La Comédie Française célèbre l’anniversaire de son illustre ancêtre à la date précise du 15 ; toutefois ce n’est là que la date du baptême, et il reste possible que Molière fût né quelques jours auparavant. […] Il serait bien possible que ce fût là, sur cette terre classique de lu médecine, que Molière eût pressenti pour la première fois quelle riche, féconde, inépuisable matière les médecins et les apothicaires fourniraient un jour à sa raillerie. — La troupe demeure là près de cinq ou six mois.
Alceste et Gorgibus, Célimène et Madame Jourdain, personnages entre qui l’éducation et le rang dans la société mettent la plus grande différence possible de sentiments, d’expressions et de manières, parlent, non pas le même langage, mais la même langue ; c’est-à-dire que le discours, élégant et noble chez les uns, commun et même populaire chez les autres, est pourtant assujetti aux lois de la même grammaire ; et, loin que Molière ait écrit avec moins de correction les rôles des personnages d’un esprit plus borné ou d’une condition plus basse, je ne craindrais pas d’affirmer que souvent il s’y trouve moins de termes impropres et de tours embarrassés, moins de fautes en un mot contre l’usage et la règle, que dans les rôles où sa diction prend l’essor le plus élevé1. […] Lorsque Molière entra dans la carrière du théâtre, le royaume était pacifié Louis XIV allait devenir époux par le traité des Pyrénées, et roi par la mort de Mazarin ; les grands seigneurs, de suzerains ailiers devenus vassaux soumis, entouraient leur jeune monarque, et déjà préludaient à ce culte d’amour et d’admiration qu’ils lui rendirent pendant tout son règne ; les lettres et les arts, respirant du tumulte des discordes civiles, s’apprêtaient à orner de leurs chefs-d’œuvre un siècle dont ils ont fait la gloire : cependant tes courtisans flattaient leur maître et cherchaient à se supplanter entre eux, les magistrats rendaient, et quelquefois, dit-on, vendaient la justice, les traitants s’enrichissaient aux dépens du peuple, les femmes faisaient l’amour, les bourgeois vaquaient à leurs occupations ; en un mot, tout était rentré dans l’ordre avec ces différences de conditions ces distinctions de rangs, ces inégalités de fortunes et ces variétés de ridicules qui constituent la meilleure des sociétés possibles pour la Muse de la satire et celle de la comédie. […] Arnolphe et les autres jaloux, parce qu’ils ont usé des plus mauvais moyens possibles pour s’assurer l’amour ou la fidélité d’une femme, ne valent rien de mieux à faire que de renoncer à toutes. […] Si elle était la sœur et non la fille de Madeleine Béjart, leur prétendue mère commune, Marie Hervé, l’aurait donc mise au monde sept ans après que Madeleine était accouchée de Françoise, et, par conséquent, à l’âge de quarante-cinq ans au moins : cas rigoureusement possible, mais extrêmement rare.
Il était dans cette ville avec ses comédiens, dont l’accouchée était peut-être l’ingénue, et ils y donnèrent des représentations, comme le prouve l’aventure suivante, qui date du retour définitif de Molière à Paris, et que Tallemant raconte dans son Historiette de mademoiselle Desjardins (madame de Villedieu) : « Un jour qu’il la fut voir dans sa chambre garnie, une femme qui était encore au lit dit d’un ton assez haut : “Est-il possible que M. de Molière ne me reconnaisse point ?” […] Des députés sollicitèrent probablement leurs entrées ; mais la majorité des États, qui se refusait à reconnaître la délégation délivrée pour le service de l’année précédente par le prince de Conti, et ne voulait pas davantage pour l’avenir se trouver engagée par le laisser-aller de quelques-uns de ses collègues, prit, à la date du 6 décembre 1656, la délibération suivante : « Sur les plaintes qui ont été portées aux États par plusieurs députés de l’assemblée, que la troupe des comédiens qui est dans la ville de Béziers a fait distribuer plusieurs billets aux députés de cette compagnie pour les faire entrer à la comédie sans rien payer, dans l’espérance de retirer quelques gratifications des États, a été arrêté qu’il sera notifié par Loyseau, archer des gardes du Roi en la prévôté de l’hôtel, de retirer les billets qu’ils ont distribués, et de faire payer, si bon leur semble, les députés qui iront à la comédie ; l’assemblée ayant résolu et arrêté qu’il n’y sera fait aucune considération ; défendant par exprès à messieurs du bureau des comptes de, directement ou indirectement, leur accorder aucune somme, ni au trésorier de la bourse de payer, à peine de pure perte et d’en répondre en son propre et privé nom18. » Il ne parut sans doute pas possible à l’assemblée d’adopter une mesure aussi tranchée relativement à l’Armorial du Languedoc de l’acteur Béjart aîné, livre dont la publication avait flatté la vanité des députés de la noblesse et de bon nombre de députés du clergé, qui en avaient, les uns accepté, les autres sollicité des exemplaires. […] Mais dans la comédie, son art infini dissimulait ce défaut autant que possible. […] Ce comédien étant très aimé du parterre, les acteurs qui étaient chargés de son emploi en province cherchaient à reproduire son jeu autant que cela leur était possible ; ils poussèrent l’imitation jusqu’à boiter, non seulement dans le rôle de La Flèche, où la phrase d’Harpagon le rendait nécessaire, mais indistinctement dans tous ceux que jouait Béjart.
J’ai tenté vainement d’élaguer davantage cette scene ; il ne m’a pas été possible.
Il a senti que le sujet del Combidado de piedra ne pouvoit pas absolument être dénué de merveilleux : il a senti en même temps qu’il seroit possible d’en retrancher une partie pour dégager & laisser ressortir les traits fins, délicats, les scenes vraiment comiques, que Moliere avoit fondus dans son ouvrage, & qui sont écrasés par les choses surnaturelles.
Oronte paroît, on se persuade que Javotte a tout découvert ; au contraire elle a fait tout son possible pour empêcher son pere d’entrer.
Il faut encore une grande habitude pour donner à sa voix les inflexions qui conviennent ; une bonne poitrine, pour la ménager ; beaucoup de jugement, pour découvrir le sens de l’Auteur ; et donner s’il est possible, à son Ouvrage plus d’esprit qu’il n’y en a voulu mettre.