C’est là le vrai moyen d’oser impunément Permettre à mes desirs un plein emportement.
Comme ma vieillesse ne me permet pas de suivre ma fille dans l’empire de la Lune, oserais-je demandera Votre Hautesse de quelle humeur sont ses sujets ? […] On prétend que dans une pièce intitulée : La Fausse Prude, Mezzetin (Angelo Costantini) s’était permis des allusions satiriques à madame de Maintenon.
Le roi, qui apprit le même jour cette vengeance brutale, en témoigna son indignation au courtisan qui se l’était permise, et consola Molière par les marques d’intérêt les plus touchantes. […] Comme défense de L’École des femmes, elle est tout ce qu’elle pouvait être, sortant de la plume de l’auteur lui-même : quelques-unes des objections les plus spécieuses qui aient été faites contre l’ouvrage, y sont réfutées avec habileté ; les autres sont passées sous silence comme ne méritant pas ou ne permettant pas de réponse, et quelquefois l’éloge se mêle adroitement à la simple apologie. […] La Critique ne nous offre pas seulement le croquis de la plupart des personnages qui figurent dans Les Femmes savantes ; elle nous montre aussi le sujet de cette comédie, tracé en peu de mots, mais avec une précision, une justesse qui ne permettent pas de le méconnaître. […] Après la vengeance des comédiens, vint la vengeance des marquis ; c’est sous ce titre même que de Villiers, mauvais acteur de l’hôtel de Bourgogne, et plus mauvais auteur, donna une pièce en un acte et en prose, dans laquelle ce galant homme, reprochant à Molière l’usage des personnalités, s’en permit des plus outrageantes à son égard, et poussa l’impudence satirique jusqu’à dire, dans les termes les moins ambigus, qu’il était en réalité ce qu’un de ses Sganarelles n’est qu’en imagination.
On aurait pourtant mieux fait de ne pas traiter l’unité de lieu avec une rigueur si scrupuleuse, et de permettre aux personnages de passer d’une chambre dans une autre, ou même dans différentes maisons de la même ville. […] Comme le plan de cet ouvrage ne me permet pas de parler des productions de cette époque, avec assez de détail pour que je puisse amener les remarques générales à l’occasion de chaque pièce en particulier, avant de passera celles qui attireront de nouveau nos regards, je vais faire encore ici quelques observations sur l’esprit de la comédie française. […] L’opéra-comique des Français, au contraire, quoique la place occupée par la musique n’y permette pas un développement dramatique bien complet, est pourtant calculé pour l’effet de la scène et parle à l’imagination d’une manière agréable. […] La déclamation ampoulée répondait parfaitement à cet étalage. » Comme à cette époque, et même encore longtemps après, on jouait la tragédie en habit de cour, avec un grand jabot, une épée et un chapeau, on ne se permettait guère d’autres gestes que ceux qui sont reçus dans un salon ; tout au plus quelques légers mouvements des bras ; on regarda sans doute comme un coup de théâtre très hardi, que dans la dernière scène de Polyeucte, Sévère qui vient reprocher à Félix sa trahison, s’avançât le chapeau sur la tête, tandis que l’autre l’écoutait le chapeau sous le bras.
On permit à la troupe de Molière de s’établir à Paris ; ils s’y fixèrent, et partagèrent le théâtre du Petit-Bourbon avec les comédiens Italiens, qui en étaient en possession depuis quelques années. […] Il n’est permis de s’adresser aux personnes que quand ce sont des hommes publiquement déshonorés, comme Rolet et Wasp. […] Pendant qu’on supprimait cet ouvrage, qui était l’éloge de la vertu et la satire de la seule hypocrisie, on permit qu’on jouât sur le théâtre italien Scaramouche ermite, pièce très froide si elle n’eût été licencieuse, dans laquelle un ermite vêtu en moine monte la nuit par une échelle à la fenêtre d’une femme mariée, et y reparaît de temps en temps, en disant : Questo è per mortificar la carne. […] On prétend que quand on lui reprochait ce plagiat, il répondait : Ces deux scènes sont assez bonnes ; cela m’appartenait de droit : il est permis de reprendre son bien partout où on le trouve.
Quoi que je puisse dire, il doit m’être permis, Et c’est pour vous convaincre, ainsi que j’ai promis.
Je ne demande point au poète comique une morale positive ; je ne lui demande même pas de s’interdire la représentation de la ruse, du mensonge, de l’égoïsme, des mauvaises passions, de 1 immoralité en un mot ; la comédie ferait mieux de ne rien peindre de pire que des ridicules, mais il lui est permis de produire sur la scène le vice lui-même, pourvu que le poète ait une assez grande intelligence de son art et assez de tact moral pour empêcher que ma conscience ne vienne élever sa voix au milieu delà fête qu’il donne à mon esprit. […] Ne me sera-t-il pas permis, dans le voyage philosophique que je fais à travers les littératures étrangères, de mettre au premier rang ce poète, et de proposer son idéal à nos Allemands, qui cherchent, sans L’avoir encore trouvée, leur comédie nationale29 ? […] Mais pourquoi ne nous serait-il pas permis de nous divertir, sans profit, d’un badinage ingénieux ? […] Ne nous laissons pas de lui répondre qu’il est permis au poète d’inventer une fable aussi hardie, aussi fantastique qu’il lui plaît, de la rendre même folle et absurde54, pourvu que toutes les parties en soient d’accord et que chaque détail s’harmonise avec la donnée première. […] Le poète nous présente, il est vrai, tout ce qu’il y a de plus extraordinaire ou même de plus incroyable ; il se permet souvent, dès l’entrée, une grande invraisemblance, telle que la parfaite conformité de deux figures ; mais il faut que tous les incidents qui dérivent de cette première donnée, en paraissent la suite nécessaire.