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5. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Malheur à lui s’il trahissait la pensée commune ! […] C’est dans cette pensée que, déjà à Lausanne, il avait fait de ce sujet la matière de cours publics. […] Mais déjà dans Britannicus, pièce grave et réfléchie, on vit apparaître la pensée qui devait poursuivre Racine. […] Sa pensée, jeune, franche et résolue, s’attaque hardiment aux difficultés du chemin. […] Une citation de ce livre ne peut être donnée avec certitude comme exprimant la pensée exacte, complète et définitive de Vinet.

6. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul Or, ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et, parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité, qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa milus. […] Deuxième contredanse L’humoriste, plein d’indifférence à l’égard des sottises individuelles127, se dresse sur la roche tarpéienne d’où sa pensée précipite l’humanité tout entière128 Devant son regard bienveillant et triste il n’y a pas de sots, mais l’homme est sot ; il n’y a pas de folies particulières, mais la folie est universelle. […] Voici comment Jean-Paul conclut le Prologue-Programme de son Titan : Maintenant donnons-nous la main, auteur et lecteurs, et dansons ensemble dans cet ouvrage ce grand bal de la vie ; moi à la tête d’un quadrille, et vous en sautant en mesure derrière moi, accompagnés par le chant des Muses et par la lyre d’Apollon, dansons de volume en volume, de cycle en cycle, de digression en digression, d’une pensée à une autre… (Traduction de M. […] Le Gulliver de Swift, moins humoriste pour la forme, mais plus humoriste par la pensée que son Conte du Tonneau, se dresse sur la roche tarpéienne d’où cette pensée précipite l’humanité. […] Pascal, Pensées, article IX (édition de M. 

7. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Molière, se servant du théâtre comme de la seule tribune où la pensée libre, héritière de l’antiquité, de Montaigne, de Rabelais, influencée par Descartes, pouvait lutter contre le dogme oppresseur, osa par un trait de génie, comme le dit justement M.  […] Examinons de plus près sa pensée, nous verrons qu’il émet à son tour des opinions fort modérées. […] Mais gardons-nous de prendre à la lettre la boutade de Molière, cherchons de plus près quelle est, en cette occasion, sa véritable pensée, et nous rencontrerons bientôt divers passages qui nous donneront à réfléchir. […] Il croit aux progrès de la pensée humaine, s’appuyant chaque jour sur l’expérience. […] C’est par leur bouche qu’il exprimera sa pensée en toute occasion.

8. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

C’est comme œuvre de vie qu’elle est ; sortie de sa pensée, et non comme plaidoyer abstrait. […] C’était cependant une pensée hardie et profonde de mettre sur la scène le libertinage de la pensée au libertinage des mœurs. […] La libre pensée se glisse à peine et se laisse seulement deviner dans toute la littérature du siècle. […] Mais c’est là ce que j’appellerai la libre pensée désintéressée. […] Molière a voulu faite une comédie ; le poète moderne a fait un drame : la pensée fondamentale reste la même.

9. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche2 ». […] Il semble même qu’à l’égard de ces pensées, & de ces fines railleries à quoi tous les Siecles & tous les Peuples polis sont sensibles, il soit plus fécond qu’Aristophane, & que Terence. […] Montrez aux Dames d’esprit certaines pensées d’Horace, d’Ovide, de Juvenal, &c. ; montrez-les leur en vieux Gaulois ; faites-en la Traduction la plus plate qu’il vous plaira, pourvu qu’elle soit fidelle, vous verrez que ces Dames conviendront que ces pensées sont belles, délicates, fines. […] Il faut donc qu’elle soit proportionnée au goût du public, c’est-à-dire, qu’elle soit capable d’attirer beaucoup de monde ; car sans cela, ne fût-elle qu’un elixir de pensées rares, ingénieuses, fines au souverain point, elle ruïneroit les Acteurs, & ne serviroit de rien au peuple. […] J’ai bien à faire de cela, dit l’un ; que m’importe, dit l’autre, qu’un tel ait été mal marié : à quoi bon tant de Citations, tant de pensées gaillardes, tant de réflexions Philosophiques, &c.

10. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Ainsi Molière entend régler son style sur sa pensée, et sa pensée sur le goût public. […] Onuphre n’a qu’une pensée. […] C’est vers l’avenir qu’il reporte nos pensées. […] Quelle fut sa secrète pensée en écrivant Le Misanthrope ? […] Sa pensée était de celles dont on n’a pas conscience: pensée de poète, pensée d’enfant.

11. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche. » Pour ne rien dissimuler, j’avertis ici mon Lecteur, que si l’on en croit d’autres Ecrivains, Moliere n’eut pas la force d’assister à la representation jusques à la fin ; il falut l’emporter chez lui avant que toute la piece eût été jouée. […] Il semble même qu’à l’égard de ces pensées, & de ces fines railleries à quoi tous les siecles & tous les peuples polis sont sensibles, il soit plus fécond qu’Aristophane, & que Terence. […] Montrez aux Dames d’esprit certaines pensées d’Horace, d’Ovide, de Juvenal, &c. montrez les leur en vieux Gaulois ; faites en la traduction la plus plate qu’il vous plaira, pourveu qu’elle soit fidelle, vous verrez que ces Dames conviendront que ces pensées sont belles, délicates, fines. […] Il a des beautez qui disparoîtroient dans les versions, & à l’égard des païs où le goût n’est pas semblable à celui de France ; mais il en a un grand nombre d’autres qui passeroient dans toutes sortes de traductions, & de quelque goût que les lecteurs fussent, pourveu qu’ils entendissent l’essence des bonnes pensées.

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