Il eut ensuite ce grand bonheur, de commencer avec Louis XIV, profitant de la jeunesse du roi, de ses loisirs, de ses amours. […] Égoïste et vaniteux, il ne comprend pas les beaux rires de la jeunesse. […] C’est si beau la jeunesse et si charmant un honnête amour ! […] Jeunesse et beauté, toutes ces grâces disparaissaient devant madame la duchesse d’Orléans. […] Mais le roi et ses amis bien portants, et madame de Montespan, dans tout l’éclat de la jeunesse et de la santé, riaient de ce triste malade.
Cela veut dire qu’Horace a pour lui la jeunesse, la grâce, la fraîcheur d’impressions, l’abondance de cœur, en un mot toutes les qualités que l’amour exige et qui entraînent l’amour. […] Est-ce que vous ne vous dites pas : eh oui, c’est bien cela, c’est la vérité même, l’amour est le privilège de la jeunesse. […] Cette pensée, l’amour est le privilège de la jeunesse, c’est à peu près la seule que nous verrons à Agnès, celle qui remplira et soutiendra son rôle d’un bout à l’autre. […] Il l’a prise en quelque sorte à l’état brut afin qu’elle n’écoutât que la pensée de la nature qui est en même temps la pensée de la comédie : l’amour est le privilège de la jeunesse. […] Une femme qui a été jugée sévèrement, mais qui n’en avait pas moins de belles qualités, Mme de Maintenon, en souvenir de sa jeunesse, de ses années difficiles, des attaques qu’elle avait repoussées si dignement, en se réservant sans doute pour la dernière, s’apitoie sur le sort de quelques jeunes filles, nobles encore, mais sans fortune, et dont les parents sont morts au service de l’État ; elle fonde la maison de Saint-Cyr.
C’était un homme de cour ambitieux de grandes places et de grandes occasions de paraître ou de servir ; au reste, fort dépensier, et propre à faire un magnifique seigneur ; aussi opposé par son brillant et par sa jeunesse, à la préciosité, que le duc de Montausier, par la rigidité de son esprit et de son caractère. […] Orpheline depuis l’âge de 5 ans, élevée par un oncle respectable, instruite par Ménage, mariée à 18 ans, veuve à 26, retirée pendant deux années qu’elle emploie à l’éducation de ses enfants et à l’arrangement de leur fortune, sachant le latin, l’espagnol, l’italien et la littérature, ses premiers pus dans la société se tournent vers l’hôtel de Rambouillet ; la marquise, âgée, isolée par le mariage de sa fille, désolée de la mort de son mari et de celle d’un fils de 31 ans arrivées à un an de distance, fut la première personne dont madame de Sévigné, belle, brillante de jeunesse, d’esprit et de savoir, rechercha la société et ambitionna la confiance. […] Ce sel tant vanté de la Grèce En faisait l’assaisonnement ; Et malgré la froide vieillesse, * Son esprit léger et charmant, Eut de la brillante jeunesse Tout l’éclat et tout l’enjouement. » Vigneul de Marville en parle ainsi : « Elle écoutait avec une attention qui débrouillait toutes choses, et répondait encore plus aux pensées qu’aux paroles de ceux qui l’’interrogeaient.
Et cette beauté, cette jeunesse, cette conquête, ce riant visage aux pas légers. […] Des jeunesses anéanties, des têtes pelées, des visages ridés ! […] et sitôt est venue à la suite de la première jeunesse, de la vraie, une seconde jeunesse, et avec cette jeunesse de seconde main sont venus les rôles de la grande coquette ! […] Elles nous ont pris notre argent, notre jeunesse ! […] Laissez mourir la génération qui les a vues naître, laissez-les arriver à leur seconde jeunesse et cette jeunesse ne finira plus.
Ces choses-là s’appelaient tantôt la Vallée de Misère, tantôt les Plaisirs de la Jeunesse, et parmi ces plaisirs, le gros Rieux et la belle Pâtissière, la Dame de pique et la Dame de carreau : dames, écoliers, pages, chevaliers. […] La fantaisie a-t-elle jamais rien produit de plus curieux et de plus étrange que ces fêtes dans lesquelles toute cette jeunesse, qui allait être le grand siècle, jouait son rôle d’esprit, de bonne humeur et de bonne grâce ? […] Dans la pièce anglaise Lauzun est un marquis de bas étage, un triste ricaneur sans esprit, sans beauté, sans jeunesse, qui ne parle que de ses créanciers, comme ferait un des chevaliers de Regnard. […] Dans ma jeunesse, quand les ducs désiraient sortir, — six chevaux les menaient à près d’un demi-mille de chez eux ; mais aujourd’hui un duc prend ses promenades vers la lune26 et fait son demi-mille en ballon ! […] — Véritable fille de l’Espagne, élégante jeunesse, visage charmant et brun, éclairé par ces deux grands yeux bienveillants et étonné ?
Nous avons passé en revue les pièces entières dont, à l’origine, il emprunte la trame : ainsi L’Étourdi, Le Dépit amoureux dans toute sa partie romanesque, Dom Garcie ; probablement Sganarelle pour l’enchaînement des situations ; Le Médecin volant, parmi les essais de jeunesse. Plus tard, marchant de moins près sur les pas de ces précurseurs étrangers, il ne laisse pas de leur demander ce qu’il dédaigne ou néglige d’inventer : les nœuds de l’intrigue et les surprises du dénouement ; par exemple, ces filles enlevées dans leur jeunesse qui retrouvent leurs parents à la fin du cinquième acte de L’École des femmes, de L’Avare, des Fourberies de Scapin, viennent plus directement de la comédie italienne que de la comédie antique : celle-ci les avait léguées à celle-là, qui avait singulièrement grossi l’héritage.
C’est dans un moment si favorable que fut placée la jeunesse de Molière. […] Il eut des préjugés à vaincre, des représentations à repousser pour embrasser la profession de Comédien ; et cet homme, qui a obtenu une place distinguée parmi les Sages, parut faire une folie de jeunesse en obéissant à l’attrait de son talent. […] Est-ce sa faute, si un jeune homme amoureux est plus intéressant qu’un vieillard, si l’avarice est le défaut d’un âge avancé plutôt que de la jeunesse ? […] Verrait-il, sans porter la main sur ses crayons, l’abus que nous avons fait de la société et de la philosophie, le mélange ridicule des conditions, cette jeunesse qui a perdu toute morale à quinze ans, toute sensibilité à vingt, cette habitude malheureuse de vivre ensemble sans avoir besoin de s’estimer ; la difficulté de se déshonorer, et quand on y est enfin parvenu, la facilité de recouvrer son honneur et de rentrer dans cette Île autrefois escarpée et sans bords ?