Car elle peut donner, elle aussi, quelquefois, Sa leçon de morale… en action, tu vois ? […] Dans Sganarelle, Gorgibus engage sa fille à laisser là la lecture de Clélie pour savourer celle de ces petits livres soi-disant pieux, animés souvent de bonnes intentions, mais qui trouvent moyen de jeter de la dérision sur les choses les plus respectables, la morale et la religion : « Lisez-moi, comme il faut, au lieu de ces sornettes, « Les Quatrains de Pibrac, et les doctes Tablettes « Du conseiller Mathieu ; l’ouvrage est de valeur « Et plein de beaux dictons à réciter par cœur. […] Il lui donne à lire haut devant nous une suite de maximes en vers fort indiscrètes, dans leur morale prétention, et qu’il extrait d’un livre intitulé : LES MAXIMES DU MARIAGE ou LES DEVOIRS DE LA FEMME MARIEE avec son exercice journalier.
Molière ne doit donc pas moins à Strapparole et à Scarron, que la fable et les principaux caractères, en un mot que la partie dramatique et la partie morale de sa comédie.
Il rendit justice à Molière, avoua que la pièce pouvait être belle et instructive, mais ajouta que ce n’était pas le rôle des comédiens d’apprendre aux hommes la morale chrétienne et la religion.
Séduite par le jeu des acteurs, frappée d’une nouvelle espéce de tragi-comique, elle fit grace à un mélange monstrueux de religion & d’impiété, de morale & de bouffonneries.
Laissez venir seulement ces deux corrupteurs de la morale et de l’innocence, laissez venir Louis XV et Voltaire, alors Don Juan le scélérat, ne sera plus qu’un homme à bonnes fortunes, un philosophe ; il s’appellera M. le duc de Richelieu, pendant qu’en Angleterre, dans la patrie d’Hamlet, on verra ce même personnage de don Juan changer de nom, de costume, et s’appeler Lovelace ! […] La morale de tout ceci, c’est qu’il faut laisser Molière comme il est !
Quoi qu’il en soit, Le Boulanger de Chalussay publia d’abord cet ouvrage en prose et en vers : Morale galante ou l’art de bien aimer. […] Dans ce nouvel Art d’aimer, les nombreuses pièces de vers qui sont mêlées au texte de la Morale galante, sont la plupart très agréablement tournées.
Quant à l’utilité de la comédie morale & décente, comme elle l’est aujourd’hui sur notre théatre, la révoquer en doute, c’est prétendre que les hommes soient insensibles au mépris & à la honte ; c’est supposer, ou qu’ils ne peuvent rougir, ou qu’ils ne peuvent se corriger des défauts dont ils rougissent ; c’est rendre les caracteres indépendans de l’amour propre qui en est l’ame, & nous mettre au-dessus de l’opinion publique, dont la foiblesse & l’orgueil sont les esclaves, & dont la vertu même a tant de peine à s’affranchir.