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185. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

La cour, par arrêt du 16 mai 1676, rendu après des plaidoiries qui durèrent cinq audiences, ordonna que le procès serait continué par le lieutenant criminel ; puis, le 17 septembre, ce juge rendit une sentence qui déclarait Guichard convaincu d’avoir fait la proposition d’empoisonner Lulli et le condamnait à venir en la chambre du conseil, et la, nu-tête et à genoux, se reconnaître coupable et être blâmé. […] Je sais bien qu’il est de mode de voir dans cette scandaleuse aventure un triomphe pour l’honneur de la belle veuve et un hommage rendu par la justice à sa bonne réputation. […] S’ils laissent au service rendu par Molière à son vieux père tout son caractère délicat et désintéressé, il est impossible pourtant d’en déduire l’intention d’un don gracieux qui eût tourné au détriment de sa fille. […] Pourquoi, d’ailleurs, ne profiterait-on pas de cette occasion pour rendre à Molière le même hommage qu’on a rendu, en 1884, au grand Corneille ? […] Joignez à cela les éditions de ses œuvres, les innombrables études dont il a été l’objet, et voyez quelle splendide collection on créerait, si l’on rendait ce musée permanent et public.

186. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Sans cesse occupé des moyens qui pouvaient faciliter son retour dans sa patrie, Brécourt s’offrit pour cette entreprise dangereuse, et promit d’en rendre bon compte ; il était connu pour un homme de main, et l’on s’en fia à lui. […] Celle-ci lui coûta la vie : il se rompit une veine par les efforts qu’il fit pour en bien rendre le principal rôle, et mourut des suites de cet accident. […] Des enfants qu’il en eut, il ne conserva qu’une fille qu’il aimait beaucoup ; et, l’ayant mariée à un homme qui la rendit malheureuse, il en mourut de chagrin. […] Cette actrice était belle, fort aimable pour tout autre que pour son mari, auquel son talent ne la rendait point indigne d’être associée, et d’une coquetterie excessive. […] Racine lui avait confié le rôle d’Oreste ; et ce rôle, suivant une tradition populaire, fut la cause de sa mort ; il se rompit, dit-on, une veine, par les efforts prodigieux qu’il fit pour bien rendre la scène des fureurs.

187. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Pour se convaincre de ce qui en étoit, il fut une grande partie du jour en ville sans boire, & se rendit le soir chancelant & tombant comme s’il eût été l’homme le plus ivre qui fût jamais. […] Comme les marchands font de fréquentes absences, la belle, qui se trouvoit souvent veuve, se rendit amoureuse d’un jeune Cavalier nommé Robert, qui lui avoit fait long-temps la cour. […] Robert, content de l’expédient, fut plusieurs fois au rendez-vous, vit quelquefois sa belle, & quelquefois s’en retourna sans la voir.

188. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Moliere a joué dans ses Femmes Savantes l’Hotel de Rembouillet, qui étoit le rendez-vous de tous les beaux esprits. […] Pour surcroît de malheur, la Moliere avoit mené avec elle le Curé d’Auteuil pour rendre témoignage des bonnes mœurs du défunt, qui louoit une maison dans ce Village. […] Et pour rendre la plaisanterie plus agréable au Roi devant qui elle fut représentée à Versailles, il y joua les premiers Médecins de la Cour avec des masques faits tout exprès.

189. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

  Ce n’est pas une fois que Molière a mis sur le théâtre ces conduites criminelles, fardées sous l’excellent comique de sa verve intarissable, et rendues excusables en apparence par le caractère de ceux contre qui elles sont dirigées. […] Et s’il faut lui reprocher de nous avoir souvent forcés à applaudir ce que nous devons condamner, d’avoir maintes fois employé la puissance de son génie à flétrir la fleur de notre sens moral par l’entraînement du rire, il faut, sans lui pardonner cette erreur, lui rendre la justice que personne n’a plus fermement parlé le langage du bon sens, qui doit nous conduire dans la pratique de la vie ; personne n’a mieux compris ni montré quel ensemble de vertus supérieures doit se rencontrer en un homme pour qu’il soit honnête homme. […] IX, § 2), qui met trop de bonne volonté à trouver une morale à cette farce : « Sganarelle nous fait honte de la jalousie dans le ménage ; il nous rend moins chatouilleux aux apparences, nous rassure pleinement sur notre mérite. » — J.

190. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il mérite bien qu’on lui fasse l’honneur de le critiquer dans sa langue, et ce qui me rend un peu moins incapable de le faire, c’est qu’au dix-huitième siècle a paru un grand philosophe allemand, auteur d’un ouvrage célèbre, qui n’est que la traduction en langue savante des principes de critique chers à Molière et à moi. […] Plusieurs critiques, sans être allemands, trouvent même qu’il est un peu sérieux, et que le personnage qui le rend nécessaire est bien odieux pour être comique. […] Mais croit-on que, si l’on prenait cette peine, on rendît un grand service à la critique ? […] Fallait-il quelle fît table rase de toutes les idées que l’éducation lui avait acquises, afin de purifier, d’affranchir son goût, de le rendre à l’état de nature, et de pouvoir le mettre désormais en rapport direct avec les œuvres du génie, sans l’intermédiaire de ces idées ? […] L’autorité que le texte a par lui-même pour convaincre et persuader tous les hommes de sa propre beauté, le commentaire ne l’a point pour rendre cette beauté sensible aux esprits rebelles et aux cœurs indifférents.

191. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Mémorable arrêt celui-là, mais il était rendu trop tard. […] Quant à Préville, ne parlons pas de Préville, ou plutôt parlons-en, rien que pour rendre heureux celui qui en parle. […] Grande et sage habileté du conteur, qui, à force de terreur et de pitié dans la préface de ses contes, a rendu tout excusable. […] Les comédiens du Théâtre-Français n’auraient pas seulement besoin qu’on leur rendît les habits de la cour de Louis XIV, il faudrait encore leur rendre la taille, le visage, le pied, les mains, la jambe, la démarche de ces beaux petits messieurs qui posaient complaisamment devant Molière. […] Il se laisse bander les yeux, et conduire à ce rendez-vous, comme un enfant.

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