Crispin, voulant que son maître soit Légataire universel, paroît sous le nom du neveu, & fait des impertinences qui changent les résolutions de l’oncle : content de son succès, il paroît sous l’habit de la niece pour la faire aussi déshériter : il joue d’abord le personnage d’une veuve fort douce, fort honnête. […] On veut à mon honneur jouer d’un mauvais tour : Et quel affront pour vous, mes enfants, pourroit-ce être, Si l’on avoit ôté l’honneur à votre maître !
Et vous, filous fieffés, ou je me trompe fort, Mettez pour me jouer vos flûtes mieux d’accord. […] L’Olive, faisant signe à son Prévôt de jouer du violon.
Un soir qu’on venoit de jouer le Mercure Galant, on demanda au célebre Préville quel étoit l’Abbé qui lui avoit servi de modele : « Je me suis bien gardé de m’attacher à un seul, dit cet acteur judicieux : j’aurois pu le bien copier, on l’auroit reconnu dans sa ville ; mais une fois éloignée de l’original, la copie n’auroit eu rien de piquant : au lieu qu’en prenant ce qui m’a frappé chez tous les petits collets, j’étois sûr de rendre le portrait ressemblant par-tout où il y auroit des Abbés ». […] Je vais vous prouver le contraire, & cela par une piece que l’on joue très souvent sur le premier théâtre de l’Europe.
c’est la fille de Monsieur Jourdain, qui étoit trop heureuse, étant petite, de jouer à la madame avec nous. […] « Cependant l’on joua cette piece pour la seconde fois.
La cadette joua une scene pareille : tous unanimement représenterent un même rôle varié en cent façons. […] L’avare Financier, d’une main de forfante, Lâche sur un contrat trois mille écus de rente ; On a de l’Auditeur Quarante mille écus en billets au porteur ; le Capitaine cede un coffret plein de neuf ou dix mille pistoles : & quand ils pensent venir recueillir le fruit de leur fausse générosité & de leur amour intéressé, on leur avoue le tour qu’on leur a joué.
Cette comédie-ballet, composée à la fin de 1672, pour récréer Louis XIV au retour de la fameuse campagne de Hollande, ne fut jouée devant le roi que le 19 juillet 1674, dans la troisième journée des fêtes qui eurent lieu à Versailles après la conquête de la Franche-Comté. […] Dix violons jouent des airs de Lulli.
La pièce des Femmes savantes, jouée pour la première fois, en 1672, est une dernière malice de Molière, à double fin : d’abord pour se défendre de la réprobation de quelques mots de son langage et de quelques erreurs de sa morale ; ensuite pour servir les amours du roi et de madame de Montespan, qui blessaient tous les gens de bien et dont la mort récente de madame de Montausier était une éclatante condamnation. […] Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique.