Cette condition ne pouvait convenir à la petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, le compagnon de Henri IV, qui osait dire de ce prince, sans le fâcher, qu’il était un ladre verd, parce qu’il n’était pas prodigue pour ses amis.
» C’est en ces termes que Fénelon dans sa Lettre à l’Académie française, — et cinquante ans seulement après la mort de Molière, — croyait devoir déjà s’excuser de ce qu’il allait oser dire de l’auteur de Tartufe et du Misanthrope. […] Mais les défauts de Molière ne sont pas des défauts, ce sont des qualités ; ce que l’on reprendrait chez tout autre, il est convenu qu’on le doit admirer chez Molière ; le style de Molière, la morale de Molière, la philosophie de Molière n’appartiennent pas à la critique ; Molière est en dehors et au-dessus de toute discussion, et comme il n’y a que des pédants enfin pour oser dire qu’en pensant bien, Molière écrit quelquefois mal, il n’y a que des tartufes pour se permettre d’insinuer que le théâtre de Molière n’est pas toujours une école de délicatesse, de mœurs et de vertu. — Boileau, La Bruyère, Bayle, Fénelon, Vauvenargues sont les pédants ; les tartufes s’appellent Racine, Bourdaloue, Bossuet et Jean-Jacques Rousseau. […] Que Molière ait prévu toutes les conséquences qui devaient sortir un jour de ses doctrines, c’est ce que je n’oserais dire.
Je frémis moi-même de ma témérité, en songeant que j’ose tenter de remplir un projet formé par les plus grands maîtres.
Béverley n’ose entrer chez lui, & veut passer la nuit sur une pierre.
Osez-vous balancer ?
Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer.
Moliere s’y trouva traité si avantageusement qu’il n’osa en soufrir la publication, de peur qu’on ne l’accusât d’avoir mandié les louanges qu’on lui donnoit. […] Et ces Comediens avoient tant de deference pour lui, que Baron n’osa lui dire qu’il étoit retenu, & la Du-Parc n’avoit garde de trouver mauvais que le jeune homme lui manquât de parole. […] Je n’ose lui rien confier, sans risquer d’être commis un moment après avec toute la terre. […] D’un autre côté Moliere n’osoit pas trop en donner la clé de peur de s’atirer des ennemis trop puissans. […] Et si j’ose me prévaloir d’une occasion si peu considerable par rapport au Roi, on ne peut trop admirer son heureux discernement, qui n’a jamais manqué la justesse dans les petites occasions, comme dans les grands évenemens.