Il est très louable, sans doute, de chercher à présenter sous un autre aspect des caractères déjà mis au théâtre, et d’enrichir ainsi la scène de physionomies nouvelles; mais on ne doit pas pour cela tomber dans le faux, ou peindre des individualités bizarres et exceptionnelles. […] La Chaussée et Marivaux, négligeant l’étude des mœurs, s’ouvrent des voies nouvelles: l’un crée la comédie sentimentale, l’autre la comédie romanesque. […] Les commis des magasins de nouveau vont plus loin encore, et pour rendre leur métamorphose plus complète, outre |a moustache, ils adaptent à leurs chaussures de sonores éperons qu’ils font retentir militairement sur les pavés et les dalles des boulevards. […] Samson, La Belle-Mère et le Gendre, et deux autres fort remarquables de Casimir Delavigne, Les Comédiens et L’Ecole des Vieillards, tout le répertoire nouveau du Théâtre-Français et de l’Odéon ne se compose guère que d’ouvrages sans couleur, où l’on chercherait en vain la peinture de quelque caractère et des mœurs de l’époque. […] Scribe, et nous ne disons en cela rien de nouveau pour personne, d’être l’un des plus rares esprits de l’époque, et le premier, à coup sûr, de nos auteurs dramatiques.
Tout cela forme de différents langages que mon Censeur n’a point encore étudiés, et il a pris pour égarement ce qui lui a paru nouveau. […] C’est pourtant là du nouveau, que mon Censeur a peut-être lâché par contagion, et qui me fait bien entendre qu’il ne m’a repris que par passion, ou de commande : Ou il me permettra de lui dire qu’il ne sait pas distinguer l’ancien d’avec le nouveau, le hasardé d’avec le reçu dans le style.
Tandis que les deux rivaux sont sur le pré, le valet sert son maître auprès de Léonor, malgré Dona Maria, qui le croit là pour lui porter des nouvelles de Don Juan.
Or les Mystères et les Moralités étaient de vastes compositions entre lesquelles la Farce fluette ne se faisait qu’une toute petite place : pour quelques scènes de Maître Pathelin, combien de lourdes Moralités comme celle des Blasphémateurs du saint nom de Dieu, ou d’immenses Mystères comme ceux de l’Ancien et du Nouveau Testament !
La reine envoya hier savoir des nouvelles de sa santé.
Voici ce qu’il dit : Présentement, s’il y a parmi vous quelqu’un qui dise ou qui pense que si le vieux poëte n’avoit pas attaqué le nouveau, ce dernier n’ayant à médire de personne, n’auroit pu faire de prologue. […] Le parterre est une assemblée de gens d’esprit, qui sont les juges nés de toutes les pieces nouvelles.
Le ridicule n’est qu’un motif de la gaieté comique, le motif le plus ancien et le plus nouveau, la source la plus riche, j’y consens ; mais il est si peu la gaieté elle-même, qu’il ne réussit pas toujours à la provoquer, et que celle-ci peut très bien prendre ailleurs ses inspirations. […] Il serait assurément fort injuste de juger Plaute, Térence, Molière, en un mot l’école de Ménandre, en prenant pour mesure et pour terme de comparaison les poétiques merveilles d’Aristophane et le vieil idéal comique disparu ; il faut juger les poètes de la comédie nouvelle d’après un idéal nouveau. […] La forme de la comédie ancienne est morte, et bien morte ; mais son essence est indestructible comme la poésie même, et elle peut revivre dans les formes nouvelles qu’a faites une autre civilisation. […] Ces pédantes, parce qu’elles savent « citer les auteurs et dire de grands mots, » prétendent être, « par leurs lois, les juges des ouvrages » ; elles font des « règlements » nouveaux et des « remuements » dans la littérature. […] Les nouveaux auteurs comiques, privés du libre exercice de la plaisanterie, cherchèrent une compensation à cette perte, en empruntant de la tragédie un élément sérieux ; ils l’introduisirent dans la forme de la composition, dans le nœud de l’intrigue.