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103. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Il suffit d’examiner les mœurs de cette comédie, pour voir que le sujet en est étranger, que Moliere l’a transporté sur son théâtre, sans se donner la peine de l’habiller à la françoise, & de changer la condition de ses esclaves, qui rendent son intrigue plus vraisemblable.

104. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

La pièce anglaise est intéressante, et l’intrigue en est ingénieuse : elle est trop hardie, sans doute, pour nos mœurs ; c’est un capitaine de vaisseau plein de valeur, de franchise et de mépris pour le genre humain. […] « La bourse et la ceinture que Boccace fait envoyer par la femme à son amant ne sont pas selon les mœurs, du moins en France, des présents convenables. […] Molière nous enseigne dans tout le cours de cette pièce comment il faut se servir d’une fable étrangère, et de quelle manière on peut la rendre propre aux mœurs et à la langue de son pays. […] Si les médecins de notre temps ne connaissent pas mieux la nature, ils connaissent mieux le monde, et savent que le grand art d’un médecin est l’art de plaire : Molière peut avoir contribué à leur ôter leur pédanterie, mais les mœurs du siècle qui ont changé en tout y ont contribué davantage. […] D’abord il montra beaucoup d’aigreur, et même de licence ; mais dans la suite il mit beaucoup de modération et moins de fiel : la première manière, en se rapprochant du mauvais comique reçu avant lui, servait moins au but qu’il s’était proposé ; au lieu que la seconde, plus douce et plus insinuante, était plus propre à la correction des mœurs, et remplissait mieux son intention.

105. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Jusques-là il y avait eu de l’esprit et de la plaisanterie dans nos Comédies, mais il y ajouta une grande naïveté avec des Images si vives des mœurs de son siècle, et des Caractères si bien marqués, que les Représentations semblaient moins être des Comédies que la vérité même, chacun s’y reconnaissait et plus encore son voisin, dont on est plus aise de voir les défauts que les siens propres.

106. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Ces personnages n’étaient pas plus dans les mœurs du dix-septième siècle que dans nos habitudes actuelles : jamais les valets n’ont mené leurs maîtres aussi tyranniquement ; mais comme ils jetaient du mouvement et de la gaîté dans les ouvrages, on les regardait alors comme presque indispensables. […] La comédie épisodique doit être une galerie de tableaux de mœurs ; elle ne comporte qu’une faible action, pour laisser briller la richesse des détails ; c’est ce que Molière a supérieurement accompli. […] La scène du docteur Pancrace et celle du philosophe Marphurius suffiraient pour donner un rang distingué à cette comédie, véritable peinture de mœurs où brillent des éclairs de génie. […] Ce qu’il faut surtout admirer en lui, c’est le génie avec lequel il s’identifie au caractère, aux mœurs et au langage de ses personnages ; on dirait que ces métamorphoses ne lui coûtent rien ; qu’il a été de tous les états ; qu’il s’est trouvé dans toutes les conditions. […] Molière, qui aimait les bonnes mœurs, n’eut pas moins d’attention à former celles de Baron que s’il eût été son propre fils : il cultiva avec soin les dispositions extraordinaires qu’il avait pour la déclamation.

107. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Car à regarder les Comédiens du côté des mœurs, ils en ont de bonnes comme les autres : et s’il y en a quelques-uns qui n’édifient pas, il y en a d’autres qui cultivent la vertu. […] On donne la vie d’un homme quand ses actions inspirent de la sainteté dans les mœurs, et de l’élévation dans les sentiments, ou qu’elle fournit des moyens de gouverner, et de se conduire dans les grands emplois.

108. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Les Arts, dans leur origine, ont dû nécessairement être, pour la plupart, assujettis aux mœurs des différents peuples qui les ont cultivés ; mais une fois établis, une fois en honneur dans un Etat, ils n’ont essuyé de funestes révolutions qu’avec l’Etat même. […] De cette façon mon ouvrage, s’il est bien fait, joindra le mérite de la variété à celui de donner une idée des théâtres de toutes les nations, de tous les âges, & par conséquent une esquisse de leurs mœurs.

109. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Cette connaissance est particulièrement nécessaire aux jeunes gens ; car, malgré tant de déclamations et les embarras réels occasionnés par les mœurs modernes, il est encore assez de mode de se marier ; mais elle n’est pas aisée à acquérir. […] Dans Athènes, ville si renommée pour l’élégance de ses mœurs, les femmes sont encore reléguées dans le gynécée. […] La sincère Éliante a du penchant pour vous ; La prude Arsinoé vous voit d’un œil fort doux ; Cependant à leurs vœux votre âme se refuse, Tandis qu’en ses liens Célimène l’amuse, De qui l’humeur coquette et l’esprit médisant Semblent si fort donner dans les mœurs d’à présent. […] Toutefois je ne me dissimule pas que c’est aussi un trait du temps, et je profiterai de l’occasion pour marquer un changement curieux qui s’est opéré dans les mœurs publiques.

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