On a tenté de mettre au théâtre l’avare fastueux : c’était presque avoir oublié la pièce de Molière et le rôle d’Harpagon. […] Mais que sont quelques paroles dures et hautaines, comparées aux deux rôles si comiques de monsieur et de madame de Sotenville ? […] Lulli, qui avait composé la musique des divertissements, et même, dit-on, fait les paroles italiennes de la fin du premier acte, chanta le rôle d’un des deux médecins grotesques. […] Le Moron de La Princesse d’Élide et le Clitidas des Amants magnifiques sont deux personnages dont l’humeur est semblable, dont le rôle est pareil, et dont le costume seul diffère quelque peu.
Yes… On donnait les comédies à mes dépens : je me rappelle que c’était un membre du parlement qui avait joué le Tartuffe, et milady, mon femme, faisait un rôle dans le Georges battu, et puis content.
Lulli avait fait la musique des divertissements, et avait même chanté le rôle du mufti dans la cérémonie turque. […] Ensuite, il a plus qu’un ridicule ; il a un tort, et même assez grave, celui de donner les mains à une insolente mystification dirigée contre l’homme dont il veut devenir le gendre, et, qui plus est, d’y prendre le principal rôle. […] De toutes les reprises qui suivirent, la plus brillante fut celle de 1703, dont vingt-neuf représentations attestèrent le succès, et où deux acteurs jeunes et charmants, Baron fils et mademoiselle Desmares, trouvèrent doux, à l’abri de leurs rôles, de se déclarer, de se témoigner, en face du public, l’amour dont ils étaient enflammés l’un pour l’autre.
Mais avant que j’entre dans le détail de ma proposition, je déclare que je n’en veux qu’à l’Acteur en général ; et que je sais distinguer, et celui qui exécute bien, et même les jours qu’il doit être applaudi, et les rôles qui lui conviennent. […] On trouve presque toujours au spectacle les rôles mal distribués : des voix ingrates qui ne peuvent fournir dans les mouvements ; de glapissantes, dès qu’elles s’élèvent ; de faibles, qui ne se font point entendre ; de trop claires, qui n’imposent point, et qui ne peuvent varier dans la passion ; des Acteurs qui sans raison précipitent leur voix, par hémistiche, et qui font perdre la moitié de ce qu’ils disent : Défaut qui s’est glissé au Théâtre depuis quelques années. […] Autrefois les Comédiens les recevaient des Auteurs qui leur confiaient la représentation de leurs Pièces ; mais aujourd’hui ces Auteurs seraient très mal reçus à leur donner l’esprit d’un rôle.
Qu’on ne joue ses pieces que deux fois l’année : qu’on ne les donne pas les petits jours, c’est-à-dire ceux où la plus extravagante des étiquettes interdit le spectacle françois au beau monde : que les premiers acteurs ne dédaignent pas d’y jouer, & n’abandonnent pas leurs rôles à leurs subalternes, je leur garantis des chambrées complettes. […] A-t-on si grand tort de dire que nombre de comédiens ne connoissent que leur rôle, même dans les pieces qu’ils représentent journellement » ?
À Molière la gloire d’avoir, malgré le siècle, vu et peint la femme telle qu’elle est ; d’avoir ôté de son immortelle parure de grâce tout ce qu’on y joignait alors de faux et d’emprunté ; d’avoir dit et montré ce qu’elle doit être pour accomplir son rôle humble et sublime parmi nous. […] Il fit voir une vieille fille devenue folle au bruit étourdissant des madrigaux, du beau langage, des tourbillons et de l’amour platonique304 ; une belle et jeune fille pleine d’espérance, rendue sèche, orgueilleuse, incapable d’amour et de famille305 ; une gracieuse et spirituelle enfant près d’être immolée à l’engouement de sa mère pour un pédant aussi sot qu’intéressé306 ; une brave servante, humble providence de la maison, chassée comme une voleuse À cause qu’elle manque à parler Vaugelas307 ; enfin un père réduit dans sa maison au rôle d’ombre, condamné au silence par son amour de la paix, méprisé par ce trio de précieuses savantes, qu’indigne son peu d’esprit, et forcé enfin de protester contre la science et les lettres par cette immortelle boutade qui est dans la mémoire de tous308 : la guenille de Chrysale, rappelant sur la terre ces folles envolées vers les régions imaginaires du bel esprit, est un mot impérissable comme le pauvre homme de Tartuffe et la galère de Scapin 309.
Il commence d’abord par attaquer Argante, auquel il persuade que, loin de plaider pour faire casser le mariage de son fils, il doit plutôt s’accommoder avec les parents de la mariée, & leur donner l’argent qu’il dépenseroit en paperasses : il fait jouer le rôle du parent par Sylvestre, déguisé en brave : Argante donne deux cents pistoles. […] Les sacs y jouent plusieurs rôles. […] Répétons un peu votre rôle, & voyons si vous ferez bien. […] Un Poëte comique n’excellera jamais, s’il n’est naturellement comédien, & s’il ne joue tous ses rôles en les composant.