/ 236
145. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Secondement, elle doit être filée avec un air si naturel, que le public ne s’apperçoive point de l’art. […] Lorsque je dis qu’une méprise doit être filée avec beaucoup de naturel, j’entends que les interlocuteurs ne doivent se dire mutuellement que ce qu’une méprise réelle peut leur dicter, sans aller chercher des détours qui font partager au public le travail de l’Auteur, & détruisent son plaisir & l’illusion.

146. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Le public peut aimer à voir troubler une intrigue par un ou deux caprices du sort ; mais voilà tout : encore faut-il qu’ils servent à jetter les acteurs dans de grands embarras. […] Il a certainement voulu dire que le Public aime, dans une intrigue, à voir naître & agir tous les ressorts avec cette facilité qui laisse croire que le hasard seul les fait mouvoir.

147. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Nous avons assez parlé des parties de la comédie & de ses différents genres, pour savoir apprécier les changements heureux ou malheureux que notre guide fera, & pour nous instruire en même-temps dans l’art de l’imitation, art si difficile, que lui seul l’a connu supérieurement : c’est ce que nous prouverons encore en plaçant quelquefois Moliere imité à côté de Moliere imitateur, & en mettant sous les yeux du public les imitations de tous nos Auteurs, depuis Moliere jusqu’à nous.

148. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Non ; ce qui nous intéresse surtout, c’est d’apprendre qu’Aristophane ne développe pas d’intrigues, ne peint pas de caractères ; que son comique est une gaieté sans frein et une fantaisie sans bornes, animant, poétisant le tableau des mœurs publiques ; qu’il est tantôt lyrique et tantôt bas, à la fois cynique et charmant, tel enfin que Voltaire a pu l’appeler un bouffon indigne de présenter ses farces à la foire , et que Platon a pu dire : les Grâces choisissant un tombeau trouvèrent l’âme d’Aristophane . […] Le Marquis ne s’applique plus uniquement à soutenir la dignité d’un personnage du bel air ; il n’a plus de rubans et de canons à étaler aux yeux du public ; il ne hausse plus les épaules chaque fois que le parterre rit ; il se donne la peine d’écouter. […] Y a-t-il plusieurs manières différentes, opposées, d’être comique, et une pièce de théâtre est-elle une comédie avant d’avoir reçu le baptême des mains d’un philosophe, seulement parce qu’un public ignorant tout, parce qu’un poète ignorant l’Esthétique, ont eu la fantaisie de l’appeler de ce nom ? […] Car on rit plus aux bouffes, si goûtés de notre excellent Marquis, qu’aux chefs-d’œuvre de Molière, et un homme d’esprit319 a constaté qu’à la représentation du Tartuffe, le public ne rit pas plus de deux ou trois fois. […] Vous avez sur l’Europe un avantage, vous goûtez Aristophane ; vous le goûtez à force d’intelligence et de science ; car j’ose dire que ce n’est plus un goût naturel, et si l’on représentait aujourd’hui ses pièces à Londres, à Paris ou même à Berlin, j’imagine que le public serait trop étonné pour songer à se divertir.

149. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

Quant à la Phèdre et Hippolyte qu’il opposa à la Phèdre de Racine (janvier 1677), il faut faire la part de la légende : les loges, et encore moins les salles, n’avaient pas été louées par ses protecteurs, et il fallut plusieurs semaines avant que sa pièce cédât dans la faveur du public, au désespoir de Racine.

150. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

Mais l’ordonnance de ses comedies est toujours defectueuse en quelque chose, & ses denouemens ne sont point heureux. » Sa vie a été donnée au public par M.

151. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Dandin est fou ; il peut fort bien braver le qu’en dira-t-on, & vouloir juger au milieu de la rue : mais est-il raisonnable que Léandre, son fils, consente à rendre publique la folie de son pere, qu’il l’expose au mépris de la plus vile populace, & qu’il se couvre lui-même du plus grand ridicule ? […] Enfin tout l’art consiste à fixer la scene dans un lieu où le public soit accoutumé à voir ce que l’Auteur veut présenter à ses yeux.

/ 236