvais et petit en soi est le côté saillant, cependant la personnalité forte et solide qui dans son indépendance, s’élève au-dessus de toutes les choses finies, assurée et heureuse en elle-même, reste le principe du haut comique. […] Mais, si ce qui est en soi faux se détruit par soi-même, à cause de ce semblant même d’existence, la vraie personnalité triomphe encore de cette destruction ; elle reste inviolée en soi et satisfaite.

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