L’École des Femmes, Tartufe, l’Avare, aventures de notre quartier ; nous sommes constitués juges de la ressemblance des portraits, car ce sont bien des portraits, et non plus des personnes abstraites. — Du même coup les personnages de convention deviennent inutiles : plus de masques ici, qui étaient si nécessaires quand les personnages manquaient de caractéristiques individuelles. […] Ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne recherche point de ressemblance ; et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. […] On veut que ces portraits ressemblent ; et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître les gens de votre siècle. »Aussi bien a-t-il peint les « gens de son siècle », comme ils n’ont jamais été peints sur notre théâtre.
Je crois que c’est une erreur ; un bon Ecrivain peindra aussi fortement un caractere en prose qu’en vers : & je le prouve par le portrait que la Fleche fait d’Harpagon à Frosine.
Le fameux Garrik, cet Auteur, cet Acteur Anglois, si cher à Thalie, à Melpomene, & sur-tout à l’honnêteté, sait si bien composer à son gré l’expression de son visage, qu’il a fait ébaucher son portrait sous deux figures différentes, & par le même Peintre, sans en être reconnu : cette singularité, quoique vraie, seroit bien difficile à mettre, avec vraisemblance, sous les yeux du spectateur.
Madame la Marquise de Lambert fait un long portrait de M.
On vient de voir que dans l’Avare, Harpagon seul a un caractere décidé ; aucun des autres personnages ne peut donc avoir un caractere qui contraste avec le sien : cependant Harpagon n’est-il pas une image frappante de l’avarice, & le portrait laisse-t-il quelque chose à desirer ?
Cette espèce de comédie est presque sans nœud, ni liaison dans les scènes ; mais elle brille par la vérité des portraits, et par l’élégance toujours soutenue du style.
Il ne s’est point mêlé à la foule pour nous traduire ses impressions; homme supérieur, il est resté en dehors, et c’est à l’écart, d’un point élevé, qu’il observe ses contemporains, qu’il saisit leur physionomie, et que d’une touche sûre il trace leur impérissable portrait.