Si vous croyez encor m’avoir sous votre loi, Donnez-moi des rivaux qui soient dignes de moi Mais non ; pour vous prouver que mon cœur froid, paisible, De sentiments jaloux ne vit plus susceptible, Après avoir exclu Dorat et Marivaux, Quittez ce fier dédain pour vos amants nouveaux ; J’ose vous en prier : plusieurs, quoi qu’on en dise, Sont dignes de Thalie ; à tort on les déprise. […] Si quelque bon esprit, gai, naturel et rond Ose vous faire rire, on crie au mauvais ton ; Et ses discours trop vrais excitent le scandale. […] Mon siècle n’était point celui de l’indécence, Et pourtant il osa, sans s’être compromis, Rire de tous les traits que vous avez honnis.
Un homme qui, après s’être marié, en rougit & n’ose l’avouer. […] Je n’ose vous promettre une égale tendresse ; Mais je sens que pour vous mon cœur parle & s’empresse. […] S’il ose se flatter de vous rendre fidelle. […] J’aurois été peut-être aussi sot que mon frere : Mais, puisqu’on m’ose encor traiter de la façon, Un bon procès, morbleu, va me faire raison.
Comment donc, & pourquoi Oses-tu seulement la nommer devant moi ? […] Julie soupçonne que Moncade est aimé, puisqu’il ose maltraiter Mariane. […] Vous n’osez plus, Moncade, achever vos serments. […] Si j’osois... […] Si j’osois...
Ce m’est, je le confesse, une audace bien grande, Que d’oser de ce cœur vous adresser l’offrande ; Mais j’attends, en mes vœux, tout de votre bonté, Et rien des vains efforts de mon infirmité. […] Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux, Son devoir aussi-tôt est de baisser les yeux, Et de n’oser jamais le regarder en face Que quand d’un doux regard il lui veut faire grace. […] Vous n’oseriez après paroître en nul endroit ; Et chacun, vous voyant, vous montreroit au doigt.
Elle n’ose lui avouer le tendre penchant qu’elle a pour lui. […] Le pere du Marquis, qui a soixante & quinze ans, se persuade, à cette nouvelle, n’être qu’un homme mûr, se rappelle qu’autrefois il a été fort aimé des femmes, & croit avoir débusqué son fils ; il le raille, il fait à sa prétendue conquête la déclaration la plus burlesque, quand la pupille se déclare, & annonce enfin à son tuteur un bonheur sur lequel il n’auroit jamais osé compter. […] On reproche à Marivaux d’avoir donné au Marquis du Legs vingt ans de trop ; & voici comme raisonnent ses Critiques : Toute l’intrigue du Legs naît de la timidité du Marquis, qui n’ose pas déclarer son amour à la Comtesse : la timidité n’est ordinairement que le partage des jeunes gens, qui, peu instruits des usages du monde, craignent de déplaire à une femme en lui disant qu’ils l’aiment ; ou des vieillards qui, assez raisonnables pour comprendre que l’amour est un ridicule chez eux, n’osent pas l’avouer. […] Je conviens d’abord qu’on trouve plus d’amants timides dans les jeunes gens qui n’osent avouer la premiere blessure de l’Amour, & dans les vieillards qui craignent d’être dédaignés, que dans les hommes de trente-cinq ans : mais on en voit, & cela suffit. […] Non, vraiment : je n’ai pas osé le lui dire.
Eh bien, Messieurs, j’ose l’affirmer, on y suivrait la trace de tous les grands événements ; on devinerait, par elles, toutes les révolutions politiques et morales des deux siècles, et c’est dans la comédie que se retrouverait l’histoire. […] Les grands seigneurs, les magistrats sont parodiés en plein théâtre ; Figaro paraît, et ils permettent, ils souffrent qu’un valet réformateur ose leur donner des leçons ! […] Et cependant certains hommes osent soutenir que la carrière de la comédie est fermée !
Molière, se servant du théâtre comme de la seule tribune où la pensée libre, héritière de l’antiquité, de Montaigne, de Rabelais, influencée par Descartes, pouvait lutter contre le dogme oppresseur, osa par un trait de génie, comme le dit justement M. […] Cette morale, fondée sur la seule considération de l’utilité humaine, il osa l’enseigner, de la scène, à ce parterre dont les applaudissements soutenaient l’auteur de L’École des femmes contre les dédains des petits marquis. […] Nous sommes pris de pitié en entendant Agnès reprocher à Arnolphe (au moment où il ose lui rappeler les soins qu’il prit d’élever son enfance) cette ignorance dont elle souffre et qui lui pèse sur le cœur : Vous avez là-dedans bien opéré vraiment Et m’avez fait de tout instruire joliment ! […] De toutes amitiés il détache mon âme ; Et je verrais mourir frère, enfant, mère et femme, Que je m’en soucierais autant que de cela… On croirait entendre là, si j’ose me servir ici de cette expression, comme une « parodie » des propos jansénistes. […] Il serait lâche naturellement, il n’ose l’être tout à fait, par un reste de pudeur qui lui fait redouter le mépris d’Ariste et de Martine.