Quand des imitateurs dédaignant le sentier Tu voulus nous montrer Molière tout entier ; Quand, dans le Misanthrope, on vit ton éloquence En corrigeant Alceste, essayer sa défense, Et, sans désespérer de sa conversion, Blâmer de la vertu l’exagération ; Quand ta brillante verve exposa sur la scène La prude Arsinoé, la folle Célimène ; Pour la première fois quand tu mis au grand jour La sottise et l’orgueil des beaux esprits de cour, Que tu fus grand ! […] Je pense que l’on ne me reprochera pas d’avoir interverti l’ordre des chefs d’œuvres de Molière, en plaçant l’Avare avant le Misanthrope et le Tartuffe qui l’ont précédé.
Dans ses comédies de caractères, comme le Misanthrope, le Tartuffe, les Femmes savantes, c’est un philosophe et un peintre admirable.
lui répliqua l’auteur du Misanthrope, je vous conseille de prendre sa profession.
On me demandera peut-être pourquoi je n’ai pas fait pareille confession quand je me suis occupé du Misanthrope et de l’Ecole des femmes. […] Et telle est l’intention de Molière ; et c’est pourquoi la pièce s’appelle Tartuffe ; comme il a intitulé les autres l’Etourdi, les Précieuses ridicules, le Misanthrope, l’Avare, Georges Dandin, le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire, etc., etc., désignant ainsi, dès l’abord, le personnage dont il entend qu’on rie. […] Puis le temps s’écoule ; de nouveaux chefs-d’œuvre sortent des mains de Molière ; il donne le Misanthrope, le Médecin malgré lui (1666), le Sicilien (1667), il ne donne point Tartuffe. […] On voulut même, comme pour le Misanthrope, trouver l’original de Tartuffe ; et l’abbé Roquette, à ce qu’assure Mme dé Sévigné, demeura toute sa vie affublé de ce nom. […] Dans le Misanthrope, il a peint la société ; c’est la famille qu’il a mise en scène dans Tartuffe.
C’est en perfectionnant toujours qu’il s’élève par dégrés jusqu’au Misanthrope, jusqu’aux Femmes Savantes, jusqu’au Tartuffe, jusqu’à cette pièce aprés laquelle il ne faut plus rien nommer et qui est non seulement le chef-d’œuvre du théâtre comique, mais un grand bienfait envers l’humanité.
Le Misanthrope, acte II, scène v.
Après dix années de fonds de culottes éclaircis sur les bancs, et quelques années encore succédant au baccalauréat, qui donc prend à Polyeucte, à Andromaque, au Misanthrope, ce vif et frais intérêt qu’il faut prendre à des drames ? […] La Princesse d’Élide (disparue du théâtre depuis 1757) ne réussit jamais à la ville aussi bien qu’à la cour ; le Mariage forcé, de même, eut son plus beau succès le premier. — C’est que de toutes ces pièces, même des meilleures, même de celles qui se passeraient le moins malaisément de secours étrangers, Molière eût dit volontiers ce qu’il disait de l’Amour médecin, dans son Avis au lecteur : « Il serait à souhaiter que ces sortes d’ouvrages pussent toujours se montrer à vous avec les ornements qui les accompagnent chez le roi. » Cependant, à ses moments perdus, ce fournisseur de Sa Majesté composait pour lui-même et pour le vulgaire quelques autres pièces, comme l’École des femmes, Don Juan, le Misanthrope, Tartufe (dont les trois premiers actes, il est vrai, furent d’abord essayés à Versailles quelques jours après le divertissement de l’île enchantée), enfin les Femmes savantes.